art : lunalovegoodart

Tw : harcèlement scolaire

En deuxième année, dans le train, j'ai rencontré quelqu'un à qui j'ai fait un sourire. Je n'y ai plus pensé, après ça. Je savais juste qu'elle existait, à présent. 

Nous nous sommes croisées une fois, deux fois, trois fois... je lui adressais de petits hochements de tête en guise de salut, car je trouvais que la façon dont nous nous retrouvions toujours au même endroit au même moment était amusant. 

« La folle.»

Un soir, dans un couloir, alors que je discutais avec Hermione -ou plutôt qu'elle me parlait sans relâche de toutes les façons de mémoriser les différences espèces de siffleurs- une rage que je n'avait pas ressentie depuis longtemps a débarqué dans le creux de mon ventre. 

Elle était tombée par terre et des milliers de parchemins entouraient ses bottines. J'étais en colère, parce que j'avais bien vu qu'iel n'était pas tombé∙e seule.

Au loin un groupe de filles s'enfuyaient en riant. 

« Tu vas bien ?» Je me suis rendue compte que c'était la première fois que je lui parlais malgré toutes nos rencontres et que Hermione restait en retrait. Avait-elle peur ? 

Elle n'a pas répondu mais m'a adressé un sourire étincelant en se relevant à l'aide de ma main. Je l'avais déjà vu, mais cette fois-ci je la regardais pour la première fois.

Iel avait de grands yeux bleus, une chevelure longue et presque blanche. Nous étions le week-end, iel avait troqué son uniforme de Serdaigle contre plusieurs couches de vêtements bleus et verts qui ne s'accordaient étrangement pas si mal. 

« Je vais bien, merci.

Sa voix était merveilleusement douce. 

- Je m'appelle Ginny. J'ai dit.

- Luna. elle a sourit.»

Hermione croisait les bras, alors j'ai chuchoté un "bonsoir Luna" et je me suis éclipsée. 

Je n'ai compris que trop tard que les autres harcelaient Luna. Parce qu'iel avait toujours un grand sourire et des yeux si rêveurs qu'on ne pouvait y imaginer des cauchemars. Je pensais bêtement que si elle ne fondait pas en larmes, c'est qu'elle était capable de résister... Mais qu'elle le soit ou pas, cela ne justifiait pas leurs comportement. J'ai extrêmement honte mais je crois y avoir participé, certaines fois. Lorsqu'iels disaient qu'elle était bizarre, folle, spéciale. Les pré-jugés étaient si encrés dans mon coeur que je crois en avoir laissé échappé certains. 

« Tu veux manger à notre table, ce midi ?»

Comme toujours iel a préféré répondre par autre chose que des paroles. Son regard disait qu'elle avait toujours attendu qu'on lui pose cette question. Iel s'est installé∙e à coté de moi, dans mon groupe d'ami∙es sans que je ne demande l'avis de personne. Quand je le voulais, je pouvais glacer les gens en un regard, je tenais ça de ma mère. Alors personne n'a moufté. Et Luna est venu∙e durant tout les jours qui ont suivit. 

Ce jour là, je me suis sentie comme une héroïne. En réalité, j'ai découvert que la véritable héroïne c'était elle. Elle n'était pas la petite chose fragile que j'avais perçue. Iel avait de la force, du courage et surtout Iel n'était pas "fou∙lle" et bizarre. Iel était unique et merveilleux∙se. Qui essaierait de la corriger gouterait ma vengeance. 

Me prenant encore pour une sauveuse d'âme en peine, je me jurais de le∙a protéger. 

Je venais d'entrer en cinquième année, BUSES menaçantes à la fin de mon année scolaire mais je ne m'étais jamais sentie si épanouie. Une horrible professeure avait débarqué, mais -même si Luna et moi avions sérieusement envisagé l'option de la faire s'étouffer avec un muffin- cela m'avait permis d'intégrer l'équipe de Quidditch et de découvrir ce pourquoi j'étais vraiment faite. 

En volant, je me sentais comme si j'étais capable de tout. Je virevoltais, j'avais l'impression d'être née pour être là. 

Un moment, j'ai eu peur :

« Le sport, c'est un truc de garçon.»

Petite, il m'arrivait de pleurer lorsque j'essayais une robe :

« Que se passe-t-il, Gin' ?

- Cette robe ne me plait pas...

