Chapitre 10 (suite)
« Si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le cœur, on pourra lire en lettres d'or... Je t'aime encore. »
Simon plus jeune était un garçon très nerveux. Aujourd'hui il l'était moins. Enfin selon sa mère parce qu'en cet instant même Simon était plus que nerveux.
L'inquiétude lui broyait l'estomac.
Pourquoi Isabelle se serait enfui de chez lui ? Oh il comprenait que sa mère pouvait être fatigante lorsqu'elle émettait des réflexions, il savait aussi qu'Isabelle était fatiguée...
Elle ne répondait pas au téléphone.
Peut-être qu'elle ne voulait pas se marier finalement ? Peut-être que sa mère lui avait fait peur avec les préparatifs ?
Simon en oubliait de respirer pendant sa course, le stress s'accumulant dans chacun de ses gestes.
Que deviendrait-il si Isabelle ne lui revenait jamais ? Il ne pouvait pas imaginer être chasseur d'ombres sans être avec elle, sans faire parti de sa famille.
Simon courut si vite qu'il tomba sur un échalas. Même Alec était moins grand.
"Je suis désolé, je ne regardais pas..." Simon continua de marcher en s'excusant, il ne pouvait pas perdre du temps. Isabelle avait disparu.
"Hé ne serais-tu pas le fiancé de la fille Lightwood ?"
Tous les muscles de Simon réagirent avant son cerveau, il s'arrêta brusquement sur le trottoir gênant les autres mondains. La créature devant lui était une fée.
"As-tu vu Isabelle ?"
Simon avait appris qu'on ne pouvait que se fier au fée en étant méfiant. Drôle de principe n'est-ce pas ?
La fée s'approcha de lui et Simon glissa une main dans sa poche arrière, la présence de sa stèle le rassurant.
"J'ai principalement entendu des choses sur l'héritière du nom."
Simon tentait de son mieux de rester concentrer, il pouvait entendre son cœur battre plus fort.
Et si Isabelle avait été attaqué sur le chemin ?
"C'est navrant pour les Lightwood de voir leur famille condamné à l'extinction."
Ce dernier mot ne plu pas à Simon, ni le regard d'ailleurs qu'il lui jetait, il se sentait comme un animal, une drôle de chose dont la mort approchait.
"Qu'as-tu entendu à propos d'Isabelle ?"
La nature de Simon lui permettait de garder son calme facilement et son inquiétude ne le laissait pas tergiverser vers d'autres sujets. Isabelle était importante pour lui, il devait la retrouver.
"Elle ne te l'a pas dit n'est-ce pas ? La honte a toujours conduit les enfants des anges au mensonge, vous n'êtes pas si différents des nôtres."
Simon avala de travers, Isabelle ne lui mentait pas. Cette fée ne pouvait pas lui mettre de doute dans l'esprit. Simon savait, il était persuadé de leur amour.
"Il existe une différence entre vos mensonges et les nôtres." Souffla Simon lentement, il n'était pas sûr de pouvoir finir cette phrase, il avait simplement voulu le contester. Isabelle n'était pas une menteuse, il n'écouterait pas ses mensonges.
La fée eut un rire léger qui n'allait pas avec sa silhouette et s'en alla sans un regard pour l'apprenti chasseur d'ombres.
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« J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres »
Simon avait appelé Alec alors qu'il parcourait les rues de New York. Au départ il voulait lui dire qu'il ne trouvait plus Izzy, qu'il avait peur, qu'il avait besoin d'aide. Puis il avait songé à la discussion avec la fée et avait finit par raccrocher l'appel avant que Alec ne décroche. Il avait alors appelé Magnus, parce qu'il était plus facile de demander à quelqu'un de moins proche ou à quelqu'un qui faisait semblant de ne pas savoir son nom.
Simon était rentré chez lui lentement. Les réponses apportées par Magnus l'avait secoué :
" Que se passe-t-il si un chasseur d'ombre ne peut perpétuer sa lignée ?"
"Bonjour Shelton !"
"Magnus s'il te plaît, j'ai besoin d'une réponse."
Peut-être que son ton anxieux l'avait persuadé. Magnus avait répondu à toutes les questions.
"Le chasseur d'ombres fait appel à une mère porteuse. C'est vu comme une honte par la famille et le reste de leur société. Tu sais comment ils sont..."
Simon avait alors compris, il avait mis en lien chaque pièce, chaque mot et son coeur s'effrita.
"Tout va bien Simon ?"
Celui-ci n'avait pas relevé que Magnus s'était souvenu de son prénom, toutes ses pensées étaient vers Isabelle qui fuyait.
"Ca ira. Merci."
La porte de l'appartement se ferma délicatement. Il entendit des talons sur le sol, Simon était assis sur le lit, les épaules tendus, le cœur lacéré.
"Isabelle ?"
Avait-elle peur de lui dire la vérité ? Avait-elle peur qu'il la jette ?
"Pourquoi tu ne dors pas ?"
Il ne le ferait jamais, il ne pourrait la rejeter. Il l'aime tellement, ce serait comme se détruire.
"Je t'attendais."
