Chapitre 8
Aihnoa était une femme très gentille, et très patiente également. J'ai appris que c'était elle qui avait joué le rôle de sage femme auprès de ma mère lorsqu'elle a accouché, et qu'elle s'était occupée de moi lorsque mes parents étaient trop fatigués. Elle avait jouée le rôle de nourrice pour moi, de seconde mère, et j'appréciais nos moments ensemble.
Ses enseignements avaient durés deux semaine, semaines durant lesquelles ne n'étais toujours pas sortie. Sauf que je prenais mon mal en patience, faisant de mon mieux pour tout apprendre et retenir afin de bien faire mon travail le moment venu. Et ledit moment arriva après ces deux longues semaines. La nuit venue, j'enfilais ma cape, pris un sac dans lequel je fourrais une dizaine de potions, puis quittais le Repère sous les regards et les paroles encourageantes de mes amis.
J'avais parcourue la ville à la recherche d'une maison précise. Mon clan avait joué le rôle d'éclaireur durant ces deux semaines d'entrainement, et ils avaient trouvés plusieurs maisons abritant des malades qu'il m'était possible de guérir. Je décidais de commencer par la plus éloignée, afin de revenir sur mes pas ensuite et de guérir au passage si, bien sûr, les gens acceptaient sans appeler les patrouilles au secours.
Arrivée devant la petite maison, je frappais. Une femme aux yeux profondément cernés avec quelques filaments blancs dans les cheveux m'ouvrit. Lorsqu'elle me vit, elle étouffa un cri et recula. J'entrais, et levais une main en signe d'apaisement.
- Paix, dis-je simplement. Je viens ici pour votre enfant.
- Vous n'obtiendrez rien de lui, ou de nous ! Partez, sorcière ! Nous ne vendrons pas notre âme au diable ! cracha-t-elle.
- Je ne suis pas ici pour ça, affirmais-je doucement. Je suis ici pour guérir votre enfant. Je possède ici les médicaments nécessaires, je suis en mesure de le sauver ! S'il vous plait, si vous ne me laissez pas faire, il mourra dans les prochains jours !
- Vous le menacez ? blêmit-elle.
- Non ! Ce sont simplement ses symptômes qui me l'indiquent. Sa maladie est assez grave, mais pas intraitable, et je peux le sauver, répétais-je.
- Que demanderiez-vous en échange ? se méfia-t-elle.
- De quoi survivre.
- À combien estimez vous la vie de mon fils ? demanda-t-elle.
- À vous de me le dire.
Elle hésita, se mordit la lèvre inférieur, avant d'ascquiser. Elle me mena à la chambre, et j'entrais. Je m'agenouillais au pied du lit, et pris la température de l'enfant. Sa peau était brûlante, et il toussait beaucoup, crachant un peu de sang. Sa peau était pâle comme la mort, mais il luttait contre la maladie.
- Continue comme ça, lui murmurais-je en fouillant dans le sac.
- Qui êtes-vous ? demanda une voix faible.
Je levais les yeux vers l'enfant.
- Je suis ici pour t'aider, dis-je.
- Enlevez votre capuche, me supplia-t-il.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, soupirais-je en me remettant à fouiller. Je ne voudrais pas t'effrayer.
- Enlevez-là.
Je me tournais vers la mère, étonnée, mais voyant son air décidé, je compris que c'était la meilleure chose à faire. J'enlevais donc ma capuche, leur révélant mon visage. Je continuais ensuite à chercher le flacon violet, que je finis par trouver. Je versais quelques gouttes du médicament dans sa bouche, et quelques secondes plus tard, il reprenait déjà des couleurs.
- Maman ! s'exclama-t-il avec une voix enrouée.
- James ! Oh bon sang ! pleura-t-elle.
Elle le serra contre elle pendant de longues minutes, et lorsqu'elle se releva pour se tourner vers moi, je lui tendis le flacon.
- Donnez-lui trois gouttes par jour, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, déclarais-je. Et il sera entièrement guérit.
- Je... je ne sais comment vous remercier... sanglota-t-elle. Tenez !
Elle courut hors de la chambre, avant de revenir avec quelque chose dans les mains. Elle me fourra une bourse pleine de pièces dans les mains. J'écarquillais les yeux.
- Je... mais c'est beaucoup trop ! Je ne peux pas accepter autant, refusais-je en lui tendant.
Elle referma mes doigts dessus.
