Chapitre 20
– Il faut trouver un thème pour la fête du nouvel an, a annoncé Marine en début de réunion.
Pour une fois, tous les membres du comité étaient réunis. Nous étions une quinzaine ; quelques têtes m'étaient inconnues.
– Je vous laisse une semaine pour y réfléchir. Soyez original et créatif.
– Pourquoi il faut un thème ? a demandé un garçon que je n'avais jamais vu ; sans doute une nouvelle recrue. (Il avait un joli visage et un air très sûr de lui.) Pourquoi on ne se contente pas de louer une salle et de mettre de la musique ? La seule raison pour laquelle les gens vont à ce genre de fête, c'est pour boire et se taper des meufs, non ?
L'expression de Marine s'est figée comme si on venait de l'informer qu'elle était la seule personne sur cette Terre à accorder de l'importance aux jolis décors et aux idées profondes.
– Rappelle-moi ton nom, a-t-elle demandé avec un brin de mépris.
– Trevor.
– Hum, Trevor, a-t-elle répété comme si elle broyait chacune de ces syllabes sous sa mâchoire. Le but d'une fête thématique, c'est que les gens s'en souviennent encore dans vingt ans. C'est pourquoi je veux du jamais-vu !
Mon téléphone a vibré dans ma poche. Je l'ai consulté discrètement. C'était un message d'Irlanda.
Je crois que ton jardinier vient d'arriver. Un élève de madame Henkle vient de glisser ton numéro dans sa poche. Je n'ai pas vu la couleur de ses yeux, mais il a les cheveux noirs.
Il fallait que je m'échappe d'ici au plus vite. Malheureusement Marine n'avait pas terminé et j'étais à peu près certaine que si je claquais la porte maintenant, je n'étais pas prête de revenir dans cette pièce.
– J'ai été convoquée par le doyen, a-t-elle enchaîné avec un soupçon de gravité. Il y a encore eu des plaintes pour attouchements lors de la dernière soirée. Il faut qu'on réfléchisse à ce qu'on pourrait mettre en œuvre pour éviter que ça se reproduise.
Tout le monde est resté muet. Ça paraissait plus facile de trouver un thème dont tout le monde se souviendrait encore dans vingt ans qu'un moyen d'empêcher les mains aux fesses et les gestes déplacés.
– On pourrait supprimer l'alcool, a proposé Louisa, ce qui lui a valu un regard ulcéré de Trevor.
– Ça n'empêchera pas les gens de boire avant de venir, a rétorqué Marine. Et puis on ne peut pas empêcher les gens de faire la fête juste parce que certains ne savent pas se tenir.
J'ai jeté un œil à l'heure sur mon portable. J'avais l'impression que si je ne trouvais pas moi-même une solution, la réunion allait s'éterniser.
– On pourrait faire passer un message dans les haut-parleurs, ai-je suggéré. Pour rappeler les règles de bonne conduite. On pourrait aussi installer un stand où les gens viendraient signaler le moindre dérapage. Ça pourrait avoir un effet dissuasif.
Marine a eu l'air de trouver ma proposition intéressante. Dix minutes plus tard, je mettais enfin le pied dehors. J'étais un peu dépitée de ne pas avoir enfilé une tenue plus aguichante ce matin. J'espérais avoir encore le temps de me changer.
Quand je suis entrée dans l'immeuble, j'ai jeté un œil à la salle. Madame Henkle désignait des mots sur un panneau, attendant que ses élèves y associent le geste approprié. Je ne savais pas exactement combien de minutes il me restait avant la fin du cours, alors j'ai cavalé jusqu'à l'appartement, jeté mon manteau par terre et enfilé une jupe en un temps record comme si je bataillais la finale de Koh Lanta.
Une fois à peu près présentable, je suis partie m'asseoir dans les escaliers. Certes, mon numéro était sur le papier. J'aurais très bien pu attendre son coup de fil et prendre le temps de me préparer pour un rendez-vous, mais ma patience avait déjà été mise à rude épreuve.
Quand des gens ont commencé à sortir de la salle, la nervosité m'a gagnée. La situation était tout de même assez embarrassante. Moi, recroquevillée dans les escaliers, à attendre un mec. Il allait forcément comprendre que j'étais très impatiente de le revoir. Je n'aimais pas tellement cette posture, même si je savais que tôt ou tard, elle finirait par s'inverser.
