Thème : Ceux qui dansent avec les étoiles

Tout d'abord, se camoufler. Ralentir sa respiration, arrêter de bouger, ne faire qu'un avec son environnement.

Deux ombres se faufilent dans la nuit, glissant de cache en cache. L'une d'elle s'arrête, lève sa main, la seconde en fait autant. Toutes deux sont vêtues d'un juste au corps aux couleurs sombres, qui les rend presque invisibles. Leurs cheveux sont noués de façon à ne pas les déranger. Les deux ombres s'immobilisent totalement, ralentissent leur respiration qui devient inaudible pour l'oreille humaine. Mais elles savent que leur cible peut tout de même les entendre.

Ensuite, trouver sa proie. Laisser ses sens s'étendre sur les environs, focaliser son ouïe sur le moindre bruit

Les deux ombres ferment leurs yeux. Malgré leur vision améliorée, de nuit dans la forêt profonde, leur ouïe est leur meilleur atout. Elles essayent toutes deux de repérer un bruit suspect. Tout d'abord, elles entendent leur propre battement de cœur, ainsi que leur respiration. Elles étendent ensuite leur champ auditif, captant les battements de cœur et la respiration l'une de l'autre. Ce n'est toujours pas ça qu'elles cherchent. Elles continuent leur traque. D'un coup, elles captent le bruit recherché. Un chant s'élève dans la nuit, porté par le vent. Elles ont de la chance, le vent est de leur côté ce soir.

Puis, la traque. S'accrocher au son, ne pas le laisser filer, tout en s'approchant silencieusement.

Les ombres se regardent. Elles n'ont pas besoin de parler pour communiquer. Quand elles chassent, elles ne font qu'un. Lentement, elles avancent. Leurs pas ne font presque aucun bruit, ils s'apparentent au bruissement des feuilles dû au vent. Elles arrivent en bordure d'une clairière d'où émane la faible lueur d'un feu de camp. Plusieurs ombres émanent des flammes. D'ici, les deux ombres peuvent parfaitement entendre le chant et la musique qui émane des lieux, de même que les rires masculins des créatures qui entourent le feu.

Finalement, ne laisser aucune chance de fuite. Entourer sa proie, ne lui laisser aucune marge de manœuvre, la prendre au piège sans qu'elle ne le remarque.

L'une des deux ombres s'avance, elle sait que les créatures ne l'attaqueront pas à vue. Elle sort de l'ombre, dévoilant ses cheveux châtains clairs, tirant sur le blond, ses yeux verts émeraude, et sa peau de poupée. La jeune fille a 16 ans, son visage est encore marqué par la jeunesse, lui donnant un air enfantin, innocent. Elle s'avance alors que le cercle formé par les créatures se rompt pour la laisser passer. Elsie a peur. Du moins, c'est ce qu'elle souhaite qu'ils pensent. Elle connaît les chanteurs dans le moindre détail. Leur apparences de beaux et jeunes hommes, leur voix mélodieuse, leur manie de chanter la nuit autour d'un feu en attendant une proie féminine, leur culte pour les étoiles, leur capacité à ressentir les émotions de leurs proies. Elle est une diversion, il faut que leur attention soit entièrement focalisée sur elle. Pour cela, elle ressent une immense et profonde peur. Le plan fonctionne, ils mordent à l'hameçon. S'approchent d'elle, lui demandent si tout va bien. Elle sent leur volonté tenter de maîtriser la sienne. Elle lâche un peu de lest, se laisse envoûter, assez pour qu'ils la croient piégée, gardant juste le contrôle nécessaire pour se tirer de leurs griffes aux dernier moment, confiant entièrement sa vie à son partenaire.

La deuxième ombre contourne le camp pour se retrouver dans le dos des créatures. Elle sort aussi de l'ombre. Cette fois, le jeune homme aux cheveux aussi noirs que ses yeux, n'est pas remarqué par les créatures. Toute l'attention de ces dernières est focalisée sur sa partenaire. Elior n'aime pas l'utiliser comme appât, mais elle avait insisté et il savait que c'était la meilleure solution. Le voilà donc, presque arrivé au feu, le plus silencieux possible. À la moindre erreur, les créatures peuvent le remarquer. Dans un tel cas, sa partenaire ne survivrait probablement pas, tout comme lui. Une fois arrivé à hauteur du feu, il fouille dans sa poche et en ressort une petite bourse. Précautionneusement, il en verse le contenu, une fine poudre argentée, dans les flammes. Au départ, il n'y a aucune réaction. Il se demande alors s' il ne s'est pas trompé quelque part, mais pas le temps de paniquer, il réfléchit déjà à un moyen de sortir sa partenaire des griffes des chanteurs. Soudain, les flammes virent au bleu. C'est bon, tout a fonctionné comme prévu. Il lève ses yeux et voit le regard horrifié des créatures qui commencent à se tordre de douleur. Il voit le regard de sa partenaire se "réveiller". Il s'approche d'elle, d'un simple regard, juge de son état et se rassure, elle n'a rien. Il observe à nouveau les créatures, voit un filet vaporeux argenté s'échapper de leur bouche. À l'aide d'un bocal donné par ses supérieurs, il récupère cette vapeur. Il observe ensuite les hommes vieillir de façon accélérée, puis, partir en poussière. Seul l'un d'entre eux ne semble prendre que quelques années. Les autres étaient possédés depuis trop longtemps. Il voit sa partenaire couvrir l'homme qui dort maintenant profondément. Il va probablement avoir un choc au réveil, en se rendant compte que plus de 15 ans ont passé pour lui. Il s'en moque, ce n'est plus de son ressort. Il a accompli ce pourquoi il est venu, et ce sans aucune blessure, c'est tout ce qui compte. Il lève un instant les yeux vers les étoiles, se demandant ce qu'elles peuvent avoir de si passionnantes pour qu'autant de créatures aient des rites qui leurs sont associées. Il sent soudainement une main froide prendre la sienne. Il baisse son regard pour capter celui de sa partenaire, lui sourit. La traque est finie pour cette nuit.

Aiko ~