Chapitre 22 : Olenka

Comme à chaque fois qu'elle voyait sa silhouette, un énorme sourire dévorait le visage d'Olenka. Toute rayonnante, elle se précipita vers Matth et sauta dans ses bras. Il la souleva dans les airs et quand il la remit sur le sol, leurs nez s'entrechoquèrent maladroitement avant qu'ils ne s'embrassent avec passion.

« Tu m'as manquée ! s'écria Olenka avant de reprendre leur baiser.
- On s'est vus hier, rigola Matth.
- N'empêche que tu m'as quand même manqué.
- Toi, je t'aime beaucoup trop. »

Olenka s'écarta alors de Matth et secoua la tête.

« La situation est critique. On est devenus ce couple niais qui passe son temps à s'embrasser.
- Merde. On casse ?
- C'est une mesure qui me semble raisonnable, oui. »

Incapable de faire durer ce cinéma plus longtemps, Matth céda et reprit sa petite amie dans ses bras.

« Alors, qu'est-ce qu'on fait en cette douce journée vacancière ? demanda Matth.
- On pourrait aller chez toi ? proposa Olenka. Tu me parles souvent de ta petite sœur, j'aimerais bien la voir. Et je pourrai rencontrer tes parents ! »

Le visage de Matth se ferma automatiquement et Olenka se méprit sur cette réaction.

« Oh, désolée, je suis conne, c'est un peu tôt pour rencontrer tes parents... enfin, je disais pas ça en mode rencontre officielle hein ! Je pensais juste... Enfin, je sais pas...
- Non, ce n'est pas ça, lui assura Matth en remettant une mèche blonde derrière son oreille. Mes parents, c'est juste... Compliqué. Mais j'aimerais bien que tu rencontres ma sœur, surtout que je dois la surveiller avant d'aller au MacDo. »

Olenka sourit, un peu rassurée. De plus, elle avait compris que la situation de Matth était compliquée et se demandait ce que ça cachait réellement. Elle allait enfin en avoir le cœur net.

Ils se mirent donc en route, main dans la main. Ce geste parut terriblement naturel à la jeune femme. Cela faisait longtemps qu'Olenka n'avait pas été en couple - en fait, ça remontait à une amourette en 5e, très mauvais souvenir -, mais maintenant qu'elle avait Matth, elle ne regrettait pas ces années d'attente. Elle avait trouvé le bon, elle le sentait au plus profond d'elle. C'était peut-être ridicule, mais il y avait une véritable connexion entre eux qui donnait l'impression à Olenka qu'ils se connaissaient depuis plusieurs années. Ensemble, ils riaient, se charriaient, parlaient de tout et de rien et savaient apprécier les silences. Ils n'avaient pas besoin de parler pour être heureux ensemble, leur simple présence respective leur suffisait. Leur amour était pur, beau, et passionnel. Olenka se sentait heureuse, et tous les moments mauvais qu'elle avait pus connaître valaient un tel épanouissement.

Elle n'aurait jamais cru pouvoir se laisser aller aussi vite avec quelqu'un. Elle avait terriblement de mal à faire confiance à l'humain, et la voilà piquée comme une mouche par ce brun au sourire ravageur.

« Tu as des nouvelles de Zoé ? demanda alors Matth. »

Surprise, Olenka s'arrêta. Elle ignora le petit pincement au cœur qui la prenait alors qu'elle répondait doucement :

« Pas vraiment. Je sais pas ce qu'elle a, elle traine tout le temps avec la bande de Léo. C'est une mauvaise idée, je ne me prétends pas meilleure qu'eux ou quoi, hein, mais... Ils sont bizarres. Je suis sûre qu'ils ne sont pas sincères avec elle. Et je comprends pas pourquoi Zoé nous évite, moi, Anna et compagnie, depuis la soirée de Lili.
- Ça va s'arranger, tenta de la rassurer Matth mais ses paroles sonnaient creuses. Et Anna ?
- Anna ? répéta Olenka, surprise, en s'arrêtant. Quoi, Anna ?
- Elle va bien ? »

La blonde plissa les yeux, un peu méfiante. Même si elle ne l'admettrait jamais, cela l'agaçait que Matth demande des nouvelles de la jolie brune au charisme indéniable.

