Chapitre 1.
Dans un vieil orphelinat abîmé aux murs devenus noir au fil du temps alors qu'ils étaient à la base blancs, dans une chambre où régnait l'obscurité se trouvait un petit garçon de huit ans nommé Jungkook. Il était accroupis sur son lit, observant le ciel noir décoré de magnifiques étoiles et de la pleine lune. Il aimerait devenir une étoile, il souhaitait briller autant qu'elle, et être observé par le monde avec admiration, grâce à son éclat qui ne s'éteindrait jamais. Ce ciel noir était orné d'étoiles et d'une lune scintillantes et belles, quant à Jungkook sa peau pâle était décorée de bleus et d'égratignures rouges. Ne pouvant plus supporter les démangeaisons, il se gratta et sursauta légèrement en gémissant. Tous les jours, de nouvelles blessures s'invitaient sur son corps. Jungkook se faisait battre par son tuteur de l'orphelinat, Choi Jae-hwan, un homme d'une quarantaine d'années, sans famille lui aussi, et très colérique. Il était horrible avec ces enfants, et sa noirceur intérieur ressortait sur son visage et sa condition physique : il était mal rasé, avec les cheveux ébouriffés d'où jaillissaient une odeur nauséabonde, des sourcils énormes bien foncés, un gros nez avec des points noirs et des poils sortaient des narines. On voyait les pores de sa peau qui avait bien ramassé toutes les saletés du monde, il portait tout le temps les mêmes vêtements : un pantalon beige large déchiré, et un débardeur blanc à la base mais devenu noir avec une chemise à carreaux déboutonnée. Les enfants ne l'ont jamais vu se laver, ni prendre soin de lui. Rien. Ils l'ont toujours connu aussi sale et horrible. Il était tellement maigre qu'on voyait ses os, pourtant, son corps portait une tête tellement énorme ! Si on ne regardait que sa tête, on ne penserait pas qu'il était si mince tel un rameau de palmier.
Jungkook se faisait frapper par les adolescents du quartier du bidonville, cherchant un amusement à leurs heures perdues, et à l'école, par les gamins de sa classe. Son harcèlement avait commencé le jour où il avait dit qu'il voulait devenir un grand peintre à Paris, tout le monde s'était moqué de lui. Mais lui, il était déterminé. Il était un petit garçon mature pour son âge, il était très silencieux, ne répondait jamais à un adulte, ne parlait jamais mal et ne criait jamais. C'était justement parce qu'il ne se défendait jamais que tout le monde le prenait facilement pour cible. Mais il était très gentil, et obtenait un cœur pur, sans aucune méchanceté. Il n'aimait ni se battre, ni se disputer. Mais bien sûr, il n'était pas insensible à tout ça. Son seul échappatoire était la nuit, quand tout le monde dormait, il s'accroupissait sur son lit fragile et cassé, avec le matelas moisis et des draps poussiéreux, et regardait par la fenêtre ce ciel noir parsemé d'étoiles. Ce ciel faisait rêver. Parfois, il se disait que peut-être un enfant en France faisait la même chose, il observait le même ciel. Et il s'imaginait adulte et peignant devant des spectateurs émerveillés.
