CHAPITRE 21 ◈ Un abîme de confiance

Nouveau chapitre après... Eh bien quelques mois d'absence... Je suis vraiment désolée. Je ne savais plus où étaient mes priorités, aujourd'hui encore, je vais à droite, à gauche entre le bac, mon orientation, mes activités et tout le reste. Un joli bazar ! Mais ce matin, j'écoutais une musique simple sans paroles, juste une mélodie et quelques instruments, et j'ignore comment mais elle m'a immédiatement redonné envie d'écrire :)

Alors me voilà. Le chapitre était déjà un peu entamé, je l'ai terminé. Le suivant était déjà écrit. La suite, elle viendra aussi vite que je le peux. Mais ce que je peux vous dire, c'est que vous n'aurez plus dix mois à attendre !! J'ai sur mon téléphone un bloc-note. Il contient des pages entières d'idées pour LTA, du tome 1 au tome 3. 

Je rêve que LTA soit un jour publiée, mais si je n'y mets pas du mien,  cela n'arrivera jamais. Trop de gens ne réalisent pas leur rêve car ils sont découragés, que ce soit par les autres ou par la peur de l'échec. Mais je vous promets que j'irai jusqu'au bout, car je peux le faire et que je le veux, et que même si c'était impossible je rendrai ce rêve possible !

Cette introduction était bien trop longue, voyez la comme une énième lettre d'excuse, ça passera mieux :) On se retrouve mardi prochain pour le chapitre 22 !

  ~✻~

   J'entendis un bruyant claquement d'ailes au-dessus de moi. En levant les yeux, j'aperçus l'ombre fugace d'un corbeau nous survoler. Ce ne pouvait être que Lucifer qui nous cherchait. Heureusement, nous n'avons été séparés que quelques jours. Plus le temps passait, plus je faiblissais. Je sentais de plus en plus mes sens diminuer et mes souvenirs lointains qui s'estompaient.

— Ils ne devraient plus être très loin, murmurai-je aux deux hommes derrière moi. 

   Éros me jeta un regard inquiet. Je devinais dans ses yeux turquoise sa peur grandissante nourrie par l'approche du Diable. 

— Tout se passera bien, le rassurai-je sans en être vraiment convaincu moi-même.

   La confiance que je plaçai en mon frère était d'une valeur insignifiante. Je ne m'étais embarqué dans cette aventure avec lui et Théa que parce c'était ma seule option pour survivre et échapper au Néant.

   Soudain, alors que les pensées allaient à tout vent dans mon esprit, une tignasse blonde et une chevelure rousse jaillirent ensemble des buissons. Je reconnus immédiatement leurs silhouettes familières. 

— Mon frère ! s'écria le Diable. 

— Où étais-tu passé ? Nous t'avons cherché partout ! s'exclama Théa en m'étreignant avec une force que je ne lui connaissais pas. 

   Les arômes de son parfum réchauffèrent aussitôt mon cœur. Je la serrai un peu plus contre moi avant de la libérer à contrecœur. J'étais si heureux de la revoir que je lui adressai même un sourire sincère.

— Théa m'a raconté que tu avais été attaqué, reprit Lucifer coupant net à nos retrouvailles chaleureuses.

   Je hochai la tête pour confirmer les dires de la jeune fille et m'écartai de leur vue pour dévoiler l'humain et le démon.

— Je vous présente Éros et Andras.

   Lucifer grinça les dents aussitôt qu'il aperçut le démon déchu à tête de chouette.

— Bon sang, cette forêt est un vrai nid à démons ! Que fait ce déchet aux côtés d'un humain ?

— Andras a perdu la mémoire, expliquai-je. Éros l'a recueilli il y a quelques années.

   Lucifer resta étonnamment silencieux. Je ne savais pas trop à quoi il pensait, mais ça n'augurait rien de bon. Ses sourcils froncés et ses lèvres crispées semblaient n'afficher que du mépris.

   Soudain, je m'aperçus qu'une personne était absente à la réunion. Je ne voyais pas l'ange gardien de Théa.

— Sehaliah n'est plus avec vous ? m'enquis-je en cherchant autour de moi.

— Elle ne supportait plus la compagnie du Diable. Je la comprends, mon aura est si merveilleuse qu'elle intimiderait quiconque la verrait ! 

   Je soupirai en entendant ces inepties. Mais j'appréciais que Sehaliah soit repartie là-haut, il était préférable de rester entre déchus...

Tout d'un coup, Théa gémit de douleur et manqua de tomber dans la neige.

— Danael..., murmura-t-elle d'une voix faible.

Elle s'approcha de moi en titubant. Une main sur la tête, elle fronçait les sourcils et serrait ses lèvres. Dès qu'elle levait les yeux vers Andras, elle les baissait instantanément en grimaçant de douleur. 

— Ma tête... J'ai l'impression que je vais imploser...

   Sur ces mots, la jeune fille s'écroula dans la neige en gémissant de plus en plus fort. Je regardai le démon avec méfiance. Était-ce lui qui faisait cela ? Je agrippai par le col de son manteau et le souleva d'un air menaçant : 

— Est-ce toi qui lui infliges ce mal ? 

   Andras paniqua immédiatement et secoua la tête, incrédule : 

— Non ! 

   Je relâchai le démon, voyant qu'il ne mentait pas. Mais alors qui...? Lucifer ? Non, il semblait plutôt frustré par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Quant à Éros, il était tout bonnement incapable de blesser Théa par télépathie.

   Soudain, la jeune fille se mit à se contorsionner dans tous les sens en hurlant de douleur.

