La Tombée des Masques

Se rendre au lycée la nuit était un sentiment étrange. Déambuler dans les couloirs déguisée en mariée assassinée encore plus.

- Allez Lise ! Dépêche !

- Oui, oui j'arrive.

Je retirai la feuille verte de mes cheveux et la jetai au-dehors.

- Tu sais qu'il y a un autre lycée ! C'est génial ! Je suis sûre qu'il y aura plein de beaux garçons ! S'exclama mon amie en balançant les hanches d'un mouvement exagéré.

- Je te rappelle que tu as Charles...

- Je sais ! Je parle pour toi va !

Je hochai la tête, pas si certaine que ça.

- J'aime beaucoup ton masque vénitien au passage ! Oh ! nous sommes arrivées ! Prête ?

Je n'eus pas le temps de répondre que Clémence poussa la porte et entra dans, ce qui était à l'origine, un gymnase.

J'étais bouche bée.
Le sol et les murs avaient été recouverts de tentures noires décorées de citrouilles et de fantômes.
Des lumières orange donnaient un aspect intime à ce grand espace. Le plus impressionnant était les déguisements des lycéens. Je croyais avoir passé un portail secret menant à un monde surnaturel.

- C'est super beau, murmurai-je.

- Allez viens, pas de temps à perdre !

Clémence me prit la main et m'entraîna dans la foule bruyante et quelque peu intimidante.

Je ne savais pas comment elle faisait mais Clémence reconnaissait tous nos amis. Personnellement je ne les aurais pas reconnus avec leurs déguisements. A vrai dire, j'avais l'impression de ne reconnaître personne alors que j'avais sûrement déjà croisé ces personnes dans les couloirs. C'était drôle cette façon de se camoufler. Nous nous connaissions tous et pourtant on se redécouvrait comme si on ne s'était jamais vraiment vu auparavant.

- Lise tu es superbe ! Et ce masque... à se damner, exagéra une grande blonde déguisée en vampire.

- Merci Mathilde. Ton costume te va très bien !

- Merci ! Tu as vu les élèves de l'autre lycée ?!

- Euh non..

Qu'avaient-elles avec l'autre lycée ?

- Tu ne les as pas remarqués ?!

- Euh non, je t'ai dit.

Instinctivement, je tournai la tête mais rien ne me sauta aux yeux si ce n'est la pénombre.

- Tous les garçons portent un masque noir et les filles un masque bleu foncé. C'est trop classe !

Encore une fois, j'examinai les alentours mais aucun membre de ce lycée ne traînait dans le coin.

- Mais pour les différencier, c'est la galère ! S'exclama Mathilde en dodelinant de la tête.

- Ils ont aussi les mêmes déguisements ? Demanda Clémence.

- Non, je ne crois pas. A vrai dire, c'est surtout leurs masques qui m'ont marquée, gloussa la fausse vampire.

- Hé Mathilde !

Celle-ci se retourna et en apercevant un Batman s'avancer vers elle, son visage se décomposa.

- Oh-oh. Il est temps pour moi de partir.

Et comme à son arrivée, je ne la vis pas s'en aller. Le pauvre Batman parut désoeuvré mais reprit aussitôt la traque de la vampire en nous ignorant.

- Il faut que j'aille voir Charles, décréta Clémence.

- OK. Je te suis.

Je haussai un sourcil interrogateur à Clémence qui me faisait la grimace.

- J'y vais seule en fait..

- Quoi ? Non, ne me laisse pas toute seule s'il te plaît.

- Je reviens vite t'inquiète !

- Non, je vais avoir l'air d'une idiote à rester plantée dans la salle ! Tu ne peux pas me laisser seule...

- Tu me trouveras facilement !

Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle était déjà loin.

- Tu parles, des Harley Quinn, il y en a des dizaines, murmurai-je en avisant un sosie de Clémence près de moi.

Pour ne pas rester seule à l'attendre, je me décidai à aller au buffet.

Je me sentirai moins seule avec une verre de champomy en main. Puis avec un peu de chance, je croiserai une connaissance, pensai-je.