- J'insiste. Grâce à vous, mon fils va vivre, et sa vie n'a pas de prix à mes yeux, déclara-t-elle.
J'asquisais, et rangeais la bourse dans mon sac. Elle me raccompagna à la porte alors que je lui rappelais les instructions concernant le médicament et, lorsque je me retrouvais dehors, je replaçais ma capuche sur ma tête.
- Vous n'êtes pas une sorcière.
Je levais un regard surpris sur la jeune femme, qui me fiait sérieusement.
- Vous n'êtes pas une sorcière, répéta-t-elle
Je lui souris tristement.
- Malheureusement, les gens ne sont pas tous aussi clairvoyants, soupirais-je. Passez une bonne nuit, madame.
- Et vous, soyez prudente. Les rues ne sont pas sûres lorsqu'il fait sombre, m'avertit-elle.
J'asquisais, puis partis à ma prochain maison. Je ne revins au Repère que lorsque l'aube commença à se pointer. Je n'avais croisé aucun problèmes, puisque les sept maisons que j'avais fait avaient acceptées mon aide. Bon, ils n'avaient pas tous étés aussi généreux que la première, mais j'avais tout de même beaucoup gagné en une seule nuit. Je ramenais donc la moitié au Collecteur, avant de ranger le reste dans le coffre avec tout mon argent, et de m'endormir.
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Ça continua ainsi pour deux autres mois avant que de nouveaux problèmes ne surviennent. Durant ces deux mois là, je poursuivais mes visites nocturnes. Mes amis trouvaient les maisons et moi, je passais la nuit. Pour la grande majorité, ils acceptaient mon aide, ayant entendu parler de moi et de mes miracles vendus à bas prix, bien que parfois, je devais me cacher sur un toit en attendant qu'une patrouille mise en alerte ne cesse les recherches. Je gagnais beaucoup, les gens étant extrêmement reconnaissants, et je ne me gênais pas pour verser plus que la moitié au Collecteur lorsque je ramenais plus que nécessaire. Ah, aussi, le prix sur ma tête avait monté à une somme exorbitante.
J'étais toujours avec António, et je le cherchais pour lui montrer une nouvelle histoire que j'avais écrite dans mon carnet lorsque je l'ai trouvé. En très bonne compagnie, apparemment. Mon carnet tomba par terre, le bruit attira l'attention d'António, qui cessa d'embrasser Shana. Lorsqu'elle me vit, elle effectua un affreux sourire en coin, alors que le visage de celui qui disait m'aimer se déformait par l'horreur.
- Amé ? souffla-t-il.
Les larmes coulaient à n'en plus finir, je suffoquais. Sans prêter attention à ses cris et ses supplications, je fuis. Je me mis à courir, courir pour fuir cette horrible réalité. Il s'était joué de moi, il l'avait toujours fait. Et ça me dégoutait encore plus que ce soit avec Shana, qui semblait plus qu'heureuse de la discorde qu'elle semait sur son passage. Je fonçais alors dans Juán, que je n'avais pas vu à cause de mes yeux brouillés par les pleurs.
- Hey, amiga, qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta-t-il en me prenant les épaules. Qué pasa ?
- Je... il... António... balbutiais-je.
Un trait soucieux barra son front.
- Qu'est-ce qu'il a ? Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? demanda-t-il.
Le concerné arriva à ce moment là. Lorsqu'il me vit avec son frère, il courut vers nous. La colère domina ma peine, et je lui fis face, les joues striées de larmes.
- Toi ! crachais-je lorsqu'il ne fut qu'à deux pas de moi.
- Amé...
- Tais-toi ! Tais-toi ! sanglotais-je. Je te hais, tu m'entends ? Je te hais ! J'espère que tu t'es bien amusé, à te moquer de la pauvre, pitoyable, petite Amélyssa, mais c'est fini ! Ne m'adresse plus jamais la parole, sale traitre !
- Amé...
- Non ! Je ne veux rien entendre !
- Mais...
Le contact de ma main sur sa joue le fit taire, et le bruit de la claque résonna sur les murs de la place étrangement silencieuse. Je remarquais alors que tout le monde nous regardait. Il me fixa d'un air choqué, alors que je lui transmettais toute ma haine à son égard par un simple regard. Je tournais ensuite les talons, et me réfugiais dans ma tente.
