L'esprit de la forêt

Après avoir traversé des routes parsemées d'ocre, nos pneus arborent une franche couleur orangée. Nous avons atteint les montagnes plus classiques, avec des larges et hauts arbres aux feuillages vert foncés. En somme, une vue des plus banales qui ne me surprend pas et ne m'émerveille pas le moins du monde, au contraire de Riley qui a le nez collé à la vitre, curieux de ce coin-là de la France qu'il n'a très probablement jamais visité. Je lui demanderai à l'occasion ce que vient faire un britannique ici. A-t-il quitté l'Angleterre dans le seul but de répondre à la candidature ? 

La voiture devant la nôtre nous fait des appels de phares et je fronce les sourcils, forçant sur mes yeux pour y voir clair. Les épaisses feuilles cachent les rayons du soleil et je peine à distinguer la route sinueuse devant nous, malgré la lumière qui se dégage de nos véhicules. Je comprends que Blaise m'indique de nous arrêter. Nous ralentissons au même moment et nous éteignons les moteurs, au plus grand bonheur de Levi qui nous annonce sans détour qu'il doit à tout prix s'éloigner de nous pour se soulager. Riley ricane à son empressement et ses joues rougies. Je ne commente pas et le laisse filer à toute vitesse. 

— Pauvre petit, se moque Riley, comme s'il ne pouvait pas nous dire que sa vessie ne tenait plus !

Je me souviens de notre départ de Paris et me contorsionne pour le regarder droit dans les yeux.

— Et toi ? Tu n'as pas envie ? D'après Charlène, tu ne tiens pas plus que Levi !

Il se racle la gorge en évitant mon regard, mais se dépêche de s'extirper de la voiture pour foncer dans les bois autour de nous. Je soupire et sors, rejoignant Blaise. Ce dernier a les cheveux en pagaille, le cou rougeâtre et les poings serrés. Une personne lambda ne remarquerait pas ces détails sur lui, mais j'en suis capable en tant que meilleur ami. En cas de stress ou d'énervement soudain, il se gratte souvent le crâne ou la nuque, c'est sa manie. Son expression renvoie une claire et évidente envie de meurtre, sûrement dirigée vers Charlène. Celle-ci sautille hors du véhicule et observe ce nouvel environnement sans se soucier de nous. Il accourt vers moi et agrippe mon bras, désespéré.

— La prochaine fois, si tu veux être avec l'expert, pas de soucis, mais j'échange ma place avec le mercenaire ! Cette fille est complètement tarée ! Elle m'a littéralement fait toute une thèse sur ses produits cosmétiques favoris et l'importance de ne pas les tester sur les animaux !

— C'est une bonne cause.

— Oui, mais j'en ai rien à foutre ! 

Je pouffe et me dégage de lui afin de marcher et de me dégourdir les jambes. Nous avons quitté l'hôtel assez tôt et il est à peine dix heures, de quoi nous permettre d'explorer cette forêt sans nous presser. J'espère qu'avec tout ce temps nous parviendrons à localiser ces ruines avant la tombée de la nuit, sinon ce serait vraiment embêtant. Levi revient le premier, gêné. J'entends un bruit bizarre venant de l'endroit où Riley est parti. Quand il se montre enfin après plusieurs minutes, son visage me déplaît. Il semble à l'affût, prêt à bondir en cas de besoin. Je note que sa main s'est rapprochée de son dos, là où il cache son revolver. Je lui fais signe de m'expliquer la raison de cette concentration intense et il se poste à moins d'un mètre, parlant très bas :

— La forêt bouge. Soit les arbres peuvent se déplacer, soit quelque chose m'a fixé en train de pisser et s'est enfui dès que je me suis retourné.

— Probablement un animal sauvage ! répliqué-je, avec calme. Nous sommes dans la nature, je te rappelle. Il n'est pas impossible que tu te sois fait reluquer par un sanglier ou un chevreuil !

