Chapitre 30
Wahou ! Déjà le 30e chapitre ! Merci à tous de me suivre ! Un chapitre plutôt long et pleins de rebondissements et de confessions ! J'espère que vous allez aimer ! Laissez un commentaire, ça me fera plaisir, en plus, c'est mon anniversaire... ;) Bonne lecture !
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L'atmosphère de la villa était on ne peut plus morose quand je servis le petit déjeuner au matin. Personne n'osait avancer le moindre mot, et chaque visage affichait une mine désespérée. Finalement, le genou tressautant, Sébastien s'exclama :
- Nom de Jupiter ! Y'aura-t-il un jour où ma fille trouvera un mari ?! Le premier part avec une autre femme, et voilà que le second disparait en mer ! Les dieux ont-ils quelques choses contre nous ?
- Père ! s'offusqua Rosa en rougissant. Ne dites pas pareil horreur ! Je m'inquiète d'avantage pour son sort que pour une union à venir !
- Ne sois pas stupide, si tu le perds, tu seras à nouveau recouverte de honte ! Le peuple va se demander pourquoi tous les hommes avec qui tu es fiancée te fuient !
- Veuillez m'excuser un instant.
Rosa se leva les larmes aux yeux, et s'éclipsa dans sa chambre. J'hésitai à la suivre pour lui proposer mon aide, comme il en était de mon devoir, mais décidai de rester ici, écoutant par la même occasion la suite de la conversation.
- Sébastien, arrêtez, je vous prie ! déclara Carmen d'un ton sec. Vous êtes chez moi, il est extrêmement déplacé de parlez de mon fils ainsi. Ayez un semblant de pitié pour une pauvre femme qui se demande si son mari et son fils sont encore en vie.
Pour une fois, je fus d'accord avec ce qu'avança Carmen. Personne n'avait que faire d'un mariage en cet instant. Le plus important était qu'ils reviennent sains et saufs. J'eus encore une fois un élan de dégoût envers cet homme qui ne se souciait que de son propre intérêt, et dont le malheur des autres était sans aucune importance. En plus de cela, il se permettait de décrédibiliser sa propre fille devant sa « potentiellement » future belle-famille.
Sébastien se renfrogna et s'enfonça d'avantage dans son divan. Eulalie lui lançait des éclairs avec ses yeux mais tint sa langue. Comme la conversation avait cessée, je partis à la rencontre de Rosa. Je toquai doucement et entrai dans la chambre d'ami. Elle s'était allongée sur son lit et regardait pensivement le plafond.
- C'est ce que tout le monde doit se dire... murmura-t-elle en retenant une larme, que je suis incapable de plaire à un homme, au point qu'il veuille se marier avec moi... Pourtant, cela m'est complètement égal. Tout ce que je veux, c'est qu'Aaron revienne en bonne santé, même si nous ne nous mariions pas au final. Je sais que c'est ridicule... Je le connais à peine, mais je le trouve fascinant.
Je restai interdite. J'avais sous estimé ses sentiments pour mon maître. La confusion s'empara de moi. Cette jeune femme que je voulais à tout prix détester avait si bon fond... Elle était blessée par son passé et amoureuse de l'homme qui occupait mes pensées. J'étais jalouse, mais je la comprenais. Je réalisais à cet instant pour quelles raisons mon frère tenait tant à Rosa. La lassitude m'envahit, il ne servait à rien que je la haïsse pour ses sentiments, elle n'y pouvait rien... Moi-même, j'avais essayé de les contenir sans succès. Nous n'avions plus qu'à nous soutenir et à espérer qu'Aaron soit de retour.
- Vous êtes belle, gentille et intelligente. Des dizaines d'hommes doivent être à vos pieds. Je comprends, ce que vous voulez dire. Le maître Aaron est un homme très... plaisant.
