๛ 𝚀𝚞𝚒 𝚍é𝚐é𝚗è𝚛𝚎, 𝚜𝚒𝚗𝚘𝚗 𝚌'𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚊𝚜 𝚍𝚛ô𝚕𝚎 ๛



Je prends bien soin de balayer mon regard. Ça fait du bien quand il n'y a pas l'autre cruche ! Pas d'enfant qui hurlent. Un silence de mort. Je ne connais l'étymologie de cette expression, mais je ne la sens pas. Le silence est synonyme de... danger.
En jetant un coup d'oeil à mon fidèle acolyte, je comprends que je ne suis pas la seule dans le même état. Il est paniqué.

— Tu ne m'aides pas Félix à trembler comme une feuille, là.

— Et moi je te dis que ce n'est pas prudent. Tu es venue une seule fois ici, tu ne connais personne. On ignore tout de ce village et de ses habitants ! Peut-être qu'à l'instant même où je te parle, y'a quelqu'un qui nous observe de sa fenêtre.

Je lève les yeux au ciel. Sacré Félix, toujours dans l'excès !
À force de marcher, à contourner les maisons, mes yeux reconnaissent l'enclos. Je m'arrête net. C'est là, c'est obligé. Ça ne peut être autrement.

— C'est là ? Demande le petit dragon d'un air grave.

Des ombres dansent sur le bois de la clôture. Je reste interdite, un instant puis rétorque :

— Oui, c'est là, Félix.

Aucun bruit ne se fait entendre. Seul le bruit du vent chuchote à nos oreilles, tel une mélodie douce. Ça m'aurait apaisé si l'aboiement d'un chien ne m'avait pas dérangé. Je tourne si vite la tête que je n'ai eu le temps de réfléchir aussi vite.

— Félix, attention ! crié-je en sursautant.

Tandis que nous étions stoïques, moi sur mes deux giboles et lui sur mon épaule, comme deux crétins, un énorme molosse noir accourt droit sur nous. Je déglutis.

— Il est en train de nous foncer dessus, Roxane, réagis !

Je saute sur mes pieds et entame une course poursuite dans le village. Entre temps, je m'érafle l'épaule. Heureusement que j'ai pris soin de prendre mon manteau. Les bruits sourds des grognements continuent derrière.
Mon sang pulse dans mes tempes, ma vue se trouble et mon coeur accélère. J'espère que je ne suis pas cardiaque, car il n'y a pas d'hôpital chez les elfes. Peut-être un médecin, à la rigueur, mais j'imagine, qu'à cette heure-ci, il doit dormir à point fermé. Les choses les plus palpipantes se déroulent toujours la nuit. Il n'est pas de garde, ce soir ? Non, évidement ! Sept heures de sommeil, ne l'oublions pas !

Je finis par me cacher derrière un arbre, le souffle court. Je mets du temps à me calmer.

— Tu ne peux pas le calciner, Félix ? Qu'on en finisse !

— Et risquer de réveiller tout le village ? Non merci ! Tu ne peux pas appeler Aiden, toi ?

— Il dort.

Félix me jette un regard perplexe.

— Rooh, je rigole ! Mais on ne peut pas toujours faire appel à Aiden, à chaque fois qu'on se met dans des situations embarrassantes. Il faut se débrouiller tout seul.

Par précaution, étant donné que je n'entends plus de bruits, je jette un coup d'oeil par dessus l'arbre pour voir si il est là. Je ne vois rien. Donc, soit on meurt égorgés par le chien de Baskerville, fou de rage par les expériences scientifiques, soit on meurt de peur en le voyant débarquer au dernier moment. Quelle vie tragique, nous menons ! '

— Je n'entends plus rien, tu crois qu'il est parti ? je demande.

— Reste ici, je vais voir.

Il prend son élan et s'élance dans les airs, en direction du village. Si j'avais des ailes moi aussi...

— Oh mon dieu ! Fait-il, d'un voix paniquée, en revenant à la vitesse de l'éclair, avec tout le boucan qu'on a fait, tu m'étonnes qu'il y ait quelqu'un !

— QUOI ? Il y a quelqu'un ?

Et merde.

— Oui, une jeune fille, du même âge que toi.

Je m'affaisse contre le tronc de l'arbre. Eliana. C'est pas vrai ! Elle a le sommeil léger, c'te fille, c'est pas possible. La dernière personne que je voulais voir débarquer.
Félix s'en rend compte. Il penche la tête vers la droit.

— C'est elle, Eliana ?

— Malheureusement oui. On va avoir des problèmes si elle nous trouve.

— Je l'ai vu, elle n'avait pas l'air de sourire. Elle tirait une de ces têtes...

Des bruissements se font ouir. J'en frissonne déjà.

— Tu as vu quelque chose mon beau ?

C'est en effet, bien elle. Je reconnaîtrais sa voix grave entre mile. Mirage, va-t-en.
Le molosse renifle le sol, se rapprochant dangereusement de notre arbre. Je serre les dents. Si je serre les dents, soit je vais m'érafler une gencive, et je vais hurler, soit je vais m'en casser une et après, je ressemblerai à mémé Gertrude, pourvu d'un dentier, qui quand elle souffle les bougies, le perd. J'en ai la chair de poule. Je me ravise.

— Faut qu'on fasse quelque chose ! je souffle à mon dragon, anxieux.

C'est alors que mon ange gardien a entendu mon appel à l'aide, et une deuxième voix résonne dans le bois profond :

— Eliana, tu peux venir s'te plait ?

Une deuxième voix, mais plus douce et jeune cette fois-ci. Une jeune fille de douze ans je dirais. Eliana, dérangée dans sa traque à l'homme, soupire et fait demi-tour.

— J'arrive !

Le chien... il se rapproche... Encore et toujours. Je ferme les yeux.

— Mirage, viens !

Par toute attente, le chien de Sherlock Holmes fait demi-tour et rejoint la maison en poussant de petits jappements. Je pousse un profond soupir et Félix aussi par la même occasion.

— On a eu chaud, dis-donc ! fait-il remarquer. J'ai cru que j'allai mourir. J'étais déjà en train de rédiger une lettre dans ma tête, pour mon décès.

Je fronce les sourcils en me décollant de l'arbre centenaire.

— Un dragon qui écrit une lettre ? J'aurai tout vu, décidément !

Il semble s'offusquer.

— Et alors ? Tu n'as jamais lu de livres fantastiques ?

— Si, mais c'est généralement le dragon, le fautif, qui jaillit son lance flamme, rempli de haine et de fureur sur le pauvre chevalier.

Il rit, tandis que nous reprenons le chemin du retour.

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