CHAPITRE 12 ◈ Hantises du passé
L'aventure commence enfin ! Désolé pour ce "démarrage" un peu long (11 chapitres... 😅). Dans le programme des prochains chapitres, à prévoir : des révélations, de nouveaux personnages et... De l'action !
Et je tenais à vous remercier (encore 😄). Mille merci pour tous vos commentaires ! C'est grâce à vous que j'ai la motivation d'écrire et de continuer ❤️ J'ai récemment listé tous vos conseils pour une réécriture. Bon je me tais et je vous laisse lire 😝
Cela faisait déjà deux heures que l'on marchait. Théa nous guidait, mais je sentais bien que c'était difficile pour elle. Trouver un chemin à travers une forêt uniquement grâce à son intuition n'était pas donné à tout le monde. Plus ça allait, plus elle fatiguait et plus ses pas se faisaient écrasants.
Nous nous étions partagé les charges. Je portais le sac avec l'eau, tandis que Lucifer et Théa portait chacun une tente. Durant tout ce chemin le silence régnait : aucun de nous n'avait osé prendre la parole.
Au bout de quelques instants, je me rendis compte que l'on tournait en rond. Je m'arrêtai, Lucifer et Théa faisant de même.
— Qu'y a-t-il, Danael ? demanda mon frère.
— Nous n'avançons pas ! Cela fait une heure que l'on repasse devant ce même arbre, m'exclaimai-je en montrant du doigt un chêne robuste.
Lucifer soupira et leva la tête. Je l'imitai et remarquai que le ciel commençait à se couvrir.
— Tant pis pour aujourd'hui. On doit trouver un abri, il ne devrait pas tarder à pleuvoir, répondit-il.
— C'est ma faute..., murmura Théa.
Je m'approchai d'elle pour la rassurer par peur d'avoir été trop brusque, mais elle recula. De toute évidence, elle refusait mon aide. Elle voulait assumer seule sa faiblesse, qu'il en soit ainsi.
— Cet arbre devrait suffir à nous protéger. Dépêchons-nous d'installer les tentes avant qu'il ne pleuve, déclarai-je.
Rapidement, notre camp fut prêt. Les deux tentes étaient petites mais suffisaient à nous abriter. Heureusement, la terre était assez humide pour planter les piquets sans trop de difficultés. Cependant, il n'y avait pas assez de tentes pour nous trois. Lucifer m'avoua que ce n'était pas nécessaire d'en avoir une pour chacun de nous. Quelqu'un devait prendre la garde la nuit, la forêt étant trop dangereuse. Nous avions donc décidé que nous alternerons toutes les trois heures, pour que chacun puisse dormir un minimum.
Lucifer et Théa étaient partis se coucher pendant que je surveillais le camp. Assis sur la terre humide, j'attendais que le temps passe. À ce moment-là, je n'avais pas encore conscience de mon état qui empirait de façon significative.
***
Désormais, une pluie diluvienne se déchaînait sur la forêt tandis qu'un voile de ténèbres nous recouvrait. Les étoiles n'étaient pas encore visibles, mais la lune, elle, resplendissait. Je contemplais son éclat, encore perdu dans mes pensées. Je réfléchissais aux paroles de Lucifer concernant Théa. Pourquoi diable ses pouvoirs n'ont eut aucun effet sur elle ? Soit mon frère mentait, soit Dieu était derrière toute cette histoire.
Des bruits de pas me sortirent de mes tourments. Les environs étaient trop sombres pour distinguer quoi que ce soit, mais je tentai quand même ma chance. Je parcourus rapidement les alentours sans grande conviction. Ce n'était probablement qu'un simple animal.
En y repensant, j'avais une plus grande estime pour les bêtes que pour les humains. Renards, loups, lions et autres prédateurs... Tous ne tuaient que pour leur survie, alors que les humains, eux étaient ignobles et sans pitié. Je généralisais sûrement, car certains de ces êtres étaient différents, comme Théa. Mais qu'importe le nombre d'humains charitables, ce monde était rempli majoritairement d'hommes pitoyables.
Pour me changer les idées, je sortis ma dague d'une poche et la serrai contre ma paume... La blessure que je m'étais infligée avait laissé une cicatrice sur mon avant-bras. Je regrettais tellement mon invulnérabilité... La lune illuminait la lame d'une lueur blanchâtre, ne la rendait que plus belle. Je fis tournoyer dans ma main ce vestige de mon passé. Cette dague m'avait été offerte par Dieu en personne, à l'époque où je n'étais pas encore un renégat. Le pommeau n'était que décoratif, seule la lame importait. Des gravures étaient inscrites en hénokéen, la langue des anges.
« Celui qui n'aime personne est un corps sans âme. »
La lame était forgée dans de l'orichalque, seul métal capable de tuer un Ange qui appartenait encore à Éden. C'était mon seul espoir pour obtenir le sang de Metatron.
