❁ Chapitre 24 : Alerte maximale ❁
Dimanche 14 février, trois heures du matin
Point de vue de Viktor :
La sonnerie stridente de mon portable me réveille en sursaut. Le cœur battant à tout rompre, je le cherche à tâtons dans l'obscurité. Mes doigts finissent par rencontrer le dos froid de mon iPhone.
Après quelques secondes qui paraissent s'étirer en heures, je le saisis. Ses vibrations angoissantes semblent circuler dans l'intégralité de mon système nerveux.
Et si, contrairement à ce que j'ai pu penser hier, Heidi était en danger ?
Sans plus attendre, je me redresse dans mon lit et porte le téléphone à mon oreille.
Les mots de l'agent d'astreinte me font l'effet d'un coup de poignard en pleine carotide. Le grand frère d'Heidi, Tobias, nous a contactés pour signaler la disparition de sa cadette il y a une poignée de minutes maintenant. Dès qu'il a raccroché, Magnus, mon collègue, a prévenu l'inspecteur qui a aussitôt demandé à ce que je le rejoigne immédiatement au commissariat. Rien d'anormal jusque là compte-tenu du caractère d'urgence de la situation...
Mains et jambes tremblantes, je m'habille en vitesse puis sors en trombe de mon appartement. Je peine à rester calme. Mes pensées carburent déjà, passent en revue des scénarios catastrophe qui me paniquent encore davantage. Je dois prendre de la distance.
Peut-être s'agit-il d'une fausse alerte après tout ? Peut-être que tout est sous contrôle ? Peut-être que je m'alarme pour rien ?
Mais je dois l'admettre, j'en doute. Nous devions nous retrouver pour fêter la Saint-Valentin. C'est étrange. Pourquoi ne donnerait-elle plus signe de vie en ce jour si particulier ? Et pourquoi Tobias aurait appelé s'il l'avait vue à l'entreprise ?
Bien que j'apprenne encore à la connaître, s'évaporer dans la nature sans crier gare ne ressemble pas à Heidi. Ses parents auraient pu être dans la confidence, son frère, or, ce n'est pas le cas.
Comme si j'étais sur un circuit de Formule 1, je file à toute allure sur la route déserte à cette heure et freine uniquement une fois devant la barrière du parking souterrain.
Puis, après m'être garé, je passe un coup de peigne dans mes cheveux, prends un chewing-gum à la menthe dans ma boîte à gants et m'extirpe de mon véhicule. Le froid mordant s'infiltre sous cet épais manteau gris acheté pourtant une somme astronomique pour braver l'hiver. Je n'en ai cure.
Je prends les escaliers, monte les marche quatre à quatre et ouvre la porte du bâtiment à la volée. Dès qu'il m'aperçoit, Magnus m'indique que l'inspecteur m'attend déjà dans son bureau, précise qu'il ne vaut mieux pas que je traîne.
La sonnerie du standard l'empêche d'ajouter quoi que ce soit, il décroche au bout d'une tonalité.
Tandis que je suis convaincu qu'il assure la continuité du service avec brio, je fonce dans l'antre de Monsieur Fredriksen sans plus tarder.
Le regard grave et inquiet qu'il m'adresse a le don de faire monter en flèche mon niveau de stress qui atteignait déjà des sommets. Lui aussi doit sentir qu'Heidi est en danger.
Je referme derrière moi en silence et, alors que je m'apprête à m'asseoir face à lui, il m'intime de prendre place sur une chaise à ses côtés en m'expliquant que nous allons visionner des caméras à des horaires différents pour suivre le trajet emprunté par la disparue.
Maintenant qu'il le mentionne, je remarque une multitude de bandes de vidéosurveillance en état plus que correct trôner dans un carton posé sur le sol. Nous allons en avoir pour des heures. Mais, j'ai bon espoir. Je suis certain que nous trouverons ce que nous cherchons. Pendant qu'Odd fait le nécessaire sur son ordinateur et suit à la ligne les consignes de nos collègues spécialistes, je cours nous prendre des cafés pour limiter les risques d'assoupissement.
À mon retour, tout est prêt. Odd lance le premier enregistrement d'une longue série.
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Comme je m'en doutais, nous avons désormais une piste... Heidi est entrée dans une maison non loin d'Oslo sans en ressortir depuis qu'a sonné quatorze heures hier. Un homme, au visage carré, aux jambes arquées et épaules larges, aux cheveux flamboyants ou portant une perruque rousse, l'a suivie peu de temps après. Il n'a pas non plus quitté les lieux...
Je suis mortifié.
Et si nous arrivions trop tard ? Et si Heidi s'ajoutait à sa liste de victimes ? Peut-être est-ce notre tueur en série ? Peut-être est-ce lui qui l'a piégée, l'a isolée pour mieux la tuer et s'en débarrasser ?
— Viktor, ne faites pas cette tête. Heidi est pleine de ressources. Je convoque une équipe. Je suis persuadé qu'il s'agit du malade que l'on doit arrêter. Nous allons lancer un assaut.
Toutes les pièces du puzzle s'imbriquent. Depuis le début, il n'était pas si loin. Depuis le début, je pouvais l'arrêter avant qu'il n'opère à plusieurs reprises. Depuis le début, il était sous notre nez.
— Faites-moi confiance, elle va s'en sortir. reprend-il d'une voix solennelle venant d'outre tombe, devant mon mutisme flagrant. Venez avec moi, nous allons parler stratégie en salle commune dès que l'effectif sera là.
D'un pas las, je me traîne jusque là-bas. La distance que je parcours me paraît interminable. Je ne me sens plus très bien tant l'angoisse grandit en moi. Mes oreilles se bouchent lorsque je me jette sur le fauteuil en tissu troué, ma vue se trouble. J'ai chaud. J'ai froid. Des perles de sueur glissent le long de ma colonne vertébrale et de ma tempe.
Je ne me pardonnerai jamais s'il lui est arrivé quelque chose... Heidi, tiens le coup. Nous venons à ta rescousse !
Mots de l'auteure :
Bonjour bonjour ! Voici enfin le point de vue de Viktor qui découvre la situation inquiétante dans laquelle Heidi s'est fourrée !
J'espère de tout cœur que vous aurez apprécié votre lecture ainsi que le format plus court de ce chapitre !
À très vite ! ♥️
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