CHAPITRE 14◈ Danger démoniaque

— Papa, papa, papa... N'en as-tu pas assez de m'appeler tout le temps comme cela ? demanda le démon exaspéré.

— Mais... Comment veux-tu que je t'appelle autrement ? Tu es mon père ! répondit Théa en croyant halluciner.

— Ton père est mort il y a dix ans. On a peut-être la même gueule, mais ça ne fait pas de moi un de ces merdeux d'humains.

— Mais... Tu... Tu portes son visage ! C'est impossible ! Tu mens !

— Je ne mens pas. J'ai seulement pris possession de son corps après avoir tué ta chère maman. Pitoyable mort d'ailleurs ! s'exclama Adonis, un rictus infernal sur le visage.

   Théa ne répondit pas, bien trop choquée par la situation pour avoir une quelconque réaction. Étrangement, je parvenais à la comprendre malgré que je fus inhumain. Elle venait de rencontrer un démon en chair et en os, ce qui allait à l'encontre de toutes ses croyances. De plus, ce dernier venait de lui apprendre qu'il était responsable de la mort de sa mère, il y avait de quoi devenir fou ! La jeune humaine cligna plusieurs fois des yeux, refusant de croire ce qui était en train de se passer.

— C'est impossible... C'est impossible... C'est impossible..., répéta-t-elle interminablement.

   Lucifer décida d'intervenir pour essayer de comprendre la situation, étant lui-même décontenancé.

— Pourquoi as-tu tué sa mère et pris possession du corps de son père ? Explique-toi, Démon des flammes tourmentées !

— Oh Seigneur ! Veuillez pardonner ma négligence, je nous vous avez pas vu, s'excusa Adonis en s'agenouillant devant lui.

— Je t'ai demandé d'expliquer tes actes !

— Futilités ! Les explications ne sont que des futilités ! On s'en fiche tous, c'est bien trop barbant, s'esclaffa-t-il en mimant une scène dramatique.

   La créature démoniaque reprit son sérieux lorsqu'il vit que son seigneur ne riait pas à sa comédie. Il se releva alors, reprenant son air monstrueux. Adonis dévisagea Théa avec insistance, ses yeux flamboyants dévorant les traits de l'humain dont il avait pris possession. La jeune fille, tétanisée par la peur, ne pouvait faire le moindre mouvement. Le démon profita de son immobilité pour sortir de sa veste une arme dorée qu'il pointa vers l'humaine.

   Tout se passa très vite à partir de ce moment-là. Je n'eus même pas le temps d'assimiler le danger de la situation que déjà Adonis était proche de tuer Théa. Il appuya sur la détente et la balle jaillit du canon.

   Cependant ce ne fut pas Théa qui reçut le projectile, mais une autre humaine qui s'était interposée. Apparue de nulle part, je restai confus quelques secondes quant à son identité. J'ignorais de qui il s'agissait, mais elle ressemblait fortement à la jeune fille qui m'accompagnait. Trop même... Mais la nouvelle venue ne me laissa pas le temps de réfléchir et s'affala sur le sol suite à la souffrance qui la submergeait.

   Je me précipitai vers elle, totalement paniqué par ce qu'il venait de se passer. La balle avait traversé sa cuisse droite et du sang ne cessait de dégouliner. La nouvelle venue hurlait de douleur tandis que j'essayais de trouver une solution pour stopper l'hémorragie. Je ne comprenais rien aux événements ! Pourquoi cette fille s'était-elle interposée ? Avait-elle perdu la raison ? Et comment avait-elle pu réagir si vite ?

   Théa sortit de son état de choc et s'élança vers Adonis, ignorant le revolver qu'il tenait dans sa main. Le démon n'eut pas le temps de réagir que déjà l'humaine lui envoya une gifle.

— Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ? s'exclama Théa furibonde.

— Je ne pensais pas que quelqu'un aurait eut le culot de s'interposer ! protesta le gardien des flammes tourmentées.

   La blessée tenta d'intervenir dans leur conversation mais la douleur l'empêcha de se lever. Je lui conseillai de rester là et d'ignorer, mais obstinée, elle cria à l'intention de Théa :

— Il n'est pas ton père ! Écarte-toi tout de suite de lui !

— Comment le sais-tu ? Et qui es-tu, d'abord ? Pourquoi m'avoir sauvé ? demanda la jeune humaine méfiante.

— Je t'expliquerai plus tard, mais je t'en supplie, écarte-toi de lui ! Maintenant !

   Théa obéit et rejoignit sa sauveuse, pressentant qu'il valait mieux écouter ses recommandations. Quant à Adonis, il esquissa un rictus sournois à la vue de l'état pathétique de la blessée. Je jetai un regard à Lucifer qui semblait bouillonner de rage. Le connaissant, il avait dû se sentir offusqué qu'un de ses démons ne lui ai pas répondu, et qui de plus, ai tiré sur une personne dont il était chargé de la protection.

   Je dus avoir raison car le Diable se précipita vers Adonis et le frappa sans relâche jusqu'à ce que ce dernier n'ait craché du sang. Le démon ne se défendait pas, acceptant les coups que lui donnait son seigneur. Ce ne fut qu'une fois que la créature des Enfers eut le visage ensanglanté que Lucifer arrêta de le torturer.

