La Veillée
C'était la veille de Noël. Les gens se pressaient dans les rues, agitant leurs pompons sur leur bonnet de laine. Dans l'air flottait une odeur délicate, un doux mélange de feu de bois, de pain d'épices et de dinde garnie aux marrons.
Dans quelques rues, on avait la chance d'apercevoir un faux Père-Noël, qui distribuait ses papillotes fourrées à l'orange et au chocolat, à grand renfort de « joyeuses fêtes ! » et de « oh, oh, oh ! » sonores. Il ne neigeait plus, mais les flocons qui étaient tombés, telle une pluie d'anges, s'étalaient désormais sur le parvis de Notre-Dame.
La foule autour du monument restait la même que pendant toute l'année : mais les passants s'étaient vêtus d'écharpes et de longs manteaux, leurs nez rougis par le froid se fronçaient aux coups de vent un peu plus brutaux, des gants à pois enveloppaient leurs doigts. Tous avaient des yeux d'enfants, emplis de magie et d'émerveillement.
Il y avait des attroupements devant la chorale de l'église qui, après avoir fait un récital complet des Chants de Noël, entamait un gospel enflammé. Des vendeurs s'époumonaient « un verre de vin chaud, trois euros pièce ! » lorsqu'il ne s'agissait pas de marrons cuits au gaz devant les enfants étonnés.
Le plus beau était sans doute les guirlandes qui enveloppaient les arbres et les lampadaires, les habillant ainsi de magie. La ville entière brillait sous l'effet des ampoules bleues et blanches, scintillantes de pureté.
Peut-être qu'en ce jour un peu spécial, les conflits s'arrêteraient. Peut-être qu'on sourirait un à un à nos amis en un geste amical, sans avoir à se soucier d'une bombe, explosée au mauvais endroit, ou d'un nouvel attentat. Peut-être que ce serait un moment unique, quelques heures de répit, une trêve dans la grande guerre, un moineau dans l'orage.
Peut-être que les sapins parés d'or et que les lettres au Père-Noël pleines de candeur effaceraient une fois, juste une fois, la violence, la haine, et la terreur.
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