๛𝙽𝚘𝚗 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚌'𝚎𝚜𝚝 𝚞𝚗𝚎 𝚋𝚕𝚊𝚐𝚞𝚎 ?! ๛


Je réussis à m'endormir vers une heure du matin, seule dans ma chambre, la lune bien présente, formant un beau clair obscur. Personne ne viendra me déranger, mais je m'inquiète quand même un peu... Je l'ai sentie, Robin s'est rendu compte de quelque chose. J'ignore bien de quoi, mais je compte bien le savoir... avant que lui ne découvre mon secret.

Une chouette hulule. En fin de compte, je ne dors pas. Ça me perturbe. Je me retourne dans mon lit, au moins six fois dans une minute. C'est trop.

Lorsque tout à coup, quelque chose me saute dessus. Une chose lourde. Je manque de m'étouffer, mais aussi frôler la syncope.

— Roxane, c'est urgent ! Faut que tu bouges !

Je me redresse le plus rapidement possible, habituant mes yeux à l'obscurité. C'est Nathan... Oh, le con ! IL n'aurait pas pu choisir le jour pour me faire un coup pareil !

— Roxane !

— Oui, ça va, j'ai compris que c'était à moi à qui tu t'adressais ! Qu'est-ce que tu fous ici ?

Ce n'est clairement pas son genre de réveiller une personne... surtout en plein milieu de la nuit. Son regard exprime la peur et l'anxiété. Je décide de le prendre au sérieux.

Ma... ma... Maëlys... elle est... partie en bas...

Mes yeux s'écarquillent comme des soucoupes.

— Elle a fait quoi ?

— Elle est partie en bas... je n'ai pas pu l'en empêcher.

Mon cousin est à quatre pattes en face de moi. C'est gênant, mais la situation ne permet pas de s'occuper de ça. Je me lève sans plus tarder et me précipite pour prendre des habits et me changer dans les toilettes. Au passage, je manque de me prendre la porte, et je n'imagine pas la réaction de mamie si elle me voyait à moitié déshabillée dans le couloir. Fort heureusement, elle dort. Dors... c'est mieux pour toi.

— Putain, mais elle est tarée c'te fille ! fais-je en me précipitant à l'extérieur, mon cousin sur mes talons.

— J'avais l'impression qu'elle ne m'entendait pas...

J'en ai assez entendu ! Les bribes de l'autre nuit me reviennent en tête comme un flash. C'est puissant. Je serre les dents pour ne pas flancher face à la peur et l'émotion. Je continue de marcher. Des bruits de sabots qui claquent au sol se rapprochent de nous. Je pivote sur moi-même.

— Que se passe-t-il ?

— Et bien, Maëlys est devenue folle, voilà tout ! Elle est partie en bas, tête baissée !

Nathan, à côté de moi, ouvre la bouche en grand, sans mot qui sorte. Il est interloqué.

— C'est lui ton cheval noir ?

Le grand frison arque un sourcil.

— Et j'imagine que lui c'est Nathan ?

— Bon, oui et oui ! On doit y aller ! On a assez perdu de temps comme ça !

Je me précipite au pas de course en bas, tête relevée.

Nathan ne semble pas rassuré. Je le sens trembler à côté de moi.

— Roxane, tu ne m'as pas tout expliqué, à ce que je vois... qu'est-ce qui se passe ?

— Pour l'instant, rien. Mais Maëlys court probablement un grand danger, il ne faut pas perdre de temps. On doit monter sur Oxorion.

Je me tourne vers lui. Ce dernier acquiesce. Nathan est toujours par terre. Je soupire.

— C'est simple : ou bien tu restes ici et tu te rendors, soit tu montes sur Oxorion et tu nous accompagnes.

Il marque un temps d'hésitation.

— Au point où j'en suis, je préfère vous accompagner.

Il grimpe à son tour, derrière moi.

Oxorion n'est pas long à la détente, il part au galop, sa crinière fouettant le vent au passage. Nous traversons les prés et les bois, le halo de la lune nous guidant. Je n'ai pas peur. Du moins pas pour l'instant. La question que je me pose, tout de suite, c'est pourquoi Ambre ? Pourquoi elle ? C'est une enfant... c'est par conséquent une cible facile. Oxorion accélère.

