Lorsque je me cache derrière un tronc, je les vois, tous armés d'un fusil. Mon souffle se bloque. Mais dans quel pétrin me suis-je lancée ? Je vais encore devoir subir les remarques et autres réflexions désobligeantes. Aiden sors-moi de là...

Un coup... et ma tête se tourne immédiatement. Des chiens se lancent dans les profondeurs des bois, en ignorant dans quoi ils se lancent.

– Merde..., fais-je en quittant ma cachette pour me poster ailleurs.

Ma sacoche autour du cou, je cours à leur poursuite. Une silhouette surgit dans les fougères, tel une ombre. Je mets quelques minutes pour comprendre la situation. Ruben. Sans réfléchir, je les suis dans les feuillages. Ils sont là, tous postés à l'affût du jeune faon en détresse. Les chiens eux n'attendent pas et le coursent. Ils ne faut surtout pas qu'ils le rattrapent. Je sors alors ma baguette de mon sac et la brandit lorsque les chiens passent en fusée devant moi, sans repérer ma présence. Je me concentre et un seul geste suffit pour faire tomber une branche d'un arbre sur les chiens. Un trébuche, pour repartir vers ses maîtres en couinant. Les autres, en revanche, continuent leur route. Ils se lancent dans la gueule du loup...

Je les suis de près, en évitant de justesse les branches et éléments qui pourraient me blesser. Le faon semble apeuré et tente de s'enfuir à toute jambe. Je me poste alors pour me préparer. Malheureusement je suis coupée court.

– Là ! Fait brusquement une voix dans mon dos. Il y a quelqu'un.

Oh non... je m'enfuis en vitesse avant que les chasseurs ne me voient et pars en direction de la forêt sombre. Une voiture démarre et je l'entends derrière. Mais ils ne peuvent pas me laisser tranquille !

C'est alors que la silhouette vive d'un loup apparaît et disparaît aussitôt. Mais pas assez rapidement pour que les chasseurs ne l'aient pas remarqué. Je les entends pousser un juron et changer rapidement de direction. Dans quel monde je vis sérieusement ?

Profitant de l'occasion, je me dépêche de parcourir la forêt avec mes jambes frêles. Je vais m'écrouler à force de courir en trombe. Un troisième coup retentit. Un tremblement se fait ressentir sous mes pieds. Non...

Lorsque j'arrive, les chiens sont agglutinés sur ce pauvre animal sans défense. Ils grognent et sont prêts à lui sauter dessus. L'ombre réapparaît. Elle saute sur les canidés pour en faire japper un de douleur. Je comprends vite qu'il l'a tué. Ce loup n'a pas perdu de temps.

Le faon a le temps de s'échapper. Un chien ne perd pas son énergie pour autant pour se lancer de nouveau à sa poursuite. Je brandis ma baguette vers lui et le fais immédiatement tomber à terre. Personne ne touchera à ce faon.

Je le rejoins aussitôt.

– Suis-moi.

Étrangement l'animal me suit à travers le bois éclairé par la lumière du soleil qui se propage dans tous les recoins. Je rentre dans une grotte, jetant des coup d'oeil pour m'assurer qu'il est toujours derrière moi. C'est bon. Je le fais allonger dans un recoin, où les chasseurs n'auront pas l'intelligence de trouver.

Des aboiements passent tout près de la grotte. Je retiens ma respiration. Je ne respire à nouveau que lorsqu'ils sont partis. Ils ont abandonnés. Tant mieux. J'en avais plus que marre de cette chasse à courre stupide. Je préfère me rendre que de voir ce pauvre animal se faire emporter par les hommes. Mais mes pensées se réfèrent à ce loup. Il avait l'air bien intelligent pour un loup ordinaire. De plus, on ne voit pas des loups par ici...

– Je reviens... , chuchoté-je en caressant la tête du faon.

Je m'approche de l'entrée de la grotte. Personne en vue apparement. Des voitures partent, dans le sens opposés. Je souffle. Je ne voulais pas trop me vider de l'énergie pour cette idiotie. Mais si il le fallait, je l'aurai fait sans broncher. Je fais signe au petit animal que la voie est libre. Nous sortons sans bruit. Puis il repart, en gambadant.

Je souris en le regardant partir tel un enfant content.

De loin, j'arrive à sentir un regard posé sur moi. Je n'ai eu le temps de vraiment le voir qu'il est déjà parti.

Le loup gris...