CHAPITRE 17 ◈ L'ange ou le monstre
Bon... Oui, j'avais dit que je revenais à un rythme de publication constante... Oui, cela fait... Longtemps... Que je n'ai pas posté de nouveaux chapitres... OUI, je suis désolée ! (pourquoi j'ai l'impression de m'excuser à chaque nouveau chapitre ? 😣) 🙈🙏 Mais ça m'aura au moins permis de développer de nouvelles idées pour LTA et d'approfondir l'histoire. 😈 (notez bien le smiley sadique, hehehe...)
Rendez-vous le 4 novembre pour le prochain chapitre !
PS: Un lexique contenant tous les mots "compliqués" de LTA ne devrait pas tarder à sortir.
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Je pouvais sentir le souffle de Théa déferler sur mon cou. J'étais gêné par la présence de sa tête sur mon épaule ; cela faisait quatre mille ans que je n'avais pas été aussi proche physiquement d'un de ces hominiens.
Les rayons du soleil réchauffaient mon visage et je préférai fermer les yeux pour profiter de cette chaleur consolante. Qui aurait cru qu'un jour, en dépit de tous mes actes irrémissibles, j'eusse pu profiter d'un tel instant de paix et de sérénité ?
J'écoutais d'une oreille attentive le doux bruissement du ruisseau qui plongeait mon esprit dans une quiétude lénifiante. J'imaginais le cours d'eau à sa source, un lac de montagnes aux couleurs hypnotisantes de l'eau, qui partait sillonner les entrelacs de ravines, de crêtes et de combes. J'aurais aimé rester là pour toujours, loin des tourments qui hantaient mon esprit. Théa brisa malheureusement ce calme ineffable avec sa voix grinçante. Elle se racla la gorge et demanda, hésitante :
— Danael... Pourquoi dis-tu sans cesse que tu es un Ange ?
Elle commençait à douter. Cette question était la preuve que l'ombre de l'incertitude la rongeaient à petit feu. Parfait. Il fallait à tout prix chasser son scepticisme avant qu'il ne soit trop tard. Je plongeai mes yeux d'amarante dans ses iris ambrés et murmurai d'un air nostalgique :
— Parce que c'est la vérité. Je suis un Ange. Enfin... J'ignore si j'ai encore le droit de me considérer comme tel.
— Mais tout cela semble pourtant si absurde, maugréa-t-elle songeuse.
— Si tu ne me crois pas, vois au moins cette folie comme une métaphore. Sinon j'ai bien peur que tu ne puisses jamais dépasser les frontières de la piètre perception humaine.
Théa soupira, agacée par mes insistances. Je ne pouvais pas la blâmer de ne pas me croire, elle demeurait humaine après tout, mais je me devais au moins d'essayer de la convaincre. Ce monde était infiniment plus complexe que ce qu'elle pensait, croire la vérité libérerait sa conscience et son âme se sentirait plus libre que jamais. Je m'apprêtais à poursuivre, mais Théa me prit de vitesse et adopta une moue pyrrhonienne :
— Admettons. Tu es donc... Un Ange, tu viens du Ciel et ton frère est... Le Diable, évidemment. C'est tout à fait plausible et... Normal. Mais pourquoi es-tu sur Terre dans ce cas ?
— J'ai péché il y a bien longtemps et Dieu m'a banni pour cela, répondis-je en fuyant son regard. C'est moi qui ai engendré le Mal.
J'ignorais pourquoi je lui avais avoué cela. Peut-être qu'au plus profond de moi je pensais qu'elle méritait de connaître la vérité, ou peut-être était-ce simplement que je considérais cette confession comme un acte de rédemption, aussi dérisoire fût-il. Qu'importaient mes raisons intérieures, je continuai pourtant de lui parler de mon passé ignominieux. Je pris une profonde inspiration pour réfléchir à mes prochains mots. Je ne devais pas céder au désarroi, la panique n'apporterait rien de bon.
— Je suis à l'origine de tous les maux de ce monde. J'ai chassé la lumière pour accueillir les ténèbres. Je...
La suite était trop difficile. J'avais beau eu commencé avec une attitude placide, les affres du passé finirent par me rattraper :
—Je... Je suis un monstre, Théa... Un monstre ! repris-je les yeux embués de larmes.
Elle me regarda sans rien dire. Le silence entre nous devenait de plus en plus pesant au fil des secondes. Je me sentais horriblement honteux et n'osait plus croiser son regard. L'humaine prit finalement la parole, bredouillant quelques mots à mon égard :
— Il y a bien longtemps... Combien de temps précisément ?
Je levai craintivement mon regard contrit vers elle, implorant l'Univers pour le pardon de mes fautes. Je bafouillai quelques mots, laissant les larmes de mes remords couler sur mes joues :
— Tu n'as pas peur de moi ?
— Pourquoi aurais-je peur d'un idiot en pleurs ? répliqua-t-elle amusée, un doux sourire au coin des lèvres.
La vérité me frappa à ce moment-là. Comment n'avais-je pas pu remarquer cela plus tôt ? Mais... C'était pourtant impossible... Et pourtant ! Ces yeux d'or et de soufre, ces cheveux aux mille nuances de cuivre et cette peau opaline rappelant les éclats d'un diamant, ça ne pouvait être qu'elle...
— Est-ce toi... Aileen ?