Je ne parlais à personne la semaine qui suivit, seules Esméralda et Aihnoa pouvaient entrer. Elles essayaient de me résonner, me disant que je devais sortir, mais je ne voulais pas. Je ne pouvais pas être confrontée à lui à nouveau. Contrairement à ce que je j'espérais, António n'avait pas abandonné. Il tentait par tous les moyens de se faire pardonner, essayait de me parler, mais je le rembarrais à chaque fois. Je ne savais pas ce qui faisait le plus mal : le fait qu'il m'ait trompé avec une catin ou le fait qu'il essaye malgré tout de recoller les morceaux comme si de rien n'était.
- Pourquoi ça fait si mal, soufflais-je en serrant mon oreiller.
Deux autres jours passèrent avant que je ne trouve enfin le courage de sortir hors de la tente. Manque de bol, António semblait en avoir eu assez de mon caractère car la première chose que je vis lorsque je décidais de sortir m'expliquer avec lui, c'est lui en train d'embrasser Shana, encore.
Sauf que cette fois, je n'avais ni fui, ni craqué. Je m'étais contentée de les ignorer, serrant les dents et passant outre la douleur qui me déchirait le cœur. Je m'excusais au clan pour mon attitude, sauf aux deux autres bien sûr, et ils comprenaient parfaitement mon point de vue. Seul Sheyenne ne semblait pas vraiment contente de me revoir. C'est bizarre, elle était sympathique pourtant.
Le soir venu, je tentais de trouver mon journal, en vain. Il avait tout bonnement disparu. Je remontais à une semaine et deux jours plus tôt, au moment où j'avais découvert la trahison d'António. Je l'avais échappé là, et ne l'avais pas revu depuis. Je soupirais. Tout allait de mal en pis.
Encore trois jours passèrent, j'ignorais délibérément Shana et António, les évitais même, et faisais de mon mieux pour passer par-dessus. Je m'étais également remise à mon travail, que j'avais trop négligé les jours précédents. J'étais en train de parler avec Esméralda, un peu fatiguée par la nuit précédente (j'avais dû fuir tout le long à cause d'une imbécile qui m'était rentré dedans pour ensuite avertir les gardes), lorsque deux gitans débarquèrent, Lorenzo et un de ses amis, Django je crois. Ils affichaient une mine sombre.
- Hey, les gars, tout va bien ? m'inquiétais-je.
Django me saisit violemment le bras et me força à me lever. Je tentais de me défaire de sa poigne, mais Lorenzo s'ajouta, quoique plus doucement.
- Ne rend pas les choses plus difficiles, s'il te plait, me dit-il en m'entrainant je ne sais où.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ? m'énervais-je. Lâchez moi et expliquez moi ce qu'il se passe !
Mais aucun ne répondit, et je me retrouvais enfermée dans une cage. J'ignorais même qu'on avait une cage ici, à croire que cet endroit me réservait encore des surprises après tout le temps passé ici. Je pris donc mon mal en patience, attendant que quelqu'un vienne me voir et daigne enfin m'expliquer ce qu'il se passait. J'y passais la nuit, qui s'écoula au compte-goutte. Aihnoa était venue me porter une couverture ainsi qu'un peu de pain et de l'eau, avant de repartir sans m'adresser un mot ni un regard malgré mes supplications.
Je me posais de plus en plus de questions, et ma pauvre cervelle surchauffait. Le lendemain, ce furent Miguel et Darjan qui se présentèrent à la porte de ma cellule.
- Ah, les gars ! soupirais-je en les voyant. Dites, vous pourriez m'expliquer ce que je fais ici ? Parce que Django et Lorenzo m'ont enfermés ici sans me dire pourquoi, et je commence à être vraiment à bout, en plus que...
- Tais-toi.
La voix froide et tranchante de Darjan me fit taire. Ils me prirent chacun un bras et m'emmenèrent à une tente beaucoup, beaucoup plus grosse que les autres. J'en avais entendu parler, c'était la tente du jugement. Mais qu'est-ce que je fais là ? Je cherchais un visage familier du regard, mais même Esméralda semblait éviter de me regarder. Tout le monde était présent, sauf Juán et Tiago, alors qu'António me fixait avec haine et incompréhension. Mais qu'est-ce qu'il se passe, non d'un chien ? J'ai carrément le gout de pleurer. On m'installa sur un banc, et mon père me fit face, sans pour autant me regarder. Qu'est-ce qu'ils ont tous...
- Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour juger Amélyssa. Elle est accusée de quatre crimes très graves, déclara-t-il.
