Chapitre 9

- Mr Kaiba, nous venons de finir les examens.

- Est-ce grave ?

- Et bien... oui !

- Dans quelle mesure ?

Le médecin baissa la tête et prit une grande inspiration. Il devait dire la vérité à son patron. Mais il n'avait en même temps pas envie d'être la personne qui lui annoncerait cette nouvelle.

- Dites-moi avant que je m'énerve et que j'engage un autre médecin, gronda le jeune homme.

- Votre sœur souffre de dégénérescence cérébrale.

- Combien de temps ?

- A la vitesse où ça va...

- Des années ? des mois ?

- Euh... c'est une question de semaines, Mr Kaiba !

- De semaines ? Mais c'est impossible, ça ne va pas aussi vite.

- C'est ... je pense l'utilisation de la « Machine ». C'est un des effets secondaires que ... nous avions envisagé.

- Ma sœur n'est pas ... fragile. Pourquoi elle et pas moi ?

- Vos résultats sont très corrects, en effet. Je pense que ça vient d'un défaut génétique. Vous avez beau avoir un ADN similaire, il diffère sur de nombreux points. Vous êtes un homme, c'est une femme...

- Qu'est-ce que ça veut dire, coupa Makuba.

- Tu ne devrais pas écouter aux portes, Makuba, gronda Seto.

- Dis-moi ce que ça veut dire ? Anna va mourir ? La « machine » lui a fait du mal ?

- Oui ! répondit Seto d'une voix froide.

Makuba se sentit soudain triste pour Anna et en colère après Seto. Après tout ça, il se montrait toujours froid et ... sans émotion. Il n'aimait pas Anna ? Lui, il adorait sa grande sœur, elle était super, drôle, plein d'idées, souvent triste, surtout quand il parlait de Seto. Il regarda son frère une dernière fois avant de quitter la pièce pour rejoindre sa sœur.

Anna était assise sur son lit et vit Makuba entrait dans la pièce. Elle fit un sourire, elle va pouvoir enfin rentrer chez elle. La jeune fille remarqua alors l'air triste du jeune garçon.

- Est-ce que ça va, Makuba ? Seto a encore dit quelque chose ? Il lui arrive un truc grave ?

La jeune fille descendit du lit, elle fit quelques pas avant de tomber à terre. Elle avait senti sa jambe tremblait. Elle s'assit et releva sa jambe pour la frotter ça arrivait souvent ce genre de choses. Soudain, elle sentit deux bras forts et puissants la soulever dans ses bras.

- Seto, je peux marcher ! grogna-t-elle.

- Non, Anna !

Makuba fronça les sourcils en voyant son frère prendre sa petite sœur dans ses bras. Il fit un sourire, peut-être que Seto ne la détestait pas finalement. Il se mit à courir derrière lui.

- Où est-ce que tu m'amènes ?

- A la maison !

- A la maison ? répéta Anna sans comprendre.

Son frère la tenait dans ses bras, en mode princesse, comme on dit. Il marchait la tête haute sans poser son regard sur elle. Elle ne comprenait plus grand-chose. De quelle maison il parlait au juste ?

- Pose-moi tout de suite, cria-t-elle.

Elle se mit à gesticuler pour qu'il la lâche. Elle ne voulait aller nulle part avec lui. Anna avait toujours rêvé de pouvoir dire, je rentre à la maison. Sauf qu'aujourd'hui, elle était assez grande pour être considérer comme majeur. Elle voulait faire sa vie à elle, créer et construire sa propre maison.

- Laisse-moi tranquille !

- Anna, je te ramène à la maison.

- Mais je ne veux pas aller à ta maison.

Il y a cinq ans, elle aurait tout donné pour qu'il prononce ses mots qu'il la ramène à la maison. Mais aujourd'hui, étrangement, cela la mettait en colère. Pourquoi maintenant ? Soudain elle comprit, elle se souvint de l'air triste de Makuba, de ses gestes qu'elle ne contrôle pas toujours, des chutes qu'elle fait sans raison, de ses difficultés à réfléchir parfois, de ses écrits qui n'ont pas de sens alors qu'elle est sûre de bien écrire.

- Je suis malade, c'est ça ? demanda-t-elle.

Seto s'arrêta de marcher. Il posa son regard sur Anna. Elle comprit qu'elle venait de toucher juste.

- C'est grave ?

Le jeune homme hocha la tête. Anna ferma les yeux. Elle allait mourir dans ...

- Combien de temps ?

- ... maine, bredouilla Seto.

- Hein ?

- C'est une question de semaines !

- Je vois ! fit la jeune fille d'un ton calme. Pose-moi !

Le jeune homme posa la jeune fille sur le sol. Anna soupira et repoussa Seto. Elle ne voulait pas de sa pitié. Elle croisa le regard de Makuba et lui fit un petit sourire. La jeune femme s'avança vers lui.