« Ben, normal. »

Ce fut au tour de Matth de s'arrêter dans un soupir.

« Olenka, tu t'inquiètes pour Zoé qui s'est visiblement faite plein de nouveaux amis, mais tu ignores les problèmes des autres qui se trouvent juste sous ton nez.
- Les problèmes d'Anna ? répéta Olenka, mal à l'aise.
- Je ne sais pas ce qu'elle a, se hâta d'ajouter Matth. Mais elle transpire la tristesse, Olenka. Anna paraît forte mais elle a en réalité besoin qu'on soit là pour elle, peut-être même plus que Zoé. Je pense qu'il faut la surveiller avant qu'elle ne fasse une bêtise. Elle a l'air toujours épuisée, sur les nerfs... Elle ne mange pas beaucoup et n'écoute quasiment pas en cours. »

Olenka frémit, au bord de la nausée. Elle avait honte que Matth, qui connaissait à peine Anna, ait remarqué cette facette d'elle. Olenka, perchée sur son petit nuage de bonheur avec son amoureux, n'y avait pas fait attention. J'espère qu'il n'est pas trop tard pour l'aider.

« Comment tu arrives à sentir qu'elle est malheureuse ? ne put s'empêcher de demander Olenka. »

Matth haussa les épaules et elle comprit qu'il ne lui disait pas tout. Il semblait s'y connaître, en malheurs. Olenka n'insista pas de peur de le brusquer mais serra un peu plus sa main alors qu'ils reprenaient leur route.

Matth finit par s'arrêter devant une maison face à laquelle Olenka grimaça involontairement. On aurait dit un lieu abandonné. Les mauvaises herbes avaient envahi l'entrée, alors que la façade de la maison était tachée de saletés. Olenka se força à reprendre son sourire face à l'air anxieux de Matth. Gêné, il murmura :

« Je sais qu'on vient pas du même monde, mais...
- Tu ne m'as jamais dit que tu étais un extra-terrestre, lui reprocha Olenka sur le ton de la plaisanterie pour lui faire comprendre qu'elle n'en avait rien à faire. »

Matth parut rassuré et ouvrit la porte d'entrée. Olenka le suivit et se força à conserver son air normal malgré l'atmosphère renfermée et étouffante. Juste à l'entrée, une petite fille avec les mêmes cheveux frisés que Matth dessinait. Quand elle remarqua la présence des deux adolescents, elle se leva avec un grand sourire auquel il manquait une dent et gazouilla :

« Matth ! »

Olenka sourit d'un air attendri alors que Matth attrapait sa petite sœur pour la faire voltiger dans les airs, comme il le faisait avec elle.

« Lola, je te présente Olenka, déclara solennellement Matth. C'est mon amoureuse, ajouta t-il en lui chuchotant à l'oreille. »

Lola parut toute intimidée face à Olenka, qui se baissa pour se mettre à sa hauteur. La ressemblance avec son frère était renversante. Ils avaient les mêmes magnifiques cheveux crépus, la même peau foncée rayonnante, le même sourire qui leur bouffait le visage et surtout, la même sincérité renversante dans leurs yeux verts étincelants.

« Bonjour, rigola Olenka alors que la petite la contemplait avec de grands yeux ronds.
- Tu es très belle, observa Lola sans gêne et la blonde rougit bêtement.
- Attention, je pourrais m'avérer jaloux, la prévint Matth d'un air sévère alors que Lola éclatait d'un rire cristallin.
- Même pas peur ! »

Elle lui tira la langue avant de retourner à ses dessins. Olenka murmura :

« Elle est trop choue.
- On se demande qui l'a élevée, se vanta Matth.
- Comment tu sais que je suis sa mère cachée ? »

Matth rigola.

« Oula, ça devient bizarre. »

Ils continuèrent d'avancer dans la petite maison délabrée. Alors que le silence régnait à nouveau, Matth fixa une porte qui donnait sur un petit salon et déclara d'une voix abrupte :

« Je reviens. »

Il alla dans le salon et Olenka le suivit discrètement, curieuse. Mais la scène qui se déroula sous ses yeux la cloua sur place.