De toute façon, je n'avais que ça à faire.

Apparemment je n'étais pas la seule à avoir eu cette idée puisque beaucoup de gens se tenaient là.

Je remarquai enfin des lycéennes avec un masque bleu. C'était très joli. Ca donnait un côté mystérieux à leur lycée.

Cependant, je préférais mon beau masque vénitien blanc. La petite plume sur le côté donnait un air pompeux. Je me sentais importante.

J'accédai enfin à la table et pris le premier verre qui me venait sous la main. Je laissai la place à ceux derrière moi et scrutai les environs. Je détaillai chaque personne autour de moi mais je n'en reconnus aucune.

Il était temps pour moi de trouver Clémence. Je n'avais pas envie de rester exclue. J'étais venue pour m'amuser et je me retrouvais seule alors qu'il y avait plein de gens.
Je poussai un soupir de colère et m'extirpai de la foule.

Je fis le tour du gymnase, en vain. Aucune des Harley Quinn que j'avais vues ne correspondaient à mon amie.

Je me posai contre un mur, désespérée, triste et déçue. J'avais l'impression d'être la seule personne qui ne s'amusait pas. J'en aurais presque pleuré.

J'étais en train d'admirer mon verre quand je sentis qu'on m'observait. Je levai la tête avec l'espoir de voir ma Harley Quinn. A la place, je croisai un regard vert. Mon coeur s'emballa.

Vert profond. Vert du feuillage d'automne. Couleur de l'espérance. Couleur de mystère. Forêt de verdure.

Une myriade de sensations.

De la curiosité, de l'attirance, du désir, de la crainte, de l'étonnement.

Un feu scintillait en moi. Un feu brûlant qui me ravageait les entrailles.

Je me noyais dans ses yeux. Je m'y étais perdue. Je voulais y rester.

Son regard intense me vrillait. À quoi est-ce que je pensais ? Qu'importe.

La salle plongea dans les ténèbres.

Au retour des lumières, un vide devant moi et en moi.

Qui était ce garçon ?

Un rêve.

Je passai en revue la salle mais aucune trace de lui. L'avais-je imaginé ?

Ma respiration saccadée me prouvait que non. Il était bel et bien réel. Il portait un masque.

- Lise ! Te voilà ! Mais pourquoi es-tu donc contre un mur toute seule ?

Non remise de mes émotions, je ne pensais pas à disputer mon amie pour m'avoir abandonnée.

- Ça va ? Tu es toute pâle. On dirait que tu as vu un fantôme...

Deux secondes plus tard, Clémence se tenait les côtes, hilare et fière de sa blague.

- Ça va. Je réfléchissais.

Encore une fois, Clémence me prit le bras et m'entraîna sur la piste de danse. Il y avait beaucoup de monde qui dansait, chantait et riait. Des fantômes improvisaient une chorégraphie loufoque, une sorcière tentait un Moon Walk, un Harry Potter demandait à tout le monde si on avait vu Hermione et des sortes d'extraterrestres verts hurlaient de rire. L'ambiance était au rendez-vous.

Je reconnus certaines personnes et très vite, la joie chassa ma tristesse. Malgré mon euphorie, je ne pouvais m'empêcher de surveiller les personnes portant un masque. Je voulais revoir ce garçon.

Pourtant à chaque coup d'oeil, aucun éclat vert ne ressortait. Tous les regards étaient ternes et éteints. J'avais l'impression de chercher une petite graine de lumière dans un océan de ténèbres.

- Salut.

Je me retournai, surprise qu'on m'accoste. Mon coeur manqua un battement à la vue d'un masque noir mais quand j'aperçus des yeux bleus, la déception s'empara de moi. Ce n'était pas contre le garçon mais je sentais que je n'allais pas beaucoup l'apprécier.

- Tu es très jolie.

- Merci, c'est gentil.

Ça me faisait plaisir qu'il vienne me dire ça. Il aurait du venir avant que je ne croise le regard du garçon mystérieux.