Par contre, Jungkook s'entendait très bien avec ses frères. Ils n'étaient pas liés par le sang, mais par le cœur. Bien qu'il était un enfant très calme et réservé, il prenait très soin de ses semblables, il était généreux. Tous ses frères l'avait remarqué, et ils l'aimaient beaucoup grâce à ça. Ils acceptaient qu'il soit différent. Ils avaient tous à peu près le même âge, sauf quelques uns, Taeyang et Jeong-won, deux jumeaux dotés d'une personnalité très marrante et pleine de vie, âgés de treize-ans. Ils étaient le rayons de soleil de l'orphelinat, malgré le fait qu'ils soient aussi maltraités, et vivant dans une mauvaise condition de vie, ils étaient optimistes, drôles, énergétiques, et toujours le sourire aux lèvres. Par exemple, après que Jae-hwan le colérique se soient bien défoulé sur eux, à la place de pleurer, comme tous les autres, ils affichaient un grand sourire, montrant leurs dents tachées de sang, et essayaient de remonter le moral aux autres. Jungkook, au fond, les admiraient. Il ne souriait presque jamais. Il avait toujours cette expression terne sur le visage. Ce qu'il faisait pour rassurer un de ses frères qui pleuraient, il allait vers lui, silencieusement, et le câlinait. Les actes montraient bien plus que les mots. Quant à lui, il attendait le soir, quand tout le monde s'est endormi pour pleurer. Ou bien, quand il pleuvait, il se faufilait doucement dehors et s'allongea sur l'herbe mouillé. Il se disait que la pluie pleurait pour lui, qu'il n'avait pas besoin de se fatiguer. Le ciel ressentait de la compassion pour cet enfant qui l'admirait tous les jours et pleurait. Jungkook n'avait pas froid, car son cœur se réchauffait, parce que ça faisait du bien de ressentir de la compassion à son égard. Il ne se sentait pas seul à ce moment-là.
Les deux jumeaux de l'orphelinat se ressemblaient tellement ! Tout le monde avait de la difficulté à les reconnaître, sauf les enfants de l'orphelinat. A force de vivre avec eux, ils ne les confondaient plus jamais, car ils savaient les différencier. C'est comme un troupeau de chameaux par exemple. Ils sont tous identiques, mais à force de s'occuper d'eux, on finit par voir la différence, et on les reconnaît facilement. Ils avait tous les deux de grands yeux de couleurs noirs comme la nuit mais étincelant, un nez droit, une peau très pâle qu'on les croirait malade, des longs cheveux noirs et raides qui allaient jusqu'à leurs épaules. Ils étaient grands pour leur âge : 1m80. Ils avaient sûrement bu trop de lait, se disait Jungkook. Et ils étaient minces, marqués par la famine. Comme tout le monde d'ailleurs dans l'orphelinat.
Il y avait aussi Jeon Bin, un garçon âgé de 17 ans, c'était comme un père, après le départ de Kim Jimin, qui avait eu 18 ans, donc pouvait partir de l'orphelinat. Jeon Bin, était calme, comme Jungkook, mais comparé à ce dernier, il avait toujours le sourire aux lèvres. Il était réservé, mais s'énervait toujours pour les autres. Quand Bin voyait ses frères se faire battre, il courrait à toute vitesse pour les séparer et se faire battre à leur place. Sans rien faire en retour. Il faisait comme Choi Seokjin, un adolescent de 18 ans, mais sauf que lui, il frappait carrément le tuteur. Seokjin détestait l'injustice, et il n'avait pas peur des représailles. Jae-hwan le crasseux, le virait de temps en temps et il dormait dehors. Sans nourriture, sans couverture. Donc ses frères, faisaient semblant d'aller aux toilettes, car elles se trouvaient en dehors de l'orphelinat comme à l'ancienne, en prenant avec eux un seau qu'ils remplissaient de nourritures et allèrent le donner à Seokjin. Ils se serraient toujours les coudes et ne s'abandonnaient jamais. Et les enfants savaient très bien que Seokjin et Bin subissaient tous ça pour les défendre. Ils voulaient être reconnaissants. Parfois, Seokjin faisait peur à ses petits frères quand ces derniers voyaient son regard devenir complètement noir de fureur. Pourtant, il avait les yeux bleus, bizarre pour un asiatique. Mais il s'en vantait toujours, en disant : mon père était un beau Américain ! Il était riche et avait plein de belles maisons et des voitures de luxe. Les autres ne disaient rien et riaient, ils lui faisaient croire qu'ils gobaient à tout ce qu'il racontait. Ils savaient très bien que c'était faux. S'il était riche, pourquoi l'abandonnerait-il ? Mais ils ne voulaient pas le blesser, et l'écoutaient raconter ses histoires.
