Chapitre 17

Aaron

Le début de la soirée qui m'avait agacé, avait finit par prendre une tournure agréable. Lorsque j'avais rejoins ma famille, nous nous étions mis en route et une ambiance glaciale s'était glissée entre nous. J'en voulais à mon père, et il en avait conscience. Quand j'avais remarqué que Daphnée s'était également jointe à nous malgré mon interdiction, la colère était d'avantage montée. De quel droit se permettait-elle de remettre en cause mes ordres ? Silène avait alors sorti une excuse peu valable et nous avions fini par arriver à destination. Le fait que Daphnée revit probablement son beau brun m'exaspérait d'avantage que ma future entrevue avec Rosa. J'avais vu un bon nombre de prétendantes défiler, et je n'étais plus à une près. Par contre, un homme se collant contre mon esclave, ce n'était pas une chose à laquelle je voulais assister. Loin de là.

Lorsque j'avais fait la rencontre de Rosa, j'avais été agréablement surpris. Elle n'était pas comme les autres femmes avec qui j'avais déjà parlé. Elle dégageait naturellement une beauté extérieure, comme intérieure. Je dois l'avouer, le contact était tout de suite passé entre nous et nous avions beaucoup ri. Rosa avait de la conversation, et il n'y eut aucune gêne. Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de fixer ses petits tics qui m'irritaient légèrement. Par exemple, elle passait sans cesse sa main droite dans ses cheveux. De temps en temps, elle battait soudainement des sourcils très rapidement, ce qui était assez perturbant. En soi, ce n'était pas dérangeant, et il fallait l'examiner attentivement pour s'en rendre compte. Seulement, comme j'avais probablement ma future femme en face de moi, chaque détail comptait. Parfois, Daphnée se mordillait la lèvre inférieure quand elle était pensive, ce petit geste était loin de m'énerver, au contraire, c'était charmant. Nous avions échangé quelques caresses, Rosa et moi, et je n'avais pu me retenir de les comparer avec la douceur de la peau de Daphnée.

De temps en temps, je lançai involontairement un regard en direction de mon esclave. Je n'irai pas jusqu'à dire que je surveillais sa présence, mais je préférais l'avoir à l'œil. Elle semblait analyser tout ce qui l'entourait. Elle était contrariée, cela se voyait à son petit pli sur son front. Tiens tiens, le beau brun n'était pas là ? Comme c'était dommage ! Cela me réjouis, et je repris avec plus d'entrain ma conversation avec Rosa. Soudain, j'entendis un léger cri de surprise, ce qui me fit relever la tête. J'étais le seul à m'en être aperçu. Instinctivement, je tournai ma tête vers Daphnée. Elle se trouvait dorénavant avec de la compagnie. Je le reconnus immédiatement et contractai la mâchoire, me retenant de me lever. Il ne fallait pas que la situation m'atteigne. Je les vis, tout deux joyeux, partir discrètement dans le couloir. Voilà qu'ils partaient batifoler ! Je tentai vainement de me contrôler et repris ma discussion avec Rosa qui me regardait bizarrement. Elle avait dû remarquer que quelque chose m'exaspérait. Les minutes qui suivirent, j'essayais de poursuivre la conversation avec ma partenaire, mais sans succès. La discussion m'était complètement égale et je répondais souvent vaguement, jetant un coup d'œil régulier vers le couloir.

Finalement, je ne tins plus. Je m'excusais, prétextant une envie d'aller aux toilettes et partis hâtivement vérifier la situation. Lorsque j'arrivais dans le couloir, je la vis enlacée avec le jeune brun et la rage s'accentua. Je ne pus retenir une exclamation.

- Daphnée ! Qu'est-ce que je t'avais dit ?

Je l'avais prévenu pourtant ! Elle avait malgré tout osé, ce qui me mettait hors de moi. Les mains du garçon posées sur sa taille aussi m'exaspéraient. Il avait intérêt à les retirer rapidement. Quand ils entendirent ma voix, tout de se détachèrent rapidement l'un de l'autre, surpris en flagrant délit.

- Excusez-moi, rougit-elle d'une petite voix. Je voulais juste prendre de ses nouvelles, nous sommes très proches.

- J'ai bien vu ça ! ricanai-je amèrement. Vous préfèreriez peut-être une chambre pour les retrouvailles ?

Ils écarquillèrent tout deux les yeux, stupéfaits par ma réplique.

- Une chambre ? m'interrogea-t-elle sceptique.

- Oui une chambre Daphnée, répliquai-je froidement. Tu dois savoir ce que font deux adultes dans cette pièce non ?

Elle échangea un regard ahuri avec son compagnon, qui lui semblait de plus en plus amusé par la situation.