Le garçon, un blond bouclé déguisé en Jack Sparrow, me souriait d'un air niais.

- C'est quoi ton prénom ? Me demanda-t-il en se penchant pour m'entendre.

- Lise. Et toi ?

- Hugo. Tu passes une bonne...

Je n'entendis jamais la fin de sa phrase car une voix grave vint soudainement me murmurer à l'oreille :

- Si j'avais été un vampire, je t'aurais mordue. Si j'avais été un pirate, je t'aurais enlevée. Si j'avais été un sorcier, je t'aurais envoûtée. Enfin, si j'avais été un fantôme, j'aurais hanté tes nuits.

Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale. Je n'osais pas bouger. Je savais que c'était l'inconnu aux yeux verts. Je le sentais au fond de moi. Et la façon dont mon coeur battait ne mentait pas.

- Qu'es-tu alors ? Chuchotai-je.

Son souffle effleura une de mes mèches.

- Je suis Bond, James Bond et je suis venu te sauver.

Un sourire naquit sur mes lèvres. Il avait de l'humour, un bon point pour lui.

- Me sauver de quoi ?

- De ce prétendant.

Je m'aperçus seulement que le dénommé Hugo avait bel et bien fuit.
Je me retournai lentement vers le mystérieux inconnu. Mon coeur battait la chamade et mon ventre se contractait à cause de la nervosité.
En croisant son regard vert, une sensation étrange étreignit mon cur.
Son regard me détailla et j'en fis autant. Il était habillé comme l'agent 007. Un beau costume avec un noeud papillon. Il avait les mains dans ses poches et se tenait légèrement penché vers moi. Sur sa tête, un masque noir cachait son visage. Il s'étendait du front jusqu'au nez en englobant ses joues. Seuls ses yeux, ses lèvres et son menton étaient visibles. Je mourrais d'envie de lui arracher pour voir son visage entièrement. C'était très perturbant de parler à quelqu'un dont je ne connaissais pas la tête. Il passa une main dans ses cheveux marron et me fit un clin d'oeil malicieux. Je crus défaillir. Il savait quel effet il me faisait et il en profitait. Le goujat.

- Pourquoi m'avoir "sauvée" ? Lui demandai-je en accompagnant le mot "sauvée" de mimes de guillemets avec mes doigts.

- Mission secrète.

- Tu ne veux pas me la dire ?

La curiosité m'avait envahie. Je voulais savoir.

- Peut-être plus tard. Accepte cette danse et je verrai ce que je peux faire.

J'éclatai de rire face à son marché douteux. Il n'avait pas besoin de me proposer une danse contre la vérité. J'aurais accepté dans tous les cas. Pour opposer un peu de résistance et aussi pour mon ego, je fis semblant de réfléchir bien que mon coeur me hurlait de dire oui.

- Mmmh, oui pourquoi pas.

Je me félicitai pour ma prise de recul.

Le mystérieux James Bond me tendit sa main en me souriant doucement.

J'aurais pu rester des heures à contempler cette main calleuse mais je devais réagir afin de ne pas passer pour une potiche.

Quand sa main entra en contact avec la mienne, une multitude de sentiments explosèrent dans mon ventre. J'avais envie de me déhancher, de crier, de sauter partout et de le serrer dans mes bras.

Il m'emmena vers le centre de la piste de danse. Dommage qu'il n'y ait pas eu de slow.

- Je dois t'appeler comment ? Le questionnai-je, en criant assez fort pour qu'il m'entende.

- Appelle moi Adriel. Et toi, comment te nommes-tu ?

- Lise.

- Lise, répéta-t-il doucement en me regardant droit dans les yeux.

Je fondais. Sa façon de prononcer mon prénom en me regardant dans les yeux était incroyable.

Il commença à bouger les jambes dans une tentative de danse. Je ne pus m'empêcher de rire.
Il haussa ses sourcils face à mon hilarité.

- C'est ta façon de danser qui me fait rire, lui expliquai-je en reprenant mon souffle.

Adriel porta une main à son coeur en laissant échapper une exclamation indignée.