J'avais hésité avant de dire le dernier mot. Il était bien plus que plaisant, mais je ne pouvais dévoiler l'ampleur de ce que je ressentais pour lui. Elle tourna doucement sa tête vers moi, et me sourit. Dehors, il s'était doucement remis à bruiner, mais ce n'était rien comparé à la veille.
Je lui apportai une couverture comme au précédent repas et ressortis discrètement. Elle devait sûrement vouloir être seule. Je rejoignis Eulalie dans la laverie, qui me fit un regard empli de compassion. Elle me sourit tristement et me tendit de quoi enlever la poussière. Munie de mon chiffon, je me mis à frotter les meubles pour me vider l'esprit. Frotter pendant des heures était épuisant, mais cela me fit du bien. C'était une fatigue agréable après une nuit sans sommeil.
Soudain, aux alentours de midi la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et on entendit clamer :
- Désolé, nous sommes légèrement en retard pour le repas.
Je me levai d'un bond, c'était lui ! Aaron était de retour ! On ne peut plus vivant avec son sourire ravageur et ses cheveux dégoulinant de pluie. Lorsqu'il m'aperçut, ses gestes se figèrent et ses yeux bleus océan transpercèrent les miens. Il semblait me sonder. Je fis un pas en avant, mais tout se passa trop rapidement. Des pas précipités retentirent sur les dalles et tout à coup, Rosa se trouvait dans ses bras, pleurant à chaudes larmes. Il lui rendit son étreinte, visiblement surpris. Carmen, Silène et Sébastien se trouvaient derrière moi, bouleversés. La maitresse de maison ne se retint pas plus longtemps et partis rapidement rejoindre son mari tout aussi dégoulinant, dans une embrassade soulagée. Emue, Silène murmura :
- Père, Aaron, j'ai eu si peur.
Et elle partit se blottir contre son frère qui avait relâché Rosa. Toute la famille était à nouveau réunie et cela me réchauffa le cœur. Mes jambes tremblaient, tant le choc et le soulagement avaient été puissants.
Finalement, Carmen reprit de sa froideur et lança avec aplomb :
- Bien, maintenant que vous êtes de retour, nous pouvons nous asseoir et vous nous raconterez ce qu'il s'est passé. Daphnée, va chercher à manger et à boire, ils doivent mourir de faim ! dit-elle sèchement.
Encore une fois, le regard d'Aaron se posa sur moi et il sembla vouloir me dire mille choses. Il se détourna rapidement et s'assit. Rosa accourut pour se serrer contre lui et mon empathie passée disparut aussi vite qu'elle était apparue.
En cuisine, je fus soulagée de trouver Julius. Il semblait malheureusement malade, le teint pale et les yeux rouges, en plus de sa peau et ses vêtements trempés. Stella s'activait pour cuisiner, mais je vis à ses yeux brillants qu'elle était soulagée. Eulalie frottait doucement Julius avec une serviette, inquiète. Lorsqu'elle me vit, sa voix se fit à moitié étranglée :
- Il a passé le plus gros de la tempête et toute la nuit à attendre au port.
- Pourquoi n'es-tu pas parti te mettre à l'abri ? m'inquiétais-je en me tournant vers mon ami.
- Le plus proche était à une vingtaine de mètre, mais avec le temps, on ne voyait rien à cette distance. J'étais obligé de rester si je voulais voir le bateau arrivé et pouvoir avertir quelqu'un. Vers minuit, quand le temps s'est enfin calmé, je suis parti me mettre à l'abri et j'ai attendu dans le froid.
- Que s'est-il passé ? A quelle heure ont-ils accosté ?
- Daphnée ! rugit Carmen de la salle à manger, tu ne pourrais pas de dépêcher pour une fois, dans ta minable vie ?
Je fermai les yeux en fulminant et repartis dans le salon, chargée de plat. Eulalie resta dans la cuisine pour s'occuper de Julius. Les discussions avait joyeusement repris. J'apportais de petites friandises que je fis circuler. Quand je passai au tour d'Aaron, ses doigts effleurèrent ma main et un frisson me parcourut. Son toucher m'avait tant manqué.