Quand il est apparu dans mon champ de vision, j'ai senti s'allumer en moi tous les mini-interrupteurs, comme si ma vie était passée de dix à dix mille volts en un atome de seconde. J'avais beau connaître toute la théorie sur les réactions physiques de l'attirance, ça ne me permettait pas d'y échapper. Autant il m'était facile de maintenir mon cœur hors d'atteinte, autant il m'était impossible de contrôler ce qui se passait dans mon corps.
– Comme on se retrouve, a-t-il lâché avec un sourire amusé tout en sortant le petit mot de sa poche. C'était pour moi ?
J'ai hoché la tête, tout en me redressant parce que, dans la position où j'étais, il me paraissait immense et intimidant. Malheureusement, même une fois debout, il était toujours beaucoup plus grand que moi et pas moins perturbant.
– Tu veux monter ? ai-je proposé.
Il a eu un petit mouvement de tête offusqué.
– Eh bien, tu es directe comme fille.
– Non, c'est juste que j'habite juste au-dessus alors je trouverais ça un peu absurde de t'inviter à aller boire un verre alors que j'ai un évier qui distribue de l'eau potable gratuitement.
– Vu sous cet angle, je suppose que je peux tout à fait monter ces quelques marches sans que ça paraisse déplacé.
Je me suis engouffrée dans les escaliers, de façon à ce qu'il puisse admirer mes jambes ou mes fesses – au choix. Je n'aimais pas trop qu'on me regarde dans les yeux ; en revanche, qu'on mate mon corps ne me dérangeait pas. Les yeux sont le miroir de l'âme, paraît-il, et je n'avais aucune envie qu'on s'approche de la mienne.
– On devrait peut-être commencer par le commencement, a-t-il dit en m'emboîtant le pas. Ça me fait bizarre de rentrer chez toi alors que je ne sais même pas comment tu t'appelles.
– Elsa.
– Laslo.
J'ai ouvert la porte sur mon antre impeccablement rangé – j'avais bien fait d'anticiper qu'il finirait par y mettre les pieds – et je me suis dirigée vers le coin cuisine. J'ai sorti un joli verre de l'armoire avant d'ouvrir le frigo.
– Qu'est-ce que tu veux boire ?
J'ai énuméré toutes les boissons possibles, les yeux rivés sur une bouteille de limonade dont les petites bulles semblaient trépigner d'excitation.
– De l'eau, c'est très bien. Je ne voudrais surtout pas vexer ton robinet qui nous offre à boire gratuitement.
– Je crois que mon robinet s'en remettra.
Il a secoué la tête d'un air buté. Très bien, ai-je pensé. J'ai rangé dans l'armoire mon joli verre d'une transparence bleutée pour m'emparer d'un ancien pot à moutarde reconverti en gobelet qui portait encore l'étiquette « Amora ». Histoire de bien lui prouver qu'il n'était pas un invité de première importance.
Au moment où je lui tendais son verre, il a répliqué :
– Je vois que tu pratiques le recyclage. C'est super d'être attentive au bien-être de la planète. En plus, j'adore le roi Lion, a-t-il dit en contemplant les petits dessins enfantins colorés.
– Je me doutais que tu apprécierais.
– À quoi on trinque ? a-t-il demandé en soulevant son verre.
– À notre rencontre, ai-je suggéré d'un air blasé, comme si je me moquais moi-même de cette réponse un peu cliché.
– À notre première discussion non chronométrée et libre de tout chaperon, a-t-il renchéri avec une nuance de pure sincérité dans le regard.
Son verre a tinté contre le mien. Il n'avait toujours pas l'air déstabilisé et je me sentais toujours toute petite. J'avais hâte de m'habituer à sa beauté et que cet effet se dissipe.
– Alors qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? a-t-il demandé en reposant son verre.
– Changer d'avis ?
– Tu n'as pas coché mon nom sur la liste au speed dating.
– Oh, si, ai-je soupiré. Mais j'ai été disqualifiée pour avoir parlé. Je crois que madame Henkle ne m'aime pas beaucoup.
– Pourquoi est-ce qu'elle ne t'aimerait pas ? Cette femme a un cœur en or. Elle est toujours là pour soutenir ma sœur quand elle n'a pas le moral.
– Ta sœur est sourde, c'est ça ?
