Chapitre 11

Nous montâmes en haut en vitesse, grimpant les escaliers en faisant un boucan épouvantable. Dehors, les cris et les coups d'épées se faisaient entendre. Les combats faisaient rage, et tous semblaient exprimer une colère trop longtemps ignorée envers Frollo et ses hommes.

Nous nous précipitâmes au balcon, et je m'appuyais sur la rambarde, un sourire aux lèvres. Je pris la main d'Esméralda, puis celle d'António, et la gitane prit également celle de son ainé. Nous levâmes ensuite les bras dans les airs, victorieux.

- Droit d'asile ! hurlais-je alors.

- Droit d'asile ! répéta António en éclatant de rire.

- DROIT D'ASILE ! nous écriâmes tous en cœur.

En bas, notre intervention semblait avoir donné un regain d'énergie à nos amis, qui se battaient avec encore plus de férocité. Chacun se battait pour ses droits, sa vie, et pour l'espoir d'un monde meilleur.

Et d'un coup, l'orage se déchaina, déversant des trombes d'eau sur la ville. La grande place semblait être une gigantesque mer de lave et de feu, une entrée gratuite pour l'enfer. Et le tonnerre grondait, plus fort que jamais. Les éclairs tombaient ça et là, illuminant le ciel. Nous retournâmes à l'intérieur, trempés, mais à peine fûmes-nous rentrés que nous nous retrouvâmes encerclés par une vingtaine de soldats.

- Vous osez donc briser le droit d'asile ? grondais-je.

- Sous mes ordres, bien sûr, répliqua Frollo en sortant de l'ombre. Gardes, occupez vous des trois gitans. Je m'occupe personnellement de la sorcière.

Ils se jetèrent sur nous. Ou plutôt, sur eux. Je reculais, alors que Frollo avançait. Je sentis la rambarde me bloquer le chemin. Le juge leva alors une épée, et l'abattit sur moi sans l'once d'une hésitation. Je l'évitais, et passais par-dessus la barrière, avec pour but de descendre par l'extérieur. Seulement, après avoir évité quelques coups encore, je me retrouvais confrontée à un grave problème. J'avais vraiment mal, j'étais épuisée, et les pierres étaient terriblement glissantes. Je luttais à chaque seconde pour éviter de lâcher prise.

Puis, je me retrouvais piégée. Je ne pourrais éviter le prochain coup. Mais j'eu une idée. Il me fallait seulement gagner du temps. Frollo leva son épée, mais je le stoppais en me mettant à rire.

- Vous croyez donc gagner ? me moquais-je.

- Tu vas mourir, et tu crois que j'ai perdu ? demanda-t-il, interloqué.

- Vous pouvez me tuer là, maintenant, mes sachez que les voix des innocents trouveront toujours un moyen de se faire entendre. Allez-y, mettez donc fin à mes jours. Mais sachez que ma voix sera remplacée par une dizaine d'autres. Plus vous couperez de tête, et plus il en repoussera (NDA : Hail Hydra !), affirmais-je.

- Tu... MENS !

Et il abattit son épée sur moi. Pourtant, avant qu'elle ne puisse m'atteindre, un éclair frappa l'arme. Frollo fut électrocuté sur place. Il tituba, puis passa par-dessus la barrière avant de sombrer dans la mer de feu. Je soupirais, alors que l'eau ruisselait sur moi, brouillant ma vue. Il était mort. Il était enfin mort. Tout était terminé.

Du coin de l'œil, je vis Juán et son frère se débarrasser des soldats restants. Et mes pieds glissèrent dans le vide. Je me raccrochais au balcon de justesse, mais je ne tiendrais pas longtemps. Un de mes bras lâcha. Le second également. Mais je fus retenue d'un coup par Esméralda.

- Tiens... bon... grogna-t-elle en essayant de me soulever.

Mais, avant que je n'ai pu répondre quoi que ce soit, ma main glissa de la sienne. Et je sombrais à mon tour...