- Pardon ? m'interloquais-je.
- Premier ! Elle est accusée d'avoir volé de l'argent au Collecteur.
- Quoi ?
Le Collecteur, nommé Miraldo, était un homme on ne peut plus sympathique. Je n'aurais jamais fait ça ! Il s'avança, me fixant avec un air déçu.
- C'est vrai. Je l'ai vu, portant son masque, en train de voler de l'argent collectif dans mon bureau, affirma-t-il.
- Merci de ta confession, Collecteur, répondit Manolio.
- Mais c'est faux ! C'était pas moi, je n'ais pas remis mon masque depuis que j'ai perdu le titre de Conteuse Masquée ! lançais-je.
- Deuxième ! Elle est accusée d'avoir envoyé des messages de menace à Shana, déclara mon père en m'ignorant.
- Mais c'est n'importe quoi !
La concernée s'avança alors, toute timide, et elle tendit des parchemins à mon père sans un mot. Pff, mais quelle comédie. Enfin, c'était évident qu'elle mentait.
- Je n'ai jamais rien fait de tel ! réfutais-je, insultée.
- Alors confirme nous qu'il ne s'agit pas là de ton écriture, dit Manolio en m'adressant la parole pour la première fois.
Il me tendit les parchemins, que je saisis en vitesse. Il y en avait quatre.
Tu vas mourir.
Je te ferais souffrir comme personne.
Tu vas regretter d'être née, princesse !
Je te tuerais de mes mains et savourerais ma vengeance.
- Je... oui, c'est mon écriture, mais jamais je n'ai envoyé ça a qui que ce soit ! affirmais-je, scandalisée.
Et c'était vrai. J'avais effectivement écrit des mots, mais c'étaient... c'étaient des extraits de mes histoires, qui se trouvaient dans mon carnet.
- Ce sont seulement des extraits de mes histoires, celles que j'écrivais dans mon carnet ! Je vous jure que c'est la vérité ! suppliais-je. Je n'ai jamais envoyé ça !
- Troisième ! Elle est accusée d'avoir empoisonné Juán avec des potions médicamentées auxquelles elle seule avait accès, poursuivit mon père, imperturbable.
- Juán ? blêmis-je. Enfin, pourquoi j'aurais fait ça ? C'est mon ami !
- La veille, il a reçu du thé chez lui, et ce thé était empoisonné avec des potions auxquelles seule Amélyssa avait accès, répéta mon père.
- Mais pourquoi j'aurais fait ça ?
- Nous avons également trouvé une lettre chez lui, de la part de l'accusée. Il s'agit d'une déclaration d'amour, continua Manolio en sortant une autre parchemin de sa poche.
- Une déclaration d'amour ? Vous rigolez j'espère, Juán est comme un grand frère pour moi ! me désespérais-je.
Je pris le parchemin malgré tout et parcouru les quelques lignes. Encore là, c'était un extrait de mes histoires, où une princesse déclarait sa flamme à son prince par une lettre.
- Il s'agit donc d'une histoire de vengeance. Il a refusé ses avances et elle s'est vengée en l'empoisonnant, raisonna Shana.
Oh la sal...
- Quatrième ! Elle est accusée d'avoir... d'avoir...
Il semblait incapable de continuer.
- Elle est accusée d'avoir assassiné de sang froid Tiago, compléta Sheyenne en m'envoyant un regard meurtrier, rempli de haine et de tristesse.
J'ouvris de grands yeux. Non, ça ne ce pouvait pas...
- Tiago ? répétais-je, me voix se brisant. Non, vous mentez ! Il n'est pas mort, il ne peut pas être mort !
Les larmes se mirent à couleur, et le silence de toutes les personnes présentes confirma mes craintes. Tiago était mort, et on me soupçonnait de l'avoir tué.
- Je ne pourrais pas... je n'aurais pas pu... soufflais-je. Enfin, ce n'était qu'un enfant ! J'ai déjà de la difficulté à tuer un garde de Frollo, alors une enfant que je connaissais ? Que j'aimais plus que tout au monde ?
- Son poignard a été retrouvé sur les lieux du meurtre, et plusieurs témoins affirment avoir vus l'accusée le tuer parée de son masque, reprit Manolio.
- Ces quatre crimes ne pourront rester impunis, ajouta Sheyenne avec colère.
- La mise à mort n'est pas une option, rappela mon père. Elle ne l'a jamais été, et ne le sera jamais.