Je ferme les yeux pour mieux ressentir les sensations. Imaginez être sur le dos d'un grand et imposant cheval noir filant au galop dans la nuit. N'est-ce pas génial ? Si, mais la raison pour laquelle on est là ne l'est beaucoup moins.

Il finit par s'arrêter devant un bois sombre, de la fumée blanchâtre s'échappant du sol.

— Oxorion... qu'est-ce que tu...

Nous regardons tous les trois face à nous, dans un silence de mort.
Il échappe un henissement. Je comprends mieux à présent où il veut en venir et la suite m'effraie. Non... elle n'aurait pas pu s'aventurer toute seule jusqu'ici. De plus que l'endroit est glauque. Des bruits étranges s'en échappent comme des échos. Le cri des âmes déchues, en peine, perdues...
Je secoue la tête.

— Faisons demi-tour, ce n'est pas là où elle a pu aller.

Nathan se manifeste enfin, la voie éraillée.

— Vous pouvez me dire où on se trouve, là !

— En enfer, faisons demi-tour.

Oxorion ne bouge pas.

— Oxorion, je t'en prie.

Un murmure se fait entendre dans mon oreille droite et un souffle glacial dans la nuque. Il ne cille pas. Un cri déchire le bois maudit. Je relève la tête soudain, et un frisson parcourt tout mon corps. Qu'est-ce que ça pouvait être ?
Nathan se crispe. Je marque un temps d'arrêt, puis finis par sortir :

— Allons-y.

Ai-je bien fait d'avoir dir cela ? N'est-ce pas la plus grosse erreur de ma vie ? Ma vie en dépend pour sauver la peau de Maëlys, perdue en enfer. Il va juste falloir combattre les cerbères... et finir enfin par Hadés. La tâche va être rude, mais je ne flanche pas. Pas maintenant.
Je ravale ma salive et nous traversons le portail de la mort. Lentement. Prudemment. Un seul faux pas peut nous tuer.

— Surtout, n'oubliez pas de regarder autour de vous, on ne sait jamais qui va débarquer de nul part.

Mon cousin glapit derrière moi.

— J'aurai mieux fait de rester là-haut en fait...

— Qu'est-ce que tu attends ? Tu connais le chemin, non ?

Il se tait, pour évaluer mon ton froid et sérieux puis se ravise.

— Non, je... hum... c'est bon...

Moi, je ne rigole pas du tout. Nous sommes entrés dans la gueule du loup, nous voilà dans de beaux draps. Dans la forêt interdite. J'ignore bien ce qu'il va nous arriver...

À mesure qu'on avance, les branches des arbres se font plus effrayantes, telles des griffes sorties de leur tronc. Je dois me concentrer. Un hurlement de loups. Nous nous arrêtons, pour deviner d'où cela peut provenir. Je sens Oxorion trembler également, malgré ses muscles saillants ensevelis dans un pelage ébène. Moi-même, je tremble comme une feuille. Ma maladie de Parkinson est revenue. Ça faisait longtemps, tiens... Plus aucun bruit. C'est flippant. Généralement, dans ce genre d'endroit, le silence est synonyme de mort. Mes sens sont en alerte.

— Accélère.

Il s'exécute. Les arbres ont des oreilles ici. Tout nous écoute. Partout. Des bruissements derrière nous nous font sursauter. C'est tendu. Je balaie du regard l'horizon ; l'obscurité, la pénombre. La lune s'est cachée. Nous sommes seuls. Je resserre mes poings. Mon coeur manque de lâcher à tout moment.

J'ai un mauvais pressentiment. J'ai l'impression que nous sommes surveillés. Cette sensation très désagréable, je la ressens dans tout mon être, comme si les yeux avaient des lasers.

Un craquement. Oxorion se tend, Nathan a cessé de respirer et moi... et bien de parler. Plus nous nous enfonçons, plus nous avons de chance de rencontrer des monstres terrifiants. Chaque minute nous est comptée. Comme le tic-tac incessant d'une montre. Tic-tac. Tic-tac. Tic... tac. Je l'ai vu au dernier moment et j'ai bien cru que j'allais y passer. J'ai donné un grand coup de talons dans les cotes d'Oxorion. Il n'a pas réfléchi, il a filé. Je me suis agrippée à sa crinière et Nathan à ma taille, fermement.

Le félin aux yeux rouges nous poursuivait.

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