Elle entre à peine dans la chambre, elle se tient droite dans l'embrasure. Ses yeux ne se posent pas sur lui.
"Va te coucher. J'arrive."
Simon aurait pu rire de cet ordre, il aurait pu s'énerver de cette considération. A la place il se leva doucement pour être à sa hauteur.
"Je dois te parler. On a besoin de parler."
La pièce était sombre et il distinguait à peine les expressions de son visage.
"Il n'y a rien à dire. Je n'aurai pas dû partir comme ça, je m'excuserai auprès de ta mère."
Simon eut le souffle coupé, il s'en foutait de ça ! Il avança d'un pas et tendit la main pour la toucher, seulement pour lui dire qu'il était là.
"Isabelle ... S'il te plaît."
Elle recula et fit demi-tour, elle marcha vite vers la salle de bain.
"Laisse-moi."
Simon pensa que c'était un comportement enfantin de vouloir se cacher dans une autre pièce pour l'éviter. Ce comportement lui fit plus de mal qu'il ne le croyait.
"C'est ça que tu veux ?"
Simon l'empêcha de fermer la porte, il cherchait son regard et il le trouvait. Les yeux noirs d'Isabelle exprimaient une colère et une blessure que Simon n'avait jamais encore perçu et il s'en voulu.
« J'étais fatiguée et j'avais besoin de sortir, c'est tout. Tout va bien. »
Elle lui mentit droit dans les yeux. Simon forca sur son bras afin que la porte reste ouverte.
« Ca n'a donc rien à voir avec ce que la fée t'as dit dans la bibliothèque ? »
Oui ça aussi il l'avait deviné, compris. Les fées avaient toujours été doué en manipulation d'esprit.
« Je ne sais pas de quoi tu parles. »
Cette fois Simon ouvrit brusquement la porte pour être face à elle. Il fit de son mieux pour ne pas l'attraper et la serrer contre lui. Ils avaient besoin de parler.
« Ma mère t'as parlé d'avoir des enfants, c'est pourquoi tu as paniqué. »
« J'étais juste fatiguée. »
"Maintenant ça suffit Isa !" Simon avait à peine élevé la voix, il ne s'était pas reconnu mais tout ceci allait trop loin, il ne voulait pas la blesser et sa propre douleur devenait trop grande "Il faut qu'on parle ! Et tu dois écouter ce que j'ai à te dire !"
"Simon je n'ai pas envie de parler de ça !"
Isabelle effaça des larmes solitaires de ses yeux, elle avait un visage dure et sa voix aurait fait peur à n'importe qui d'autre. Elle ressemblait à sa mère en cet instant.
"Je ne veux pas les enfants d'une autre ! Je ne ferai jamais appel à ces femmes pour m'assurer de ma descendance !"
Simon le dit enfin, il cria presque comme s'il avait peur qu'elle n'entende pas dans un autre cas.
"Je veux des enfants avec la femme que j'aime et la femme que j'aime c'est toi."
Il attrapa sa main et Isabelle la retira vivement.
"Je ne peux pas avoir d'enfants."
Il la vit toucher une fine cicatrice sur son ventre comme un réflexe inconscient.
"Je n'en veux pas."
Il chuchota en s'approchant d'elle. Elle ne pouvait plus reculer.
"Mais plus tard..."
"Plus tard je t'offrirai un chat. Un persan au pelage gris et aux grands yeux vert ! Plus tard j'achèterai un paillasson rose avec écrit welcome en lettre blanche ! Plus tard je te ferai encore découvrir des films de terrestres !"
"Plus tard je te demanderai en mariage dans une chanson que j'aurai écrit seulement pour toi. Et quand ma mère te prendra encore la tête pour que tu portes une robe blanche, je lui dirai que l'or te va dix fois mieux."
"Plus tard il n'y aura toujours que toi pour moi."
Isabelle fit tomber le masque, des larmes coulèrent de ses yeux, sa lèvre inférieure trembla et elle se laissa étreindre par son fiancé.
"Isa. Je t'aime même si on ne peut pas avoir d'enfants."
Il embrassa chaque parcelle d'elle, ses cheveux, ses tempes, ses joues, ses lèvres. Il l'embrassa et la serra comme pour lui dire que tout était fini. Qu'elle ne devait ni avoir honte, ni avoir peur.
Isabelle était contre son épaule et le serrait aussi fort qu'elle le pouvait, tout irait bien. Simon était là, toujours là avec elle.
"Tu voudrais qu'on ait un chat ?"
Sa voix avait gardé la sonorité des larmes et à cela se mêlait un rire lointain.
"En fait c'était ton cadeau d'anniversaire alors si tu pouvais avoir l'air surprise ce fameux jour."
Elle releva son visage et ria plus facilement, seul Simon pouvait transformer sa colère en rire.
"Pourquoi dis-tu « ce fameux jour » ? »
Il posa son front contre le sien et contempla les yeux d'Isabelle. Il se laissa à admirer les lumières folles qui s'y reflétaient.
"Le fameux jour où mon amoureuse est née... Ma princesse guerrière..."
Ce soir est une nuit dédiée à l'amour, demain la traque reprendra.
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