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[LA PEUR DE ME PERDRE]

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Le soleil commençait à se coucher sur l'horizon, projetant des ombres allongées sur le paysage de la Plage. Seijun et Koto avaient tous deux reçu des flèches et devaient être soignés. La tension était palpable, chacun se remettait des émotions fortes de la dernière épreuve. Kisaragi, Kyuma et leurs amis les avaient quittés un peu après et leur avait souhaité bonne chance.

Chishiya restait en retrait, observant Seijun avec une intensité contenue. Il repensait à ce qu'il s'était passé dans la "SAFE ZONE" et grimaça en jetant un coup d'œil vers Akemi. Il ne sait vraiment pas s'y faire avec les enfants. Il n'avait pas voulu retourner dans le jeu pour chercher Koto, parce que c'était dangereux... Il vit Seijun jeter des regards inquiets vers Koto, ce qui éveilla une curiosité involontaire en lui.

Arrivée à la Plage, Ann, qui s'occupait la plupart du temps des blessés, pris en charge Koto. Elle l'emmena dans une pièce suivit de près par sa petite sœur. Seijun s'était assise sur un fauteuil dans le couloir, tenant son bras droit où la flèche l'avait transpercé. Elle se sentait faible, ayant perdu beaucoup de sang et le jeu lui ayant demander beaucoup d'effort. Chishiya, qui n'avait pas suivi les autres, s'approcha doucement, prenant place à côté d'elle.

- Comment tu te sens ? demanda-t-il d'une voix neutre.

Seijun haussa les épaules, essayant de cacher la douleur.

- Ça pourrait être pire.

Chishiya hocha la tête, ses yeux plissés derrière ses mèches rebelles.

- Tu semblais vraiment inquiète pour Koto. Ça m'a un peu surpris, je pensais que ce n'était pas trop ton genre, sauf avec Aika.

Seijun soupira, tournant son regard vers le fond du couloir.

- Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais plus ce que je ressens... pour tout ça. Dit-elle sans vraiment réfléchir.

La fatigue et les vertiges dus à la perte de sang la rendaient presque ivre. Seijun se sentait désorientée, chaque mouvement devenant un effort monumental. Elle vacillait légèrement, son esprit embrumé par la douleur et l'épuisement. Les bruits autour d'elle semblaient distants, comme étouffés par un voile épais.

Perdue dans cette brume, elle ne pouvait s'empêcher de laisser échapper ce qu'elle ressentait. Les barrières qu'elle avait érigées pour se protéger commençaient à se fissurer. Les émotions qu'elle avait si longtemps réprimées refaisaient surface, brisant le masque de froideur qu'elle portait habituellement.

- Je ne comprends pas... murmura-t-elle, sa voix tremblante. Elle s'arrêta un instant, un vertige la prenant. Pourquoi est-ce que je m'inquiète pour les autres maintenant ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que survivre seule est impossible ?

Ses pensées tournaient en boucle, se mêlant aux souvenirs des jeux et des visages qu'elle a perdus. La peur, l'angoisse, la tristesse – tout s'entremêlait dans un tourbillon incontrôlable. Ses yeux se remplirent de larmes, mais elle les retint, refusant de laisser paraître sa vulnérabilité.

Chishiya, qui l'observait, remarqua son état. Il se rapprocha un peu plus d'elle, son visage habituellement impassible marquant une légère inquiétude.

- Seijun, appela-t-il doucement, posant une main sur son épaule. Tu dois te reposer.

Seijun leva les yeux vers lui, son regard troublé par une multitude d'émotions.

- Chishiya, pourquoi est-ce que c'est si compliqué ? Pourquoi est-ce que je me sens si... perdue ? Tout aller bien avant... Sa voix se brisa sur les derniers mots, révélant la profondeur de son désarroi.

Chishiya la regarda, ses propres sentiments conflictuels luttant pour se frayer un chemin. Voir Seijun ainsi le faisait vaciller.

- Seijun, dit-il doucement, nous sommes tous perdus ici. Mais tu n'es pas seule. Tu n'es plus seule. Disait-il en voulant faire référence à sa présence mais se mutant, ne voulant pas accepter ses pensées.

Ces mots, bien que sincères, ajoutèrent de la confusion à Seijun. Elle sentit une vague de frustration monter en elle.

- Pourquoi es-tu là, Chishiya ? Pourquoi te soucies-tu de quelqu'un comme moi ? Tu dis que tu veux survivre, réussir, mais... tu es ici.

Chishiya serra légèrement son poing, cherchant les mots justes.

- Peut-être que je me soucie plus que je ne veux l'admettre. Mais cela ne change rien à ce que nous devons faire pour survivre. Et parfois cela implique de faire les mauvais choix. Dit-il en levant ses yeux vers elle.