- Merci, Daphnée.
Sa voix était comme une caresse et je lui rendis un faible sourire. Finalement, Carmen s'écria en tapant dans ses mains :
- Bon ! Ce n'est pas tout de vous savoir en vie ! Nous nous sommes fait un sang d'encre, que s'est-il passé ?
Le regard d'Aaron s'assombrit et son père se frotta les yeux, ressassant de mauvais souvenirs. Finalement, il prit la parole.
- Il était prévu qu'il y ait de la pluie, commença-t-il d'une voix rauque. Seulement, quand nous avons compris qu'une tempête se préparait, il était déjà trop tard, nous étions en pleine mer.
- Malgré tout, reprit Aaron, nous avons continué, il n'y avait rien d'autre à faire. Au fil des heures, le ciel devenait de plus en plus menaçant, et la mer si agitée...
- Et il s'est mis à pleuvoir si fort ! Un vrai déluge ! Le bateau tanguait, on ne voyait rien à l'horizon et il était presque impossible de contrôler le navire, malgré le grand nombre d'hommes qui étaient à bord.
Les yeux de Julien étaient hantés pas des souvenirs marquants. Ils avaient failli perdre la vie. Comme il ne semblait pas vouloir poursuivre, Aaron continua :
- La mer était si mouvementée ! Le bateau a failli.... chavirer, sa voix se brisa, mais il se reprit. Malheureusement, le vaisseau était si incliné que deux de nos hommes sont passés par-dessus bord. Oh ! Comme j'ai prié Neptune à ce moment là ! Nous ne pouvions plus rien faire pour eux, mais il était absolument impensable de laisser d'autres vies y passer.
- Alors, déclara Julien qui s'était repris, nous avons décidé que le mieux à faire était de changer la trajectoire du bateau. C'était risqué, mais il en allait de nos vies. L'orage se déchainait toujours violemment, mais heureusement, les vagues étaient à nouveau de taille navigable.
- Au bout d'une heure, finit Aaron, nous avons vu la terre ferme et avons accosté sur un port d'un petit village, au sud de Rome. Nous avons passé la nuit dans une auberge, et comme le temps s'était calmé le lendemain, nous sommes repartis. Et nous voilà !
Personne ne parlait, chacun se délectant de la chance qu'ils avaient eue. Rosa devait être en train de broyer la main d'Aaron et Silène secouait la tête, n'en croyant pas ses yeux. Même Carmen semblait émue pour une fois. Seul Sébastien était impassible et tapa dans ses mains :
- Bon ! Tout est bien qui finit bien.
- Qui finit bien ? gronda Aaron le regard noir. Deux hommes sont morts, hier.
- Simple détail, sourit le père de Rosa. Vous êtes en vie, vous pouvez donc toujours vous marier.
Aaron eut un rire sans joie.
- Excusez-moi de vous l'annoncer, mais je n'ai absolument pas la tête à cela. Comme vous l'avez sûrement compris, je viens de frôler la mort avec mon père. Alors, si vous voulez bien m'excuser.
Il se leva, après avoir baisé la main de Rosa qui était complètement déboussolée, et partit en direction de sa chambre d'un pas rapide. Je le regardais s'éloigner, fière de sa réaction. La pauvre Rosa était quant à elle, blessée qu'il est réagit ainsi lorsque son insensible de père avait évoqué le mariage.
A nouveau, ce fut le silence dans la pièce. Finalement, Julien toussota et s'excusa à son tour, déclarant qu'il avait besoin de sommeil. Rosa se reprit et finit par s'exprimer.
- Merci de votre accueil. Maintenant que nous sommes rassurés, nous n'allons pas vous déranger plus longtemps. Vous avez sûrement besoin de profiter de vos proches.