Riley frissonne de dégoût et je m'apprête à me décaler pour m'adresser à l'équipe, mais il me retient et chuchote à nouveau :

— Tu as sûrement raison de ne pas t'inquiéter, mais je crois en mes intuitions. Prends tout de même garde à cette chose, qu'importe ce que c'est. 

J'hoche lentement de la tête et il me lâche, agissant comme si de rien était. Sauf que tout le monde a remarqué son manège.

— Qu'est-ce vous vous vous disiez ? s'exclame Charlène, au ton inquisiteur.

— Je lui racontais que le coin là-bas est pas mal pour se vider ! Tu veux y faire un tour ? Je t'y amène ?

Elle lui répond par une grimace répugnée et ses questions cessent aussitôt. Mon regard résume plus ou moins à Blaise les avertissements du mercenaire ; mon ami déduit de mon sérieux qu'il faut faire attention, car quelque chose pourrait arriver. J'en reste là pour l'instant par faute de preuves sur ce qu'avance Riley. Au lieu de m'alarmer pour une simple intuition, je me penche dans le coffre de ma voiture et examine l'intérieur des caisses. Nous ne pouvons pas tout transporter, car cela nous fatiguerait trop vite, surtout dans un environnement naturel aux décors raides et difficiles d'accès. 

— Qu'en penses-tu, Blaise ? En plus de nos sacs, j'aimerais bien apporter des drones avec nous.   

Mon ami suit un cheminement de pensées similaire au mien. Les feuillages bloquent une grande partie de notre champ de vision et nous devrons utiliser nos lampes pour progresser dans une nature hostile et capricieuse. J'aperçois déjà des ronces et d'énormes racines qui nous épuiseront en un rien de temps si nous ne trouvons pas les ruines rapidement. Des drones nous aideraient à parcourir plus d'espace. Blaise acquiesce tout de suite. Nous échangeons son kit de secours contre deux de ces bijoux de technologie et je case les tablettes auxquelles ils sont associés dans mon sac. 

— Ne t'écarte pas trop, lui conseillé-je.

— Oui, Maître de Villiers, je me collerai à vous !

Il se fiche de moi, mais nous savons tous les deux qu'une personne seule et perdue dans cette forêt sans kit de secours est une situation à éviter. Nous fermons les véhicules et commençons à grimper dans la direction pointée par Charlène. Derechef, elle se tait et ne montre pas de comportement girly. Dès que je suis dans les parages, elle agit à la manière de son grand-père, c'est-à-dire avec prudence, réserve et sagesse. Cependant, la jeune femme n'hésite pas non plus à nous dévoiler son côté insupportable et menaçant. Pourquoi qu'en ma présence ? Pourquoi se transforme-t-elle avec les autres ? 

Ce sont des questions que je mets de côté. Apparemment, son contact l'a informée que les ruines se trouveraient dans les tréfonds de la forêt, proche d'une des montagnes à l'est. Elle se sert de la boussole pour nous guider. Blaise, de mauvaise foi et agacé par le trajet avec elle, saisit également l'instrument et vérifie notre position par rapport aux points cardinaux. Il approuve son sens de l'orientation à contrecœur, ce qui me tire un sourire goguenard. En définitif, il ne l'apprécie pas et cela ne risque pas de changer de sitôt. Pour ma part, je ne me prononce pas totalement. Je discerne trop de son grand-père pour la détester ou me contraindre à me méfier. J'ai envie de lui faire confiance – voilà pourquoi je ne voulais pas coopérer avec des personnes trop familières. 

Je marche à pas lents et paresseux afin de prendre du recul et de mieux contempler ce panorama ténébreux et anxiogène. J'ignore ce qui m'interpelle le plus de la nature ou de l'équipe. Face à nous, les arbres nous obligent à les contourner parfois de plusieurs mètres et les herbes forment une barrière quasi-infranchissable. Nous pouvons évidemment passer au travers, mais nous nous abstenons au cas où des serpents et autres insectes non-désirés ne se sentent attaqués et nous tombent dessus. Ainsi que je l'avais prévu, les racines créent des sortes d'escaliers qui nous volent beaucoup de notre énergie en une poignée de minutes. Néanmoins, nous gagnons de plus en plus de terrain et ne diminuons pas l'allure. Personne ne se plaint. 

