⟨ CHAPITRE BONUS 1 ~ Le porteur de lumière ⟩
Pour fêter les 3000 vues sur LTA, j'ai décidé de vous faire un petit chapitre bonus ! Comme certains apprécient Lucifer, j'ai préféré écrire sur lui 😄 Voici donc une analepse d'un souvenir de ce dernier lorsqu'il était encore en Enfers. Bonne lecture !
***
Mon honneur... Parti en fumée ! Mon orgueil... Dispersé par les braises ! Ma liberté... Narguée par ce dieu ! Après m'être révolté contre Père, il a réussi à contrer ma rébellion. Pourtant je n'avais fait que revendiquer mon libre arbitre. Nous, les Anges, devions toujours lui obéir, mais nous méritions notre délivrance. Nous avions le droit d'être libre. J'étais supérieur aux autres Anges, je n'ai que voulu leur rendre leur liberté. Certains ont su faire le bon choix et suivre le meneur que je suis. Ce Dieu ne méritait pas son trône. Moi si ! Je guiderais les Anges et je deviendrais le nouveau Dieu de ce monde !
J'exprimai ma détermination par un puissant rire diabolique. Père m'avait donné un trône permanent après ma chute, celui des Enfers, mais il ignorait que ce serait sa pire erreur. Le tombeau des âmes pernicieuses étaient un excellent moyen pour mettre fin à son règne divin. L'ère de ce Dieu n'était qu'éphémère.
La voix d'un de mes serviteurs me fit émerger de mes pensées ambitieuses.
— Tout-puissant Satan, commença-t-il d'une puissante voix gutturale, je viens sous les ordres du prince Belzébuth.
Le démon se tenait accroupi devant moi, la tête baissée vers le sol recouvert de cendres. Sa peau fripée et sa forme disgracieuse lui donnait un air monstrueux. La chair de ses joues était déchirée pour laisser voir ses dents acérés et sa langue fourchue. Deux grandes cavités lui procuraient la vue, tandis que des cornes en forme d'hémicycle ornaient son front anthracite. Ses yeux prouvaient qu'il n'était qu'un démon mineur, sans aucun pouvoir ni valeur.
— Il aurait pu venir en personne, grognai-je d'un ton désinvolte.
— Il ne pouvait pas, il était occupé.
— Soit, viens-en au fait sinon je dévore ton âme. Je ne suis pas du genre à être patient.
Le diablotin déglutit de frayeur. Quel être pathétique, il prenait peur à une pauvre menace. Je n'étais même pas sérieux quand j'avais dis cela. Après tout, qui voudrait de l'âme d'un être aussi abjecte ? J'avais beau être le Diable, j'appréciais tout de même un peu de quintessence.
— Le prince Belzébuth souhaiterait vous remettre cette lettre.
Sur ces paroles, le monstre me tendit une enveloppe scellée. J'attrapai la missive d'un geste vif avant de déchirer le sceau de cire et de porter la lettre à mes yeux.
"Mon très cruel Lucifer,
Tu y auras peut-être déjà pensé, mais je tenais à te soumettre cette idée. L'affrontement ultime avec Eden approche et nous manquons de forces dans notre armée. Or, nous possédons un atout bien gardé, et il serait possible de lui rendre sa liberté. Nous savons très bien tous les deux que l'avoir à nos côtés serait un avantage non-négligeable. Je n'ignore pas que c'est une lame à doubles tranchants. Cet être pourrait tout aussi bien détruire les Enfers si sa colère venait à éclater. Cependant, nous devons en prendre le risque. Libère-le pour nous les démons, pour le Mal absolu et pour ton futur trône divin."
