Chapitre 23

Le chapitre 23 est arrivé ! Bonne lecture ! :)

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Nous rentrâmes jusqu'à la villa, encore légèrement secoués par les évènements qui venaient de se produire. Finalement, je décidai de prendre la parole :

- Merci. Vous n'auriez pas dû, vous savez. Rosa va se poser des questions.

- Je dine avec elle ce soir, soupira-t-il. J'aurais tout le temps de lui trouver une excuse et de récupérer le temps perdu.

Je me forçai à sourire. Désormais, ils allaient commencer à passer beaucoup de temps ensembles. Bientôt, j'allais devoir la coiffer, l'habiller et lui faire la conversation. Je ne savais pas si j'allais arriver à faire comme-ci de rien n'était.

- Elle a l'air d'être une jeune femme charmante, en tout cas, la complimentai-je.

- Elle l'est. Nous nous entendons bien.

- C'est le principal, si vous voulez avoir un mariage heureux.

Il poussa à nouveau un soupire, et je le contemplai à la dérober. Il semblait soucieux.

- Vous ne voulez pas vous marier, c'est ça ? demandais-je doucement.

- Ce n'est pas l'idée qui me dérange. C'est le fait que je ne saurais jamais si c'était la bonne personne.

- La femme parfaite n'existe pas... murmurais-je.

Il tourna la tête vers moi, l'air sérieux, mais ne répondit rien. Nous marchions côte à côte, cependant, j'avais du mal à monter la pente. Il faisait encore chaud et je rêvai de me laver pour enlever toute cette transpiration qui me collait à la peau. Mon mal de crâne persistait, mais j'essayai de me convaincre qu'il était sans importance. Enfin, nous arrivâmes devant sa demeure et c'est avec un soupir de soulagement que je m'assis à l'ombre.

- Tu ferais mieux d'aller boire et de te reposer, tu sembles exténuée. Je m'en voudrais si tu faisais un second malaise, déclara Aaron en s'agenouillant à ma hauteur, un pli soucieux sur le front.

Il posa sa main sur mon épaule et j'acquiesçai. Il me frotta doucement le bras.

- Rentre, je dois y retourner.

- Au revoir.

Il sourit vaguement, hésita, comme-ci l'envie de rester le tentait. Finalement, il me salua et repartit en sens inverse. Au bout de quelques instants, après un effort, je me mis debout et mes jambes me portèrent jusqu'à la cuisine. Je bus rapidement un grand vers d'eau qui me fit un bien fou. Le liquide froid coulant le long de ma gorge était comme une bouffée d'oxygène après avoir passé des mois sans respirer. Je mangeais rapidement une pomme, et partis me reposer, exténuée. Lorsque ma tête rencontra mon oreiller, elle ne put s'en détacher à nouveau. Mes paupières papillonnèrent quelques instants avant de ne plus se rouvrir.

Il devait être un peu plus tard quand on me secoua brutalement. Je sortis de ma douce torpeur en marmonnant, motivée pour gronder la personne qui avait osée me réveiller. Mes yeux rencontrèrent deux prunelles noires inquiètes, et je ne pu retenir un sourire soulagé et ravi.

- Dis-moi que ça va ! Cela fait des heures que tu as disparue, j'étais morte d'inquiétude ! s'exclama Eulalie en ne cessant pas de gigoter.

Pour toute réponse, mes bras se resserrèrent de toutes mes forces autour d'elle.

- Tu me parles ! me ravis-je.

- Tu me manques. J'ai décidé que si tu continuais à voir fréquemment le maître, je ne pouvais pas t'en empêcher. De toute façon, je te fais confiance. Je sais que tu ne diras à personne que j'étais au courant.

Elle me comprenait ! Enfin, j'avais retrouvé mon amie et une immense joie m'emplit. Je lui racontais en détail ce qu'il m'était arrivé depuis ces derniers jours, jusqu'à la rencontre avec Sirius.

- Il parait qu'Aaron et lui ne se supportent pas. Tu as de la chance que cela ne se soit pas finit par une bagarre. Je ne l'ai jamais vu en vrai, j'espère que ta soirée de demain chez Victor ne tournera pas au drame... m'avoua mon amie.

- C'est tout ce que je souhaite ! ricanai-je, finalement je lui dis doucement : tu m'avais manqué.

- Oh, toi aussi Daphnée ! Mais ce n'est pas tout ! Maintenant, nous avons le service à préparer !

Je me levai, résignée, mais heureuse de parler à nouveau avec Eulalie. Après avoir aidé Stella à cuisiner, nous apportâmes les plats. Comme me l'avait dit Aaron, il était absent, sûrement occupé à discuter avec sa future. Quand le repas prit fin, je me rendis dans la chambre de Silène afin de l'aider à se préparer pour la nuit. Nous étions désormais en bons termes toutes les deux, même si nous n'étions bien évidemment pas devenues de grandes amies pour autant. Je brossais tranquillement ses cheveux, quand il me sembla important de lui rapporter ma confrontation avec Sirius.

