⟨ PROLOGUE ⟩ ✔

   Rien. Voilà ce que je voyais : rien. Pas même le ciel, la terre ou l'horizon. Pas de noir, de blanc ou de couleur. Juste... Rien. Et pourtant, j'avais peur. Terriblement peur. Aucun danger aux alentours, mais cela n'empêchait pas l'effroi de s'emparer de moi. Je commençais à réaliser que j'avais perdu et que mes dernières espérances s'étaient envolées, laissant seule place à la solitude absolue.

   Une lumière écarlate émanant de mon corps attira alors mon attention. J'examinai mes mains, mais j'avais du mal à discerner leur forme exacte ; tout semblait si brumeux, si irréel. Des filaments nébuleux semblables à des étincelles s'échappaient de mon être et flottaient dans le vide. À cet instant, je compris la terrible vérité : je n'étais plus un être de chair et de sang. Ceci était mon âme.

   Je regardai autour de moi, mais tout n'était que ténèbres. Pourtant, il y avait cette étrange sensation qui grondait à l'intérieur de moi, comme si quelqu'un m'observait, considérant le moindre de mes mouvements. Une présence omnipotente qui régnait sur l'obscurité, telle une ombre prête à surgir de nulle part. Sous cette forme, je ne pouvais certes plus parler, mais je pouvais encore penser.

— Je sais que vous êtes là ! m'écriai-je dans mon esprit.

Rares sont ceux à se réveiller... Qu'as-tu donc de si spécial ?

   Ce murmure dans ma tête... Il provoqua en moi une extrême terreur qui fit trembler tout mon être. L'épouvante se mit à ronger mon âme sans aucune résistance possible. J'étais tétanisé, paralysé dans un état de peur indicible. L'angoisse dévorait chaque parcelle de mon esprit, chaque fragment de mon âme. Si j'avais été en vie, l'écho de ce murmure aurait suffi à faire exploser mon corps.

   Cette voix avait un aspect transcendant, bien plus puissant que Dieu lui-même quand il parlait. C'était si fort, si pur et si sombre à la fois. Face à cette entité suprême, je ne pouvais que m'incliner et revenir à mon état de glaise et de poussière. Pourtant, je me redressai fièrement :

— Je suis un puissant Séraphin, répondis-je en brandissant mon courage.

Non, la puissance importe peu. Le Chaos a dû intervenir.

   À chaque mot, l'effroi grandissait en moi telle une main écrasant un peu plus fort mon cœur. Broyé par de simples paroles, je paraissais aussi ridicule qu'un grain de poussière. Je ne pouvais pas lutter. Je ne pouvais pas m'enfuir. Je ne pouvais qu'assumer ma condition.

— Qui... Qui êtes-vous ?

Je suis le Néant et ceci est mon royaume, ricana la voix désincarnée dans mon esprit.

   Ce furent les derniers mots de cet être transcendant qui m'abandonna à mes tourments. Mais je n'avais pas le temps de réaliser pleinement ma situation qu'une lueur lointaine émergea déjà des ténèbres. La lumière se rapprocha de moi à une vitesse fulgurante et mua en un linceul sombre et opaque.

   La prison luminescente engloutit mon âme et me transporta dans un autre monde. Celui de mon passé. Mes souvenirs commencèrent à déferler sous mes yeux, tandis que la mélancolie envahissait mon âme. Je compris alors qu'il n'y avait plus aucune échappatoire. J'avais perdu, j'étais mort, j'étais condamné. Je regardai ma vie défiler, impuissant face au Néant. 

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