Chapitre 52
Encore dans cet endroit sombre, je finis par croire que je n'en sortirai jamais... J'aperçois régulièrement ma famille, les filles, Alex et Ethan, mais encore une fois, tout ce qu'ils me disent reste incompréhensible. Je suis toute seule et je dois réussir à trouver la solution pour me réveiller, comment je peux faire ça ? Et s'il suffisait juste d'ouvrir les yeux ? Le problème, c'est que j'ai déjà essayé, mais mes pupilles ne se relèvent jamais dans le bon monde, j'atterris en permanence ici, dans cet endroit parallèle. Il faut que j'essaie encore, il ne faut pas que je perde espoir, jamais. Je ne peux pas leur faire ça, ils ont tout fait pour que je vive, alors il faut que je vive, c'est plus que nécessaire, c'est indispensable.
J'étais seule jusqu'à présent, depuis un petit moment même, mais je sens une présence derrière moi, et en me retournant, j'aperçois d'abord mes parents et quelques minutes après, c'est au tour d'Alex de se planter devant moi. Ils se contentent de me regarder, personne ne parle et je trouve ça pesant, très pesant. C'est un regard doux et fixe qu'ils posent sur moi, de temps en temps, Alex regarde mes parents d'un air gêné. Il a l'air d'attendre quelque chose, peut-être le départ de mes parents, je n'en sais rien en fait...
Je n'ai même pas le temps de prononcer un mot que mes parents sont déjà partis. C'est reparti pour de l'incompréhension totale, je devrais y être habituée depuis le temps.
- Ça y est pt'it cœur, nous sommes enfin que tous les deux. commence Alex. C'est ton dix-septième jour de coma aujourd'hui, ça me paraît être le bon moment pour te réveiller, tu ne trouves pas ? Qu'est-ce que j'aimerais te sentir serrer ma main, te voir ouvrir les yeux et t'entendre parler, ça me ferait un bien fou, tu n'imagines même pas... J'ai vu Estelle ce matin, et elle m'a encore dit de garder espoir et qu'elle était sûre que tu allais bientôt te réveiller, je sais qu'elle a raison. Je ne sais pas pourquoi, mais je la sens bien cette journée, pas toi ? C'est comme si je sentais que tu étais plus proche de moi que les autres jours, j'espère ne pas me tromper... Bon pt'it cœur, je vais y aller, tes parents veulent peut-être revenir te voir, je t'aime tellement... Reviens nous vite... finit-il.
C'est qui Estelle ? Et puis, pourquoi j'ai l'impression d'entendre ce qu'il est réellement en train me dire ? Pourquoi j'ai l'impression d'être proche de lui, c'est comme si je le sentais prendre ma main. Oui, c'est ça, il prend ma main, je le sens, je le sens, JE LE SENS, JE SENS SA MAIN !
Allez Amélia, réveilles toi, ouvres tes yeux, ouvres ces putain de yeux, allez Amélia, allez, allez tu peux le faire, tu peux le faire.
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- Bébé... tentais-je d'articuler. C'est toi ?
- Pt'it cœur ? dit Alex, les larmes aux yeux. T'es réveillée... t'es réveillée... T'ES RÉVEILLÉE PUTAIN ! crit-il avant de sortir de la chambre comme une furie. ELLE EST RÉVEILLÉE ! MON PT'IT CŒUR EST RÉVEILLÉ !!! finit-il avant de se jeter sur moi. Tu m'as tellement manqué mon cœur... Je n'y crois pas, j'attends ce jour depuis dix-sept jours, tu ne te rends pas compte comme c'est long... Putain, t'es réveillée... C'est dingue... T'es réveillée, Estelle avait donc raison... T'es réveillée...
- Oui... dis-je en essayant d'articuler le plus clairement possible. Je suis réveillée... Je... Je me sens bizarre Alex...
Affolé par ce que je viens de lui dire, il crit de toutes ses forces pour qu'une infirmière vienne me voir. Il me sert fort les mains en attendant que quelqu'un arrive. Il a l'air en état de choc, il ne devait pas s'attendre à un réveil si brutal. J'aimerais le rassurer, lui dire que je vais bien, mais je n'arrive pas à m'expliquer, j'ai beaucoup de mal à respirer et j'ai mal au cœur, je me sens tellement faible.