- Ma chère Rosa, acquiesça Carmen en lui prenant les deux mains, vous êtes si compréhensible et si douce. Merci de ne pas reprocher le comportement de mon fils, il doit être encore légèrement secoué. Venez nous rendre visite quand bon vous semble.
Elle appuya son propos par un clin d'œil complice qui m'horripila. Sébastien s'inclina et sourit froidement. Ils partirent récupérer leurs affaires dans leur chambre respective et nous nous retrouvâmes dans l'entrée. Quelques malles trempées étaient éparpillées par terre. Ce devait être Julius qui les avait portées jusqu'ici. Comme personne ne se souciait de moi, je repartis en direction de la cuisine, les laissant se saluer.
Eulalie était toujours accrochée à Julius qui ne s'en plaignait absolument pas. Il mangeait goulument une sorte de bouillie. Je m'assis à une table, reprenant mes émotions. Aaron allait bien et il n'avait pas l'air de me détester. Il s'était emporté quand Sébastien avait parlé de mariage. Un petit sourire s'épanouit sur mes lèvres. Je me détendis. C'est à ce moment là que je me rendis compte à quel point mon corps s'était crispé au fil des jours. Une assiette remplie de la même bouillie se retrouva devant mon nez.
- Mange, m'ordonna Stella les bras croisés et les sourcils froncés. Tu n'as presque rien avalé depuis hier.
Mon ventre, jusqu'à présent si emberlificoté par l'angoisse, en profita pour émettre un gargouillement peu discret. Je me saisis de la cuillère et attaquai mon plat, reconnaissante.
Après cela, je repartis voir Silène pour m'occuper d'elle. Lorsqu'elle me vit, elle m'accueillit avec un regard accusateur.
- Tu n'étais pas là pour moi, hier soir... Tu as préféré t'occuper de Rosa ?
Je me mis à danser d'un pied sur l'autre, mal à l'aise.
- Je ne pensais pas avoir le choix... Elle était toute secouée.
- Tu crois que moi, je ne l'étais pas ? trancha-t-elle.
- Pardon.
C'est vrai que j'avais délaissé Silène pour Rosa, et je le regrettai légèrement. Je passais de bons moments avec la sœur d'Aaron, elle avait juste besoin de compagnie et de se sentir entourée pour laisser parler sa bonne humeur. Mais j'avais eu pitié de Rosa qui semblait si triste et angoissée, il me semblait que je m'étais identifiée à elle car nous devions ressentir la même chose. La compassion avait malheureusement vite disparue quand je l'avais retrouvé collée à Aaron.
Silène soupira finalement, et me dit que ce n'était pas grave. Je m'approchai et me mis à lui brosser les cheveux en fredonnant. Elle se détendit immédiatement et le reste de l'après midi se déroula tranquillement. Je mourrais d'envie de courir rejoindre Aaron dans sa chambre, pour que nous nous voyions seul à seul mais je n'en eu pas le courage.
Au repas du soir, il me lança à nouveau des regards appuyés qui firent accélérer les battements de mon cœur. J'essayais de ne rien laisser paraitre, mais un petit sourire ravi était apparu à la commissure de mes lèvres. A chaque fois que je tendais un plat, ou que je lui servais du vin, nous nous frôlions, ce qui me déstabilisait. Personne ne sembla rien remarquer, mais il prit un malin plaisir à continuer. Il avait la mine reposée, et s'était rasé. Il était à nouveau radieux, après une allure de rescapé.
J'étais maintenant assise dans ma chambre, à nouveau détendue. Il était tard et j'hésitais à partir voir discrètement Aaron quand quelqu'un toqua doucement à ma porte. Surprise, je me relevai et partis ouvrir, curieuse de découvrir le visiteur nocturne. Peut être qu'Eulalie avait oublié de me dire quelque chose... Mais ce n'était pas Eulalie. Aaron, se trouvait sur le pas de la porte, beau comme un dieu, et me sourit, tout gêné.
- Je peux entrer, ou tu comptes me taper ?
