🔥 JOUR 2: 𝚂𝙾𝚄𝚂 𝙻'𝙸𝙽𝚃𝙴𝙼𝙿𝙴𝚁𝙸𝙴
Quelques jours ont déjà passé depuis la première épreuve et Koishi a l'honneur de pouvoir continuer à participer...
Mais alors qu'il sombre dans un sommeil troublé, quelque chose se trame...
...Quelque chose de suffisamment étrange pour que, lorsqu'il se réveille, il se retrouve sur seul sur un radeau au beau milieu de la mer avec pour seule aide pour regagner la rive un harpon de pêche et un vieux chiffon...
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«MA DÉTERMINATION CHAVIRA EN MÊME TEMPS QUE LE RADEAU, MANQUANT DE FAIRE TOMBER À L'EAU TOUTES MES AMBITIONS.»
Les méandres de mes pensées se mélangèrent, voltigèrent, se tordirent afin de voler en éclats. Des larmes se formèrent dans mes yeux et étincelèrent dans le noir. Sombrais-je dans une abîme ou cauchemardais-je comme un idiot ?
Peu m'en importait.
Lorsqu'on est seul milieu de l'océan, sur un mince radeau devant des eaux s'étendant à perte de vue, la distance entre sommeil et réalité s'enfume.
Tentais-je de trop bien faire ? Cela allait-il causer ma perte ?
Mes mains passèrent sur mes yeux, dissimulèrent mon visage idiot et contracté. J'éclatai d'un rire hystérique tandis que la panique me gagnait. Mais les larmes ne s'arrêtèrent pas, au contraire. Elles vinrent se mélanger à la pluie et tomber lentement sur le radeau.
J'étais lâche de vouloir partir de cet examen. C'était lâche de me laisser submerger par le stress, de me dire que mon ambition était trop petite. Je visais si bas, je n'avais donc pas de force...
Voulais-je vraiment sortir vivant de cet endroit ? Mourir ici ne serait pas une grande perte.
L'impression d'être enfermé dans un nuage cotonneux, coincé entre deux bouts. Ce malaise serrant mon cœur, sans que je ne sache d'où il vienne. Cette sensation... Elle était terrible. Dans l'air flottait une étrange quiétude qui ne fit que me prouver que j'étais seul.
L'étendue d'eau sombre ne semblait pas avoir de fin, s'étendant à perte de vue. La terre devait être visiblement très loin, hors d'atteinte.
Les vagues céruléennes se soulevèrent soudain dans un éclat de gouttes d'eau. Le liquide froid m'éclaboussa, me faisant frémir dû à sa température.
Selon la lettre que j'avais reçue lorsque je me suis réveillé, il fallait que je regagne la terre ferme avec pour seule aide un harpon de pêche et un vieux bout de chiffon. Et j'avais bien intérêt à en ressortir vivant, si je comptais continuer à vivre.
Mon cœur battait la chamade. Les gouttes de pluie glaçantes s'abattaient frénétiquement sur moi. Avant que je ne puisse réagir, mes habits d'été étaient trempés.
J'écarquillai les yeux tout en tentant de calmer mon souffle. Je devais empêcher la panique de me gagner.
Ma détermination chavira en même temps que le radeau, manquant de faire tomber à l'eau toutes mes ambitions. Mes pensées dérivèrent vers l'élimination. Ce moment où j'étais au bord des larmes dû au stress. Cet instant où j'avais lâchement dissimulé mes mains moites dans mes poches. La panique avait opressé mes poumons, exactement comme en l'instant présent.
Je devrais peut-être leur dire que l'envie de trop bien faire causera ma perte. Je devrais peut-être leur dire que j'aimerais tout abandonner afin de me réfugier dans mon cocon. Peu importe si ça brise mon avenir, j'ai peu d'espoir de toute façon...
Mes pensées sombres dérivèrent au gré des flots, se souvenant de la raison pour laquelle j'étais sur ce radeau. Une terrible nausée me prit sans que je ne sache si elle était due à la panique ou au mal de mer. Mes yeux s'embuèrent encore plus tandis que la pensée de mourir m'effleurait lentement.