- Tu comptes ricaner comme une chèvre encore longtemps toi ?

- Pardon monsieur, toussota-t-il en tentant de cacher son sourire. C'est juste que je me demande ce que je pourrais bien faire dans une chambre avec ma sœur. Désolé, mais l'inceste, ce n'est pas notre truc.

- Ta sœur ?

Je commençai à être perdu. Daphnée me regardait toujours avec des gros yeux. Elle finit par pointer un doigt en direction du brun.

- Mais enfin, Aaron ! Marcus est mon frère ! Vous êtes vraiment tordu... Je n'irai jamais faire des choses avec lui.

- Mais c'est ton frère ? percutais-je, alors qu'ils m'expliquaient cela depuis quelques temps.

Soudain, je compris enfin. C'était lui Marcus, son grand frère protecteur ! Ce n'était pas son amant. Une vague de soulagement m'envahit et je souris bêtement. Mince, pourquoi m'étais-je emporté ? Comment allais-je expliquer ma réaction démesurée ? Le quiproquo amusait grandement Daphnée. Il fallait que je change de sujet.

- Bon, eh bien, je vous laisse à vos retrouvailles. De toute façon, vous vous croiserez plus souvent maintenant. Rosa et moi risquons de nous revoir.

Daphnée parut contrariée par ma remarque. Je pensais que le fait de voir d'avantage son frère lui conviendrait.

- Vous voulez dire que vous m'empêchiez de voir Marcus, juste car vous pensiez que c'était mon amant ? C'est bon, maintenant qu'il n'y a aucun risque, libre à moi de le retrouver ?

- Non. Ne me parle pas comme cela.

- Alors expliquez-moi votre changement soudain de décision.

- Il y a encore quelques jours, tu étais effondrée, tant tes frères te manquaient. Le voir ne te fera pas de mal.

Marcus réconforta sa sœur et posa sur elle un regard triste et bienveillant. Quant à elle, elle était toujours aussi contrariée.

- C'est faux. Vous refusiez car vous vouliez que je sois votre seule propriété. Je suis une femme, pas un objet. Je fréquente qui je veux et si vous êtes en manque d'affection, allez retrouver Rosa.

Comment osait-elle me parler ainsi ? Je grondai face à son arrogance. Elle avait pleinement conscience de l'amitié que je portait à son égard et jouait avec. Le problème, c'est que ses propos étaient justes. Je refusais de voir un autre homme en sa compagnie. Je m'approchais dangereusement d'elle.

- Attention à ce que tu dis. Ce n'est pas parce que nous nous entendons bien que je vais passer outre ton arrogance. Arrête de t'inventer une place plus importante qu'elle ne l'ait dans mon cœur. Tu n'es qu'une esclave.

Elle pinça les lèvres et ses yeux me lancèrent des éclairs. Elle avait été blessée par mes propos, malgré tout, elle savait que la situation ne pouvait en être autrement. Son frère se tendit et passa un bras protecteur autour d'elle, comme si je m'apprêtai à lui faire du mal.

- Je ne compte pas frapper te sœur, détends-toi, fulminais-je.

Je fis demi-tour et repartis en direction de la salle à manger. Je regrettai presque d'être venu vérifier ce qu'ils faisaient. Au moins, maintenant, je savais que le seul lien qui les unissait était un lien fraternel, ce qui me rassurait quelque peu. Malheureusement, Daphnée avait bien interprété ma réaction, contrairement à ce que j'avais voulu lui faire croire.

A nouveau en compagnie de Rosa, celle-ci me lança un regard étonné et impatient. Elle devait se demander pour quelle raison il m'avait fallu autant de temps. Je lui souris et notre conversation repris. Je tentai d'oublier un visage blond aux yeux verts et me concentrai sur la personne en face de moi. A propos, une question trottait dans ma tête depuis plusieurs jours à son égard.

- Dis moi Rosa, excuse-moi de te paraître indiscret mais je me demandais.... On raconte que ton ex fiancée athénien a décidé d'annuler le mariage. Pour quelle raison ? Tu sembles être une jeune femme tout à fait charmante.

Elle parut décontenancée, mais en rien froissée par mon interrogation.

- Tout simplement parce que l'arrangement était prévu depuis que nous étions nés. Nous ne nous étions jamais rencontrés et lorsque je me suis rendue à Athènes il y a quelques mois pour faire sa connaissance, il m'a avoué qu'il en aimait une autre. J'ai compris qu'il valait mieux rentrer à Rome. Après tout la femme qu'il aimait, il la connaissait depuis toujours, contrairement à moi. Cela ne servait à rien de gâcher sa vie, et la mienne par la même occasion.