Outre ces chemins broussailleux et compliqués, sans oublier la chaleur que nous n'avions pas anticipée, nous forçant à porter nos vestes à bout de bras, je détaille chaque membre de l'équipe, y compris moi-même. Une conclusion s'impose. Charlène nous devance d'une demi-douzaine de mètres, suivi par Levi qui a la tête baissée et la respiration haletante, puis par Riley. Celui-ci saute les racines et enjambe avec agilité les hautes herbes, n'écoutant pas les reproches de Blaise. Mon ami d'ailleurs ajuste son allure à la mienne, à l'arrière du groupe. Ce que je souhaite signaler, c'est que nous ne faisons absolument pas attention aux autres. 

N'importe quand un sanglier affamé peut nous charger et dévorer l'un d'entre nous, ou un groupe de méchants, notamment nos poursuivants, peuvent bondir hors des bois et nous assaillir de toutes parts. Nous sommes trop distancés pour nous prêter main forte et nous ne nous adressons pas le moindre mot, et cela pendant près de trois heures. C'est Levi qui se manifeste le premier, longtemps après midi, en boudant à cause de sa faim. Là, nous nous stoppons et grignotons les plats conservables que mangent les soldats ou les aventuriers. Dès que nous terminons, nous ne nous reparlons plus jusqu'à très exactement seize heures. 

Blaise et moi discutons entre nous, lorsque je commence à en avoir marre de ce silence pesant. Charlène nous enfonce irrémédiablement dans le fin fond de la forêt et nous passons devant deux ou trois montagnes que nous longeons sans qu'elles ne soient les bonnes, selon elle. Levi, le moins endurant de nous tous, faiblit et marche de moins en moins vite. Bientôt, il finit derrière nous. Je jette des œillades par-dessus mon épaule pour m'assurer que nous ne le perdons pas, mais son souffle erratique en témoigne. Riley ne s'amuse plus à gesticuler dans tous les sens et économise au maximum son énergie.

Je bute régulièrement dans des racines et bois de l'eau tout en avançant, ne m'arrêtant pas une seule seconde. Charlène a les yeux fixés sur sa boussole et ne nous accorde aucun regard. Elle se contente de s'aventurer toujours plus loin dans la forêt du Luberon. Riley fait de temps en temps volte-face en direction des sombres sentiers recouverts de ronces et je constate que son front se plisse, signe qu'il est préoccupé. Est-ce encore cette histoire de bête sauvage ? Il se pourrait qu'un animal nous suive depuis le début, mais je n'en vois pas l'ombre. Est-il paranoïaque ? J'hausse les épaules et me concentre plutôt sur mes pas.

— Jas', tu es sûr que nous devrions continuer ? Et si elle nous conduit tout droit dans un piège ou autre chose de plus terrible ? Ne me laisse pas mourir en sentant le cachalot ! 

— Je ne pense pas qu'elle nous veuille vraiment du mal. J'y ai bien réfléchi depuis ce matin et je ne la comprends pas. Hormis si, du jour au lendemain, son grand-père me haït, elle n'a pas intérêt à nous trahir. Son histoire de source est bidon, mais je suppose qu'elle a ses propres motivations. 

— Dans ce cas-là, toi tu lui fais confiance et moi je la surveille ! 

— Plaquage au sol et retour à l'envoyeur ? gloussé-je.