– Elle a une maladie génétique évolutive. Pour le moment, elle entend encore un peu grâce à des appareils. Mais il est possible qu'elle devienne totalement sourde du jour au lendemain. C'est pour elle que j'ai décidé d'apprendre la langue des signes. Elle a commencé des études supérieures, mais si sa surdité s'aggrave, elle aura absolument besoin d'un interprète. Le problème, c'est que le métier est en pénurie. J'aimerais pouvoir lui servir d'interprète si jamais elle en a besoin.
– Tu veux en faire ton métier ?
– Non, je travaille déjà à l'herboristerie de mes parents. Je veux juste m'assurer que sa surdité ne l'empêchera pas de faire ce qu'elle veut. Et qu'on puisse continuer à communiquer, quoi qu'il arrive.
J'avais beau avoir un cœur en acier, ça ne m'empêchait pas d'être émue. Je comprenais presque pourquoi madame Henkle n'avait pas voulu me le laisser. Ce mec était comme de la soie. Une étoffe trop précieuse pour ce que je comptais en faire.
– S'il te plaît, dis-moi que tu as des défauts. Ça me fait peur les gens trop parfaits. J'ai toujours un doute sur le fait qu'ils soient humains ou que ce soient des Plutoniens envoyés pour me séduire et me ramener sur leur planète.
Il a souri, comme s'il me trouvait amusante. S'il était de la soie, moi je devais être à ses yeux quelque chose comme une boule anti-stress. Une distraction agréable. Et ça me convenait parfaitement. Je ne souhaitais pas qu'on m'érige un piédestal.
– Si ça peut te rassurer, j'ai plein de défauts. Par exemple, je suis très maladroit. Je renverse toujours des trucs sur mes vêtements.
– Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle un défaut. Et ça confirme plutôt ma théorie sur les Plutoniens. Tu pourrais avoir du mal à te servir de bras humains parce qu'ils sont tout nouveaux pour toi.
– Hum... Si le gouvernement plutonien m'a envoyé pour te séduire, alors il a fait un très mauvais choix. Parce que j'embrasse comme un pied. C'est pour ça que je suis célibataire. Les filles s'enfuient en courant dès qu'elles ont goûté à mes lèvres.
Mon regard a dérivé vers sa bouche. Était-ce une invitation ? Il a esquissé un sourire taquin.
– Je ne te permettrais pas de vérifier.
– Je n'avais aucune intention de t'embrasser, me suis-je défendue, sans la moindre conviction. Je t'ai juste fait monter pour faire ta connaissance.
– Alors faisons connaissance, a-t-il dit en posant une main au milieu du divan comme s'il me barrait le passage jusqu'à ses lèvres.
Je me suis enfoncée dans le canapé en croisant les bras, comme si je me foutais royalement de pouvoir les atteindre.
– Qu'est-ce que tu veux savoir ?
– Dis-moi quelque chose que tu n'as jamais raconté à personne.
– J'adore les hippopotames.
– Ce n'est pas très personnel. Je pensais plutôt à apprendre quelque chose sur toi.
– Ça t'apprendrait quelque chose sur moi si tu me demandais pourquoi j'aime les hippopotames.
– D'accord, a-t-il joué le jeu. Pourquoi est-ce que tu aimes les hippopotames ?
– Hormis le fait que je les trouve super mignons, ce sont des animaux qui me fascinent parce qu'ils ont l'air inoffensifs alors qu'en vérité ils sont très dangereux. Un hippopotame peut te broyer en deux secondes. Mais la plupart du temps ce sont des animaux paisibles. En fait, ils sont inoffensifs et féroces à la fois.
– Ça ne me dit toujours rien de toi.
– Bien sûr que si. Un animal préféré, c'est un peu comme un totem. Toi, par exemple, quel est ton animal préféré ?
Il a hésité quelques instants.
– J'aimerais te sortir un truc original du style le puma des neiges ou le renard à poils argentés, mais en vérité je crois que c'est le chien tout simplement.
– Je parie que tu es loyal, fidèle et gentil avec tout le monde.
– C'est pas faux. Enfin pas avec tout le monde quand même.
– Avec les gens qui te veulent du bien.
Il a hoché la tête.
– Eh bien, moi, je suis comme les hippopotames.
– Il me semblait bien qu'il y avait un petit air de ressemblance, m'a-t-il charriée en posant sa main sur ma cuisse, faisant mine de la tâter.
Je lui ai donné une petite tape sur les mains.
– Pas physiquement, bien sûr. Mais pour le reste...
– Inoffensive et féroce à la fois ?