Devait-il vraiment l'utiliser ? Chishiya, se sentait de plus en plus tiraillé. Utiliser Seijun faisait partie de son plan, mais à mesure qu'il se rapprochait d'elle, il voulait la découvrir davantage. Quelque chose était brisé en elle, caché quelque part. Il voulait savoir ce que c'était. Pourtant, Il ne pouvait pas se permettre de tomber dans ce piège émotionnel.

Seijun hocha la tête, mais la confusion persistait. Elle se laissa glisser sur le canapé, faisant reposer sa tête sur le dossier, trop épuisée pour continuer à lutter contre ses propres sentiments.

- Repose-toi, Seijun. Pour l'instant, c'est tout ce que tu as à faire. Laisse les autres s'occuper de toi.

Elle se laissa aller, sa tête reposant maintenant sur l'épaule de Chishiya. Les vertiges s'atténuèrent légèrement, remplacés par une étrange sensation de réconfort. Pour la première fois depuis longtemps, elle se permit de ressentir pleinement, sans essayer de tout contrôler. Pas de se laisser aller pour le plaisir comme ils avaient pu le faire avant, mais de se laisser aller pour son bien.

Chishiya sourit légèrement, un sourire sans joie.

- Les jeux ont tendance à faire ça. Ils te forcent à ressentir des choses que tu préfèrerais ignorer. Murmura-t-il, parlant presque pour lui-même.

Pendant ce temps, Ann s'affairait à soigner Koto, ses gestes précis et rapides. Akemi se tenait à côté de son frère, les larmes aux yeux, mais elle essayait de rester forte.

- Il va s'en sortir, n'est-ce pas ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Ann lui sourit doucement, continuant de bander la blessure de Koto.

- Oui, il va s'en sortir. Il est fort, tout comme toi. Dit-elle en lui offrant un clin d'œil.

Akemi hocha la tête, essayant de se rassurer. Dans ce monde, Koto était sa seule famille, elle ne se voyait pas vivre sans lui. Ann posa une main réconfortante sur l'épaule de la petite, comprenant très bien ce qu'elle ressentait. Elle admirait la petite fille et trouvait même cela bizarre qu'une enfant se trouve dans ce monde. Il y avait alors de tous les âges ? Si il y avait bien des gens derrière tout ça, voir qu'ils avait mis des enfants dans ce monde l'a dégoûta encore plus.

Une fois les soins fait, Ann plaça une fine couverture sur le jeune homme et commença à jeter tout ce qu'elle avait utilisé. Quelques minutes seulement après, Koto ouvrit légèrement les yeux, murmurant faiblement. "Akemi..."

Akemi serra la main de son frère, ses larmes se mêlant à un sourire de soulagement.

- Je suis là, Koto.

- Il a besoin de repos. Je vais vous emmener dans une chambre d'accord ?

Ann et les deux enfants quittèrent la pièce et la femme tomba sur Seijun et Chishiya près de la porte. Le blond, qui gardait un œil sur Seijun, releva la tête.

- Comment va-t-il ? Demanda Chishiya à Ann, en posant ses yeux sur le jeune garçon.

- Il va bien, je vais les installer dans une chambre pour qu'ils se reposent. Je reviendrais pour soigner Sora.

Chishiya resta assis à côté de Seijun, sa présence calme et stable contrastant avec la tempête d'émotions qui faisait rage en elle, comme un moment suspendu dans le chaos environnant. Il sentait le poids de Seijun contre lui, sa respiration se calmant progressivement. Ses propres pensées tournaient en rond, il savait qu'il devait rester concentré mais il se surprenait à apprécier la proximité de la jeune femme.

Seijun, elle, luttait contre la confusion qui brouillait son esprit. La douleur de sa blessure la maintenait éveillée, mais c'était la proximité de Chishiya qui perturbait véritablement ses pensées. Qu'est-ce qu'ils étaient ?

Ann revint, un sourire rassurant sur le visage.

- Koto et Akemi sont installés. Koto se repose et sa petite sœur veille sur lui.

Elle s'approcha de Seijun, inspectant sa blessure.

- Ton tour maintenant. Chishiya, aide-moi à la coucher correctement.

Chishiya se leva, aidant Seijun à se détacher de lui et ils entrèrent dans la pièce. Il aida Seijun à s'allonger sur le lit. Ann travailla rapidement, nettoyant et bandant la plaie avec une efficacité remarquable. Pendant ce temps, Chishiya observait silencieusement. Ses yeux détaillèrent le corps allongé de la brune.

Ann posa une main réconfortante sur le front de Seijun une fois son travail terminer, vérifiant sa température.

- La blessure n'est pas mortelle, mais elle a perdu beaucoup de sang. Nous devons la surveiller.