Blaise opine vigoureusement du chef et je ris en l'imaginant se ruer sur la jeune femme et l'écraser par terre de tous ses gros muscles. La pauvre, elle s'étoufferait sous son poids. Alors que j'étais en train de me décrisper, Riley geigne. En relevant la tête, je me rends compte qu'il se dispute avec Charlène. Je presse immédiatement le pas et trottine jusqu'à eux. Le mercenaire refuse à priori de fournir un effort de plus et elle le gronde, lui suggérant de rentrer chez lui.

— Eh, eh, taisez-vous tous les deux ! Charlène, explique-moi la situation !

Après un long soupir évocateur, elle se détourne du mercenaire et m'expose :

— Il faut que nous franchissions cet escarpement et ce fainéant ne veut pas ! Abandonnons-le ici, je suis persuadée que ça le motivera ! 

Je balaie d'un revers de main son grondement et ses regards noirs au mercenaire qui lui rend bien. Effectivement, je toise cette pente ardue et périlleuse, exténué à l'idée de l'escalader. Blaise prend connaissance de la situation et songe à une solution. Il interroge Charlène sur la nécessité ou non d'emprunter ce chemin-là et elle insiste en défendant sa certitude. Pour trancher, je leur propose une pause. Riley tombe dans la seconde par terre et s'allonge au milieu des chenilles, le torse se soulevant de façon frénétique. Levi, bien heureux de ma décision, gagne maladroitement une large racine et s'y assoit. 

— Mais, Jasper, puisque je te dis qu'il...

— Oui, je sais, Charlène, mais il faut aussi se reposer un peu ! En plus, nous n'arriverons pas à convaincre Riley sans une preuve concrète que ces ruines sont là-haut. Et nous détenons justement le meilleur moyen pour en fournir une ! 

Blaise et moi, nous nous déplaçons en simultané, habitués à ce genre d'opération. Il empoigne les deux drones et les active, pendant que je les connecte aux tablettes. Je lui en confie une et nous les faisons décollés. Charlène ne nous donne pas son approbation, mais elle parait satisfaite. Elle s'accroupit à l'écart des insectes et nous regarde piloter les engins. Nous ne sommes pas très à l'aise au premier abord à cause des branches par centaines sur notre passage. Progressivement, nous découvrons le terrain en haut de l'escarpement, encore plus dur que jusqu'à présent. J'avoue prier intérieurement pour que les ruines ne se soient pas là-bas.

Malheureusement ou heureusement, elles y sont. Du moins, Blaise perçoit quelque chose sur l'image sombre de la tablette et mon drone se rapproche du sien pour que je puisse étudier l'endroit. Entre deux immenses troncs, des pierres s'élèvent sur moins d'un mètre de hauteur et leur forme ressemble vaguement à une maison...quoi que, je dois ouvrir mon esprit et laisser l'imagination prendre le dessus. J'appelle Charlène pour qu'elle confirme la localisation, mais elle rétorque d'une voix penaude qu'elle n'a aucune idée de quoi ont l'air ces ruines. Nous choisissons de tenter le coup et d'y aller. 

— Comment fait-on ? s'enquiert-elle. Je ne pourrais pas monter.

— Nos sacs contiennent du matériel pour escalader.

— Non, Jasper, tu ne comprends pas. Je ne peux pas. 

Elle lève ses bras comme s'ils justifiaient son refus catégorique. Riley a fouillé dans son sac à dos et est d'accord avec la blondinette. Les deux se jugent inaptes à grimper ; je glisse donc un regard vers Blaise qui s'excuse en une moue pitoyable. L'escarpement est certes complexe et je ne repère pas beaucoup de prises où s'accrocher, mais, de mon point de vue, c'est faisable. J'ai toujours été doté d'un talent extraordinaire en escalade – je précise que ce n'est pas de la vantardise, mais une constatation. Seulement, avec ma force physique, je ne réussirais pas à les hisser à l'aide d'une corde. 

— Je monte là-haut et j'accroche une corde à un arbre pour vous la tendre ensuite. C'est bon pour vous ? 