Quelqu'un me tapota l'épaule, me sortant de mes rêveries une seconde fois. La lueur de la lune me permit de distinguer son visage. Je rangeai ma dague avant de lui demander :
— Tu ne dors pas ?
Théa s'assit à côté de moi et chuchota pour ne pas réveiller Lucifer :
— Je n'y arrive pas.
— Pourquoi donc ?
— Je repense à ce que j'ai quitté en t'accompagnant, répondit-elle d'un ton nostalgique.
Je soupirai. J'avais beau être un monstre, au fond de mon cœur résidait toujours de l'empathie. Je ne pouvais rester insensible face à ce qu'elle venait de m'annoncer, mais j'avais besoin de connaître sa véritable motivation.
— Dis-moi pourquoi tu as accepté de venir. Une bague n'est pas une raison suffisante.
— À vrai dire, si. Cette bague m'a été donnée par ma mère juste avant qu'elle ne meure. J'y tiens plus que tout au monde. Mais tu as aussi raison, rien ne me rattachait à cette vie. Mon père m'obligeait à travailler sans relâche tandis que je n'arrivais pas à créer des liens avec d'autres personnes.
— Je comprends mieux...
— Mais parlons un peu de toi. Tu sembles toujours fatigué... Tu ne dors pas bien non plus je suppose ?
Je n'aimais pas vraiment parler de moi, surtout sur ce sujet-là, et je ne voyais pas en quoi cela la regardait. Mais elle avait pourtant été franche concernant ma question, alors je me devais de lui répondre.
— Chaque nuit, je fais le même cauchemar..., murmurai-je.
— Raconte-moi, parfois se confier à quelqu'un permet de soulager les peines intérieures.
— C'est un souvenir que je revis sans fin.
Théa resta silencieuse pour me faire comprendre que je devais continuer. Je secouai la tête avant de reprendre :
— Je ne peux pas t'en dire plus.
Et c'était vrai. Ce rêve était une bête noire qui me hantait depuis des millénaires. Si je lui avouais ce que je revivais chaque nuit, elle deviendrait terrifiée par l'être fielleux que je suis.
Théa n'insista pas sur ce sujet et je la remerciai intérieurement. Elle préféra changer de sujet.
— Dis-moi... C'était la vérité quand tu m'as dit que tu étais un Ange ? demanda-t-elle anxieusement.
— Oui, tout ce que je t'ai dit était vrai. Bien que je te manipulais au début de notre rencontre, je tiens à ce que tu saches que je n'ai jamais prononcé un seul mensonge à ton égard, déclarai-je avec conviction.
— J'ai tellement envie de te croire ! Mais au fond de moi, la voix de ma mère résonne toujours. Après m'avoir confié sa bague, elle m'a dit mot pour mot : « Méfie-toi de l'imaginaire ». J'étais jeune quand elle a prononcé ces paroles, mais j'ai interprété que l'imaginaire dont elle parlait était dangereux. J'ai fait de l'athéisme mon ultime moyen de défense.
Je comprenais beaucoup mieux Théa désormais. Elle aussi avait vécu une tragédie, cependant elle semblait l'avoir surmontée. Or, dans mon cas, j'étais encore prisonnier de mes tourments. Mais les paroles de sa mère me laissaient perplexe. Avait-elle un lien avec l'Éther ?
— Théa, parle-moi un peu plus de ta mère s'il-te-plaît.
— Il n'y a rien à dire d'autre. Elle est partie quand je n'avais que sept ans, j'ai peu de souvenirs d'elle avant sa mort. Tout ce dont je me souviens c'est qu'elle était très attentionnée. Et altruiste aussi. Avec tout le monde.
Une main m'attrapa et me fit tomber en arrière. Les yeux dans les étoiles, je vis Lucifer qui souriait sournoisement. Je l'insultai aussitôt.
— Abruti.
Il souria de plus belle. Théa se leva et s'approcha de lui pour lui parler.
— Pourquoi es-tu réveillé ?
— Vous étiez aussi bruyants que des vaches normandes qu'on égorge ! Impossible de trouver le sommeil, répondit-il en grognant.
Je me levai à mon tour pour lui faire face.
— Pourquoi des vaches normandes ?
— Car ce sont les plus savoureuses, pardi ! s'exlama-t-il.
Je soupirai. Non mais quel crétin celui-là ! Je n'arrivais même pas à croire qu'on était de la même famille. C'était sûrement la fatigue qui lui jouait des tours, d'habitude il était plus... Lucifer.
Je regardai le ciel pour distinguer une heure. Il devait être dans les alentours de minuit, les étoiles commençaient à apparaître.
— Théa, tu prends la relève pour la garde, Lucifer te remplacera dans trois heures. N'oublie pas d'aller le réveiller sinon il ne viendra jamais, déclarai-je.
Elle hocha la tête puis je me dirigeai vers une tente. Juste avant que je n'y pénètre, elle ajouta :
— Fais de beaux rêve, Danael.
Elle ne vit pas pour mon sourire triste. Mes seuls rêves étaient des songes empoisonnés.
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