Jungkook admirait toujours les cheveux de Jeon Bin. Ils étaient noirs, mais avec un reflet bleu nuit. Comme le ciel qu'il observait tous les soirs. Le visage de Jeon Bin reflétait de la gentillesse et une sûreté. Juste avec quelques paroles qui sortaient de sa bouche et son sourire, on se sentait rassuré. Même si on sait que ça finirait mal. Jeon Bin savait rassurer les cœurs des enfants.
Quant à Kim Jimin, c'était l'aîné de l'orphelinat. Il rassemblait tous les enfants au sol, sur le parquet poussiéreux, dont quelques araignées et quelques insectes s'invitaient aux rassemblements, et leur lisait des histoires. C'était des livres qu'ils trouvaient dans la poubelle, parfois, les pages de la fin du livre ont été arrachées, donc il inventait de sa tête, faisant croire aux enfants que c'est du livre. Leur histoire préférée était celle de Peter Pan. Peter Pan est un petit garçon qui refuse de grandir. Wendy et ses deux jeunes frères, Jean et Michel, dorment dans la même chambre. Tous les soirs, elle leur raconte les aventures de Peter Pan, un jeune garçon qui ne grandit jamais. Elle est convaincue que ce personnage existe, et elle en a la preuve dans le tiroir de sa commode. Venu discrètement leur rendre visite, Peter Pan a en effet été poursuivi par Nana, la chienne de la famille, et a perdu son ombre au passage. Un soir, alors que les parents des trois enfants sont sortis et que Nana est dans sa niche, Peter Pan vient récupérer son ombre avec son amie, Clochette. Mais Wendy et ses frères se réveillent et les trouvent dans leur chambre. Peter Pan leur dit qu'il vient du Pays Imaginaire, une île fantastique où vivent les Enfants Perdus, des garçons orphelins qui ne grandissent jamais ... Peter Pan donne de la poussière de fée à Wendy et ses frères, et tout le monde s'envole par la fenêtre pour rejoindre cet autre monde. Quand Jimin leur avait raconté pour la première fois cette histoire, tous les enfants étaient restés éveiller pendant deux mois. Attendant chaque soir l'arrivée de Peter Pan, pour qu'ils les emmènent à leur tour au pays imaginaire, dans un monde où tout est permis, mélangeant les rêves avec la réalité, ils pouvaient enfin être heureux, et feront parti des Enfants Perdus. Mais Jimin, s'inquiétant de leur état de santé, leur a avoué que ce n'était qu'un conte. Les enfants étaient très déçus, Jungkook n'avait montré aucune réaction face à cette révélation, mais au fond il était aussi un peu déçu. Il aurait aimé visiter le Pays Imaginaire, et dessiner tous les beaux paysages. Mais les enfants continuèrent de rêver de ce pays imaginaire, ils s'imaginaient même que c'était Jimin Peter Pan, qui les dirigeaient la nuit en volant jusqu'au Pays Imaginaire.
Un jour, Jungkook partit voir Jimin, et lui dit :
— La prochaine fois, laisse les rêver. Ils ont le droit, et c'est leur seul échappatoire. Ne leur brise pas le cœur avec la vérité. Laisse-les se baigner dans un monde magique. Ils arriveront ainsi à tenir le coup.
Ils n'avaient que six ans ! Et cela avait tellement surpris Jimin, qu'il restait pendant un petit moment les yeux écarquillés. Jungkook était le préféré de Jimin. Il était mature pour son âge et sa sensibilité touchait Jimin.
Il finit par sourire et lui répondit :
— Tu as raison, je suis désolée Jungkook.
Et il lui caressa les cheveux. Cette marque d'affection réchauffait le cœur de Jungkook.
Soudain, Jungkook murmura :
— J'ai peut-être une idée, mais c'est risqué.
La curiosité picotait Jimin. Et Jungkook lui expliqua.