Je hochai la tête. Ce qui lui était arrivé était triste. Toute sa vie elle s'était imaginée mariée à un homme, pour finalement découvrir que celui-ci ne l'avait pas attendu pour trouver l'amour. Malgré ma compassion, l'inquiétude me saisit. Si nous finissions par nous marier, serais-je assez amoureux d'elle, ou penserai-je à une autre femme ? Il suffit d'une seconde pour qu'un joli visage se créé dans mon esprit, mais je le chassai immédiatement. Non, j'allais aimer Rosa, je le devais. Après tout, nous pouvions apprendre à nous apprécier avec le temps. Sa présence ne me dérangeait en rien, et elle était mieux que toutes les autres prétendantes.

- Ne me prends pas en pitié, rit-elle. Il vaut mieux que ce soit passé comme cela, plutôt qu'il est attendu des années de mariage pour me le dire, tout en me trompant derrière mon dos.

- Effectivement, il a eu le courage d'être franche avec toi. Dis-moi de quelle classe sociale venait la jeune fille ?

- C'était une riche patricienne évidemment ! répondit-elle, comme-ci la réponse coulait de source.

- Bien entendu...

Je me sentis soudain stupide d'avoir posé la question. Je me raclai la gorge et demandai à un esclave de me resservir un verre de vin. Le repas se termina sur des conversations plus légères. La soirée s'était passée beaucoup mieux que ce que j'avais d'abord imaginé. Daphnée s'était discrètement replacée où elle était auparavant, avant la fin du repas, un sourire satisfait aux lèvres. J'étais encore gêné de la scène qui s'était déroulée un peu plus tôt dans la demeure.

Finalement, vers minuit, nous nous levâmes et les aux revoir fusèrent. Lorsque Silène et Rosa se saluèrent, se fut avec froideur. Celles-ci avaient un peu discuté au cours de la soirée, mais très vite, le ton était monté entre elles à cause de leur avis divergents. Cela m'avait quelque peu agacé. Ma sœur était toujours là pour installer la mauvaise humeur. Sébastien et mon père, quant à eux ne faisaient plus que de parler d'alliances, tant ils étaient ravis que l'entente soit si bien passée entre Rosa et moi. Nous nous apprêtions à quitter les lieux quand mon père lança :

- Tiens ! Ma future belle-fille. Regarde la belle esclave qui t'attend !

Mes épaules se contractèrent. Julien entraina Daphnée et la positionna face à Rosa. Les voir côte à côte me mis mal à l'aise. J'essayai de garder mon regard sur ma future, malheureusement, il revenait toujours vers mon esclave. Celle-ci avait la tête baissée et les mains jointes, gênée par la situation. Rosa l'examinait, l'air satisfaite. Si elle savait que c'était Daphnée que j'étais parti rejoindre tout à l'heure, je pense que son petit sourire aurait vite quitté son visage.

- Heureuse d'apprendre que je serai sûrement servie par toi. Tu es... ?

- Daphnée.

Mon esclave avait parlé d'un ton distant, mais respectueux. Je partis faire un baise main à Rosa, ce qui coupa court aux présentations. Finalement, après de grandes accolades entre les deux pères, ainsi que ma mère et ma sœur minaudant de belles paroles, nous pûmes enfin rentrer.

Il faisait désormais nuit noire et les rues étaient désertes. Notre petit groupe sembla vouloir se hâter à rentrer. Pour ma part, la fraîcheur du dehors et la vue du ciel infini parsemé d'étoiles me détendit instantanément. Je tournai la tête vers Daphnée. Elle avait eu la même réaction que moi. Son visage était tourné vers le ciel, les yeux clos et un sourire de contentassion sur le bout des lèvres. Elle avait ralentit le pas et nous marchions maintenant à la même hauteur. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle prit conscience de ma présence et parut surprise. Ma famille était quelques mètres devant. Personne ne parla, mais ce n'était pas dérangeant. Nous remontâmes jusqu'à la villa en silence. Arrivée devant l'escalier qui menait à sa chambre, elle me sourit. Ma sœur était déjà partie se coucher, ainsi que mes parents. Elle s'engouffra dans l'escalier, et je restai immobile, songeur.

Finalement, ma chambre m'accueillit enfin et je m'allongeais sur mon lit, exténué. Rosa m'avait plu. Sincèrement. Pourtant, il y avait un point - je n'arrivais malheureusement pas à mettre la main dessus - qui m'empêchait de vouloir me marier avec elle. Saisi de confusion, je m'endormis.

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Désolée pour tout à l'heure, j'avais déjà posté le chapitre, mais il y a eut un petit bug...

Bref, comment avez-vous trouvé le chapitre ? Avis ! A bientôt ! ^^

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