Partie 8

             Les pupilles de Mayssane sont écarquillées par la peur. Elle sent la vit se retirer sous ses pieds en même temps que le muret et pour une fois plus rien ne s'agite en elle.

             Elle est calme. Sereine. Elle va mourir, c'est extrêmement simple. Il n'y a plus de raison de se torturer. Elle aurait préféré une mort sans vague, sans drame. Mais la vie ne la lui a pas offerte... Elle ferme donc les yeux et se laisse tomber.

Elle et toutes ses questions.

           Un bras s'enroule autour de sa taille, la sortant de sa transe. La tempête en elle reprend son cours. Mais elle ne veut pas. Elle veut sentir le vide la prendre pour l'offrir à la mort et non le membre qui la tire avec force vers la vie.

           Ses pieds cognent contre les dalles de la loge et en elle tout lui crie qu'elle a échoué. Elle se débat furieusement, griffant la moindre parcelle de chaire qu'elle réussit à atteindre. Mais il est trop fort pour elle et il resserre son étreinte jusqu'à ce que, épuisée, elle cesse de résister.

           Il commence alors à parler. Sa voix est grave, rendue rauque par l'effort et chacun de ses mots sont comme des milliers de petites aiguilles qu'on lui retirerait sans aucune délicatesse de la peau où elle est logée.

-De la folie... C'est de la folie ! Qu'est-ce que tu croyais ? Que t'allais sauter et que tout serait alors fini ? Je ne sais pas comment vivre donc je meurs, c'est ça ? Et bah non la vie ce n'est pas ça. Ce serait trop simple sinon... Tu dois te battre qu'importe ce qui te pousse à vouloir sauter du haut de ce maudit phare ! Tu penses que t'es la seule à t'être dit que ce serait sympa de ne plus avoir à se prendre la tête, et bien non on y a tous déjà pensé ! Et pourtant, on est là. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on ne s'avoue pas vaincu, on ne troque pas une vie qu'on peut façonner contre une mort qu'on subit ! Car tu as beau courir au devant de la mort, ce n'est jamais une victoire c,'est toujours elle qui te prends et qui te broie ! Et non je sais que tu t'en moques pas, qu'au fond de toi t'es une battante et que malgré ce que tu penses tu veux vivre ! Penses à tous ceux qui sont morts alors qu'ils auraient aimé vivre, ceux à qui on a retiré le cadeau qu'est la vie... Et toi tu le possèdes et tu voudrais le gâcher !

            Il s'arrête un moment, son souffle précipité contre la nuque de Mayssane, terrassée non par la force de ses bras mais par la puissance de ses mots. Et puis, il rajoute d'une voix plus douce :

-Et si on allait chercher nos réponses au lieu de les attendre ici...

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