- Makuba, ça va aller !

- Mais... Anna ...

- Tu ...

Anna se dit qu'il aurait mieux fait de ne pas se rapprocher de lui. Il avait oublié son existence et il était plus heureux, du moins, il ne serait pas triste. Tout ça c'était... la faute de Seto. Tout avait toujours été à cause de lui. Elle donna un coup de pied à son grand frère et se mit à courir. Elle s'étala dans l'ascenseur sous les cris de Makuba et Seto. Mais elle ne voulait plus les voir. Ce serait mieux que tout le monde ... l'oublie ou la déteste. C'est ce qu'elle aurait dû faire avec Atem. Elle n'aurait jamais dû lui donner un ... avant-gout du bonheur pour ne lui laisser que l'amertume du malheur.

Elle parvint à retourner à l'orphelinat, tant bien que mal. Il ne lui restait que des semaines à vivre. Que pouvait-elle faire ? La jeune fille n'avait pas de liste de choses à faire avant de mourir. Elle n'avait que réfléchir à un avenir, un avenir qu'elle n'aurait même pas.

Seto était plongé devant son ordinateur. Il avait des nouvelles de sa sœur, grâce à Roland. Mais là, il voulait étudier... il voulait trouver un moyen de la sauver. Il avait même envisagé la cryogéniser, dans l'espoir que dans l'avenir les scientifiques aient trouvé un moyen de la sauver. Mais il n'y avait rien, il avait revu les données des médecins. Il espérait qu'ils aient pu se tromper, mais non. Il avait envoyé le dossier à un professeur de renom dans le domaine neuroscientifique. Ce dernier avait cru que c'était le cerveau d'un vieillard atteint d'Alzheimer.

« Ces neurones sont atteints d'une dégénérescence fulgurante qui cause des troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques. Le diagnostique vitale est sans doute de quelques jours, deux ou trois semaines tout au plus. »

C'était le rapport froid du scientifique concerne sa sœur. Mais Seto préférait cela plutôt que des paroles mielleuses qui sont sensés le rassurer et lui remonter le moral. Makuba avait passé la soirée à pleurer ou à lui crier dessus. Maintenant, il dormait sur le canapé.

Seto avait ensuite envoyé le test ADN complet d'Anna à un généticien. Il voulait comprendre pourquoi la « machine » avait eu un impact aussi important sur elle. Le scientifique lui avait répondu qu'il lui faudrait plusieurs jours pour analyser l'ADN. Le jeune homme était resté devant son ordinateur pendant des heures à fixer l'écran. Que pouvait-il faire pour sa petite sœur ? Qu'est-ce qui la rendrait la plus heureuse ?

Le jeune homme continuait de se poser la question alors que l'état de santé de sa petite sœur se dégradait. Elle va mourir et il ne peut rien faire pour la sauver. Elle finirait par ne plus pouvoir marcher, puis ne plus pouvoir bouger, ni parler. Elle aurait ensuite dû mal à réfléchir, à penser. Ensuite son cerveau cesserait de fonctionner et ses organes avec lui, jusque sa respiration et son cœur s'arrêtent. Et ce serait la fin !

Anna était debout sur ses jambes, elle pouvait bouger ses doigts sans difficulté. Elle plia les genoux et se mit à rire. La jeune fille se mit à compter dans sa tête, oui tout semblait fonctionner dans son cerveau. Son regard se posa sur son frère qu'est-ce qu'il avait fait ? Pourquoi avait-il l'air aussi triste ?

Elle regarda alors le paysage autour d'elle, c'était le désert ? Est-ce qu'ils étaient dans le monde d'Atem ? Elle va pouvoir le revoir, une dernière fois avant la fin ? Est-ce que ce n'était pas cruel pour lui ? pour elle ? Soudain, elle fut très en colère contre son frère.

- Mais qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ? gronda-t-elle. Tu ne pouvais pas me laisser partir tranquille, non ?

- Anna !

- Non, mais c'est vrai, tu veux que je fasse quoi, je dise adieu à Atem, une nouvelle fois. Je te l'avais dit que je ne voulais pas me retrouver ici.

- Anna !

- Non... débranche-moi, ou je ne sais pas quoi...

- Anna !

- Quoi ?

- Tu es déjà partie !

- Hein ?

- Dans notre monde, tu es déjà morte. Ton cerveau n'a plus... il s'est arrêté de fonctionner et le reste de ton corps. J'ai transféré ton esprit dans le monde des « esprits », de l'au-delà. J'ignorais si ça allait marcher, mais ...

- Donc je suis ici pour ... toujours ?

- Euh... oui, j'imagine.