- Je l'aie rencontré cet après-midi, déclarai-je, continuant mes gestes réguliers.

- Qui donc ? m'interrogea Silène, vaguement intéressée.

- Sirius.

La réaction fut immédiate : la seconde qui suivit, elle me faisait face, les yeux écarquillés.

- Comment ? Pour quelle occasion ? Pourquoi vous êtes vous parlés ? Tu lui as dit qui tu étais ? T'a-t'il parlé de moi ? débita-t-elle à la fois excitée et pleine d'espoir.

Je lui narrai ce qui s'était passé, évitant un maximum de le montrer sous son mauvais jour. Elle sembla malgré tout déçue, lorsqu'elle comprit qu'il n'avait pas fait mention d'elle.

- Il est gentil de t'avoir secouru, pensa-t-elle les yeux perdus dans le vide.

Je toussotais. Gentil n'était pas le premier mot qui m'était venu à l'esprit.

- Tu crois que je pourrais vous accompagner à cette soirée ? reprit Silène, pleine d'espoir.

- Je n'en ai pas la moindre idée. Il vaudrait mieux poser la question à votre frère.

- Il n'acceptera jamais ! grogna-t-elle.

J'hésitai à dire ce que je pensais réellement de Sirius, mais finis par le faire.

- Je ne sais pas si c'est un homme bien, Silène. Le peu que j'ai découvert de lui ne m'a pas fait bonne impression.

- Evidemment, cracha-t-elle. Tu n'es qu'une esclave, il n'allait certainement pas se montrer sous son meilleur jour ! Surtout, si mon frère est arrivé par hasard à ce moment là ! Je suis sûre qu'Aaron a essayé de te persuader ! Il veut que tout le monde pense la même chose que lui.

- Je ne...

Elle souffla fortement, et finit par me dire d'une voix calme :

- Sors s'il te plait, j'ai envie d'être seule.

J'hochai gravement la tête et me retirai de sa chambre. Je partis à nouveau en direction de la mienne, bien décidée à finir ma sieste par une longue nuit de sommeil. Le lendemain, je pourrais reprendre mes petites excursions aux thermes avec Eulalie. Rien que cette petite idée me fit monter un sourire aux lèvres. En passant devant la fenêtre, je vis celle-ci rire à gorge déployer. Elle était assise dans le jardin, aux côtés de Julius. Tout deux semblaient passer un bon moment. Je le vis attraper la main de mon amie, et je continuais mon chemin, ravie. Allaient-ils enfin comprendre qu'ils se plaisaient mutuellement ? Il n'y avait rien pour les empêcher de profiter pleinement leur amour, à part l'angoisse de s'avouer leurs sentiments.

Je m'allongeais dans mon lit et fermai un instant les yeux. Aaron passait-il une bonne soirée aux côtés de Rosa ? Sûrement. Je chassais rapidement cette idée de mon esprit. Il était chez elle, ce qui voulait dire qu'il avait sûrement croisé Marcus. Ma gorge se serra. Je me demandais comment allait mon frère. Son état avait-il empiré ? Je me promis de poser la question à mon maître, la prochaine fois que je le verrai. Finalement, je tombais dans les bras de Morphée, épuisée par cette journée pleine en émotions.

La matinée suivante se déroula tranquillement. J'avais repris mes bonnes habitudes avec Eulalie. Lorsque j'étais venue apporter mon aide à Silène, celle-ci était un peu plus distante que d'habitude, sûrement encore bouleversée par notre discussion de la veille. Heureusement, elle resta malgré tout polie envers moi. A midi, je fus surprise de constater qu'Aaron ne se trouvait encore une fois pas à la table. Une petite inquiétude me saisit. Avait-il passé la nuit avec Rosa ? S'étaient-ils plu à ce point ? Peut-être avait-il décidé de rester en sa compagnie le reste de la journée, pour passer plus de temps avec elle. Je tentai d'éviter de penser à cela, mais le reste de la journée, ces questions me trottèrent dans la tête. Peut-être était-il rentré... Mais pourquoi ne pas être venu à table ? Rosa avait éventuellement pu le disputer lorsqu'il était parti du Colisée. Se sentait-il coupable et voulait-il dorénavant m'éviter ? Je savais que je me torturai l'esprit sans aucune raison, mais je ne pouvais m'en empêcher. Ce n'était que mon maître après tout, il avait le droit de passer du temps avec sa future femme.