Une femme était prostrée contre le fauteuil. Elle ressemblait à un cadavre. Ses clavicules ressortaient et son teint cireux, creusé par d'énormes cernes noirs, faisait écho à la mort. Olenka frissonna et recula aussitôt, le cœur battant. Qui était cette femme ? Elle ne pouvait pas être la mère de Matth... Non, Matth était si joyeux, si optimise, si...

« Bonjour, maman, souffla le garçon d'une voix faible. »

Un silence abyssal lui répondit et Olenka eut un haut-le-cœur. L'atmosphère lui sembla tout de suite bien plus étouffante et elle voulut s'enfuir dehors.

« Il y a ma petite amie, dans le couloir, ajouta Matth, mais sa voix était si basse qu'Olenka ne comprenait pas tous ses propos. »

L'adolescente n'entendit pas la suite de la conversation, et le ton monta soudainement. Des bribes de paroles lui vinrent :

« Tu ne veux pas la rencontrer ? Mais... »

La voix de Matth se brisa, tout comme le cœur d'Olenka face à la détresse de son petit ami. Elle se força à ne pas intervenir, mais ses membres bouillonnaient.

« Tu sais quoi, tant pis, chuchota Matth avec dépit. »

Il finit par retourner voir Olenka, qui l'observait, le cœur battant.

« C'est...
- Ma mère, acheva Matth. C'est... Compliqué. Je n'arrive pas à la sortir de sa transe...
- Je vais aller la voir. »

Elle s'attendait à essuyer un refus de la part de son petit ami, mais une étincelle d'espoir illumina ses yeux. Olenka comprit enfin le sens de ces paroles, « Les personnes qui ont le plus besoin d'aide sont parfois celles dont on le soupçonne le moins ». Elle inspira un grand coup, prit son courage à deux mains et pénétra dans le salon. Elle devait le faire. Pour lui.

Elle tremblait de tous ses membres alors qu'elle s'approchait de la femme, qui gardait la tête baissée, le dos voûté.

« Bonjour, énonça Olenka d'une voix claire, dans un espoir que la surprise de voir une inconnue la réveille. »

La femme ne bougea pas.

« Je suis Olenka, la petite amie de Matth. Je suis heureuse de vous rencontrer. »

Toujours aucune réaction. Le cœur d'Olenka se serra douloureusement lorsqu'elle réalisa son impuissance. Elle ignorait ce qui avait conduit cette femme à en arriver là, mais cette situation lui déchira le cœur. Elle repensa à la joie de vivre de Matth et Lola. Dans une ultime tentative, elle s'accroupit et se força à regarder la mère droit dans les yeux. Olenka réprima un mouvement de recul. L'expression de son visage n'était qu'un vide abyssal, ponctué par deux billes d'yeux noirs translucides.

« Matth est quelqu'un de merveilleux, poursuivit Olenka. Il est fabuleux. Vous avez de la chance d'avoir un fils pareil. »

Face au mutisme de la femme, Olenka finit par se relever, déchirée. Elle voulut tourner les talons pour quitter le salon mais soudain, une main froide lui attrapa violemment le poignet. Olenka sursauta.

« Veille sur lui, lui murmura soudain la mère, en relevant la tête d'un air suppliant. »

Perturbée, Olenka ouvrit la bouche pour répondre mais aucun son n'en sortit. Elle tenta de se dégager de l'emprise gelée de la femme, mais en vain. D'une voix soudain déterminée, elle chuchota :

« Je vous promets de veiller sur lui. »

La femme rebaissa aussitôt la tête et reprit sa contemplation du sol d'un air épuisé, comme si cette altercation avait vidé ses ultimes forces. Olenka sortit du salon, les yeux écarquillés.

À sa grande surprise, Matth et Lola l'attendaient, main dans la main. Matth l'observait d'un air plein de gratitude alors que Lola semblait émerveillée.

« Elle a parlé ! s'écria la gamine d'une joie si intense qu'Olenka manqua de chanceler. »

Matth serra Olenka dans ses bras simplement, sans rien dire, mais elle sentit à ses épaules relâchées qu'il se sentait un peu mieux. Ce constat lui réchauffa un peu le cœur.

