VII [Réécrit]


Mia fixait l'énorme sapin décoré aux chaleureuses couleurs de noël, le souffle froid du vent faisait rosir ses joues et la fatigue lui faisait fermer les yeux toutes les dix secondes. Elle n'avait jamais ressenti tant de fatigue, son voyage était bien plus éprouvant qu'elle ne le pensait, pourtant, elle n'était pas partie depuis si longtemps, Mia avait déjà perdu le compte des jours, sans calendrier, sans portable, elle se demandait si l'on était dimanche ou jeudi. Elle sorti son petit carnet et remarqua qu'elle n'écrivait que très peu et uniquement ce qui lui passait pas la tête, cependant, elle n'écrivait pas ce qui lui arrivait tout au long du voyage. Elle décida de s'y mettre, décapuchonna son stylo et commença à écrire :

Jour 1 :

Je pars de la maison vers 12 AM, la route est calme et me semble déjà longue. J'ai pris cette décision sur un coup de tête, l'alcool encore chaud dans mes veines, cependant je ne regrette pas. Sur mon chemin je rencontre deux hommes en voitures ils me conduisent jusqu'à ma prochaine étape. La route est ennuyeuse, je reçois des leçons de morales. Sia passe à la radio. Ils me déposent à l'entrée de la ville. Je marche jusqu'au premier motel que je trouve. Personne n'est là. Je fini par dormir dehors.

Mia se demanda si ce qu'elle écrivait était réellement intéressant et surtout, pourquoi écrivait ça. Personne ne le lirait et elle s'en souviendrait à jamais, dans sa mémoire des gravures, des blessures la secouerait à chaque fois qu'elle tenterait d'oublier. Elle continua pourtant, simplement pour sentir le stylo gratter sur le papier tel un instrument de musique qui démarre un spectacle dans un silence profond. Elle dépeigna son voyage jusqu'à maintenant : les sourires sur les visages perdus, les vengeances, les culpabilités, car bien qu'elle n'ait pu parler qu'avec un nombre limiter de personne, lorsqu'elle levait la tête de son carnet, les gens dansaient sur un air mélancolique, lui offrant un aspect différent de l'humain à chaque prise.

Un jeune homme s'assit à côté d'elle sur le banc alors que, mélancolique, elle rêvait aux vies inventées des passants emmitouflés dans les manteaux.

« Vous avez un joli carnet, déclara-t-il d'une voix douce.

-Je vous remercie, elle le ferma et tourna ses yeux vers lui sans rien ajouter.

-Le bleu est une merveilleuse couleur. Il avait les jambes croisées, ses cheveux bruns en bataille bougeaient comme les feuilles dans le vent, le bleu c'est le ciel, l'univers, la mer, les fonds marins, les pleures : ceux de rire, de joie ou bien de tristesse. Le bleu fait penser à tout un tas de choses, vous ne trouvez pas ? demanda-t-il de ses yeux malicieux

-C'est vrai. Il me fait penser au ciel et aux oiseaux, elle leva les yeux vers l'océan tâché de gris au-dessus de sa tête, ils sont si libres que parfois, il me semble, je les envies. »

Mia marqua une pause. C'était si étrange de parler avec un inconnu, depuis le début de son aventure, elle ne faisait que ça, dans sa grande ville natale, l'inconnu était dangereux mais ici, il semblait si calme et posé que cela en devenait plaisant : sa timide approche des gens avait disparue. Un simple garçon, une simple femme qu'elle n'aurait pu regarder dans les yeux ou bien à qui elle n'aurait pas fait un sourire à Seattle, étaient devenus pendant son voyage comme des amis qui ne la connaissait pas encore.

« D'où venez-vous avec votre sac ? Il engageait la conversation avec une aisance déconcertante, son assurance le rendait charmant mais dans ses yeux, un certain malaise semblait planer.

-De Seattle. Êtes-vous d'ici ?

-Pas vraiment non, je viens du Canada.

-Et que faites-vous ici ?

-On peut se tutoyer ? * On doit avoir le même âge. dit-il avec ses fossettes rebondies.

-On peut se tutoyer. Répliquais-je avec un sourire.

-Je viens ici sur les conseils d'une amie. Elle m'a demandé, car je parcours les routes, d'aller de ville en ville.

-Et dans quel but ?

-Trouver quelqu'un.

-L'avez-vous trouvé ?

-Je ne sais pas. Peut-être. Mais ce voyage m'a permis d'apprendre et comprendre beaucoup de choses, c'est surement le plus important.