J'ai confirmé par un haussement d'épaules. Il m'a dévisagée comme s'il cherchait tant bien que mal mon côté féroce. C'est vrai qu'en ce moment je devais plutôt ressembler à un animal vulnérable et sans défense suppliant qu'on le prenne dans les bras.
– Dans quelles circonstances est-ce que l'hippopotame devient agressif ? a-t-il demandé.
– Quand il se sent menacé.
– Alors j'essayerai de faire en sorte que tu ne te sentes jamais menacée en ma présence.
Il se voulait probablement bienveillant, mais ça m'a fait grimacer. Ce genre de paroles pseudo-rassurantes me passaient au-dessus de la tête.
– Le problème, c'est qu'on ne sait jamais ce qui menace les gens. On ne connaît pas leurs points faibles avant qu'on les ait touchés. Et, à ce moment-là, c'est déjà trop tard.
– On gagnerait peut-être du temps si tu me disais directement quels sont tes points faibles.
– Ce ne serait pas du jeu. Par principe, un point faible ne se dévoile pas.
– Sauf aux personnes en qui tu as vraiment confiance.
– Cette discussion commence à devenir un peu trop sérieuse pour moi, ai-je grommelé.
– Aurais-je mis le doigt sur un de tes points faibles ? a-t-il déclaré avec un éclat de triomphe dans la voix. Tu n'aimes pas les discussions sérieuses. Ça t'embarrasse. Tu as vraiment une tête d'hippopotame furieux en ce moment.
– Et toi tu es un véritable limier. Garde ta truffe dans tes affaires.
– Je préfère la fourrer dans ton cou.
J'ai gloussé tandis qu'il glissait sa main dans mes cheveux pour m'attirer contre lui, déposant un baiser langoureux dans mon cou puis remontant lentement jusqu'à mes lèvres.
Il n'embrassait pas du tout comme un pied.
Il embrassait comme s'il m'avait déjà embrassée et qu'il savait exactement quoi faire pour me donner l'impression qu'il n'y avait plus de sol sous mes jambes et plus de plafond au-dessus de ma tête. Expert dans l'art du mirage. Heureusement que je gardais toujours mon cœur scotché à la piste d'atterrissage.
– Le gouvernement plutonien a fait un très bon choix, ai-je murmuré avec un sourire.
*
Alors que je raccompagnais Laslo, toujours sur mon petit nuage, nous avons croisé Irlanda qui gravissait les escaliers. Elle a dévisagé Laslo d'un air désapprobateur avant de baisser les yeux.
– Je te présente Laslo.
– Enchantée, a-t-elle répondu d'un ton frigorifique sans le regarder.
Mais c'était quoi son problème ?
– Euh, enchanté, a répliqué Laslo qui visiblement ne comprenait pas pourquoi un accueil aussi glacial lui était réservé.
– Elle est exténuée, lui ai-je soufflé pour le rassurer. Essaie d'enchaîner quatre heures de danse et tu verras le résultat.
Après l'avoir embrassé une dernière fois sur le pas de la porte, je suis rentrée dans l'appartement d'Irlanda sans prendre la peine de frapper. De la lumière émanait de la salle de bains. J'entendais l'eau couler.
– Il y a un problème ? ai-je lancé de l'autre côté de la porte. Tu n'as pas l'air d'apprécier mon nouveau mec.
Le bruit de l'eau a cessé, comme si elle venait de fermer le robinet. Je l'ai entendue farfouiller dans sa trousse de toilette et déboucher un flacon.
– Ton nouveau mec ou ton nouveau détritus ?
– Pardon ?
Elle avait de la chance que la porte soit verrouillée.
– Tu sais très bien que tu vas le jeter comme les autres. Je n'ai pas envie de me donner la peine d'apprendre à le connaître.
Au bout d'une minute, elle ouvert la porte, complètement démaquillée, ses cheveux relevés en un chignon ananas.
– Désormais je préfèrerais que tu leur donnes un nom générique, histoire que j'évite de m'y attacher et de m'encombrer le cerveau avec des informations inutiles. On pourrait l'appeler détritus numéro quatre ou jouet numéro quatre, comme tu préfères.
Elle s'est dirigée vers la cuisine, comme si ce qu'elle venait de dire n'était pas horrible.
– Je te trouve super dure.
– Non, je suis juste... Attends, c'est quoi encore ton expression ? (Elle s'est retournée, un sachet de thé à la main.) Éveillée ! Voilà, je suis juste éveillée, lucide, réaliste, m'a-t-elle balancé à la figure avec un regard narquois.