Ensuite, ils allèrent dans la cuisine, alors que Matth préparait un goûter à sa petite sœur. Olenka l'aida et au bout d'un moment, n'y tenant plus, elle demanda :

« Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? »

Matth arrêta tout mouvement et se frotta les tempes, d'un air soudain très épuisé.

« C'est... Compliqué. Ça a commencé il y a quatre ans. Au début, c'était « juste » des gros coups de blues. Puis ça a dérivé en une grosse dépression. C'était à cause de son travail ; elle subissait une pression énorme. On sous-estime beaucoup le mal-être que peuvent éprouver les gens, surtout les femmes, au boulot. Je sais pas ce qu'il s'est passé exactement... Ma mère était encore là, mais son esprit n'y était plus, elle n'allait plus trop au travail, ne venait plus me chercher à l'école, ne s'occupait plus de nous. Mon père en a eu marre et s'est tiré. Au début, il versait une pension mensuelle pour la bouffe, mais, petit à petit, la pension s'est fait de plus en plus petite. Sauf qu'il ne se doutait pas que la situation s'était aggravée. Ma mère nous a déjà quittés depuis plusieurs mois. Elle passe ses journées sur ce maudit canapé, elle ne bouge plus, ne mange plus et ne s'occupe plus d'elle-même. J'étais en troisième, à l'époque où ça a commencé. Alors, j'ai dû faire passer l'école après ma famille et j'ai commencé à m'occuper entièrement de ma mère. Je t'épargne ce que j'avais à faire. Mes notes étaient en chute libre, surtout que Lola entrait dans l'équation. Finalement, je ne faisais plus mes devoirs mais les siens, je la nourrissais et allais la chercher à l'école. C'était lourd, beaucoup trop lourd pour un garçon de quinze ans. Mais aujourd'hui, je m'y suis habitué. Fin de l'histoire. Si je ne sais pas ce que je veux faire après le lycée, c'est parce que je dois absolument travailler pour subvenir aux besoins de ma mère et Lola. Bref... »

Putain de merde. Le cœur d'Olenka était écartelé alors qu'elle contemplait l'air malheureux de Matth. Soudain, elle comprit tout. Le travail acharné de Matth eu MacDonald's, et le manque de travail conséquent à l'école. Il ne travaillait que pour subvenir aux besoins de sa famille. Seul. Cette idée brisa le cœur d'Olenka. Elle ne voulait même pas savoir comment ils avaient réussi à tenir jusqu'ici. Elle voulut poser d'autres questions, notamment sur son père, mais elle devinait que ses aveux avaient déjà été assez éprouvants comme ça. Alors elle déposa un simple baiser sur sa joue pour lui montrer qu'elle, elle serait toujours là pour lui. Je ne t'abandonnerai jamais, Matth. Et, maintenant, je t'aiderai et je veillerai sur toi. Tu ne seras plus jamais seul.

Après un après-midi passé chez Matth, Olenka finit par rentrer chez elle, le cœur lourd. Comme d'habitude, seule la solitude l'accueillit et elle alla se préparer un repas dans la cuisine. Il fallait encore qu'elle se prépare pour aller travailler ensuite, et elle ne finissait qu'à minuit.

Le travail se passa relativement bien, mais Olenka eut quelques appréhensions à rentrer seule chez elle. Elle devait prendre le bus, et il faisait nuit. Matth ne pouvait pas attendre avec elle. Il devait s'occuper de sa mère et Lola, alors Olenka attendit seule à l'arrêt, emmitouflée dans son gros manteau. L'atmosphère lugubre n'arrangeait rien et elle pria pour que le bus arrive vite.

Soudain, elle aperçut un mouvement venant de sa droite. Elle tourna la tête et frémit : un vieux type s'avançait vers elle d'une démarche trébuchante, visiblement mal en point. Olenka pouvait presque sentir son haleine alcoolisée. La blonde paniqua en voyait  qu'il se rapprochait dangereusement. Qu'est-ce qu'elle était censée faire ? Fuir ? Alors qu'il n'avait rien fait de mal ? Peut-être qu'elle devenait paranoïaque ? Olenka se força à rester stoïque alors que tout son être lui hurlait de s'éloigner.