Chishiya acquiesça, une inquiétude inhabituelle marquant ses traits.

- Je veillerai sur elle.

Ann leva les yeux vers lui, quelque peu surprise par ses mots. Elle reconnut tout de même la sincérité dans ses paroles et hocha la tête.

- Je peux te la laisser alors. Souria-t-elle avant de quitter la pièce.

Les minutes s'écoulaient lentement, et Chishiya, assis à côté de Seijun, la regardait dormir. Ses traits étaient apaisés, bien que marqués par la fatigue et la douleur. Il osa poser une de ses mains contre son épaule blessé et la faire glisser jusqu'à sa main.

Seijun ouvrit lentement les yeux, sentant la chaleur de la main de Chishiya glissant sur son épaule blessée. Le contact était inattendu mais étrangement apaisant. Elle tourna légèrement la tête vers lui, ses yeux rencontrant les siens, cherchant des réponses qu'elle n'arrivait pas à formuler.

- Chishiya... murmura-t-elle, sa voix faible et hésitante.

Il la regarda, ses yeux habituellement impassibles reflétant une douceur inhabituelle. Il ne répondit pas immédiatement, préférant laisser le silence entre eux remplir l'espace. Ce silence était chargé de non-dits, mais il était aussi réconfortant. Chishiya pressa doucement la main de Seijun, un geste de soutien et de compréhension. Il savait qu'ils n'avaient pas besoin de mots pour communiquer en ce moment. Leurs présences seules suffisaient. Seijun ferma les yeux à nouveau, se concentrant sur la sensation de la main de Chishiya dans la sienne. La douleur de sa blessure semblait s'atténuer, remplacée par une étrange sensation de sécurité. C'était un sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps, et elle s'y accrochait, même si elle ne comprenait pas totalement ce qu'il signifiait.

Seijun rouvrit les yeux et essaya de se redresser.

- Non Seijun, reste allonger. Dit-il en essayant de la repousser.

- Laisse moi me redresser.

Seijun attrapa les bras de Chishiya et se redressa un peu plus. Tout deux se poussèrent un peu, Chishiya essayant de rallonger Seijun et Seijun le poussant pour s'asseoir. Leur force s'opposèrent et bientôt le bras de Seijun faiblit et elle tomba légèrement sur le blond. Dû à se mouvement, ses lèvres effleurèrent accidentellement la joue de Chishiya alors que sa tête venait tomber sur son épaule. Le contact, bien que bref et inattendu, déclencha une série de sensations chez eux deux. Seijun se figea, ses yeux s'écarquillant légèrement, tandis que Chishiya sentait son cœur battre un peu plus vite.

- Désolée, murmura-t-elle en se redressant, rougissant légèrement.

Chishiya fit un sourire et secoua la tête.

- Ce n'est rien, répondit-il.

Seijun, encore embarrassée par l'incident, baissa les yeux. Ce n'était pas le moment, elle le savait. Mais son cœur ne faisait que de bondir un peu plus vite. Elle ne pouvait nier l'attirance qu'elle ressentait, un mélange de confusion et de désir qu'elle ne comprenait pas entièrement.

Chishiya, de son côté, se sentait également pris au piège de ses propres émotions contradictoires. Il bougea légèrement, se rapprochant encore de Seijun, leurs corps maintenant encore plus près l'un de l'autre. La proximité de Chishiya était à la fois troublante et réconfortante pour Seijun. Elle pouvait sentir la chaleur de son corps, l'odeur de sa peau, chaque détail devenant intensément présent.

Chishiya leva une main hésitante et caressa doucement la joue de Seijun, son pouce effleurant sa peau avec une tendresse qu'il ne se savait pas capable d'exprimer. Seijun ferma les yeux à ce contact, se laissant aller à cette sensation de sécurité et de réconfort. Un moment qu'elle ne pensait pas vivre dans ce monde cauchemardesque.

- Repose-toi s'il te plaît, murmura-t-il près de son visage.

Leurs touchés était doux, légers. Seijun se vit à plus apprécier ce genre de geste que ceux qu'ils avaient pu échanger avant, quand il n'y avait rien de plus qu'un désir interdit, dangereux et dur. Cependant, elle se recula, car chaque caresse du blond l'a faisait tomber et qu'elle ne voulait plus déraper.

Dans ce monde chaotique, tout le monde aimerait profiter des plaisirs qu'ils vivaient autrefois, de la plus petite chose soit-elle. S'évader rien qu'une fois, oublier cette notion de survie, cette peur constante de mourir.

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J'aime bien ce chapitre perso.

Bye~

Prochain chapitre :

CHAPITRE DIX-NEUF

[TU NE ME DIS PLUS RIEN !]

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