Le soir, à une heure du matin, un jeune garçon, habillé de tout en vert, avec un chapeau vert, réveilla les enfants. Tout le monde écarquillait ses yeux et leur bouche était grande ouverte.
— Peter Pan !
— Et oui ! C'est moi ! s'exclama-t-il. Les enfants, ça vous dit de ne jamais grandir et de voyager au Pays Imaginaire ?
Tous les enfants sursautaient, et crièrent de joie.
— Chuut ! Il ne faut pas réveiller le Capitaine Crochet ! De son nom : Jae-hwan !
Alors, les enfants mirent la main sur leur bouche en arrêtant de crier, mais toujours excités.
Jungkook, Seokjin et Jeon Bin savaient très bien que ce n'était pas Peter Pan : mais Jimin.
— Peter ! s'écria un des enfants. Mais notre frère Jimin dit que tu n'existe pas !
Peter Pan rit aux milles éclats.
— Moi ? J'existe bien ! Mais dans vos rêves ! Si vous voulez que je vienne chaque soir, vous devez être bien couchés dans vos lits, et dormez profondément en pensant à moi. Et je viendrai à toute vitesse !
—J'ai une question ! dit un autre. Est-ce que tu t'es marié avec Wendy ?
- Haha ! Non ! Sinon la fée clochette serait très jalouse ! D'ailleurs, elle ne m'a pas accompagné parce qu'elle s'est énervée contre moi !
Tout le monde rit.
— Bon, levez-vous les enfants ! Allons-nous amuser ! déclara Jimin.
Tous les enfants se levèrent. La seule chose qu'ils pouvaient mettre à leurs pieds, c'était des sandales inconfortables.
Soudain, un enfant tira le haut de Jimin, et lui demanda :
— Tu nous y emmène pour toujours ?
Jimin ne répondit pas un bon moment. Il observait l'enfant, un coin des lèvres tourné vers le bas et les sourcils relevés et tiré au milieu. Han Suho, l'enfant, avait le regard désespéré, l'œil droit au beurre noir, et il flottait dans ses vêtements : il était atteint d'une malnutrition et en plus il était asthmatique. Son apparence déchirait le cœur de Jimin.
Jimin sourit pour montrer une bonne image, il aurait aimé répondre oui, fuyons d'ici, vivons ensemble ailleurs. Mais il ne pouvait pas. Ils n'avaient pas d'argent, ni nourriture, rien. Alors, il répondit, d'une voix chaleureuse :
—Je ne peux pas, pour l'instant. Mais je te promets, tous les soirs, je viendrai.
Suho afficha un grand sourire, qui laissait constater qu'il avait quelques dents qui n'étaient plus à leurs places.
Ils sortirent tout doucement de l'orphelinat, et marchait sur un chemin tracé, sous la lumière de la lune, les enfants marchaients main dans la main, vêtus de leurs habits déchirés, leur visage déformé et leur corps remplit d'égratignures. Ils avaient vraiment l'air d'être des Enfants Perdus.
— Nous sommes arrivés ! déclara Peter Pan.
Ils étaient arrivés dans un parc, avec un toboggan, des balançoires. C'était la première fois qu'ils voyaient ces jeux, et qu'ils se trouvaient dans un parc. Ils ne connaissaient que l'école et l'orphelinat.
Les enfants crièrent de joie et coururent aussitôt pour aller jouer. Même les adolescents jouaient. Leur âme d'enfants ressortaient, ils n'avaient jamais joué dans un parc, eux aussi. Et ils étaient si heureux de voir leurs petits frères s'amuser !
—Bin, ça va ? Tu t'es blessé ?
Bin poussait un de ses petits frères à la balançoire. Il avait les larmes aux yeux. Il était tellement heureux de voir ses petits frères jouer, s'amuser, comme des enfants normaux.
- Non ça va ! répondit-il. J'ai juste eu une poussière dans l'œil.
Quant à Jungkook, quand il vit Jimin seul un moment, il profita de le voir.