Contre toute attente, Riley désapprouve avec vigueur. Un de mes sourcils tressaille et je lui demande pourquoi. Il comble l'espace entre nous en trois enjambées et susurre avec un sursaut dans la gorge :

— Je t'assure que quelque chose hante cette forêt ! 

— Un fantôme ? plaisante Blaise.

— Nous sommes suivis, chef. Hors de question que tu ailles là-haut tout seul !  

Je prends au sérieux son emportement. Il est contrarié depuis que nous avons arrêté nos voitures dans cette forêt. J'ai entendu en effet des craquements en provenance des bois aux alentours et mon œil a parfois été attiré par des mouvements imperceptibles, mais rien ne m'a surpris. Peut-être que son regard de mercenaire est plus affûté que le mien. En attendant, je ne sais pas quoi lui dire. Levi se triture les doigts et curieux de ses pensées, je l'invite à s'exprimer. Il s'avance d'un pas et déclare dans un murmure timide :

— Je peux monter avec toi, si tu veux. 

— Qui te rattrapera lors de ta chute ? Nous ? maugrée Charlène. Tu as vu tes bras ? Ils sont plus fins que les miens.

Son orgueil se gonfle et il rejoint la pente en foudroyant la blonde.

— J'ai pratiqué l'escalade au collège et suis parfaitement en mesure de grimper là-haut ! 

Sur ces mots à moitié criés, il ne sort aucun matériel de son sac, l'attache autour de son torse et débute une montée rigoureuse et prompte. Pour avoir pratiqué également ce sport, je reconnais un confrère d'escalade ! Je l'imite tranquillement et m'étonne à être moins vif que lui. Levi nous stupéfait d'heures en heures. Arrivés à une certaine hauteur, nous prenons davantage de temps. Au total, il nous faut vingt minutes pour étaler nos bras sur une surface terreuse et nous soulever. Je roule sur le côté, mes jambes pendant encore dans le vide. 

— Non mais ! peste Levi à ma droite. Quelle peste, celle-là !

— Ne te vexe pas. Les femmes n'aiment pas admettre que les hommes sont autant utiles qu'elles, et vice-versa !

— Elle m'agace, conclut-il.

Je ris et me redresse, cherchant un arbre solide. J'use de nos deux cordes, mais elles ne touchent pas le sol. Les autres doivent grimper deux mètres pour l'atteindre. Blaise se débrouille très bien et Riley se balance dans le vide, comme s'il était dans une attraction. Charlène, quant à elle, insulte de tous les noms d'oiseau les hommes qui l'ont négligée et sont partis sans elle. La jeune femme tente de se tenir à la roche sous mes encouragements mous. Finalement, elle laisse tomber, recule et sprinte, saute et tend le bras. Elle referme son poing sur le bout de la corde et se hisse par la suite avec aisance.   

— Euh, qu'est-ce que c'est...?

Je regarde dans la même direction que les yeux écarquillés de Levi. Dans les ténèbres de la forêt, un arbre attire instantanément mon attention. Son tronc me semble bizarre, mais sans plus. J'ai besoin d'un second regard pour entrapercevoir une ombre. Elle se dissimule là-bas et nous dévisage. J'identifie une forme humanoïde, mais, avant que je ne puisse me poser des questions, cette chose s'envole en une fraction de seconde. L'expert pousse un cri qui affole Riley. Il se dépêche de gravier le dernier mètre. 

— Là-bas, il...il y avait quelqu'un ! s'angoisse Levi.

Le mercenaire virevolte vers ce que pointe l'expert, mais ne voit plus rien. Je demeure silencieux, pendant que Blaise termine son ascension et nous aidons ensuite Charlène, exsangue. Mon mutisme inquiète Levi, mais mon ami se charge de le tempérer. Je ne sais pas ce qu'était cette chose, mais je vous garantis que Riley n'a pas menti. Un individu, ou pas, nous poursuit dans la forêt sans relâche et nous espionne. 

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