VOYAGE INDÉSIRABLE

- Henri , il est hors de question que je parte.  Ce n'est vraiment pas nécessaire.

Ça fait environ une heure que j'essaye de convaincre Henri que je n'ai pas besoin qu'on m'envoie dans une formation pour apprendre à me défendre , contrôler mes émotions ou autre. J'en ai assez de lui. Il se permet de contrôler la vie.

- Poupée , je ne me répèterai pas. 
Prépare tes valises ! Tu pars demain , décide t-il en ne détachant pas son nez de ses papiers.  Paul ...

- Non , pas Paul ! Donne-moi une semaine pour me rétablir. Je viens à peine de sortir de l'hôpital.

- Non ... Crois-moi c'est pour ton bien .
Tu me remercieras un jour.

C'est peine perdue. Je n'arriverai jamais à le convaincre . Jade pourrait m'aider mais elle est complètement d'accord avec lui.
Il faut se rendre à l'évidence. "Qui finance commande" le dicton se confirme.
Je m'avoue vainçue . Ce soir-là , Henri n'essaie même pas de me toucher. 
Je fais semblant de m'endormir et il se penche vers moi en déposant un petit bisou sur mon front . Qu'il est adorable ! Je suis toujours fâchée .

Le lendemain , vers huit heures , je suis prête. Je dis au revoir à Henri et à Jade.
Paul  m'accompagne à l'aéroport .
Au cours du trajet , j'ignorais ses commentaires débiles comme " Je suppose que c'est l'un de tes caprices". Blablabla
Au bout d'un moment , il commençait à m'énerver . Je mettais mes écouteurs et le problème est résolu .

Arrivée à destination , je ne cesse pas de regarder . C'est tellement beau ! Je suis au Japon . 
Henri m'a dit qu'un homme viendrait me chercher mais je ne vois personne. Je garde mon calme .
Après quelques minutes, un homme m'attrape par le bras . Il parle français sans aucun accent.

- Bonjour Roxanne ! Je suis Saito Kimitomo . Suivez-moi !

J'obéis . 
Il me conduit dans une sorte de villa.
C'est tellement luxueux. Je croise des gens qui me lancent des regards gentils.
Il m'indique une chambre et je commence à défaire mes bagages.
Tout ça est bien beau mais je veux de l'action.

- Mr. Saito , merci beaucoup pour votre hospitalité.

C'est le moins que je puisse dire. Il est si gentil avec moi .
Il m'a raconté toute sorte d'histoire pendant le trajet .
Il faisait tout pour que je me sente à l'aise .

- Repose-toi mon enfant ! Demain sera une journée difficile pour toi.

- Difficile , vous dites?

Je commence à paniquer . Que vas t-il m'arrive demain ?

- Chaque chose en son temps . On va bien s'occuper de toi . Pour l'instant , essaye de te reposer . Tu dois être fatiguée après ce long voyage.

J'acquiesce d'un signe de la tête . Je ne comprends rien mais je décide me taire. J'ai un mal de tête énorme. Il faut que je me repose.
Deux servantes apparaissent et me proposent de l'aide.  L'une d'entre elles parle le français et l'autre pas du tout mais elle me gratifia d'un sourire.
Je vous passe le reste de la journée. On m'apporte à manger. J'ai reçu un appel d'Henri.
J'ai complétement oublié mon mal de crâne. Ce pays est trop magnifique.

Le lendemain , Mr. Saito vient me réveiller . Il m'a dit de me préparer . On doit partir. Off , je viens à peine d'arriver . Je suis fatiguée .
Je grogne . Il quitte la pièce. 
Bon je me lève et j'enfile des vêtements confortables après mon bain.
Je retrouve Mr. Saito dans le salon. Il m'attendait. Il est vêtu traditionnellement. Il est trop beau. Je ne craque pas pour lui hein.

- Je vais t'enmener dans un centre. Une sorte de club où on pourra t'apprendre des tas de choses  , tu verras !

Centre ? Non , c'est sûrement une prison.

- Vous m'inquiétez Mr. Saito .

J'ai réellement peur de ce qui m'attend dans ce "centre".

- Non , il ne faut pas !
Ce sera bénéfique pour toi .

Ce ne sont que des mots. Je le sais bien mais ça m'a réconforté .

-  Je vais monter prendre mes bagages.  Quand je pense que je m'apprête à quitter cette belle demeure ,ça m'attriste.

Je vois Mr. Saito sourire discrètement .

- Tu n'auras pas besoin de tes bagages. Tu trouveras tout ce dont tu auras besoin au centre.

Attendez, ce n'est pas possible.
Qu'est-ce-qui m'attend ?

- N'aie pas peur !

Mais comment ?

- Allons manger quelque chose. Tu dois avoir faim.

