Chapitre 12 : Ilona
Iris était partie au bout d'une demi-heure, à mon grand soulagement. Quand elle avait quitté la pièce, Alessio s'était levé, et, au lieu de tout m'expliquer comme je pensais qu'il allait faire, il m'avait dit :
-Je vais voir si Layla va bien.
Depuis, j'étais seule. Ça ne devait as faire vingt minutes qu'il était parti, mais, sans pouvoir bouger, je m'ennuyais déjà.
Je soupirai, fermai les yeux et attendit.
La voix de Layla résonna dans ma tête.
« Ilona ! »
Je serrai les dents. Elle me manquait tellement. Je la revoyais m'appeler, la panique dans sa voix. Elle était si près, si près de me retrouver...
J'espérais tellement qu'elle allait bien.
Je me forçais à chasser l'inquiétude de mon esprit. Elle allait bien, c'était obligé. Alessio ne les laisserait pas lui faire du mal, et il m'apporterait de ses nouvelles.
Elle allait bien. Cette phrase résonnait dans mon esprit, comme un mantra.
J'allai bien aussi. La balle ne m'avait pas atteinte. J'étais saine et sauve.
Tout allait bien. Je ne devais pas m'inquiéter. Alessio allait nous aider.
Je repensai à la balle. Au plomb qui fondait. À ma main tendue. À la chaleur qui m'avait envahie.
Le doute m'envahit.
Et si...
Et si c'était moi qui l'avais fait fondre, cette balle ?
Je levai la tête, regardai les attaches en métal qui enserraient mes poignets. Je fermai les yeux très forts, et me concentrai au maximum. Si j'arrivais à les faire fondre...
...
Évidemment, rien ne se produisit. Je soupirai. Je me faisais des films, c'était obligé. Je n'était une boule de feu, je ne pouvais pas faire fondre du métal à mains nues. La balle devait avoir une mini bombe en elle, ou un truc du genre. Tout cela avait été pour me faire peur, ou pour me faire une blague.
Rien de plus.
Je reposais la tête sur la table, découragée. Et je fixais le plafond, comme une fille banale, qui avait cru pouvoir échapper à ses kidnappeurs grâce à de prétendus super-pouvoirs ridicules.
Mais qu'est-ce que je m'étais imaginée ?
Environ une heure plus tard, d'après mon estimation, la porte se rouvrit encore. Je me dis que décidément, on ne pouvait plus se passer de moi ici.
C'était l'homme qui m'apportait un repas deux fois par jour. Comme tous les jours depuis une semaine, il posa le plateau sur mes genoux, me libéra les poignets, ce qui me permit de m'asseoir, avec les jambes tendues devant moi, et de manger normalement. Lui alla s'asseoir sur le petit tabouret, sortit son tel et envoya je ne savais quel message à je ne savais quelle personne.
Je regardais mon plateau. Au début, j'avais refusé de boire ou de manger, mais nous n'étions pas dans un film, et je n'avais pas envie de mourir de faim ou de soif, alors j'avais ravalé ma fierté et j'avais avalé l'assiette qu'on m'apportait. En plus, c'était plutôt bon, et pas comme tous les clichés : ce n'était pas un morceau de pain sec et du fromage moisi tous les jours. Non, jusqu'ici, j'avais été bien traitée en matière de nourriture, et on m'avait servi des pâtes, un gratin de pomme de terre, une ratatouille excellente...
Je mangeais rapidement, et quand l'homme s'aperçut que j'avais fini, il vient vers moi, détacha mes chevilles, et me conduisit jusqu'aux toilettes. Un jour sur trois il m'amenait aussi à une petite salle de bains, où je pouvais prendre une douche, mais j'en avais déjà pris une la veille, donc pas ce jour-là, à mon grand malheur.
Quand j'eus fini, il me ramena dans la chambre et me rattacha à la table.
Tout ça s'était passé sans un mot. Les premiers jours, j'avais tenté d'entamer la conversation, sans succès. Une fois, j'avais aussi tenté de partir en courant. J'avais fait dix pas avant qu'un autre homme surgisse devant moi, m'attrape et me ramène à celui chargé de s'occuper de moi. Sans rien dire.
Il partit, et je me retrouvai à nouveau seul. Selon le crépuscule qui commençait à tomber, que je voyais à travers ma fenêtre, j'allais bientôt m'endormir, et passer une autre nuit très très inconfortable.
Je soupirai encore une fois, mais sombrai dans les bras de Morphée rapidement.
Quand je me réveillai le lendemain, il n'y avait personne, mais je savais que si j'appelais Alessio, il allait arriver. Je profitais encore un peu de ma solitude, mais appelait vite le jeune homme, j'avais hâte qu'il me libère.
Il rentra après quelques secondes, et me sourit rapidement.
Tout de suite, je haussai les sourcils, et demandai :
-Alors, t'as vu Layla ?
Il hocha la tête.
-Oui, elle m'a traité de connard.
Je souris de l'audace de ma sœur.