– Qu'est-ce qui te contrarie autant ?
– C'est un élève de madame Henkle a-t-elle mentionné gravement. Je parie que tu lui as mis le grappin dessus à ce speed dating.
Je n'ai pas cherché à nier.
– Et alors ?
– Tu as pris la place de quelqu'un d'autre. Ces gens étaient vraiment là pour trouver l'amour. Ils avaient des difficultés. Ils étaient sincères. Et toi tu débarques, tu rafles le plus beau mec et tu t'en vas. Tu aurais pu le laisser rencontrer quelqu'un qui voulait vraiment faire un bout de chemin avec lui.
– Il était là pour accompagner sa sœur. Je ne crois pas qu'il cherchait vraiment le grand amour. Et puis je compte bien faire un bout de chemin avec lui.
– Un bout, juste un bout, s'est-elle écriée en agitant son sachet de thé, c'est bien ça le problème. Il y a des gens qui veulent faire tout le chemin.
– Mais ils trébuchent toujours en cours de route. Ils ne vont jamais jusqu'au bout.
– Peu importe. Ils ont l'intention d'aller le plus loin possible, c'est déjà bien.
– Moi je sais que ça ne durera pas, alors j'essaie d'en profiter le plus possible, c'est bien aussi, lui ai-je rétorqué.
Elle a grogné avant de se retourner pour enclencher sa bouilloire.
– Tu ne veux pas que je te raconte ma soirée ?
D'habitude, Irlanda adorait que je lui raconte mes rendez-vous dans les moindres détails.
– Non, je ne veux rien savoir de lui, m'a-t-elle opposé d'un ton implacable. J'y ai cru avec Mattéo, je me suis passionnée pour les détails de votre pseudo-couple, puis il a fallu que je le console à ta place. Ça m'a fait mal au cœur presque autant qu'à lui. Alors il restera détritus numéro quatre ou jouet jusqu'à ce que tu me prouves que tu comptes réellement t'investir avec lui.
La bouilloire a sifflé comme une mise en garde.
– Au fait, pourquoi numéro quatre ?
– Liam, Thomas, Mattéo, a-t-elle énuméré. Ça sera le quatrième dont tu vas réduire le cœur en miettes. Tu veux un thé à la menthe ? a-t-elle demandé en soulevant sa bouilloire.
– Non merci. Tu es vraiment insupportable ce soir.
– Je te remercie du compliment, a-t-elle dit tandis que des effluves de menthe envahissaient la pièce. Au fait, on a fait un pari et tu t'es engagée à faire des efforts dans ta prochaine relation.
– Je compte bien en faire.
– Qu'est-ce que tu as prévu ?
– Je n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir.
– Eh bien, réfléchis vite si tu ne veux pas que je continue à l'appeler détritus numéro quatre, m'a-t-elle conseillé avec un regard appuyé.
Ses provocations commençaient à me mettre hors de moi.
– Ce n'est pas parce que tu as un cœur de guimauve que tu dois exiger que tout le monde soit aussi sentimental que toi !
– Je ne te demande pas d'être aussi sentimental que moi. Je te demande juste d'être honnête. Avec les mecs avec qui tu sors, mais surtout avec moi. Parce que quand tu t'enthousiasmes sur un mec, que tu ne m'en dis que du bien, puis que du jour au lendemain, tu n'en veux plus, ça me donne l'impression d'avoir été prise pour une dinde moi aussi.
Elle a soufflé un peu fort sur sa tasse, avant de boire une gorgée.
– Je ne t'ai jamais prise pour une dinde. Tout le monde a le droit de changer d'avis, non ?
– Oui, bien sûr, a-t-elle répondu avec un brin de sarcasme. On peut changer d'avis comme de chaussette. On pourrait l'appeler chaussette numéro quatre, si tu préfères.
J'ai levé les yeux au ciel, excédée, avant de tourner les talons.
– Bonne soirée ! a lancé Irlanda dans mon dos. Que la nuit te porte conseil !
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J'espère que vous avez apprécié ce chapitre. Que pensez-vous du personnage de Laslo ? Pensez-vous qu'il va faire long feu ou qu'Elsa va le jeter comme une chaussette ?
J'en profite pour vous remercier pour vos votes et vos commentaires qui m'aident sincèrement.
Merci d'être au rendez-vous
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