— T'es le meilleur, Jimin. Merci beaucoup ! Je n'oublierai jamais ça. Si tu savais comment mon cœur me fait mal à cause de la joie excessif !
C'était la première fois pour Jimin de voir Jungkook avec un grand sourire. Il était tellement ému de voir son petit frère si heureux, qu'ils se disaient qu'il avait bien fait. Le sourire de Jungkook en était la preuve ! Lui qui ne souriait jamais !
— C'est grâce à toi, petit frère. C'est ton idée.
— Je n'ai fait que de partager mon idée. C'est toi qui as toujours géré, répondit-il.
Et il retourna jouer avec ses frères. Quand tout à coup, un cri surgit :
— Au secours !!! Aidez-nous !!!
Ce cri venait d'un des enfants. Tout le monde, Jimin le premier, se précipita vers le cri, et vit le petit Suho, allongé, entouré de quelques enfants dont leurs larmes coulaient en abondance.
Jimin s'approcha de Suho et son visage devint pâle, en blêmissant. Suho avait le visage bleu et il avait des difficultés à respirer.
Jimin s'accroupit, lui aussi avait du mal à respirer. Ses yeux étaient si écarquillés qu'ils allaient sortir.
— Peter ... je n'arrive plus à respirer ! dit Suho, difficilement.
Les mains de Jimin tremblaient. Que devait-il faire ? Il avait tellement les idées pas clairs qu'ils ne savait pas quoi faire. Tout à coup, il eut une idée. Il inspira profondément et fit un bouche à bouche avec Suho. La première fois ne réussit pas. Il recommença trois fois. Toujours pareil.
— Qu'est-ce que je dois faire !!?
Il cria avec une voix si désespéré, que tout le monde comprit qu'il n'y avait plus rien à faire : eux-même ne savaient quoi faire.
Les larmes de Jimin montaient, tous ses membres tremblaient, et il serra sa mâchoire à cause de la frustration de voir son petit frère mourir, et ne rien faire.
Bin, Seokjin et les deux jumeaux fixèrent le sol, ne supportant pas de voir cette scène. Suho n'avait pas de nébuliseur et n'est jamais parti chez un médecin. Quand on est orphelin, personne ne s'occupe de nous, personne ne se soucie de nous, si on est malade, handicapé ou autre, et si on meurt, personne ne pleure pour nous. C'était comme-ci on avait jamais existé, qu'on était que passager, comme un voyageur qui voyage de ville en ville.
Puis, Suho prit la main de Jimin, et lui questionna, la gorge serrée :
— Je... me sens ... partir... Comme-ci je ... voulais faire ... une sieste. Si ... je dors ... profondément... tout de suite en pensant ... à toi, je... resterais ... plus longtemps ... avec toi ?
Jimin ne pouvait plus retenir ses larmes. Mais il lui répondit en souriant :
— Oui, tu seras dans un monde meilleur ! Tu joueras, tu mangeras jusqu'à ce que ton ventre explose ! Il y aura une fille qui prendra bien soin de toi, comme Wendy ! Elle te racontera des histoires, te fera des câlins, et te donnera de l'affection comme une mère !
Suho sourit. Malgré son visage bleuté, on arrivait à voir qu'il était soulagé et heureux. Puis, sa respiration se coupa, et son regard était vide. Il les avait quitté pour un monde meilleur. Il le méritait.
Cette soirée avait été à la fois belle et traumatisante pour Jungkook. Tellement qu'il était traumatisé, il s'était encore plus renfermé sur lui.
C'était d'ailleurs Jimin qui lui conseillait de regarder le ciel, la nuit. Un soir, Jungkook était allongé dans son lit, regardant le plafond, les yeux grands ouverts, quand il vit soudainement un visage souriant : Jimin.
— Hey, Jungkook, tu ne dors pas ?
Jungkook secoua la tête.