Mais non , cette histoire de  "centre" m'a coupé l'appétit. Mais je dis malgré moi .

- Tu as raison !

Nous nous dirigeons vers la grande table de la salle à manger . Wow , la table est si bien garnie. Je retire ce que je viens de dire . Je meurs de faim.
Un vrai festin... Les servantes m'ont accordé un sourire.  Qu'elles sont accueillantes !
Mr. Saito donne quelques instructions aux employés. Pourquoi il ne me dit pas de commencer sans lui.

- Assieds-toi mon enfant ! Exclame t-il en continuant de parler aux employés .

Enfin ! C'est beaucoup mieux ! Je vais devoir commencer de goûter à ces délicieux plats.  Ils me donnent l'eau à la bouche.
Je suis en d'attraper un petit pain sur la tête quand Mr. Saito se retourne. Ohlala , la honte !
Il éclate de rire. Je veux disparaître de la surface de la tête.

- Je m'excuse Mr....

Je m'excuse vraiment. Je me suis mal comportée .

- Ne t'excuse pas !  Tu es trop drôle . Je ne savais pas que tu avais si faim . Fais-toi plaisir !

J'éclate de rire à mon tour.
On rit et il s'assoit .
Il est trop gentil sérieux et totalement calme. Son visage exprime une certaine sérénité que j'aime beaucoup d'ailleurs . Des gens comme lui , on n'en rencontre pas tous les jours . Mais je me demande comment quelqu'un comme lui peut fréquenter Henri ?
Bon je vais arrêter avec mes questions. J'attaque directement un plat .  C'est trop bon. Je me régale avec voracité pendant que Mr. Saito me raconte des banalités.
J'engloutis tout ce qui se trouve sous ma main . Une fois rassasiée ,Mr. Saito me regarde et dit

- Tu as vraiment un appétit d'orge .
J'aime ça ! Tu t'es bien régalée !?

Oh tu n'imagines même pas à quel point mais je crois que si .
Ça fait longtemps que je n'ai pas apprécié à ce point la nourriture.

- Oui oui beaucoup ! La bouffe c'est la vie . J'ai failli oublier cette évidence.

Dix minutes plus tard , je me trouve dans une voiture avec Mr. Saito mon chaperon . Il me raconte des légendes japonnaises que je trouve grave intéressantes. C'est officiel , le Japon est mon pays favori. On s'est arrivés devant une maison un peu éloignée de la ville .

- On arrive à destination. Tu adorerais le maître si tu es sage et ouverte d'esprit ou tu le détesteras si tu es le contraire.

- Je ne comprends pas !

- Ne t'en fais pas ! Tu comprendras bien assez tôt .

On descend de la voiture et il m'emmène à l'intérieur. L'endroit est comme dans les films du genre très traditionnel.
J'avance timidement en explorant les lieux. Je me retrouve alors dans une grande pièce et j'aperçois un homme entrain de méditer. 
Les yeux fermés , il ne réagit pas à notre présence .
Je m'apprête à dire enfin quelque chose mais Mr. Saito me fait signe de me taire.
Je n'insiste pas.
Après un petit moment qui me paraît une éternité , l'homme ouvrit les yeux. Il a quatre-vingt ans . Je ne sais pas trop mais c'est l'impression que j'ai .

- Maître... Commence Mr. Saito .

- Que vois-je ? Qui est cette jeune femme ?

Je m'apprête à répondre mais Mr. Saito dit

- C'est votre nouvelle élève !
Elle a besoin de vous . Son nom est Roxanne et...

- Laisse-la parler Kimitomo . Elle a bien une langue .

Bien dit ! Je peux très bien me présenter . Mr. Saito se tait et me lance un regard résigné.  Je ne comprends pas la signification de ce regard . Que craint-il ? 

- Roxanne Dupont ! On m'a dit que venir ici pouvait m'apporter la sérénité que j'avais besoin pour affronter mes démons  . J'entreprends une quête et votre formation me sera utile.

Mr. Saito parût satisfait . Que croyait-il ? Je peux très bien m'exprimer poliment . Le vieillard laisse échapper un grognement .

- Laisse-nous seuls Kimitomo .
J'espère ne plus te revoir avant que sa formation soit achevée. Je te mettrai au courant de ses progrès.

Mr. Saito fait une révérence, me lance un regard rassurant et s'en va sans dire un mot.
Je me suis sentie très seule dans cette pièce avec cet inconnu.
Déstabilisée par son regard , je baisse la tête. Jamais quelqu'un m'a autant déstabilisé par un simple regard .

- Approche ...Assieds-toi en face de moi.
 
J'obéis et à ce moment j'ai compris que ma présence ici n'est surtout pas le fruit du hasard .