- Et je peux voir ta façon de danser je te prie.

- Mais très certainement.

J'allais me taper la honte, c'était clair. Mon masque reflétait bien mon courage. Ce n'était qu'une façade. En réalité, je tremblais de peur de danser devant lui.

Heureusement, je connaissais à peu près les paroles de la musique qui passait et je pus bouger mes hanches et mes épaules tout en chantant. J'étais en train de faire la danse lambda de quelqu'un qui ne sait pas vraiment danser. Je me contentais juste de bouger certaines parties du corps en rythme avec la musique. Je n'avais rien de mieux à proposer.

Dans un élan de témérité, je lançai un clin d'oeil à Adriel qui rit.

Il s'approcha de moi et me chuchota :

- Très belle danse. J'ai beaucoup aimé.

Je sentis mes joues rougir tandis qu'il riait encore. Je ne pouvais voir ses joues mais j'imaginais qu'il avait des fossettes. Je plongeai dans son regard. J'aurais pu le contempler des heures. Je m'approchai de lui et portai ma main à son masque. Je rêvais de lui enlever, de pouvoir toucher sa peau. Mon regard descendit à ses lèvres et à sa mâchoire. Mon souffle s'accéléra. Mes doigts accrochèrent la limite du masque.
La main d'Adriel se posa sur ma main et m'empêcha de retirer ce masque.

- Non, chuchota-t-il, pas maintenant.

- Pourqu...

- Lise !

Je me retournai, surprise qu'on m'appelle. Je me reculai vivement d'Adriel rompant ainsi le charme. Une sorte de déception et de panique m'envahit quand je vis arriver une fille aux couettes roses et bleues.

- Tu étais où ?

Sans attendre de réponse, elle se tourna vers Adriel. Celui-ci hocha la tête poliment en la voyant.

La bouche de Clémence s'ouvrit et son regard alterna de moi à lui.

- Ah euh... ok.

Je fis un signe d'excuse à Adriel et allai voir mon amie.

- Ça va ?

- Oui super. Ça me surprend beaucoup que tu sois avec un garçon, c'est tout.

Je me retournai pour voir si Adriel était là. Malheureusement il était parti. Un poids pesa sur mon coeur.

- Tu le connais d'où ?

- Nulle part, on a fait connaissance ici.

- Tu l'aimes bien non ?

Mes joues s'empourprèrent face à sa question directe.

- N... no noon, bégayai-je, on ne se connaît pas assez.

- Menteuse va ! S'exclama Clémence en riant. Je te connais par coeur ! Ca se voit que tu l'aimes bien.

- Peut-être mais je ne suis pas amoureuse, niai-je en secouant violemment la tête.

- Tu sais, le coup de foudre existe.

Je levai les yeux au ciel devant la niaiserie de mon amie. Et dans dix ans je serai mariée avec lui tant qu'on y était.

- Arrête de nier. Tu le sais très bien. Et je pense que ce coup de coeur est réciproque.

Je cillai en sentant une once d'espoir naître en moi.

- Ah, tu as réagi, remarqua mon amie. Ca se voyait dans son regard. Il semblait impressionné par toi. On aurait dit que tu étais une poterie de grande valeur.

Merci pour la comparaison. Cependant, je ne relevai pas, trop occupée à décortiquer les propos de Clem. Moi plaire à Adriel ? C'était trop beau pour être vrai.

Mon esprit me rappela que c'était tout de même lui qui m'avait accosté. Et si... ?

- Qu'est ce que je dois faire ?! M'écriai-je en agrippant Clémence par les épaules.

- Laisse faire les choses.

Je vous ai déjà dit que j'adorais les conseils de Clémence ?

- Bon, va le retrouver et passe la soirée avec pour voir s'il y a du feeling, ajouta-t-elle.

- Bonne idée !

Sans lui laisser le temps de répondre, je partis à sa recherche.