Alors Jimin prit une place sur son lit, et Jungkook s'assit afin de mieux voir le visage de Jimin. Puis, celui-ci tourna sa tête vers la grande fenêtre et regarda le ciel. Jungkook était émerveillé par ce moment : grâce aux quelques carreaux cassés, le vent bousculait en arrière les cheveux de Jimin et la lune éclairait le visage de Jimin. Jungkook ne cligna même pas des yeux jusqu'à que Jimin interrompt ce moment en prenant parole :
— Ce ciel fait rêver, n'est-ce pas ? Je le regarde chaque nuit. Je pense à ma vie... à vrai dire insignifiante. Il m'arrive même pas à penser à mes parents que je n'ai jamais connu. Pourquoi m'ont-ils abandonné ? Parfois, je suis en colère contre eux, mais le plus souvent, j'essaie de leur donner une excuse : peut-être qu'ils étaient pauvres et malades, et voulaient que je vive heureux. Ou bien ils redoutaient d'être de mauvais parents. Je ne veux pas être en colère contre eux.
Le cœur de Jungkook se serra, et il baissa les yeux. Il le comprenait parfaitement.
— Mon rêve est de devenir médecin. Je veux aider les gens, mais ce serait hypocrite de dire qu'il n'y a que ça qui compte pour moi. Je veux gagner plein d'argent, je veux être riche. Comme ça, si j'ai une famille, je prendrai soin d'eux. Je souhaite qu'ils ne manquent de rien. Je ne veux pas qu'ils aient la même vie que moi. Chaque nuit, je regarde ce beau ciel rempli d'étoiles qui me fait rappeler que mon rêve brille, qu'il va devenir une réalité, et que mon avenir sera scintillant. C'est ce qui me fait vivre Jungkook : l'espoir et le rêve.
Ces mots allaient droit au cœur de Jungkook, comme une flèche qui n'avait pas raté sa cible. Il ne les oubliera jamais.
— Je sais que ton rêve est de devenir peintre. Tu le deviendras Jungkook. Et je sais que tu meurs d'envie de commencer ! Je vais t'offrir un cadeau.
Il se leva et se dirigea vers son lit, enfin si on pouvait appeler cela ainsi. C'était vrai que Jungkook désirait tellement commencer ! Il voulait toucher le pinceau, le voir tremper dans de magnifiques couleurs, toucher le tableau blanc et peindre tout ce que son cœur ordonnait qu'il peigne.
Jimin s'approcha de Jungkook, les mains derrières le dos et reprit la place de tout à l'heure.
— Voilà pour toi !
Jimin dévoila son cadeau : des crayons de couleurs et un carnet de dessin. Jungkook n'y croyait pas ses yeux. Il se frotta les yeux plusieurs fois, et tendit ses mains tout doucement, encore surpris de son cadeau. Pour lui, c'était la preuve du commencement de son rêve.
Jungkook leva les yeux vers son frère, celui-ci avait un large sourire. Il se faufila aussitôt dans les bras de Jimin.
—Je suis content que ça te fait plaisir !
Jungkook n'oubliera jamais ce geste si précieux. Il pouvait enfin dessiner ce qu'il voulait tant dessiner ! Il avait failli exploser d'idées. Jimin était un garçon si gentil. Jungkook aurait aimé au moins donner en retour à Jimin un thermomètre mais il n'avait que six ans, et il n'avait ni argent, ni bien.
D'ailleurs, c'était la dernière fois qu'il discutait avec Jimin. Le lendemain, ce dernier disparut et personne sut où il était passé. Personne ne le cherchait car il venait d'avoir dix-huit ans : il était libre de partir. Alors la prochaine nuit, Jungkook pensa très fort à lui en regardant le ciel. Il y avait une étoile qui brillait le plus, alors il lui donna son nom : Jimin. Comme ça, chaque soir, Jungkook se sentira plus proche de lui. Et il souhaiterait que Jimin entame aussi vite un nouveau départ vers son rêve.
Mais deux ans après, cette étoile avait perdu soudainement son éclat.
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