Anna regarda son frère. Seto vit les émotions passaient sur son visage, l'incrédulité, le questionnement, les froncements de sourcils, puis son sourire quand elle comprit ce que ça voulait dire. Puis elle sauta dans ses bras en riant.

- Merci, Merci, Merci, dit-elle en pleurant dans le creux de l'oreille de son frère.

Seto trouva que c'était le plus beau mot au monde. Il referma ses bras autour du corps de sa petite sœur pour la première fois et la dernière fois. Lui, il aurait peu de chance de pouvoir revenir dans ce monde des « esprits ». Le temps prévu sans que son cerveau n'explose à son tour touchait à sa fin. S'il arrivait à perfectionner le processus peut-être pourra-t-il envoyer Makuba, un jour, sans danger ? Mais pour lui, c'était fini.

- Petite sœur, c'est à moi de te remercier pour tout ce que tu as fait. Je... t'aime, parvint-il à murmurer.

Anna se mit aussitôt à pleurer encore plus fort. Elle serra ses bras autour du cou de son frère. Elle avait rêvé de ces mots depuis très longtemps. Elle était contente de les entendre. Seto souleva la jeune fille dans ses bras et la serra encore plus fort.

- Je vais devoir partir et je ne pourrais pas revenir.

- Oh !

Seto reposa sa petite sœur sur le sol et prit son visage dans ses mains. Il fixa son regard dans le sien et déposa un baiser sur son front. Il n'aimait pas les adieux qui s'éternisent. Il recula vers la « sortie » et croisa une dernière fois le regard de sa sœur, elle fit un geste de la main et murmura :

- Je t'aime aussi, merci !

Il ouvrit les yeux et fixa le plafond de la « machine ». Voilà, il ne reverrait jamais sa petite sœur. Il sentit une larme coulait sur sa joue. Il l'essuya et afficha un masque sur son visage. Personne ne saura jamais qu'il avait pleuré, qu'il aimait sa petite sœur et lui souhaiter tout le bonheur du monde dans le monde des esprits, avec Atem, l'homme qu'elle aimait.

Makuba pleura beaucoup devant le cercueil d'Anna. Le jeune garçon avait découvert une grande sœur pour la perdre presque aussitôt. Mais il savait qu'il devait continuer à vivre pour elle, pour Seto. Il leva son regard vers son grand-frère. Il était venu à l'enterrement, mais il affichait un air stoïque comme à son habitude. Jono-Uchi, Yugi, Anzu, Honda et Salomon étaient là aussi pour dire au-revoir à la jeune fille. Elle avait passé peu de temps dans la vie de chacun mais elle avait illuminé leurs vies.

Jono-Uchi n'aurait peut-être pas eu le courage d'aller sauver sa sœur si Anna ne l'avait pas poussé à coups de pied aux fesses. Yugi avait trouvé une amie en elle, qui n'avait pas hésité à défier Yami pour le sauver. Même si ce n'était pas utile.

- Yugi ?

- Oui, Kaiba.

- Je le dis qu'à toi, mais je sais Anna heureuse, je l'ai laissé avec Atem, dit-il.

Seto quitta Yugi. Ce dernier pencha la tête en essayant de comprendre ce que ça voulait dire. Est-ce qu'Anna était dans le monde des esprits avec Atem, mais pourquoi serait-elle heureuse avec lui ? Il est vrai qu'Anna était revenue, du monde des esprits, triste, vraiment triste, elle n'avait jamais voulu en parler. Il avait supposé que ça avait un lien avec Seto, mais peut-être que... ça avait un lien avec Atem ?

Il se souvint alors d'une phrase que son partenaire lui avait dit, peu de temps après sa « rencontre » avec Anna.

« Elle avait un regard bleu si envoutant, Yugi. Où est-elle aujourd'hui ? »

Atem était assis sur son trône, il ne comprenait pas grand-chose. Comment pouvait-il être mort et souffrir autant ? Anna lui manquait atrocement. Il soupira et leva son regard vers son prêtre Seth. Ce dernier était bien le seul à comprendre ce qui arrivait au jeune pharaon.

- Non, mais vous écoutez ce que je vous dis, bande de babouin, gronda une voix.

Le jeune homme leva aussitôt la tête et vit deux gardes entraient dans la pièce. L'un d'eux portait une jeune fille sur son épaule qui gesticulait. Il afficha aussitôt un sourire et se leva. Le garde posa Anna sur le sol, elle se retourna. Mais eut à peine le temps de respirer que deux bras l'avaient déjà encerclé pour la serrer contre un torse.

- Anna, murmura-t-il.

- Il va falloir que j'apprenne l'ancien égyptien, fit-elle avec le sourire.

Atem prit son visage entre ses mains et la regarda en fronçant les sourcils. Il mit quelques secondes à comprendre qu'elle restait enfin pour toujours avec lui. Il l'embrassa la jeune fille et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

FIN