๛𝚄𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚝𝚒𝚝𝚎 𝚎𝚜𝚌𝚊𝚙𝚊𝚍𝚎 𝚗𝚘𝚌𝚝𝚞𝚛𝚗𝚎 ๛


Depuis ce jour, je ne cesse de rêver d'elle et ça m'énerve ! Je n'arrive pas à dormir, empêchant par la même occasion le sommeil de mon cher Félix, qui ouvre les yeux.

— Toujours ton rêve incessant ?

— Oui et ça m'énerve !

— Calme-toi, ce n'est pas dans cet état que tu vas trouver des conclusions sérieuses.

Je respire un grand coup.

— Tu as raison et d'un autre côté, ça m'inquiète, car j'ai rêvé qu'Eliana montait sur Oxorion et galopait. Imagine, c'est un rêve prémonitoire et qu'il s'avère être juste ? La seule manière de le savoir, c'est de s'y rendre.

— Roxane, attends !

Je ne l'écoute pas et fonce dehors, sa voix s'éloignant petit à petit. Je dois me rendre au village des elfes.

— Raaah... t'as  toujours cette sale manie de foncer tête baissée et après, tu nous mets dans un pétrin pas possible !

Félix vole à mes côtés, anxieux.

— Personne ne t'a forcé à m'accompagner.

Ma franchise lui coupe l'herbe sous les pattes.

— Quoi ? Mais bien sûr que je vais venir avec toi ! C'est juste que j'aurai voulu réfléchir à deux fois avant de pénétrer dans une propriété privée. Si on se fait choper, je ne dis pas notre peau...

Je continue de marcher. Dans l'élan, je n'ai pas pensé à prendre ma veste. Voilà que le froid commence à mordre ma peau.

— Tu sais Félix, il y a des fois où réfléchir prend trop de temps et foncer dans le tas est la meilleure des solutions.

Je le vois lever les yeux en marmonnant :

— C'est bien les béliers, ça... Tu sais au moins où on va ?

— Évidemment ! je rétorque du tac-au-tac, au village des elfes.

— Non... sans blague ? Je l'ignorais ! Mais je veux dire : tu connais le chemin ?

Je me stoppe net. Merde.

— Euh... non. La fois où Ruben m'y a emmené, je n'ai pas fait attention au chemin qu'on a emprunté...

Il se pose sur mon épaule.

— Je te reconnais bien, cette fois-ci ! Et bien... suis ton instinct.

— Mon instinct ? Il est aussi fiable qu'un GPS dans un désert.

— Ne dis pas ça, me reproche Félix en me tapant l'épaule de sa patte, tu ne te fais juste pas confiance. C'est une règle fondamentale et je vais devenir ton mentor.

Deux chemins se trouvent devant nous. Un seul mène au village des elfes. Il faut que je plonge dans mes souvenirs pour me rappeler lequel on a pris. Alors... on a marché, je lui ai parlé, je regardais mes pieds et... à un moment, je m'en rappelle, je me suis pris les pieds dans une racine qui dépassait. Epaisse.

— J'ai trouvé. Il y a une grosse racine qui dépasse du chemin. Je m'y suis pris les pieds et j'ai trébuché. C'est donc... celle de gauche.

— Ne perdons pas de temps.

Nous continuons et ma mémoire ne m'a pas fait défaut, je vois bien la fameuse racine. Félix me le fait bien rappeler :

— Tu vois quand tu veux.

J'ai l'impression de refaire le chemin pour aller chercher Oxorion. Mon coeur se serre. Je secoue la tête.

— Arrête de te torturer l'esprit, il est peut-être vivant.

— Il y a une grande différence Félix entre : « il est vivant », qui est une certitude et « il est peut-être vivant » qui est par conséquent une hypothèse.

Il pousse un profond soupir.

— Certes, mais cesse de te torturer, je te prie. Ce n'est pas de ta faute. Vous étiez tous les trois au mauvais endroit au mauvais moment. Ce. N'est. Pas. De. Ta. Faute !

— Mes oreilles ! Tu as raison, ce n'est pas de ma faute... c'est celle de Maëlys. On a retrouvé cette crétine dans la grange... elle avait fait une crise de somnambulisme et Nathan a pensé qu'elle était partie en bas. C'était un malentendu, un ridicule quiproquo qui a fait perdre la vie à un ami. Noble.

— Nous sommes arrivés.

Je relève la tête. Le village est bien là, à quelques mètres de nous. Tout le monde dort à point fermé. Pas de garde aux sentinelles,  nous pouvons alors y aller. Les étoiles brillent intensément dans le ciel bleuté ce soir. Je commence à avancer à pas feutré. J'ai l'impression d'être dans un ancien village japonais, perdu dans le Nippon, avec des guerriers et du saké.

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