Avant d'être rattrapée quelques étages plus bas par un Phoebus pas peu fier. Je fus ramenée à l'intérieur, et il me déposa par terre. Quelques secondes plus tard, mes trois amis firent leur apparition. Esméralda me serra contre elle, soulagée, et je remerciais Phoebus. Il venait de me sauver la vie, après tout. Ne restait plus que les deux autres. C'était la première fois que je les confrontais réellement depuis mon bannissement (si on oublie l'épisode dans la ruelle), et je dois avouer que je ne savais pas quoi dire. Eux non plus, d'ailleurs.

- Euh... salut ? lâchais-je finalement.

- Amélyssa, mi amiga ! s'écria alors Juán en éclatant de rire.

Il me serra contre lui d'un geste brusque.

- Je suis tellement content de te revoir !

- Et moi donc ! soupirais-je en l'enlaçant. J'ai eu vraiment peur lorsqu'on m'a dit que quelqu'un t'avait empoisonné pour faire passer ça sur mon dos...

- Shana ne pait rien pour attendre, grogna Esméralda, dans les bras de Phoebus.

- Hey, hey, hey, attendez un peu, s'interloqua Juán. Toi... et lui... vous êtes ensemble ?

Et voilà, la liaison secrète d'Esméralda et Phoebus n'était plus sis secrète que ça. J'étouffais un rire devant les airs choqués des frères, celui gêné du capitaine et celui désespéré de leur sœur.

- Bienvenu dans la famille, amigo ! Mais je t'avertis, si jamais...

Et il poursuivit son sermon de grand frère protecteur jusqu'à ce qu'ils disparaissent de ma vue. Tous les trois étaient en effet partis de façon plus ou moins subtile pour me laisser seule avec António.

- Alors... qu'est-ce qu'on fait ? soupira-t-il. Je sais... que toutes les excuses possibles et imaginables seraient un bien faible retour des choses pour tout ce qu'on t'a fait. Je n'arrive pas à croire qu'on ai cru à toute cette histoire rien qu'un instant, qu'on t'ai accusé de tout ça sans te laisser t'expliquer, que...

Je lui posais un doigt sur les lèvres, lui intimant le silence. Deux minutes passèrent sans que l'un de nous ne dise ou ne fasse quoi que ce soit.

- Euh... qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il finalement.

- Pas grand chose. Je trouvais seulement que tu faisais énormément de bruit pour rien, répliquais-je.

Et, sans lui laisser le temps de répliquer, je l'embrassais. D'abord surpris, il répondit ensuite à mon baiser. Ensuite, je me serrais contre lui.

- Et... qu'est-ce que ça veut dire ? s'inquiéta-t-il.

- Je t'aime, je te pardonne, et j'aimerais qu'on reprenne à zéro, répondis-je.

Un grand sourire illumina son visage.

- Je t'aime aussi.

Il m'embrassa à nouveau, et passa une main dans mon dos. Aussitôt, je me détachais de lui en poussant un sifflement de douleur. Mes blessures étaient beaucoup trop récentes. Il comprit, et me serra contre lui bien plus doucement, avant qu'on ne sorte rejoindre les autres. La fatigue, la douleur et l'épuisement étaient retombés sur mes épaules comme une masse, et j'avais besoin de son aide pour marcher, mais je ne doutais pas que je m'en remettrais vite. Je m'en remettais tout le temps.

Nous sortîmes à l'extérieur. La mer de feu avait disparue, ainsi que les nuages noirs et l'orage. Aucune trace du corps de Frollo, dont l'âme devait brûler en enfer à l'heure qu'il était. Je vis alors mon clan. Dès qu'ils me remarquèrent, ils se précipitèrent vers moi, lançant je ne sais combien d'excuses et de demandes de pardon. Ce que je fis avec joie, prenant tout à la rigolade malgré ma fatigue. J'étais contente de les revoir.