Un graffiti en forme de mouche faisait office de signature. Je froissai la lettre avant de la jeter à l'hideux serviteur de Belzébuth. Ce dernier avait explicitement mentionné l'Ange exilé dans les Limbes. Père l'avait banni il y a trois mille ans de cela, mais aujourd'hui il était temps de lui rendre sa liberté, le prince des mouches avait raison. Je dispensai le démon avant de me diriger vers une porte d'acier cachée derrière un filet de lave. Sans hésitation, je traversai la substance magmatique pour pénétrer dans une pièce sombre aux murs de basalte. Un couloir qui paraissait sans-fin me séparait d'un portail violacé à l'aspect visqueux. J'arrivai devant lui après une marche rapide de plusieurs minutes. J'inspirai profondément, puis m'engouffrai dans les Limbes.
J'atterris dans une forêt lugubre, une masse de brouillard à mes pieds. Les arbres dénués de feuilles se mouvaient comme s'ils possédaient un souffle de vie. Les bois semblaient éveillés, guettant le moindre visiteur. Je n'entendais rien, le bruit de mes pas étant étouffé par la brume et le vent inexistant.
En tant que Seigneur des Enfers, le savoir de ce monde m'avait été confié. Ainsi, je connaissais les Limbes et pouvais m'y aventurer sans avoir le risque de me perdre. Tandis que le portail s'évaporait, je me dirigeai vers l'Antre. Je ne sus combien de temps s'était écoulé avant que je n'arrive devant la prison de l'Ange, mais cela m'avait parut être une éternité.
Face à l'entrée de la caverne, je m'assis sur la terre martelée par les empreintes de pas et attendis, longtemps, très longtemps. Peut-être une heure, peut-être un an. Cette pérennité passée, il apparut enfin : le Péché de la Colère. Enseveli dans un long manteau sombre, il s'approcha de moi avec une démarche atonique. Ses cheveux de jais n'avaient pas pousser d'un millimètre depuis son bannissement et ses yeux semblaient éteints, donnant à l'Ange l'aspect d'un mort. Ses ailes obscurs traversaient son manteau pour recouvrir le sol d'un plumage funèbre.
— Que viens-tu faire ici, Lucifer ? demanda-t-il d'une voix sèche.
— Il est temps de te libérer.
— Je ne suis pas dupe. Tu ne ferais cela que dans ton intérêt contre Dieu, mais qui te dit que je te suivrais ?
C'était bien ce que je craignais, il ne se laissera pas facilement manipuler. Je choisis cependant de ne pas me abandonner et de garder la tête haute. Face à témérité, je lui rétorquai :
— Tu ne souhaites donc pas la liberté ?
— Te suivre n'est pas être libre. C'est seulement devenir le pion d'un être arrogant aux ambitions chimériques.
— Chimériques ? Tu es décidément bien aveugle. Écoute, je te propose un marché. Si tu me suis dans mes idéaux et rejoins mon camp, je te promouvrais lorsque je serais devenu le nouveau Dieu.
— Cela ne m'intéresse pas, tu le sais très bien ! s'exclama l'Ange des Limbes.
— Je te donne un millénaire pour te décider à me rejoindre, continuai-je déterminé. Chaque jour, je viendrais te voir pour te redemander de t'allier. Si après ces ces mille années passées, ta détermination est toujours la même, tu seras libre de partir.
C'était le dernier choix qu'il me restait. Un millénaire pour cet Ange n'avait beau être qu'une poussière, je savais qu'il finirait par se soumettre. Son âme était trop brisée pour résister aussi longtemps. L'être damné en face de moi esquissa un sourire sournois avant de me tendre sa main.
— J'accepte. Nous verrons qui est le plus aguerri entre le Diable et le renégat maudit, déclara-t-il avec témérité.
D'une poigne de fer, je conclus le marché. C'est sur ce dernier geste que je le guidai vers la sortie des Limbes. Après un certain temps de marche, moins long que la première fois, nous arrivâmes enfin à l'endroit où j'avais atterri à mon arrivée ici. D'un mouvement fluide, je dessinai un portail qui prit matière instantanément. L'Ange à mes côtés s'étira avec vigueur avant de s'élancer dans les Enfers, une lueur de malice dans les yeux.
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