J'agrippai à deux mains mon outil, déterminé à ne pas le lâcher. Mon harpon était si mince qu'il avait l'air de pouvoir se casser à tout moment. La soif serra ma gorge. Mon nez et mes joues rosirent à cause du froid, tandis que la chair de poule hérissait mes minces poils.
Le radeau bascula dangereusement. Je m'écroulai à plat ventre et m'agrippai de toutes mes forces aux bouts de l'embarcation. Les vagues se soulevèrent. J'avais peu de chances d'en réchapper. Dans une montée de terreur et de confusion, mes mains lancèrent toutes seules le harpon.
Je restai là, immobile, resserrant mon emprise lorsque je sentais que les vagues faisaient basculer mon radeau. Le bois qui le constituait se fit glissant, mais je tins bon malgré tout.
Le temps passa sans que je ne sache précisément durant combien de temps j'étais resté là. En effet, les nuages grisâtres voilaient le soleil et confondaient mon esprit déjà quelque peu chaotique.
Soudain, je sentis un étrange poids manquer de me faire tomber en avant. Je compris presque aussitôt que quelqu'un ou quelque chose s'était agrippé et refusait de lâcher prise à mon harpon de pêche.
Au lieu de tirer de toutes mes forces sur le harpon, mes mains se mirent à trembler. Mon corps dérapa et manqua de passer par-dessus bord.
Soudain, une faible silhouette floue à peine visible sous l'eau clair-obscure sembla se débattre sous l'eau. Tandis que, plutôt étonné, je tentais de réfléchir avec circonspection, la créature marine tira sur mon "bâton" et ne me laissa d'autre choix que de basculer en arrière.
L'instant d'après, mon harpon de pêche jaillissait magistralement avec à son bout... Un gigantesque poisson.
Il faisait approximativement la taille d'un Rukin. Leurs traits étaient très semblables, avec pour seule différence des écailles visqueuses à la place d'une carapace.
Cherchant à croiser son regard, je fus surpris par la luminosité de ses yeux. Des tas d'émotions y brillaient, se mélangeaient, valdinguaient au rythme de ses pensées visiblement légères et pures. Fait plutôt étonnant de la part d'une créature de cette laideur.
Je ne pus que l'envier. Son regard resplendissant de liberté. Il avait dû en explorer, des océans...
Mes doigts frôlèrent avec raideur ses écailles. Le contact chaud de mes doigts différa avec celui, froid, des écailles de la créature.
Il ne fit penser à Vagabor. Tout aussi libre, mais quelque peu plus... paisible. Une étrange sérénitude voguait dans son regard. Elle se sentait presque.
J'observai la vaste étendue d'eau et baissai les yeux vers cet étrange poisson. Il resta calme, semblant avoir balayé la possibilité que je veuille le gober tout cru.
- Je peux monter sur ton dos ? soufflai-je d'un air que je voulais rassurant, les yeux fermement plissés.
Un long silence perdura tandis que la pluie continuait à ruisseler, bien que quelque peu plus doucement. L'intempérie semblait s'être calmée. Je pus même apercevoir un mince rayon de soleil entre deux nuages.
Soudain, la créature replongea, m'éclaboussant au passage. Je compris facilement qu'il se moquait de moi. Au point où j'en étais, le meilleur moyen qui s'offrait à moi était de mourir de soif ici...
Mais seulement, dans mon pessimisme, j'oubliai que je tenais toujours le harpon de pêche serré entre mes mains... Et que le poisson n'avait pas lâché prise. Il allait m'entraîner dans sa chute !
L'instant d'après, je plongeais misérablement dans l'eau en poussant un cri de terreur, mon chiffon toujours serré dans ma main.
Droit dans la gueule de la créature.
***
Il faisait chaud. Je suffoquais. Des perles de sueur se formèrent sur mon front, que je me dépêchai d'essuyer avec le chiffon.
J'étais... Dans le ventre du poisson ?
Assis contre quelque chose de moelleux ayant la même texture que de l'herbe à la première saison, presque compressé entre deux membres de l'estomac du poisson, je me mis à trembler en silence. La nausée me prit, tandis que, les yeux écarquillés, je dus me rendre à l'évidence: j'étais incapable de bouger ne serait-ce qu'un seul poil.