— Maintenant parle ou je te fais avaler tes propres tripes, menaça-t-il de ses yeux devenus écarlates.

— Théa... Elle est dangereuse ! Elle vous détruira, Seigneur ! Faut pas la laisser vivre. Tuez-la ! Terrassez-la ! Exterminez-la !

— Ne me donne pas d'ordres, démon ! Je t'ai demandé d'expliquer tes actes, alors obéis ! tonitrua le Diable enragé.

— Sa mère... Elle n'est pas ce que vous croyez. Je l'ai tué pour vous. Après sa mort, j'ai commencé à avoir des soupçons sur sa fille alors j'ai pris possession de son père. C'est lorsque vous avez essayé de modifier ses souvenirs il y a quelques jours que j'ai compris...

 — Quoi ? Qu'as-tu compris ? Réponds !

   Adonis, profondément affaibli après les coups redoutables du Diable, essaya tant bien que mal de s'expliquer.

— Ne faites pas confiance à l'humaine... Sa mère... Elle est—

   J'abandonnai l'humaine blessée pour asséner un puissant coup au démon afin de le faire taire, refusant d'entendre la vérité que je redoutais. J'avais confiance en Théa, s'il fallait se méfier d'elle cela ferait déjà longtemps qu'elle nous aurait trahis. Lucifer, choqué par mon geste, se retourna vers moi :

— Pourquoi as-tu fait cela ? La déraison t'a-t-elle envahie ? Il allait le dire, Danael, nous allions enfin savoir la vérité !

— Il n'y a rien à savoir, répondis-je en martelant Adonis de coups de pied.

— Non, tu nies juste la réalité. Arrête donc de te faire des illusions !

   Mon frère me poussa pour m'écarter du démon avec un faible espoir qu'il puisse toujours parler. Cependant, celui-ci gisait sur le sol et c'était à peine s'il pouvait respirer.

— Tu es satisfait ? me demanda Lucifer furieux.

   Je ne répondis rien. Que pouvais-je dire après tout ? Je savais que ce j'avais fait était lâche, mais Théa... Je sentais que je pouvais lui faire confiance. Je récupérai l'arme d'Adonis avant de me retourner vers les deux humaines, tandis que Lucifer achevait le démon des flammes tourmentées, ce dernier lui était désormais inutile.

   Théa aidait la blessée à se remettre de sa blessure en stoppant l'hémorragie avec ses mains. Elle semblait autant énervée que déconcertée, ce qui faisait un drôle mélange des traits de son visage. Elle avait vu toute la scène, elle nous avait regardé Lucifer et moi tabasser Adonis. Que devait-elle penser de nous maintenant ? Je m'approchai lentement d'elle, posant l'arme du démon sur le sol pour lui prouver que j'étais flegmatique.

— Théa... Tu vas bien ? demandai-je inquiet.

— Tu devrais plutôt poser la question à cette fille. Elle a reçu une balle pour me protéger... Pourquoi as-tu fait ça ? dit-elle à la blessée.

— Tu l'as dit toi-même, c'est pour te protéger, répondit-elle à travers des gémissements de douleur.

— Mais... Pourquoi ? insista-t-elle insatisfaite de sa réponse.

— Mon rôle est de veiller sur toi, Théa. Je n'existe que pour cette raison.

   Je commençais à comprendre. Cette jeune fille qui avait sauvé Théa d'une mort certaine... C'était... Non, impossible ! La balle n'aurait pas pu la toucher dans ce cas-là ! A moins que...

— Théa, as-tu la balle d'Adonis ? 

— Non mais elle ne doit pas être très loin.

   Lucifer s'approcha, toujours furieux contre moi. 

— Je l'ai déjà récupéré, Danael. Jeune "humaine", je crois que tu nous dois quelques explications, déclara-t-il à la blessée.

   Mon frère me tendit le projectile de l'arme, me laissant ainsi l'occasion de l'examiner. Son poids était bien trop lourd pour une balle ordinaire et sa couleur dorée n'était pas des plus communes non plus. Mes craintes s'avéraient donc vraies : la balle était en orichalque, le seul matériau capable de tuer un être de l'Éther. Je regardai la blessée dont l'état semblait s'être déjà bien amélioré. Tous mes doutes s'étaient envolés, je connaissais désormais la vérité : cette personne qui nous faisait face n'était autre que l'Ange gardien de Théa.

   Et voilà enfin le chapitre 14 ! Je tiens à m'excuser d'avance du langage qu'a eut Adonis dans ce chapitre. Il était assez grossier mais c'était pour que ça colle avec son caractère. Sinon on est bientôt à 4k de vues et c'est juste I-N-C-R-O-Y-A-B-L-E ! Ça va trop vite ! (non que je ne m'en plaigne ^^). En tous cas merci à vous tous car c'est uniquement grâce à vos lectures, vos votes et vos conseils que LTA en est là aujourd'hui !

   Sinon qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Il était très mouvementé et j'ai essayé de vous montrer une nouvelle facette de Lucifer : son côté diabolique. 😏

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