Je fronçai les sourcils. Visiblement, il n'avait pas oublié mon petit discours avant de se quitter. Ce fut à mon tour de paraitre gênée et je me reculai pour qu'il puisse entrer.
- Je crois que vous avez assez subit, ces dernières vingt-quatre heures... souris-je finalement.
Il parut soulagé par ma réaction et s'assit au bord de mon lit. Il se passa une main dans les cheveux, visiblement nerveux, et déclara :
- Ecoute, je suis venu m'excuser. La façon dont je t'ai traitée était... inadmissible. Je regrette, mais je cherchais juste à te protéger. Je ne te considère pas juste comme une esclave, tu es bien plus que cela. Tu es... une amie.
Son aveu m'émut. Alors il avait eut tout ces propos et ces actes blessants pour me protéger ? Je m'assis à côté de lui, secouée par ses aveux.
- Mais pourquoi avoir été si dur ? Pourquoi ne pas me l'avoir fait comprendre gentiment ?
Une grimace de regret déforma son beau visage et ses yeux s'assombrirent.
- J'aurais dû... Mais j'avais peur que tu me retiennes, et je savais que si tu me demandais de continuer, je n'aurais pas résisté.
Il eut un faible sourire.
- Tu sais que c'est dur de te dire non ? murmura-t-il, et puis sa mâchoire se contracta et il serra les poings. Qu'est-ce que je me suis haï quand je t'ai vu monter sur l'estrade. Tu étais terrorisée et j'avais tellement peur qu'un homme s'approche de toi.
Il inspira brusquement et ferma un instant les yeux avant de les rouvrir, encore plus sombres.
- Quand j'ai vu ses mains sur toi... je n'ai pas pu me retenir, je l'ai tabassé. Il avait osé te toucher.
- Merci de m'avoir sorti de là... chuchotai-je reconnaissante, et touchée par ses aveux.
- Tout ce que tu m'as dit quand nous sommes sortis était juste, tu n'as pas à t'en vouloir pour tes propos. Le lendemain, quand j'ai voulu m'excuser, Eulalie m'a avoué que tu n'étais toujours pas rentrée. J'ai cru que tu t'étais enfuie et que je ne te reverrai jamais. J'étais en colère et soulagé, mais si déçu... Le pire, c'est que tu serais partie avec l'idée que je n'en avais absolument rien à faire de toi.
- J'avais peur que vous me détestiez à votre retour avouai-je... Vous m'avez manqué, et j'ai eu le temps de réfléchir à tout ce qui s'était passé avant votre départ.
Il me prit la main, ce qui m'électrisa. Ses yeux à nouveau bleus océans, sondèrent les miens.
- Crois-moi, moi aussi j'y ai réfléchis. J'ai beaucoup pensé à toi Daphnée, pendant le voyage. Même si je pensais ne jamais te revoir... J'étais si soulagé quand je t'ai vu ce matin, si heureux !
- Eh bien moi aussi ! J'ai bien cru que la tempête vous avez eu !
Son sourire se décomposa quand il se remémora la nuit précédente. Il déglutit.
- Tu sais, me confia-t-il doucement, quand j'ai cru que mon heure était venue, la seule chose à laquelle je pensais, c'était toi. Juste toi. Tes yeux, ton sourire et ton mauvais caractère. J'ai compris que c'était la fin et j'ai tellement eu peur. Pas de mourir, non, mais de ne plus jamais te serrer dans mes bras.
J'éclatai en sanglot et me blottis dans ses bras protecteurs qui m'avaient tant manqué. Il me caressa les cheveux et posa sa tête au creux de mon cou, inspirant mon odeur.
- Tu sens tellement bon, cela aussi m'aurait manqué.
Je souris contre son torse. Nous restâmes un instant dans cette position, profitant l'un de l'autre, après tant de frayeurs. Finalement, il se détacha doucement, et fouilla dans sa tunique avant de me tendre un petit paquet. Je fronçai les sourcils.
- Qu'est-ce ?
