Chapitre 18


- Peu après mon couronnement, je me suis rendu en Carmélide à l'appel de son roi Leogadan, commença Arthur. Celui-ci me demandait d'intervenir suite à des attaques répétées de mercenaires, car il craignait pour la vie de ses habitants et sa famille, et en tant que nouveau roi, je voulais être à la disposition de tous mes sujets. Alors que nous étions presque arrivés, une horde d'hommes nous a pris au piège, et même si mes hommes et moi avons vaincu, j'ai été blessé au bras, à cause de mon manque d'entrainement. Lorsque nous sommes arrivés au château de Leogadan, il m'a fait monter dans une de ses chambres, et a demandé à sa fille Guenièvre de veiller à ce que je reçoive les soins que je méritais. La blessure n'était pas très grave, mais Guenièvre a fait tout le nécessaire pour que je ne garde aucune séquelle, et nous avons appris à nous connaitre. Je suis resté alité deux jours, pendant lesquels elle est restée avec moi, et j'ai compris qu'elle devait rentrer à Camelot avec moi. Mes soldats et moi restâmes encore une semaine, traquant les rebelles qui terrorisaient les villageois, et festoyant en compagnie de Leogadan et sa famille. Lorsque je dus repartir au château, je demandais la main de Guenièvre à son père, qui me l'accorda avec joie, plutôt heureux de s'allier ainsi à la couronne. Ma future épouse semblait ravie, et nous nous mîmes en route.

Quand nous fûmes au château, je demandais à Merlin d'organiser mes noces, et je sentais qu'il était retissant à cette union, mais entêté comme j'étais, je ne voulus rien savoir et n'écoutais pas ses mises en garde. Nous nous mariâmes au début du printemps, et la fête fût somptueuse. Nous vécûmes amoureux durant plusieurs semaines, quelques mois tout au plus. Un jour, alors que j'étais dans la salle du trône, Guenièvre vint me présenter un jeune homme qui voulait être adoubé chevalier. J'acceptai, et organisai une cérémonie ainsi qu'un festin pour célébrer le nouveau soldat, Lancelot. Pendant le repas, je sentais que Guenièvre était étrange, mais je ne m'en inquiétais pas. Je croyais qu'elle était fatiguée, et qu'elle regardait dans le vague, jamais je n'aurais cru qu'une liaison allait naître entre elle et Lancelot. Au fur et à mesure des jours, elle se rapprochait de ce jeune homme, mais je ne m'en rendis pas compte de suite, étant occupé à gérer les problèmes du royaume. Un jour, alors que je discutais avec Merlin et quelques un de mes généraux, Gauvain, que vous avez déjà rencontré, entra dans la salle et s'approcha de moi. Il se pencha vers mon oreille, et je n'oublierais jamais ce qu'il m'a chuchoté. Mon frère d'arme m'apprit qu'il avait aperçu, alors qu'il rentrait d'une patrouille, Guenièvre et Lancelot dans les bois, qui semblaient plus proche que jamais. Mon monde s'écroula, moi qui pensais qu'elle était la femme de ma vie. Je le remerciais d'un geste de la tête et retournais à la discussion. Je voyais que Merlin avait saisi le problème, et je ne pouvais m'empêcher de me dire que si je l'avais écouté, je n'en serais pas là. 

Lorsqu'elle rentra au château, je l'attendais dans notre chambre. Quand elle me vit, elle comprit que j'avais tout découvert, et m'implora de laisser la vie sauve à son amant. Je savais qu'en tant que roi, je devais punir toute trahison, et que l'adultère en faisait partie, mais je ne pouvais me résoudre à ôter la vie à la femme qui m'avait rendu homme. Le lendemain, je réunissais dans la grande cour les habitants du château, et bannissais du royaume Guenièvre et Lancelot. Merlin fut très surpris, comme beaucoup de personnes présentes, que je les laisse vivre, ensemble qui plus est, mais à ce moment-là, je n'avais que faire de l'avis des gens, je voulais simplement qu'ils me laissent seul, pour que je puisse laisser sortir ma peine. Depuis, je me consacre entièrement au bonheur de mes vassaux, et je ne voulais plus accepter le mariage. Malheureusement, ou heureusement, je ne le sais pas encore, mon mariage avec une chrétienne n'avait pas plu à Dame Viviane, et vous voilà.

Je l'écoutais attentivement, et comprenais à présent pourquoi il avait été si distant. Je ne savais pas quoi dire, ni faire, choquée qu'une femme puisse infliger cela à son mari. Malgré la situation j'étais aussi heureuse qu'il se livre enfin à moi, car je me doutais que le faire avait dû être très dur. Je ne comprenais pas moi non plus pourquoi il leur avait offert en quelque sorte la liberté, se condamnant à un futur remplit de remords alors qu'ils vivraient heureux, pouvant vivre leur amour comme il le voulait. Maintenant que j'avais pris connaissance de ce qui le tracassait, je savais que j'avais les cartes en main pour le rendre heureux, et sa dernière phrase me laissait supposer que rien n'était perdu, et que je pouvais encore me faire une place dans son cœur. Arthur tourna la tête vers moi, et je vis dans ses yeux toute la peine et la rancœur qu'il gardait contre cette femme.

Nous nous fixâmes quelques secondes, et, comme il l'avait il y a quelques instants, il se pencha vers moi. Nos têtes n'étaient maintenant qu'à quelques centimètres, et je sentais son souffle chaud sur mon visage. Tout à coup, sans comprendre pourquoi je faisais ça, je comblais l'espace qu'il restait entre nous, et posais mes lèvres sur les siennes.


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