- Mademoiselle Snow ! dit une infirmière qui vient de faire son apparition dans ma chambre. Comment vous sentez vous ? Vous avez mal quelque part ?
- Je... J'ai... J'ai un peu de mal à... à respirer... dis-je, faiblement.
- C'est normal, c'est une des conséquences du coma. explique-t-elle avant de se tourner vers Alex. Monsieur, je vais devoir vous demander de sortir de cette chambre, votre petite-amie va être prise en charge par l'équipe médicale, elle a besoin de repos.
- Pas de soucis, je vais aller voir ses parents. répond-t-il, encore bouleversé. Bon courage pt'it cœur, on se voit bientôt.
J'essaie de lui répondre d'un faible sourire mais je n'arrive pas à en faire plus, rien ne veut sortir de ma bouche.
- Amélia, qu'est-ce qui vous dérange ? Où avez vous mal ? me demande l'infirmière.
- Respirer. dis-je, sans essayer de faire une phrase. Mon cœur aussi... il... me... me fait mal...
- D'accord, je vais demander à votre cardiologue de venir vous voir, il va vous faire une série d'examens pour vérifier votre état de santé général, mais vous avez besoin de repos. m'explique-t-elle. En attendant, je vais vous donner des calmants pour vous soulager, si vous ne vous sentez vraiment pas bien, vous appuyez sur ce bouton, un personnel en sera alerté et viendra vous voir. continue-t-elle en me montrant une petite télécommande avec un bouton rouge avant de m'injecter des médicaments en goutte-à-goutte. Voilà, je viens de vous administrer trois calmants, ça devrait vous apaiser jusqu'à l'arrivée du docteur Roch.
- Mer... Merci... dis-je, toujours avec une grande difficulté.
Elle me sourit faiblement et sors de la chambre. Je ne cherche même pas à entamer une discussion plus approfondie, je n'en serai pas capable... Je me retrouve encore une fois seule face à moi-même, mais cette fois, je suis dans un monde réel, je ne suis pas dans mon monde à moi.
Je ne sais pas quoi faire dans cette chambre, je n'ai qu'une hâte, c'est que mon cardiologue entre dans cette pièce et qu'il m'explique tout depuis le début. Il y a tellement de points d'interrogations dans ma tête, des moments de flou que j'aimerais bien éclairer, mais tant qu'il n'est pas là, je ne peux rien faire, je dois me contenter de penser, c'est ce pour lequel je suis le plus douée.
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Je n'ai aucune idée du temps écoulé depuis le passage de l'infirmière, tout ce que je sais, c'est qu'il n'y a aucune trace du docteur Roch. J'ai l'impression d'attendre son arrivée comme celle du Messie. Et s'il m'annonce que l'opération n'a pas fonctionné correctement et que ça m'a créé d'autres problèmes ? Et s'il me dit que mon cœur ne fonctionne pas mieux qu'avant ? Tant de questions qui restent sans réponses...
Alors je continue d'attendre dans cette pièce blanche, seule, sans la moindre visite de mes proches, peut-être que le personnel soignant a interdit toute visite me concernant, pourtant, ça me ferait un bien fou de pouvoir parler à mes parents et à ma sœur, j'ai besoin d'eux...
Contre toute attente, j'entends frapper à la porte et je la vois s'ouvrir, pour mon plus grand soulagement, je me retrouve nez à nez avec mon cardiologue. Il me regarde avec un grand sourire et prend quelques secondes avant de se rapprocher de moi et de prendre la parole.
- Amélia... commence-t-il. Je n'y croyais tellement pas, je commençais à ne plus y croire, je t'assure.
- Je ne me sens pas très bien docteur...
- Je sais, je sais. me répond-t-il. Ne t'inquiète pas, ce n'est rien d'alarmant. Les difficultés respiratoires et le fait d'avoir mal au cœur après une greffe de cœur artificiel, c'est normal. Je vais te faire quelques examens, scanner, prise de sang et tout le tralala. m'explique-t-il. Par contre, pas de visite avant demain, tu as besoin de repos.
- Qu'est-ce qu'il m'est arrivé docteur ? lui demandais-je, sans vraiment tenir compte de tout ce qu'il vient de me dire. Expliquez moi tout depuis le début, je vous en supplie.
- On va aller faire les examens, je te raconte tout après. me dit-il.
- Non, maintenant, s'il vous plaît docteur...