- Ce n'est pas grave ! On va en trouver une autre. Ce n'est pas parce que tu es une fille que tu es obligée d'aimer toutes les robes.

- Mais, si ça se trouve, je me suis trompée...

- Ginny... Tu ne t'es pas trompée parce que tu n'aimes pas une robe. Tu as la sensation de t'être trompée, à part ça ?

- Non. Jamais.

- On vas te chercher une autre robe. » concluait toujours Charlie. 

Et je me sentais toujours mieux. 

« Tu peux faire du Quidditch, être ultra musclée, avoir de la barbe, être un "garçon manquée", tu seras toujours une fille, si tu le sens, Gin' Tu n'as rien à prouver.» Avait sourit Luna cette fois là. 

Bizarrement, ça m'a fait du bien. Iel a posé une main sur mon épaule , au dessus de mon nouvel uniforme de Quidditch et j'ai fait un grand sourire au miroir. 

Je suis tombée amoureuse pour la seconde fois. Mon prince charmant s'appelait Dean Thomas. Il avait de beaux yeux bruns, la peau noire, les cheveux très courts, il n'était ni gros ni maigre, il était très beau. Et apparemment, j'étais aussi très belle, parce que nous nous sommes dragué mutuellement au premier regard. 

Ron était enragé. Luna me faisait des clins d'oeil purement Lunesque, Harry avait l'air en colère -je ne sais pas pourquoi- et Hermione me félicitait toujours. 

Je me sentais sur un nuage malgré l'ambiance qui regagnait à Poudlard. 

En sixième année, nous nous sommes officiellement mis en couple. 

Le couple parfait. Le couple de conte de fées. Voilà pourquoi je l'appelle encore mon prince charmant. La passion m'a brûlé mais l'a brûlé aussi. On étaient beau et belle, apparemment. En tout cas je me noyais dans l'amour. Je ne connaissais que cette façon d'aimer et j'avais conscience qu'elle était parfois dangereuse : je me donnais totalement à l'autre, m'oubliant pour lui, carburant à son bonheur. 

« Il faut que je lui dise. j'ai soupiré un soir à Luna, alors que nous étions assise face à face et qu'iel m'avait demandé de le∙a maquiller -ce que j'adorais faire aux autres, mais détestais faire à moi même.- Je caressais de mon pinceau ses paupières pailletés dans des nuances bleues. 

- À propos de quoi ?

- Que je suis trans !

- Il ne sait pas ?

- J'ai essayé de lui dire, je me suis dégonflée. J'ai peur qu'il me rejette. 

- S'il te rejette c'est que c'est une mauvaise personne et que c'est bien que tu n'ai pas décidé de rester plus longtemps avec lui. 

- J'ai aussi peur qu'il le dise à tout le monde.

- Dean n'est pas quelqu'un de malveillant. 

- Comment le sais-tu ?»

Iel avait haussé les épaules. Dean n'était pas quelqu'un de malveillant parce qu'il n'avait jamais insulté Luna, parce qu'il se foutait complètement des rumeurs qui disaient qu'il était en couple avec Seamus, parce qu'il me demandait toujours la permission avant de m'embrasser, parce qu'il n'était jamais jaloux, parce qu'il me parlait quand ça n'allait pas pour lui et qu'il m'écoutait quand ça n'allait pas pour moi. 

Ce soir là, Luna avait écouté toutes les cassettes de rock féminin qu'elle détestait pour me rassurer. Nous étions ensemble dans le dortoir des Serdaigles où on nous laissait bizarrement tranquilles. Luna ne jurait que par Nina Simone mais elle supporta L7, The Runaways, Garbage et Bikini Kill pendant toute la soirée. Elle savait que ça me donnerait du courage. 

Le lendemain j'ai dit à Dean, après une longue et maladroite introduction :

« Je suis une fille trans.

Je m'étais tellement préparée à une avalanche que j'ai eut un fou rire de stress lorsqu'il a seulement répondu :

- Eu... D'accord.»

Il ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire, alors je lui ai expliqué. Il a vite compris, c'étai plus facile que je ne le pensais. 

Je ne sais plus quand la flamme s'est éteinte. Mais je sais que, comme avec Harry, j'ai arrêté d'être amoureuse au bout d'un moment. Et lui aussi. 

Nos étreintes ne me faisait plus rien, je ne me réveillais plus en songeant à lui. Je m'étais lassée, mon amour s'était usé. 

Nous sommes resté∙es bon∙nes ami∙es.