— Ma tête ! Je souffre ! Aidez-moi ! criait-elle à en vider ses poumons.

    Avec une extrême précaution, je m'approchai d'elle en évitant soigneusement les coups de pied qu'elle envoyait. Finalement, Théa faiblit et cria une dernière fois avant de s'évanouir. Je m'avançai dans la neige et prit l'humaine dans mes bras en la soulevant doucement. Elle paraissait alors si calme, si paisible. 

— Il n'y a plus de temps à perdre, lançai-je à Lucifer. Il faut trouver ton démon au plus vite. Éros peut nous y conduire, il sait pour l'existence de l'Ether après tout.

   Le Diable regarda l'homme avec dédain, provoquant un sentiment d'angoisse dans les yeux d'Éros.

— J'espère que tu as une bonne intuition, humain. 

   Ce dernier hocha la tête et confirma qu'il serait alors notre guide.

— Quel démon cherchons-nous ? demanda-t-il à Lucifer.

— Lilith.

~✻~

   Nous marchions depuis plus de trois heures dans la neige. Nos pas étaient lourds et s'enfonçaient dans la masse blanche qui craquait sous notre poids. Personne n'osait élever la voix, nous suivions simplement Éros qui n'hésitait jamais lors d'un croisement. 

   Théa ne s'était toujours pas réveillée et je la portai encore dans mes bras. Elle était plutôt légère, mais je faiblissais de plus en plus et j'ignorais combien de temps nous pourrions encore avancer ainsi, fatigués et affamés. Même Lucifer en avait assez.

   Soudain, Éros s'arrêta et nous fit signe de reculer. 

— C'est ici, annonça-t-il. 

   Je regardai autour de nous, mais je ne voyais rien d'autre qu'une clairière recouverte par la une couche blanchâtre. L'antre du démon était-il invisible ? Nous devrions pourtant voir des marques sur la neige si c'était le cas.

   J'échangeai un regard confus avec mon frère. Que se passait-il ? Où était donc ce fameux Lilith ? 

— Où nous as-tu emmenés, Éros ? demandai-je en cherchant autour de nous le moindre indice.

   L'homme agrippa alors mon bras d'une poigne forte et approcha ses lèvres de mon oreille, sa barbe épaisse frottant ma joue.

— Souviens-toi de ta promesse, murmura-t-il. Tu devras ressusciter ma femme après que je vous ai aidé.

   Je m'écartai de lui et hochai la tête. Il m'avait redonné foi en la rédemption. Je lui devais bien cela. L'homme s'avança vers le centre de la clairière blanche et traça un large cercle avec un bâton. Il fit ensuite signe à Lucifer de venir. 

— Vous devez frapper ici de toutes vos forces, expliqua-t-il à mon frère.

   Je fronçai les sourcils face à ces consignes. Était-ce un piège ? Lucifer ne semblait pourtant pas plus qu'inquiet. Éros s'écarta alors du cercle, je fis de même avec Andras. Tout ceci n'indiquait rien de bon. 

   Le Diable s'accroupit au centre du cercle et plaça légèrement une main sur le sol. Avec langueur, il balaya la neige avant de lever son autre bras vers le ciel. Et d'un coup, il frappa la terre à une vitesse fulgurante. 

   Un tremblement assourdissant retentit dans la forêt tandis que le sol se dérobait sous le corps de Lucifer. Un trou béant se créa jusqu'aux limites du cercle tracé par Éros qui souriait avec satisfaction. Inquiet pour mon frère, je me précipitai vers le bord du gouffre. Pas de fond. Juste un abîme de ténèbres. 

— L'antre de Lilith se trouve au fond de cet abysse, déclara Éros. 

— Et je suppose que nous devons sauter...

L'humain hocha la tête et indiqua à Andras de le suivre. 

— Mon rôle ici est terminé. Bonne chance pour la suite, dit-il en se dirigeant vers les arbres.

— Attends ! m'écriai-je. 

   Éros se retourna, surpris. 

— Saute avec nous et je saurai que ce n'est pas un piège. 

— Un humain comme moi ne survivrait pas, répondit-il en caressant sa barbe.

— Mon corps est désormais aussi faible que le tien. J'ai la vie de Théa entre mes mains, je ne sauterai pas avec elle si la chute peut nous tuer. 

    Éros soupira et s'approcha du bord du gouffre en indiquant le fond. 

— Je sens de l'eau tout en bas. C'est extrêmement profond et l'impact vous fera mal, mais vous devriez survivre.

— Saute, ordonnai-je d'un ton autoritaire en ignorant ses paroles.

   L'humain hésita quelques instants sur le bord et me supplia du regard. Mais je restai ferme. Je ne risquerais pas la vie de Théa et la mienne. Éros inspira profondément et fit un pas dans le vide. Son corps chuta alors dans l'abîme jusqu'à disparaître dans les ténèbres. Sans hésitation, Andras courut vers le gouffre et sauta juste après lui. 

   Désormais seul avec le corps inerte de Théa, je la serrai fort dans mes bras. 

— Je suis terrifié, lui avouai-je. Je ne veux pas sauter, mais mon avenir se situe au fond de cet abyme. Pardonne-moi pour t'avoir mêlée à tout cela. Nous survivrons ensemble, crois-moi. 

   Je regardai une dernière fois l'obscurité glaciale au fond de l'abysse. Le cœur lourd, je me retournai pour faire dos au gouffre et me laissai tomber en arrière, aspiré par les ténèbres. Je serrais le corps de Théa dans mes bras pour la protéger et nous chutâmes ensemble dans le vide.


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