— Aileen ? répéta Théa en fronçant les sourcils.
— C'est impossible... Ça ne peut pas être toi... Tu es morte ! Michael t'a tuée !
— De quoi parles-tu, Danael ? Reprends-toi !
— Oh, si tu savais combien je suis désolée..., murmurai-je en la prenant dans mes bras. Tout est ma faute ! J'ai paniqué ! J'ai emporté ton âme avec moi... Tu ne méritais pas d'aller en Enfer ! Mais comment aurais-je pu prédire que Michael refuserait de faire une exception même face aux supplications d'un Séraphin...
Par un excès de folie, j'ignorai toutes les protestations de l'humaine. Les mots de Théa avaient résonné en moi, réveillant le souvenir d'antiques paroles similaires qu'avaient prononcées la femme dont je m'étais jadis épris d'amour. Théa tenta de se dégager de mon emprise, mais je refusais de la lâcher étant persuadé d'avoir en face de moi Aileen. Malencontreusement, je trébuchai et basculai sur l'humaine en mal positionnant mon pied sur le sentier trop escarpé.
Ensemble, nous basculâmes en arrière et dévalâmes la pente à vive allure, heurtant plusieurs cailloux et avalant des amas de terre contre notre gré. Mon front percuta violemment la souche d'un arbre tandis que je continuais de subir la descente fulgurante.
Mon corps heurta finalement une matière dure comme de la roche, ce qui stoppa ma chute. Le terrain s'était assoupli et je me relevai péniblement. Je frottai mon front blessé en grimaçant. La douleur était désagréable et, sans mes pouvoirs pour me régénérer, j'allais probablement avoir une commotion cérébrale. Comment les humains faisaient donc pour survivre malgré leur si faible résistance ?
Debout, je pus examiner l'objet qui m'avait sauvé d'une plus longue chute. Il s'agissait d'une pierre tombale, semblable à celle que Théa avait trouvée quelques jours plus tôt. Il y était gravé "A ma bien-aimée, Psyché Cyr". Je passai ma main sur la stèle rêche d'un air songeur. Quel était l'intérêt de construire deux pierres tombales identiques dans une même forêt ? Ça n'avait aucun sens.
Le croassement de multiples corbeaux se fit subitement entendre. Théa, qui s'était échouée un peu plus loin contre un arbre, me regarda avec une ombre d'inquiétude sur le visage.
— C'est normal, ça ? demanda-t-elle crispée.
— Non, pas autant de corbeaux... Ça doit être un signe de Lucifer, il veut nous avertir de quelque chose.
— Mais de quoi ?
Je n'eus même pas le temps de répondre que déjà je reçus un puissant coup à la nuque. Paniqué, je me retournai et fis face à un individu encapuchonné à l'aspect imposant. Je tentai de discerner son visage dans l'ombre, mais je ne parvins qu'à distinguer un éclat argenté dans ce qui semblait être ses yeux. L'être corpulent éleva sa voix étrangement rauque et gutturale :
— Toi avoir osé tombe profaner !
Je le regardai sans comprendre. Il ne parlait pas français ? Je secouai la tête, le temps n'était pas aux réflexions. Je devais le mettre hors d'état de nuire avant qu'il ne me vainque. J'attendis qu'il se fût suffisamment approché de moi pour lui tordre le bras et le saisir au visage. J'en profitai pour l'obliger à se pencher en avant et commençai à lui asséner de violents coups de genoux à la figure.
Il parvint à se dégager sans trop de difficulté en me poussant sauvagement contre un arbre. Sa force était bien plus élevée que celle d'un humain ordinaire, ce n'était pas normal. Mais alors que je m'apprêtais à le frapper à nouveau, une lueur bleutée émana de son poing. L'individu s'élança sur moi sans que je n'eus le temps de réagir. Je le laissai malmener mon corps, incapable de riposter.
— Qui es-tu, bon sang ? gémis-je entre deux coups à la tempe.
L'inconnu continua de s'acharner sur mon corps meurtri en ignorant ma question. J'entendais mon cœur résonner dans tout mon corps, les échos venant s'échouer dans les profondeurs de mon âme. Je jetai un regard terne à Théa, qui n'osait pas se joindre au combat, la suppliant de s'enfuir.
— Théa..., murmurai-je malgré la douleur qui me rongeait. Pars... Préviens Lucifer...
Je me relevai et clopinai jusqu'à l'inconnu en essuyant ma joue sanguinolente d'un geste répugné. Jadis, il ne m'aurait fallu que d'un regard pour rendre à cette vermine son état de poussières. Désormais, j'étais impuissant et à la merci de ce misérable inconnu.
Je tentai d'esquiver la prochaine attaque, mais rien n'y fit. Je sentis son poing transpercer la chair de mon flanc. J'hurlai de douleur et m'écroulai sur le sol, me contorsionnant dans tous les sens pour tenter en vain d'oublier la souffrance. Je ne pouvais plus voir les coups venir. Ils s'enchaînaient bien trop vite. Je n'avais plus de souffle, je ne pouvais plus respirer. Désespéré, je suppliai l'homme de m'épargner.
Trop tard. Le coup fatal fut donné.
Je ne voyais plus rien. Je n'entendais plus rien. Tous mes sens avaient disparu. J'étais désormais seul, abandonné dans les méandres d'une obscurité infinie.
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