-Je suis sur la route aussi. Elle marqua un temps. Le monde me semble à la fois si doux et si amer.

-Le monde n'est que douceur et amertume au goût des Hommes.

-Le penses-tu ?

-Profondément. Il regarda sa montre, je dois partir, peut-être que nous nous reverrons, mademoiselle. Il se leva et la salua.

-Au revoir. »

Mia rouvrit son carnet :

« Aujourd'hui, j'ai rencontré un bien étrange jeune homme... »


« Mademoiselle, un homme chauve s'approcha de la jeune fille, Mia Snowdrop ?

-Oui ? Le carnet ouvert, elle faisait face à un homme dont l'uniforme seyant semblait briller au cœur des flocons tombants, il approcha son talkie-walkie de sa bouche.

-Disparue Mia Snowdrop. Je m'en occupe. »

Mia arriva au poste de police de la ville. Son visage si lumineux il y a encore une dizaine de minutes était devenu aussi sombre que le ciel d'un soir d'hiver. L'homme chauve lui demanda d'aller s'assoir le temps d'appeler sa mère.

"Ne bouges pas. "

Mia ne répondit pas. Une rangée de quelques chaises était adossée contre un mur blanc, sans âme. Le poste de police était d'une froideur sans nom. Les policiers, en uniformes se chuchotaient les dernières rumeurs. Aucun crime n'était commis dans cette petite ville des Etats-Unis, du moins, pour le moment. Il y avait seulement quelques vols à l'étalage, tout au plus un braquage de la boucherie voisine par des amateurs de saucisson. Mia s'assit sans bruit à deux sièges d'intervalle de plusieurs autres personnes dont le visage morose lui rappelait les couleurs grises de sa ville. Mia ne les trouvaient pas attirants. Sur leur visage souvent baissé sur un portable ou un journal, parfois leurs pieds, elle n'arrivait pas à trouver une once de compassion en elle pour tenter de comprendre pourquoi et comment ils étaient arrivés ici. La parole ne sortait pas d'entre ses lèvres, le son de parvenait pas à sortir, même un sourire elle ne pouvait pas le rendre. Pourtant, ce vieil homme quadragénaire, assis à quelques mètres d'elle retroussait ses lèvres, dans le but d'atteindre son cœur, semblait pourtant aux yeux de Mia se moquer d'elle. Elle l'entendait lui dire : "alors petite, tu t'es faite attrapée? Dommage hein? Tu auras juste perdu ton temps et ton argent."


Alors Mia détourna les yeux. Autant faire comme les autres, le temps que tout cela passe.

Les adultes étaient si sauts, ils ne voulaient pas comprendre, et surtout pas sortir de leur routine, ne pas explorer le monde, s'y exposer. Ils empêchaient, Mia et tous les jeunes de faire ce qu'ils voulaient car ils appréhendaient le changement et l'aventure.

Mia n'aimait pas les adultes, des personnes si terre à terre, qui impressionnent les enfants mais qui ne sont en réalité que des gamins avec des centimètres en plus.

Mia n'avait jamais voulu grandir, ou du moins elle avait toujours voulu arrêter à dix-neuf ans. Après cela, le chiffre "un" de l'enfance, de la pré-adolescence et de l'adolescence disparaissait. Il laissait place à un "deux" puis un "trois" et ainsi de suite. Au fur et à mesure que l'âge avançait, les gens s'effaçaient de notre vie, pire, les désirs, l'imagination, le sourire innocent d'un enfant ne pouvait plus apparaitre sur le visage d'un adulte. Puis, quand vient la fin, les choses que l'on aimait plus jeune, ce que l'on pensait faire de notre vie, tout change. Tout change sans que nous en ayons conscience.

***

*"You" en anglais est utilisé pour tu et vous, mais j'écris ici en français, donc on va faire exception.

NDA : Je réécris comme vous le savez la théorie. C'est compliqué, je suis à la fois mêlée entre réalisme et imaginaire. Mes personnages expriment au gré de leurs envies leurs paroles sans même mon autorisation. Au final, j'aime ça. 

NDA ancien chapitre :

Salut à tous!

Voici un long chapitre pour me faire pardonner de mon retard (et du retard à suivre), en effet je pars dans la jungle. La jungle? Celle de Calais. Pour aider les migrants avec Utopia 56. Bref, j'espère que vous avez aimé ce chapitre! Dites le moi en commentaire! 


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