-Elle a pas tout à fait tort, plaisantai-je.
Alessio plaqua les mains contre son cœur, me regarda un instant, les yeux écarquillés, avant de faire semblant d'avoir été tué par mes morts. Je ris, et il vint finalement me détacher. Je me levai, lui s'assit sur le tabouret à roulettes.
-Alors ? lui demandai-je, pressée de savoir ce qu'il avait à me révéler.
Il redevint sérieux, releva les yeux vers moi, et commença :
-Il y a... Des milliers d'années, la terre était peuplée par deux espèces maîtresses. Les humains, et... les elfes.
J'écarquillais les yeux, mais ne le coupais pas.
-Ces derniers avaient des pouvoirs. Aujourd'hui, on ne sait pas lesquels. Tout ce qu'on sait les humains ont transmis une maladie aux elfes, qui, moins nombreux que nous, sont tombés les uns après les autres. Alors, les humains, qui avaient enfin l'avantage sur le petit groupe restant, très affaibli, ont enfin pu exprimé leur jalousie. Ils étaient jaloux de la puissance des elfes, de leurs pouvoirs et de leurs capacités. Alors ils ont fini le travail. D'après ce qu'on sait, le dernier survivant s'appelait Karillor. C'était un elfe très puissant, mais il n'a pas pu lutter contre des centaines d'humains, et ces derniers l'ont emportés. Ils ont tué Karillor une nuit d'hiver.
Je ne disais rien, captivée par son récit.
-Mais tout le pouvoir d'un peuple était concentré en Karillor. Il avait en lui la puissance de tous les elfes décédés. Quand il est mort à son tour, il a fallu que ça sorte. Et c'est sorti, en un rayon destructeur qui a fusé tout droit vers le ciel. Vers la Lune. Il faut savoir qu'avant, il n'y avait pas d'étoiles.
Je fronçais les sourcils.
-Quand le rayon de pouvoir a frappé la Lune, une grosse partie de celle là s'est détachée et a été réduite en des milliers de particules enflammées, qui se sont répandues dans le ciel autour d'elle. C'est là que sont nées les étoiles, et selon ce qu'on sait, elles seraient les servantes de leur mère, la Lune. Mais une autre partie de la Lune s'est détachée, sans être réduite en miettes cette fois. Ce morceau a fusé droit vers la terre, et il a atterrit dans un champ paumé dans la campagne. C'est tout. Puis le jour vint après la nuit, éclairant une terre désormais sans elfes. Le jour et la nuit sont des entités. Pas des dieux, mais pas juste des mots, ou une couleur dans le ciel. Ce sont des frères et sœurs, qui doivent toujours être à égalité, sans quoi le monde serait plongé dans le chaos. Alors, comme la Lune, représentante de la nuit, avait perdu une partie d'elle-même, le représentant du jour, le Soleil perdit aussi un morceau, qui vint rejoindre celui de la Lune dans le champ. Mais ce n'est pas tout. Le jour et la nuit étaient furieux. C'est eux qui avaient envoyés les elfes sur la Terre, pour instaurer la paix et la justice, et voilà que les humains les décimaient sans pitié ! Alors ils décidèrent de se venger. Mais pas tout de suite, non. La vengeance est un plat qui se mange froid...
Il fit une pause, attendant que je dise quelque chose, mais je m'emmurai dans le silence, et il finit par continuer :
-Alors ils laissèrent les humains détruire toutes traces de l'existence des elfes, toutes preuves de leur réalité. Toutefois, un livre, un seul exemplaire très précieux, échappa à la destruction, on ne sait pourquoi. Il a était retrouvé par le père du Boss. Dedans, il y avait marqué tout ce que je viens de te raconter. Et une prophétie, qui disait que la vengeance céleste s'accomplirait lors de la Renaissance de la Lune et du Soleil. La Renaissance est arrivée le jour de votre naissance, à toi et à Layla. Vous êtes nées au dessus de ce champ où reposaient les éclats de Lune et de Soleil. Vous incarnez les deux astres. Vous êtes leur Renaissance.
Il se tut. Puis déclara, d'une voix d'outre-tombe :
-Tu représentes le jour et le soleil, Ilona. Et tu dois les venger.
Puis ce fut le silence. Il avait fini.
Je clignai des yeux. Une fois, deux fois.
Et j'explosais de rire :
-Tu te fous de ma gueule, en fait ?
Il fronça les sourcils, décontenancé un instant, puis se défendit :
-Non ! Je te dis la vérité. Je te le promets.
-C'est pas possible, fis-je d'un ton ironique.
Il haussa les sourcils, et me regarda droit dans les yeux.
Là, je sus. Il me disait la vérité. J'étais la réincarnation du Soleil.
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Heyyyyy !!
Alors, le chapitre ? Il vous a plu ? On rentre enfin dans l'histoire !
Et les révélations d'Alessio ? Vous en pensez quoi ? Il dit la vérité ?
N'hésitez pas à voter et à commenter si ça vous a plu !
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