Il leva les yeux au ciel en riant.
- Ouvre, au lieu de poser des questions.
Je m'emparai de l'emballage mystère et marquai un temps d'arrêt. Que pouvait-il bien se trouver là-dedans ? Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je déballai ce que je tenais entre les mains. J'écarquillai les yeux.
- Nom de Jupiter, Aaron ! C'est pour moi ?
Il hocha la tête en souriant pendant que je secouai la tête n'y croyant pas.
- Ce n'est pas possible. Je ne peux pas accepter cela, c'est beaucoup trop...
- Bien sûr que si, tu le peux.
Il inspira profondément et nous regardâmes tout les deux le magnifique collier que je tenais au creux de mes mains. C'était une simple chaine, avec comme pendentif une goutte discrète. Mais la goutte était remplie par une pierre d'émeraude.
- Quand j'ai vu ce bijou, dans un marché en Grèce, relata-t-il en souriant, j'ai tout de suite pensé à toi. C'est délicat et fin, mais surtout, l'émeraude à la même couleur que tes yeux.
Nous relevâmes la tête en nous contemplant. Mes mains tremblaient et une douce chaleur avait envahit mon corps.
- Et puis, reprit-il, je me suis dit, et si Daphnée était toujours là ? Et si elle attendait à la villa ? J'ai repensé à l'histoire que tu m'avais racontée sur ce bracelet – il attrapa le bijou en bronze qui décorait mon poignet - et j'ai compris. J'ai compris ce que cela faisait d'être attaché à une personne, au point d'avoir quelque chose sur nous qui nous fasse penser à elle. J'ai voulu que tu pense à moi à chaque fois que tu sentirais ce collier au creux de ton cou. Alors je t'en prie, accepte-le.
Je hochai frénétiquement la tête, pleurant tant ce qu'il m'avait dit me touchait. Il tenait vraiment à moi. Il prit le collier et l'accrocha délicatement, après avoir soulevé mes cheveux. Un frisson parcourut tout mon corps quand ses doigts effleurèrent ma peau.
J'attrapai le collier et le fit rouler entre mes doigts, fascinée.
- C'est magnifique...
- Oui.
Quand je relevai la tête, il me regardait, un doux sourire sur les lèvres. Je rougis et détournai le regard. Soudain, il m'effleura la joue, là où un hématome s'était formé il y a quelques jours.
- Qui t'as fait cela ? gronda-t-il en fronçant les sourcils et contractant la mâchoire.
- Votre mère... avouai-je d'une voix faible.
Ses yeux lancèrent des éclairs quand il déclara qu'il allait lui en toucher deux mots. Au bout de quelques instants, il finit par se lever, pour ma plus grande déception.
- Il est tard, je vais te laisser dormir. Je crois que la journée a été forte en émotions.
Il m'embrassa sur le front et partit sur le pas de la porte. Avant qu'il ne referme celle-ci, je l'apostrophai :
- Aaron ?
- Oui ?
- Merci.
Il me fit un clin d'œil et referma la porte. Je ne lui disais pas seulement merci pour le collier. Je lui disais merci pour le poids du doute qu'il m'avait enlevé des épaules, pour ses aveux, et pour la colère qui s'était enfin évanouie grâce à lui.
Je m'allongeai dans mon lit, et m'endormie, sereine, le collier posé au creux de ma main. Au matin, ce n'est pas l'aurore qui me réveilla comme d'habitude, mais la main d'Eulalie qui me secouait. Elle semblait curieuse.
- Daphnée, il y a un jeune homme à l'entrée pour toi.
Un jeune homme ? Je ne connaissais pas de jeune homme à Rome, à part mon frère... Je me relevais en fronçant les sourcils et remontai les escaliers, Eulalie sur les talons. Une fois dans le hall désert, je repérai une silhouette musclée de dos. Il avait les cheveux blonds et courts. Quand il se retourna, mon cœur lâcha. Alexandre.
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