๛ 𝚂𝚘𝚞𝚛𝚒𝚜, ç𝚊 𝚝𝚎 𝚝𝚞𝚎𝚛𝚊𝚜 𝚙𝚊𝚜 ๛
— Tu m'emmènes où comme ça ?
— Et bien, tu le verras.
Je suis Ruben à l'aveuglette depuis une heure déjà. Je ne sens déjà plus mes orteils. Je soupire sans cacher ma frustration. Ruben en sourit du coin de l'oeil.
— Tu as prévenu tes grands-parents, j'espère ? Ton absence ne sera pas longue...
— Ne t'en fais pas pour ça, je rétorque en balayant du revers de la main ma phrase, ils n'en savent rien.
— Bien. Nous sommes presque arrivés, ne t'en fais pas.
— Je l'espère bien, je ne sens plus mes doigts de pieds.
Vingt minutes plus tard, à en compter par l'heure sur le téléphone, nous finissons par arriver dans un village avec des maisonnettes en bois et en chaume. Des enfants courent autour de moi et jouent. Je remarque leurs oreilles, pointues. Ce sont des elfes.
— Dans un village d'elfes ?
— La plupart, oui. D'autres, ce sont des gnomes, ou bien humains avec des particularités spéciales. Nous sommes dans le village des elfes Blancs. Ce sont les elfes les plus amicaux de leur espèces. Les autres... vivent reclus, dans d'autres endroits. Dans La Forêt Interdite, par exemple, nous pouvons croiser des elfes noirs, plus communément appelés les « drows ». Ils travaillent pour le mal.
Je vois. J'en avais entendu parlé avec les différents livres fantastiques. Le plus connu d'entre eux reste « Le seigneur des anneaux » de Tolkien. J'ai commencé à le lire.
Ruben me fait signe de le suivre. C'est vraiment dans le respect de la nature. Pas de souillage. Tout propre.
Un elfe de grande taille aux cheveux blancs s'approche de nous. Ruben l'étreint.
De mon côté, je reste un peu à l'écart. Pour eux, je demeure une étrangère... un métèque à Rome. Ils échangent des mots puis l'homme lève les yeux vers moi, d'un air sévère et paternel. Je recule.
— Ah oui, réagit Ruben, je ne vous ai pas présenté ma chère acolyte : Roxane. Approche.
Je m'exécute doucement.
— Bonjour.
— Enchanté, je m'appelle Aldaron.
J'accepte la main ferme qu'il me tend. Peu de temps après, nous voyons débouler une femme et trois hommes — plus jeunes cette fois-ci — qui le rejoignent.
— Et voilà ma femme Arwen et mes deux fils Elros et Maeglin.
Ruben avait raison : leur teint est d'une pâleur et beauté impressionnante. Ils paraissent si jeunes. Mes yeux ne cillent pas. Les deux garçons me font un petit signe de la tête, amusés puis repartent en se chamaillant.
— Ne vous en faites pas, ce ne sont encore que des gamins... dans leur tête du moins. Je vous en prie, ne restez pas dehors, rentrez.
Nous les suivons de près, dans une maison luminescente par la lumière du soleil. Des épées, une tête de chevreuil accroché au mur, une peau d'ours faisant office de tapis. J'avais oublié d'omettre que c'étaient également de remarquables chasseurs.
— Nous sommes désolés si notre fille n'est pas là... elle est partie à la dernière minute se promener dans les bois. Je vous jure... elle est insupportable ces temps-ci.
Aldaron se passe la main sur le visage, tandis que sa femme est partie nous chercher du thé et des petits gâteaux. La courtoisie est leur fort à ce que je remarque. Je me fais silencieuse, écoutant leur discussion portée sur les banalités quotidiennes. Du temps, de la chasse... magie. Aldaron me jette des coups d'oeil discrets en ma direction... il me fait peur d'un certain côté. J'ai l'impression qu'il se méfie de moi. Je ne suis pas à l'aise. Je me lève.
— Est-ce possible de faire le tour des alentours ? Je demande, prudente.
C'est Arwen qui répond d'un ton aimable :
— Mais bien sûr !
Je lui adresse un sourire et sors, malgré que je sens encore le regard inquisiteur du grand elfe. Ouf. C'était moins une.
Je me mets à marcher, sans but précis. Ruben semble très mature. Il m'a impressionnée.
Une fille me passe en flèche à côté, manquant de me renverser. Elle est jeune, du peu que j'ai vu... Ses cheveux blonds disparaissent derrière les arbres. Je continue ma marche.
Mes pas me mène droit vers une clôture et un petit abri. Je fronce les sourcils. Une queue noire dépasse derrière les quatre bout de planches en bois de chêne. Je fais un pas de plus, curieuse.
— Qui êtes-vous ?
Je sursaute, sous la voix féminine qui vient de vibrer derrière moi. Je me retourne, une main sur le coeur et fais face à une fille plus grande que moi aux cheveux bruns longs et de grands yeux noirs. Sa présence me fait redescendre d'un grade.
— Je...
— C'est pas une phrase, ça.
Elle est fort sympathique, dis-donc ! J'imagine que c'est elle dont parlait l'elfe. Elle est insupportable...
— Et vous, vous êtes qui ?
Je ne flanche pas devant ce genre de fille, malgré que sa présence m'intimide. Elle a une telle assurance... J'ai l'impression d'être un vulgaire caillou au bord de la route à côté.
— Je t'ai posée une question, réitère-t-elle en croisant les bras, froide.
Effet miroir.
— Moi aussi.
Elle arque les sourcils puis ouvre la clôture.
— Encore une qui veut jouer les rebelles. Pff... c'est pathétique.
Elle me lance un regard dédaigneux, son cheval à coté.
Je la regarde faire, impressionnée. Ses gestes sont amples er souples. Elle sait ce qu'elle a à faire, ça c'est le cas de le dire.
— Qu'est-ce que tu fous encore ici ? Les humaines ne sont pas acceptées ici.
Humaine ? Elle ne manque pas de culot, celle-là !
— Ne t'en fais pas, je ne suis pas venue pour toi...
Et je tourne les talons. Sale caractère ! Je la déteste déjà.
Je l'entends rire avec mépris. Je serre les dents et ne me retourne pas. Je rentre dans la maison. Ruben s'y trouve toujours. Ils se tournent tous les trois vers moi.
— T'en fais une tête ! me fait-il d'un sourire, qu'est-ce qu'il y a ?
Je m'assieds, énervée.
— Il y a des gens fort sympathiques ici...
— Tu as sans doute dû faire la connaissance de notre fille, Eliana... ne fais pas attention à elle, elle se méfie très souvent des intrus et possède un fort caractère. Une tête à claque. Mais c'est une excellente chasseuse. La meilleure du village.
Je croise les bras, sur la défensive.
—... Surtout quand on lui tient tête. Elle ne supporte pas ça.
— Je lui ai juste demandé qui elle était, c'est tout.
Ruben pose une main sur mon épaule, comprenant mon humeur exécrable.
— Bon, je pense qu'on va devoir y aller. Ce fut un plaisir de passer du temps avec vous.
Ils nous raccompagnent dehors. Je fais la tête. De l'autre côté, je la vois s'occuper de son cheval. Elle me remarque et me lance un regard méprisant. Idiote, va !
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