Armistice - Partie 1/4

Jour 176

Cher journal,


Je n'ai pu écrire ni hier, ni avant-hier. Tu avais disparu. Je ne te trouvais pas, et puis ce matin, à mon réveil, tu étais de nouveau à ta place. Je crois qu'Hannah t'a emporté avec elle et qu'elle a lu tout ce que j'ai pu te confier jusqu'ici. Même si je trouve ça terriblement gênant, je ne peux lui en vouloir. Il n'y a rien à faire ici pour une fillette de douze ans. Lire a dû la distraire.

Ces deux jours passés sans toi m'ont fait réaliser combien écrire m'était important. Ça me permet de tenir, de survivre. C'est sans doute la raison pour laquelle je compte les jours en traçant des bâtons sur le mur. Chacun de mes traits est un combat gagné contre l'ennemi. Et dans ce journal, chaque lettre que je t'écris atteste que je suis en vie. Ou plutôt en survie. Je ne me souviens plus de ma vie d'avant, avant toute cette folie. Le temps s'est arrêté ici, dans cette cave où nous vivons, cachés, depuis le recensement.

C'est bientôt l'été. Je le sais parce que la lumière du jour se fait plus présente ; elle s'attarde chaque jour un peu plus : elle est déjà là quand j'ouvre les yeux le matin et veille avec moi jusque très tard, le soir.

Hier, papa m'a ramené un nouveau stylo, de sa dernière escapade. Sa bille glisse sur le papier et ne fait aucun bruit. J'écrirai encore plus !

Il faut que je te laisse, c'est l'heure d'aller manger. Mais je tenais à te remercier. Tu es le gardien de mon intégrité : quand je m'égare, c'est toi qui me remets sur le sentier de mes souvenirs, mes espoirs et mes rêves. Tu es mon meilleur ami.

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