Où allait-il ?
Je gardai le chiffon serré contre moi. Bien qu'il n'ait aucune utilité, me raccrocher misérablement à un petit bout de tissu me réconfortait. Il était plutôt chaud, c'était agréable.
Je voûtai lentement le dos afin de ne pas risquer de me tordre quelque chose. Finalement, réprimant l'impression de malaise qui me serrait le ventre, mes yeux commencèrent à se fermer et la fatigue me voila le regard. Je sombrai dans un sommeil sans rêves sans esquisser le moindre mouvement.
Mes yeux s'ouvrirent lorsqu'un soubresaut secoua le poisson dans le ventre duquel je m'étais logé. Puis deux, puis trois. Je compris aussitôt que quelque chose d'anormal se passait. Le cœur battant, je tentai de me lever, les sourcils plissés d'inquiétude. Il semblait pris d'une souffrance terrible. Je sentais parfaitement ses hauts-le-cœurs et pouvais presque ressentir son état. Me bouffer était peut-être pas la meilleure des solutions... C'était compréhensible.
Il m'expulsa soudain. Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, je sombrais dans l'océan. Le poisson disparut ensuite, je distinguai sans aucun mal sa silhouette sombre se mouvant difficilement dans les eaux avant de disparaître.
Il n'y avait aucune prise en vue, et la seule solution qui s'offrait à moi était de fermer les yeux et attendre la fin. Je me pinçai les lèvres, laissant pénétrer l'eau salée dans ma bouche. Cela n'asséna pas ma soif, au contraire, ça ne fit qu'assécher ma gorge encore plus.
Pourtant, je me satisfaisais de cette situation.
***
Des lueurs dorées. Un éclat pâle. Celui du soleil ?
La volonté de lutter contre les eaux tourmentées m'avait quitté, pourtant. J'avais dû m'agripper à un branchage dérivant par là lorsque j'étais à moitié plongé dans une transe.
Je me mis à réfléchir à toute vitesse tout en me raccrochant au bout de branche. Des branchages ? Au beau milieu de l'océan ? Impossible, mais et si...
Observer l'horizon ne fit qu'affirmer ma pensée.
La terre était juste devant moi, il ne me restait qu'à nager. Un dernier effort.
Les autres aspirants étaient déjà sur la rive, certains occupés à se sécher, d'autres à papoter nonchalamment. Dame Euryclède était là elle aussi, mais personne ne sembla me voir.
Manquant de me noyer, je rassemblai mes dernières forces afin de brandir le chiffon le plus haut possible. Ma tête replongea dans l'eau, j'avais de plus en plus de mal à me maintenir à la surface.
Cela fonctionna, ils le remarquèrent et firent de grands signes vers moi, bien que certains aient l'air quelque peu de mauvaise humeur.
Forçant mes muscles à s'activer, je nageai de plus en plus vite. Je préférais largement l'eau au feu, je pouvais le faire. J'en étais capable. Allez !
Mes jambes et mes bras me brûlaient comme si j'étais couché sur un million de chandelles. De la morve coulait de mon nez, mes habits mouillés étaient lourds et m'empêchaient de progresser plus vite.
La rive n'était plus qu'à quelques mètres. Dans un ultime effort, je m'écroulai presque sur le sable chaud. Devais-je avoir l'air ridicule ? C'était très possible...
Me souvenant soudain du radeau que j'avais laissé en pleine mer lorsque je m'étais fait déglutir, mon visage se fit nerveux. En espérant que je ne me prenne pas de réprimandes à cause de ça.
Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je contemplais les minces rayons de soleil.
Finalement, les autres Aspirants avaient l'air sympathiques, et se faire manger par un poisson était une expérience plutôt drôle !
Malgré tout, cet examen était dangereux. Et si j'avais compris quelque chose durant cette épreuve, c'était que...
J'AVAIS PEUR DE MOURIR.
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Titre → Sous l'intempérie
Nombre de mots → 1793
Date de rendu → 27 janvier 2024, 11h49
♪ Archie W.
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