Chapitre 5

Bonne lecture !

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Aaron

J'étais allongé sur ma banquette, devant la table en attendant le repas. Ma sœur, Silène se trouvait à côté de moi et se regardait nonchalamment dans un miroir. A ma droite, mon père discutait tranquillement avec ma mère. Je roulai des yeux. Ils devaient encore essayer de m'arranger un mariage avec une patricienne. Je retins un bâillement. J'étais épuisé, la veille nous étions rentrés tard de chez le magistrat. Sa fille avait passé la soirée à glousser à mon oreille, alors que j'essayais d'écouter les discussions politiques de la ville. Une dinde sans cervelle. Je m'étais retenu à plusieurs reprises de partir en pleins milieu de la conversation. Finalement, le diner avait pris fin et mes parents étaient repartis à la villa. Pour ma part, je m'étais mis à me promener, songeur. J'avais passé une heure ou deux à regarder les étoiles dans le jardin avant de rentrer dans ma chambre, exténué.

Je regardais la table avec insistance, comme ci les plats allaient apparaitre par magie. Je mourrai de faim. Littéralement. Les dieux durent entendre mes prières car deux esclaves sortir de la cuisine, les bras chargés de mets. Eulalie et Daphnée. Cette dernière était encore plus belle une fois lavée et avec des vêtements propres. Je détournai rapidement le regard, m'intéressant à ce qu'elle tenait dans ses mains. Des gâteaux au fromage de chèvre ! Merci Jupiter, j'étais ravi ! Je souris et me redressai légèrement, attendant qu'elle pose le plat sur la table. Une fois tout disposé, les filles repartir, et nous nous mîmes à manger. Cela me fit un bien fou ! Nous discutions tranquillement moi et mon père quand Daphnée revint quelques minutes plus tard avec une carafe de vin.

- Mon fils, dans deux jours, nous nous rendrons toi et moi chez Sébastien. Sa fille Rosa vient de rentrer de la capitale grecque. Elle devait se marier avec un jeune athénien, mais celui-ci a annulé les fiançailles au dernier moment. Il parait qu'elle est ravissante.

Il me fit un clin d'œil et but une gorgée après que Daphnée l'eut servi. Lorsqu'il avait abordé le sujet, elle avait ralenti le mouvement, écoutant attentivement la discussion. Je souris. Pas très discrète la coquine. Elle finit par me servir à mon tour, lorsque je réalisais soudainement quelque chose.

- Tu m'as bien dit que le père était Sébastien ?

- Oui, tu sais bien, il a réputation d'être très sévère avec tous ses esclaves. Il paraît qu'il vient d'en acquérir un nouveau à la vente qui avait lieu hier.

Daphnée sursauta et renversa du vin partout sur mère, qui s'emporta immédiatement.

- Fais attention petite sotte ! Quelle incapable ! Qu'est-ce que tu nous as ramené là, Aaron ? s'écria-t-elle déjà debout.

Elle allait la frapper je le sentais. Je me levai d'un coup, près à intervenir. Pour je ne sais quelle raison, je souhaitais que Daphnée retourne à la cuisine avant que la situation ne dérape. Je lui ordonnai d'un ton froid.

- Réagis ! Va chercher de quoi nettoyer au lieu de la regarder béatement ! je repris plus calmement, mère asseyez vous, cela n'en vaut pas la peine.

Alors que ma mère se rasseyait, Daphnée partit précipitamment. Mon père et ma sœur s'étaient tus et regardaient la situation, impassibles. Mère toussota et repris :

- Bref, je ne suis pas à une tunique près. Ce n'est pas comme-ci nous n'avions pas de moyens... Elle m'énerve déjà avec sa petite tête d'innocente. Cela a intérêt d'être la première et dernière erreur qu'elle fait !

- Moi non plus je ne l'aime pas, cracha ma sœur, Silène. Elle a un air de potiche et est d'une lenteur ! Ce n'est pas ton cerveau que tu faisais fonctionner quand tu l'as choisi, Aaron, à mon avis, ricana-t-elle.

- Ca suffit ! m'emportai-je.

Je ne savais pas si je m'énervais à propos de ce qu'elle avait dit sur moi, ou à cause des paroles qu'elle avait eu à l'encontre de Daphnée. Pour ma part, à l'exception de ce petit incident, elle n'avait rien à se reprocher. Je n'avais pas de doute quand à la raison de son sursaut. Elle venait de comprendre que c'était le jeune homme brun, ce Marcus, qui était l'esclave de Sébastien. Elle devait s'inquiéter sur son sort, ou souhaitait tout simplement venir avec moi pour rejoindre son partenaire. Je souris méchamment. C'était hors de question. Elle n'allait certainement pas manquer de travailler pour aller batifoler avec l'autre abruti, et devant mon nez qui plus est !

