La Stimulation du Génie
Le grand Holmes s'ennuyait tel un rat mort dans son fauteuil, Watson était on ne sait où, aucune affaire digne d'intérêt et il ne pouvait plus se permettre de s'amuser à maltraiter des cadavres à des fins purement scientifiques.
Pour sûr, il avait songé à se procurer assez de cocaïne pour se concocter sa solution à 7% or sa dernière prise n'était pas si lointaine, les effets indésirables tel que la tachycardie, l'hypertension, l'épilepsie, l'hyperthermie, le priapisme auraient une probabilité plus grande d'apparaître. Risque iatrogène ou avoir la verge gonflée durant des heures, il ne parvenait à départager laquelle de ses deux situations se trouvait être le pire. Assurément c'était la pendaison !
Cela allait de soi qu'il avait songé à d'autres drogues pouvant le stimuler, l'opium et ses fumeries, son dérivé la white lady, la fée verte aussi nommée absinthe, le chanvre ou autrement nommé le cannabis. Or les expériences olfactives rencontrées dans ses vapeurs n'avaient pas d'attraits.
Il lui semblait que son prodigieux intellect avait perdu toute stimulation, l'oisiveté allait l'assassiner, il lui fallait cette faible dose, suffisante pour l'amener à cette cérébrale alacrité. Pour atteindre cette équanimité inégalée. .
Le surmenage, la drogue, un jour ou l'autre son train de vie le détruirait, pouvait-il presque écouter de la voix inaudible de son unique ami absent. Cela eût le mérite de lui tirer un sourire, c'en serait presque amusant la manière dont tous s'accordent pour ne parler que du dommage collatéral, des conséquences. Telles des fatalités funestes on lui annonçait les détours qu'allait emprunter sa destinée, à lui se déclarant : la belle affaire que de vivre en maîtrisant ses éclats de génie, en se préservant.
Sa vie, il fallait qu'elle se consume non qu'elle soit cette stérile rengaine pitoyable dont tous se contentent et se satisfassent. Et si dans le processus, il fallait s'enflammer de même aussi aisément qu'une feuille de cèdre sous les flammes d'un chalumeau cela ne le dérangeait nullement.
Brusquement le tirant de sa réflexion, de son manque de drogue dans son système sanguin des odeurs montèrent à lui. L'odeur du thé froid, de gâteaux secs, de madeleines gorgées d'humidité mais surtout celle d'un morceau de tarte avec pour principal ingrédient le rutabaga, ses yeux tranchants s'ouvrirent sur ce qu'il avait senti. Cela le rendait nauséeux, qu'on prenne la peine de poser de la nourriture, pour le maintenir en vie sûrement, car évidemment elle se préoccupait davantage de cela. Le cerveau du détective était affamé et à sa vue se trouvait cette nourriture -selon lui chaque digestion est du temps de perdu- il se trouvait déjà dans un état extrême de lenteur et constatait cela comme un complot pour réduire ses facultés à néant. N'avait-elle rien d'autre à faire mis à part effleurer du plumeau les meubles, nourrir ses colocataires cette vieille femme ?
Avec précision, il se mit à déduire combien de temps l'euphorie de ses doses et sa chute avaient durés, ce n'était pas fameux, se morfondre ainsi n'était pas une solution, il se considéra d'une grande jocrisserie. Comme à son habitude dans ces moments des multiples possibilités pouvant le tirer de cet ennui mortel effleuraient rapidement la surface de son esprit. Telle une mécanique rouillée, il commença à redresser son corps sans grande délicatesse, un craquement se fit entendre dans l'appartement horriblement calme.
Ce fut pathétiquement qu'il se mit à appeler le docteur, il n'avait pas bougé un muscle durant des journées entières, la douleur était bon signe. Cependant il était seul, demeurant immobile se demandant quand il serait bon de bouger, son dos le faisant souffrir. Trouvant la situation ridicule et détestant que son corps ne le suive pas, il s'étira longuement en prenant bien soin de solliciter chaque muscle dorsal.
Entre ses dents, il maugréa que l'autre n'était jamais là quand il en avait besoin, qu'il lui souhaitait d'avoir à diagnostiquer et soigner dans son cabinet divers cas tel qu'un prurit anal, des varices et d'autres désagréments banals du corps humain. Une fois qu'il fut capable de se déplacer, il ramassa la seringue qui avait naturellement roulée derrière le fauteuil, pas qu'il espérait que se trouve encore à l'intérieur son bonheur ni par esprit tatillon mais par souci de prendre soin d'un instrument utile.
Son négligé à l'instant même aurait fait pâlir bien des loques dans les fumeries, il avait l'air dément à lutter contre l'ennui, il s'agitait. Il en revenait toujours au même point.
C'est donc en trombe qu'il partit s'habiller, il allait trouver une affaire ou se réapprovisionner auprès de l'apothicaire.
-FIN-
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