Le soir, ne l'ayant pas vu à nouveau, je n'y tins plus et partis toquer à sa porte. Au bout de quelques instants, rien ne se passa et je retentai le coup. Le silence me répondit. Je soupirai, résignée. Soudain, je cru percevoir une mélodie. Je décidai d'ouvrir discrètement la porte. Je traversai le petit couloir qui menait jusqu'à sa chambre et m'adossais contre le mur. La musique s'était amplifiée dès que la cloison s'était ouverte et je pouvais écouter avec plaisir des sons harmonieux. Je le fixai, il était magnifique, penché sur sa lyre, les yeux fermés, un petit pli sur le front montrant sa concentration. L'air était doux et intense. Mes bras se couvrirent de frissons, tant j'étais émue. Il avait énormément de talent, c'était indéniable. Ses doigts glissaient avec facilité entre les cordes, comme-ci ils n'avaient servis qu'à cela toute leur vie. Je me mis à jalouser les cordes, souhaitant être à leur place. Lorsque la musique cessa, un silence plana dans la pièce et il releva doucement la tête. Lorsqu'il ouvrit les yeux, les miens rencontrèrent ceux d'un Aaron surpris de me voir.

- Daphnée ? Il y a un problème ? me questionna-t-il en posant avec délicatesse sa lyre.

Il m'avait posé la question d'un ton doux, et ne semblait pas énervé que je sois rentré sans prévenir.

- Je... non. J'ai entendu la musique et je me suis permise d'entrer, excusez-moi.

- Tu n'as pas à t'excuser. Cela t'a plu ?

- C'était magnifique.

Un large sourire reconnaissant s'épanouit sur son visage.

- Je l'ai composé il y a quelques temps, ça me touche merci.

- C'est de vous ? m'exclamai-je, admirative.

Il rit et hocha la tête. Je me détendis et m'assis au bord du lit, comme la dernière fois. Cependant, je pris garde à ne pas m'approcher de trop près.

- Votre soirée s'est bien passée ? lâchais-je enfin, après que cette question m'eut brûlée les lèvres toute la journée.

- Très bien. Rosa et moi commençons à développer une réelle complicité. Nos fiançailles ne devraient pas tarder à avoir lieu, si tout se passe comme prévu... déclara-t-il pensivement.

- Félicitations, dans ce cas, dis-je d'une petite voix.

Cette nouvelle me serra le cœur. Mais je lui souris, essayant de cacher un maximum mes émotions.

- Avez-vous vu mon frère ? Comment va-t-il ? voulus-je savoir.

Il tenta d'éviter mon regard, mal à l'aise. Finalement il me révéla ce qu'il avait constaté.

- Mal. Il est très affaibli et il a encore maigrit. Je crois que c'est le seul qui tente de se rebeller, et il est d'autant plus battu. Rosa m'a dit qu'elle essayait d'arrêter son père, mais il ne l'écoute pas.

J'étouffai un sanglot. Mon pauvre Marcus. Si seulement je pouvais le sortir de là... Il était là, à servir des maîtres violents, pendant qu'il souffrait. Aaron avait du passer la soirée à rire avec sa future femme, sans se soucier du sort des esclaves. Comment aurait-il réagit si j'avais été à la place de mon frère ? Aurait-il fait quelque chose pour contenir ces horreurs ?

- Au moins, vous avez passé du bon temps. Votre nuit a du être plutôt agréable, comparée à la sienne, articulai-je froidement.

Ses sourcils se froncèrent d'incompréhension.

- Son état ne m'amuse en rien. Mais ma nuit n'avait absolument rien d'extraordinaire, si tu veux savoir. Elle était comme toutes les autres que j'ai passées dans ma chambre, se justifia-t-il.

Ainsi, il n'avait pas passé la nuit avec Rosa ? Cette information me soulagea, même si j'étais toujours indignée par l'état de mon frère. Malgré tout, je savais que ce n'était en rien la faute d'Aaron.

- Mais alors, où étiez-vous aujourd'hui ? questionnai-je.

- Tu es bien curieuse, rit-il. J'ai du partir très tôt à la journée. J'avais des affaires à régler avec certains marchands.

- Oh... fut tout ce que je trouvai à répondre.

Le poids qui s'était accumulé dans la journée disparu immédiatement, remplacé par le soulagement. Finalement, nous commençâmes à discuter tranquillement. Nous riions et c'était agréable. Une petite pointe de jalousie me traversa un instant, lorsque je réalisai qu'il était à ce moment en train de rire avec Rosa la veille. Malgré tout, je chassai ce sentiment. Je voulus tenter de jouer de la lyre, mais ce fut soldé par un désastre. Je n'étais décidemment pas faite pour la musique, aucune note n'avait réussit à être juste. Cela avait beaucoup fait rire Aaron qui m'avait beaucoup taquiné. Il avait évité de me toucher un maximum, comme je lui avais demandé. Je savais que nous nous retenions tout les deux, mais c'était mieux ainsi.

Au bout d'un moment, son ventre se mit à gargouiller de façon bruyante. Il était tard, et la nuit était tombée depuis longtemps. Tout le monde devait dormir. Cela faisait plusieurs heures que j'étais arrivée dans sa chambre. Finalement, il me lança un regard malicieux et déclara :

- J'ai faim, je n'ai pas eu le temps de manger tout à l'heure. Cela te dirait de faire un petit tour en cuisine tout les deux ?

Nous partageâmes un sourire complice et partîmes sur la pointe des pieds.

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