Le type s'approcha d'elle et s'arrêta un instant en la reluquant de la tête aux pieds. Olenka se sentit terriblement sale lorsqu'il posa son regard sur ses jambes et elle eut envie de vomir quand il releva ensuite ses yeux vides dans un petit sourire. Il marmonna ensuite des paroles brouillées avant de se rapprocher d'elle.

Olenka était paralysée. 

Elle déglutit en voyant qu'il tentait de se coller à elle et eut un éclair d'illumination en se dégageant brutalement. Elle avait envie de lui hurler toutes les horreurs du monde à la figure, mais elle fut juste en état de s'éloigner de l'arrêt en tremblant. Jamais elle ne s'était sentie si salie par un simple regard. Cette façon de la déshabiller du regard, ce sourire carnassier, ses yeux qui papillonnaient sur elle comme si elle était un vulgaire bout de viande, et cette façon d'essayer de se coller à elle avec cette transpiration d'ivresse. Olenka frémit, dégoûtée. Elle avait été seule. Elle ne préféra pas imaginer ce qui aurait pu se passer si elle avait laissé cet ivrogne la toucher. Elle ne voulait pas passer pour une paranoïaque, mais la panique l'avait submergée.

Inconsciemment, elle finit par retourner près du MacDonald's. Elle n'eut même pas le réflexe d'appeler Matth et se contenta de s'assoir sur le parking. Elle avait froid, elle était seule, elle avait juste besoin que quelqu'un la protège. Olenka voulait faire la femme forte et indépendante, mais parfois, elle avait juste envie de se sentir aimée. Devait-elle appeler ses parents ? Pour quoi faire ? lui rappela une petite voix amère. Ils ne viendraient pas l'aider, ils avaient d'autres chats à fouetter. Elle ne voulait pas non plus déranger Matth, qui avait assez de problèmes comme ça. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite la petite tête blonde qui s'approchait d'elle.

« Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ? »

Olenka sursauta, et son cœur reprit une cadence paniquée. Mais ce n'était que Raphaël, son collègue. Olenka se sentit aussitôt rassurée par sa douce voix grave et elle murmura juste :

« Oh, rien, j'allais rentrer...
- Tu n'as pas un bus à prendre, ou un truc du genre ? insista t-il en s'accroupissant à côté d'elle, inquiet.
- Euh... »

Olenka frémit. Elle ne se sentait pas de retourner à cet arrêt isolé du monde, avec pour seule compagnie un ivrogne qui sifflait en se baladant dans la rue.

« Je vais rentrer à pied, plutôt... hasarda t-elle, incapable de lui confier la gêne terrible qui s'était emparée d'elle quand le vieux type l'avait approchée.
- Pas question. Je te ramène. »

Olenka haussa un sourcil étonné.

« J'habite assez loin... Je veux pas te déranger.
- Pas question que tu rentres toute seule, point. »

Il posa une main sur son épaule et Olenka se sentit rassérénée, malgré elle. Cependant, ne voulant pas passer pour une capricieuse imparable de prendre le bus. Elle se sentit obligée d'expliquer :

« C'est juste qu'il y a un type bizarre à l'arrêt, et... Ok, il m'a fait un peu peur.
- Je te ramène, conclut Raphaël sans chercher à la déstabiliser davantage et avec un sourire franc. »

Olenka se sentit rassurée même si elle détestait demander un service à quelqu'un. Elle avait l'impression de ne pas le mériter et donc de se sentir redevable. Malgré tout, elle monta dans la voiture de Raphaël. Au début, il n'y avait pas trop de conversation entre les deux, mais rapidement, le blond combla les vides et Olenka se surprit à apprécier sa compagnie. Elle découvrir avec plaisir un Raphaël drôle et sans prise de tête, et fut assez déçue de devoir le quitter pour retrouver la froideur de sa maison. Plus que jamais, elle sentit la solitude l'envahir.

Malgré sa fatigue, dès qu'elle fut dans son lit, Olenka sortit son portable en repensant aux paroles de Matth. La main un peu tremblante, elle composa le numéro d'Anna. La brune ne répondit pas.

Olenka avait un mauvais pressentiment.

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