Au bout de deux minutes de recherches infructueuses, un doute m'envahit. Je devais avoir l'air bizarre à le chercher partout comme un furet. Il allait me prendre pour une écervelée. Puis je me faisais sûrement des films pour rien. J'étais experte en la matière. En plus, les conseils et les points de vue de Clémence n'étaient pas forcément objectifs.

La salle sembla soudain trop petite. Le bruit m'assourdissait et les ténèbres m'empêchaient de réfléchir correctement. Je me dirigeai au fond de la salle et poussai une porte derrière une tenture.

Le vent m'arracha un soupir de soulagement. Je refermai la porte derrière moi mais je fus surprise de constater qu'un pied empêchait sa fermeture.

- Ça va Lise ?

- Oui ne t'inquiète pas Mathilde. J'ai juste besoin de prendre l'air quelques minutes. Si quelqu'un me cherche, dis lui que je suis dehors.

Ces paroles lancées en l'air reposaient sur l'espoir qu'Adriel me cherche.

Mathilde hocha la tête et referma la porte en la claquant. Je n'entendis plus la musique.

J'avançais vers le stade vide et m'assis sur la première rangée de gradins. Les projecteurs du stade étaient allumés donnant une ambiance fantomatique au terrain.

Je passai les mains sur mes bras dans une tentative vaine pour me réchauffer.

J'allais sûrement être malade demain.

J'entendais la basse depuis le gymnase. Je levai la tête au ciel et je le contemplai. Je ne réfléchissais pas. Je me contentais de regarder. C'était agréable.

- Tu as froid ?

Un cri strident retentit : le mien.

- Ça ne va pas !? Tu m'as fichu une de ses frousses ! M'écriai-je, paniquée en me relevant d'un bond.

Je sentais mon sang battre à mes tympans et l'adrénaline courir dans mes veines.
Face à moi, Adriel se tenait penaud sous la lumière du projecteur.

Je m'assis sur le banc, la main sur mon coeur.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.

Je répondis par un grognement en regardant mes mains. Être seule dehors et en plus la nuit d'Halloween ne me rassurait pas. Ce n'était donc pas le moment de me jouer un tour.

- T'inquiète. C'est juste... l'effet de la nuit d'Halloween.

- Pourquoi es-tu seule dehors ?

- J'avais besoin d'air.

Adriel s'assit près de moi mais sans me toucher. Je pouvais sentir sa chaleur. J'aurais préféré qu'il se place plus près de moi.

- C'est vrai que l'atmosphère est très étouffante dans le gymnase.

Je ne répondis rien et reprit l'étude du ciel.
Au bout de quelques minutes, Adriel reprit la parole.

- Tu es en terminale ?

- Oui et toi ?

- Oui.

- Comment m'as-tu trouvée ?

- J'ai demandé à ton amie de tout à l'heure. Tu sais, celle déguisée en Harley Quinn.

Il ne sembla pas perturbé par mon changement de discussion.

- Oui, Clémence, précisai-je. Pourquoi es-tu venu me retrouver ?

- Je voulais savoir où tu étais. Quand j'ai su que tu étais dehors toute seule, je me suis inquieté.

- Je sais me défendre, arquai-je, vexée par sa remarque.

- Non non ! Se prėcipita Adriel à repondre. Ce n'est pas ça. Je m'inquiétais par rapport au pourquoi tu étais dehors. J'avais peur que tu te sentes triste ou mal.

Je me tournai vers lui, rassurée par ses propos. Ce n'était pas un gros macho. Il gagnait beaucoup de points. Je lui souris doucement et lui pris la main. Elle était chaude dans la mienne.

- Merci de t'inquiéter. Mais comme tu peux le voir, je vais très bien.

Son regard vert s'adoucit et il ne lâcha pas ma main. Instinctivement, je me rapprochai de lui. J'avais chaud et pourtant des frissons parcouraient mon corps.

Nous n'étions qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Nos masques consitituaient une barrière de mystère et de secret. Pourtant, cela ne m'empêcha pas de sentir le souffle d'Adriel sur mon visage.

- Quel effet tu me fais... chuchota Adriel.