Mes parents reprirent la discussion et Silène commença à manger une grappe de raison. Pour ma part, je lançai des coups d'œil fréquents dans la direction où Daphnée était partie. Mais qu'est-ce qu'elle fabriquait ? Elle s'était perdue en route ou quoi ? Impatient, je finis par me lever et parti sans explication. Je rentrai par la porte qui menait à la cuisine et la cherchait du regard. Je vis tout d'abord Stella qui me regardait d'un air ahuri. C'est vrai que je venais très rarement en cuisine. Elle saisit la raison de ma présence, et avant que je ne pose la moindre question, me répondit :

- Elle est partie chercher du lomentum pour enlever la tâche. Apparemment c'est dégraissant d'après ce qu'elle m'a dit. C'est avec de la farine de fève et des coquilles d'escarg....

Elle se tut avant que je lui dise de se taire, lorsqu'elle comprit que la composition de mixture ne m'intéressait guère.

- Deuxième porte à gauche dans le couloir, monsieur. dit-elle finalement.

Sans la remercier, je fis demi-tour et me rendis dans la pièce où nous conservions de la nourriture, des breuvages, des tissus ou certaines crèmes. Lorsque je pénétrai dans la salle remplie d'étagères, je ne la vis pas tout de suite. Finalement, je la repérai sur ma droite, dans un coin sombre au fond, en train de trifouiller dans une boîte en haut de l'étagère. Je m'attendais à trouver une expression soucieuse sur son visage serein, or, elle semblait seulement concentrée dans sa recherche.

- Alors comme ça on fait des bêtises dès le premier jour ? demandai-je narquois.

Elle releva brusquement la tête, ses mains immobiles. Elle fronça les sourcils, retenant visiblement une remarque cinglante et repris sa tâche. Elle eut soudain l'air de contenir ses larmes. Je me repris aussitôt, faisant un pas en avant.

- Je plaisantais, ma mère est parfois brusque. Il ne faut pas te ronger pour cela. Tu t'étais perdue en chemin ou bien ? Cela fait au moins un quart d'heure que tu es parti. Souris-je.

Mais qu'est-ce qui m'arrivait ? Pourquoi essayai-je donc de la rassurer ? Cela marcha néanmoins car elle eu l'air de contenir un sourire. Cependant au bout de quelques instants, elle réalisa que j'avais remarqué et repris une expression neutre avant de déclarer.

- Ce n'est certainement pas pour la remarque de votre mère que je suis dans cet état. Siffla-t-elle.

Je m'arrêtai à nouveau. Le ton qu'elle employa avec moi me mécontenta. Et pourquoi donc ces larmes, dans ce cas ?me demandais-je. Elle n'allait tout de même pas me faire croire qu'une autorité romaine lui tapant sur les doigts ne lui faisait aucun effet.

- Parle-moi avec plus de respect. Si ce n'est pas la remarque de mère qui te fait pleurer, qu'est-ce ?

- Cela ne vous regarde pas.

Je grognai. Elle se fichait de moi ou quoi ? Je venais de lui faire comprendre qu'ici, c'était moi qui commandais et voilà qu'elle se mettait à décider ce qui lui plaisait ou non de me raconter. Elle vit à quel point son attitude me renfrognait et soupira. Elle s'essuya une larme avec son coude et finit par répondre.

- Je m'inquiète. Pour l'esclave qui est chez ce... Sébastien. Je ne veux pas qu'il lui fasse de mal.

Mes yeux s'ouvrirent en grand. J'avais mal interprété la situation. Moi qui pensais qu'elle se faisait du souci pour sa petite personne. J'avais faux sur toute la ligne. Son sort lui importait peu. Ce qui comptait, c'était celui du jeune homme. Sans le vouloir, je ressentis une pointe de jalousie à son égard. Jamais personne ne s'était alarmé à ce point sur mon sort. Comme la fois précédente, je ne pu m'empêcher de la réconforter.

- Il s'en sortira. Il a l'air solide.

- Votre père a dit, il y a de cela quelques minutes, qu'il n'avait aucune pitié envers ses esclaves. Vos propos ne peuvent pas être crédibles si vous n'y croyez pas vous-même.

Elle a de la réparti la petite. Elle planta ses yeux verts dans les miens. Je souris, cela me plaisait finalement. Je m'appuyai contre l'étagère derrière moi et croisai les bras, toujours le sourire aux lèvres.

- Qu'est-ce que tu aurais préféré que je dise ?

- Je ne vous avais rien demandé.

Sur ce, elle prit le petit pot tant recherché, posa la boîte et sortit de la pièce sans un regard en arrière. J'en restai bouche-bée. J'étais venu pour la gronder à cause de sa lenteur à revenir, afin qu'elle aide ma mère, et je me retrouvais seul dans une pièce après avoir essayé, je ne sais pour quelle raison, de faire la conversation.

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