- Ok... dit-il en s'avouant vaincu. Quand tu étais en vacances et qu'Alex a découvert ce que tu avais, il m'a appelé pour essayer de comprendre, je l'ai éclairé comme je le pouvais, mais je n'avais pas à faire ce que j'ai fait, c'est une faute professionnelle de parler d'une patiente avec quelqu'un qui ne fait pas partie d'une équipe médicale, mais je l'ai quand même fait. m'avoue-t-il. Ensuite, dès votre retour, il est revenu me voir, il voulait être ton donneur, mais malheureusement, c'était une idée bancale, je crois qu'il a trop regardé de films à l'eau de rose ! ironise-t-il. Il a donc voulu trouver une autre solution, et au fur et à mesure de notre discussion, j'ai pensé à une greffe de cœur artificiel, ça me semblait être la seule solution valable, alors j'ai pris contact avec un ami à moi qui a réussi à faire passer ton dossier au-dessus de la pile. finit-il. Voilà, tu sais tout.
- Donc depuis qu'on est revenus, il sait que je vais m'en sortir ? demandais-je, abasourdie par ces révélations.
- Oui, il le savait, mais il ne pouvait rien dire. me répond-t-il. J'aurais pu être radié de l'ordre des médecins si ça s'était su, il n'avait pas le choix.
- Je comprends...
- Tu as de la chance d'avoir un copain comme ça Amélia, il est raide dingue amoureux de toi, il était prêt à donner sa vie pour la tienne, tout le monde ne serait pas capable de faire ça, je t'assure. me dit-il, d'un air tendre. Bon, trêve de plaisanteries, un brancardier va venir pour t'emmener au scanner, on se voit là-bas ! finit-il en sortant de la chambre.
Je sais tout, je sais enfin tout. Alex est la seule personne à qui je dois le fait d'être encore en vie, sans lui, j'aurai sûrement déjà une plaque avec mon nom et la tête dans les nuages... C'est dingue de me dire que c'est ce que je voulais, je ne voulais pas être greffée, et pourtant, c'est exactement ce qui m'est arrivé. On ne fait pas toujours les bons choix dans la vie, heureusement que certaines personnes sont là pour nous remettre dans le droit chemin... Je suis jeune, ne pas vouloir de greffe était la pire décision à prendre, à cause de moi, me garder en vie à été un tâche plus dure que ce qu'elle aurait dû être. J'ai tout compliqué, tout.
Je meurs d'envie de voir Alex, il me manque tellement, son regard vert, sa jolie chevelure brune, tout me manque, ses baisers, ses câlins, ses mots doux, ses "je t'aime", lui, tout simplement... J'aimerais qu'il vienne me voir, qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me dise à quel point il m'aime, qu'il me rassure, qu'il me fasse déculpabiliser, j'ai besoin de lui. J'ai besoin de lui, de lui et seulement lui.
- Mademoiselle Snow ? dit une voix masculine qui vient de rentrer dans ma chambre. Je suis le brancardier, je vais vous emmener au scanner.
Je n'ai même pas la force de lui répondre, je le laisse m'emporter sans même poser la moindre question. C'est bête, mais j'ai l'impression d'être déshumanisée, mon cœur à moi a disparu depuis bien longtemps, je me demande presque comment je fais pour aimer, aimer se fait avec le cœur, mais je n'en ai plus, il ne me reste plus que de la ferraille, comment on aime avec de la ferraille ?
Peut-être qu'aimer se fait plus avec le ventre et les tripes qu'avec le cœur, quand je vois Alex, c'est des papillons que je ressens dans le ventre, mon cœur ne s'emballe pas, mais après tout, c'est peut-être parce que je n'en ai plus, et qu'avant, il ne m'appartenait pas.
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Hello 🥰
Comment allez vous ?
On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre du point de vue d'Amélia, ça fait un petit moment que ce n'est pas arrivé, j'espère que ça vous fait plaisir 😏
Notre héroïne a l'air d'être un peu dépassée par les événements et se tient responsable de beaucoup de choses, espérons qu'Alex arrive à la déculpabiliser !
En tout cas, j'espère que vous avez hâte de lire la suite !
N'hésitez pas à me donner votre avis et à voter ça fait toujours plaisir 🙈
Au plaisir d'échanger avec vous 🌈
Célia 💜
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