Je n'eus pas le temps de sauter au plafond car nos lèvres entrèrent en contact. Des tonnes de sensations explosèrent en moi. Ses lèvres étaient chaudes sous les miennes. C'était exquis. J'avais l'impression de rêver. Il ouvrit légèrement la bouche et notre baiser s'intensifia. Une de ses mains vint exercer une pression sur le bas de mon dos tandis que je collai ma poitrine à son torse. Nos masques se heurtèrent alors et causèrent l'interruption de notre baiser.
Nous ne bougeâmes pas. J'étais ensorcelée par son regard et enivrée par son odeur de pomme.
Je voulais enlever son masque. Poser mes lèvres sur ses joues, sur son nez, sur son front. Goûter le sel de sa peau.
Adriel rompit le contact visuel. La tristesse s'empara de moi. Je me décollai de lui et prit une distance plus raisonnable.
Regrettait-il notre baiser ?
Comme s'il avait entendu ma question, il y répondit.

- C'était... incroyable.

Mon coeur s'emballa et des feux d'artifices explosèrent dans mon ventre. J'avais envie de sourire comme une idiote. Je n'y résistai pas longtemps.

- J'ai eu peur que tu ne me donnes un coup par réflexe de défense, plaisanta le beau brun.

- Pas d'inquiétudes sur ça. Puis j'ai d'abord le réflexe de courir. Comme là.

Sans crier gare, je me levai, me penchai vers lui et je l'embrassai. Il eut à peine le temps de réagir que je m'éloignai en courant.

Il sembla choqué par mon intrépidité et se leva aussitôt.

- Tu ne peux pas m'embrasser aussi passionnément et partir en courant comme ça ! S'exclama-t-il.

Pour toute réponse, je lui tirai la langue. Je vis son sourire s'élargir tandis que je courais encore. Un cri m'échappa en le voyant arriver à grandes foulées. J'accelérai vers le centre du terrain.

Soudain, une paire de mains m'enserrent la taille. Je tombai au sol entraînant Adriel qui, heureusement, amortit ma chute. Il me fit rouler et se plaça au dessus-de moi.

- C'est ça ta mission ? Me faire tomber dans l'herbe ? Le taquinai-je.

Nous étions essoufflés mais heureux.

- Non. Ma mission était de te faire succomber à mon charme.

- C'est raté.

Je vis le doute s'immiscer dans son regard vert et ses sourcils se fronçèrent.

- Pour que je sois complètement sous le charme, il faut que tu enlèves ton masque.

Je lus le soulagement dans ses pupilles dilatées. Il frotta son nez contre le mien. Je faillais m'évanouir de bonheur à ce moment.

- Qui t'en empêche ? Me demanda-t-il.

Son invitation à le retirer ne tombait pas dans l'oreille d'une sourde. Ses cheveux tombaient sur son front et ses yeux étaient fixés sur mes lèvres.
Je levai mes mains d'un geste lent et je les posai sur son masque. Adriel me regardait, le souffle court.
J'agrippai son masque. Je le tirai. Et je l'enlevai.
Je le jetai loin dans l'herbe et retirai le mien d'un geste sec.
Les barrières étaient détruites.
Nous étions nous. Deux êtres humains allongés sur l'herbe d'un terrain de football la nuit d'Halloween. Plus de secrets, plus de mystère, plus de fausse image derrière laquelle se cacher.

Il était beau. Très beau. Un nez droit, de belles joues et même une fossette sur la joue gauche. Je passai mon doigt sur son visage et suivis le contour de son nez, de ses yeux, de ses pommettes.
Il se pencha soudainement et posa ses lèvres sur ma joue.

- Tu es belle, murmura-t-il contre ma peau.

Sa bouche continua de m'embrasser jusqu'au coin de mes lèvres. Il se recula alors pour s'asseoir et il me plaça sur ses genoux.
On se rapprocha et nos lèvres entrèrent en contact dans une danse lente et savoureuse.

Quelques secondes plus tard, je murmurai à son oreille.

- Ta mission est réussie. Je suis charmée.

FIN

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