- Je veux que mon fils soit vengé ! s'écria la mère, en pleurs.
Elle s'approcha de moi et me gifla. Une fois. Deux fois. Moi, je n'arrivais même plus à me défendre. J'étais trop choquée pour ça.
- Tous les biens personnels de l'accusée resteront ici afin d'être redistribués aux familles des victimes. Et l'accusée... Amélyssa, tu es bannie de la Cour des Miracles. Tu prendras le stricte nécessaire, et tu seras escortée hors du Repère. Tu ne pourras plus revenir ici, sous peine d'être exécutée. Ton départ se fera demain. Le procès est terminé. Tu me déçois plus que tout, Amélyssa, acheva Manolio d'un ton brisé.
Je fus emmenée à la tente que j'habitais avec Esméralda. Arrivée là, je me remis de mon choc, et entassais le stricte nécessaire dans mon sac de jute. Un peu d'argent, mais pas tout. Je cherchais mon poignard du regard, mais me rappelais ensuite qu'il avait disparu. Je pris donc une petite dague, ainsi que mon épée que j'accrochais à ma ceinture. J'ouvris le coffre, et avisais le masque qui se trouvait sur le dessus. Bizarre, il était au fond normalement. Et le ruban était réparé. La peine et la colère me submergèrent. C'était Shana, c'était sûr à cent pour cent. Enfin, presque. Elle avait commis trois des quatre crimes dont j'étais accusée, mais il en restait un à élucider : qui avait tué Tiago ? Je pris également une couverture, ma cape, et parcourais le reste de la tente du regard avant de prendre quelques potions, au cas ou. Ensuite, je regardais à l'extérieur. Darjan et António montaient la garde.
Je soupirais douloureusement, avant de prendre mon épée. Je n'allais pas les tuer, bien sûr, seulement les assommer. Je ne pouvais pas partir demain, je devais le faire maintenant. Je ne pourrais pas supporter les regards des autres sur mon passage, leurs murmures. Je devais partir au plus vite. D'un coup, je sortis et assommais António avec mon pommeau. Seulement, Darjan m'avait vu. Nous nous fîmes face quelques secondes, avant qu'il ne range son arme. Je fis de même, et nous nous fixâmes quelques secondes.
- Ce n'est pas moi, dis-je finalement.
- Je sais, répondit-il. Pars, maintenant. Je trouverais un moyen de te ramener, Amé, je te le promets. Ton nom sera lavé de tout crime et la vérité sera révélé, je peux te l'assurer.
Je lui souris tristement.
- Il est trop tard pour faire marche arrière. Même si tu prouvais mon innocence, qu'est-ce que ça changerais ? Ils m'ont tous trahis, jusqu'au dernier. Même Esméralda semblait croire tous les mensonges qui étaient débités à mon propos ! Comment je pourrais même être sûre que je peux te faire confiance ? Je ne pourrais jamais leur pardonner, je n'ai même pas pu me défendre !
- Les preuves...
- Étaient des fausses, et si on avait écouté ma version, alors la vérité aurait triomphé depuis longtemps, le coupais-je. Non, Darjan, même si tu réussissais, je ne crois pas être capable de les confronter à nouveau un jour. Ce serait trop demander.
- Alors pars, soupira-t-il. Mais je réussirais, parce que je sais que malgré tout ce que tu dis, tu espères que tout sera réglé un jour.
Sans pouvoir m'en empêcher, je le serrais contre moi. Il répondit à mon étreinte, et il me poussa ensuite en direction de la sortie. J'enfilais ma cape, lui jetais un dernier regard, puis tournais les talons. Je tournais une dernière fois les yeux en arrière, et croisais le regard désolé et honteux d'António. Je n'avais pas dû l'assommer assez fort, il a dû tout entendre. Avant qu'il ne tente de m'en empêcher, je partis.
Je quittais la Cour des Miracles, quittais le cimetière, puis débarquais en ville. Je me rendis ensuite chez quelqu'un que j'avais croisé à plusieurs reprises. Lorsqu'il me vit, son visage s'éclaira.
- Amé !
Sans pouvoir me retenir plus longtemps, je me jetais dans ses bras.
- Tu avais raison ! J'aurais dû faire plus attention... sanglotais-je.
- Je suis désolé, Amé. Crois moi, j'aurais préféré avoir tort sur ce coup là, soupira-t-il.
- J'aurais préféré aussi, Erdjan. J'aurais préféré aussi.
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