Je serrais Tiago contre moi, puis me retrouvais face à sa mère, qui avait un visage impassible.

- Sheyenne, je suis désolée pour Shana, je... commençais-je.

Elle me fit taire en me serrant dans ses bras.

- C'est moi qui suis désolée. J'étais tellement aveuglée par l'amour que je portais à ma fille que je croyais chacun des mensonges qu'elle débitait, et tu en as payé le prix. Pourras-tu me pardonner un jour ? soupira-t-elle.

- Il n'y à rien à pardonner, répondis-je doucement. Et... où est-elle ? Shana ?

- Elle a disparut après que les combats aient commencés, répondit Lorenzo. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle se soit enfuie pour échapper au jugement.

J'hochais la tête, puis croisais le regard de mon père. Ce dernier se dirigea vers moi à grands pas, avant de me serrer contre lui.

- Tu vas bien ?

- Beaucoup mieux depuis que je vous ai retrouvés, affirmais-je. Je suis contente de vous revoir.

- Je suis heureux de te revoir aussi. Si tu savais à quel point je m'en veux !

- Rhoo, pas toi aussi ? me moquais-je.

- Amélyssa, ce n'est pas une blague, répliqua-t-il d'un ton triste et sérieux. Tu te rends compte de tout ce dont je t'ai accusé ?

- C'est du passé, et il ne sert à rien de cogiter dessus, rétorquais-je. Il faut simplement apprendre de nos erreurs. Dis... ça veut dire que je peux revenir au Repère ?

Il éclata d'un grand rire, et je souris. Mon jugement était levé, je pourrais enfin revenir chez moi.

./.*.&.*.\.

Une grande fête avait été organisée pour célébrer la victoire. La ville était libérée de l'oppression de Frollo, les gitans et les parisiens commençaient à forger de véritables liens, et tout allait de mieux en mieux. Assise sur le parvis de la cathédrale, je regardais tout le monde s'amuser, un sourire aux lèvres. Je sentis alors un regard peser sur mon dos. Je me retournais, et croisais le regard d'Erdjan, qui se cachait dans l'ombre. Je ne fis rien, me contentant de le saluer d'un signe de tête. Il fit de même, avant de disparaître.

Je remarquais ensuite une personne familière faire la fête avec les autres, acceptée malgré son apparence repoussante. Il s'agissait du bossu que j'avais défendu le premier jour. Je souris, nostalgique. Ça me paraissait si lointain, désormais.

- À quoi tu penses ?

Je posais ma tête sur l'épaule d'António.

- À ce miracle qui se produit sous nos yeux. À l'acceptation. À la liberté, soufflais-je. Qui sait combien de temps ça va durer ? Combien de temps avant que les ennuis ne nous retombent dessus ?

- Tu réfléchis trop, rigola-t-il. Tu devrais venir t'amuser un peu, aujourd'hui est un jour de fête !

Je l'embrassais, et il m'aida à me relever.

- Je t'aime, lui dis-je.

- Je t'aime aussi, Amélyssa.

- Non.

- Quoi ?

- Pas Amélyssa. Je ne suis pas Amélyssa, je ne le suis plus, déclarais-je sérieusement.

- Qui es-tu, alors ?

- Esperanza.

Il sourit à nouveau, et je lui serrais la main. Amélyssa était morte en même temps que Frollo. Esperanza renaissait de ses cendres. J'étais celle que j'avais toujours été, même si je l'ignorais au départ, ou le refusais. J'étais Esperanza, l'espoir perdu... la Sorcière de Notre-Dame.

Et voilà, c'est la fin de mon mini-trip sur le Bossu de Notre-Dame. Je remercie ceux qui ont eu le courage de le lire jusqu'au bout, surtout ceux qui ont laissé des commentaires, et j'espère que ça vous a plu ! Si je vois le deuxième un jour (oui, il y a eu deux films), je pourrais peut-être faire une suite. Vive les Têtes de Moutons Rasées avec Chandail Technique !

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