༒ 𝙻𝚎 𝚕𝚊𝚌 𝚊𝚞𝚡 É𝚝𝚘𝚒𝚕𝚎𝚜 ༒
Le lendemain matin, je dûs restée chez lui. Il a barricadé toutes les sorties, afin que je ne sorte pas. Oxorion le sait-il au moins ? À travers la fenêtre, je le vois, qui broute au loin. Pour attirer son attention, je tape à la vitre. Aucune réaction. Génial. « Oxorion! », soufflé-je, dans l'espoir qu'il m'entende. Que dalle. Je prends une grande inspiration, afin de garder mon calme. Puis une idée me vient à l'esprit. Je sors ma baguette et la pointe vers la vitre. Une branche lui tombe sur la croupe et, pris de surprise, il se met à galoper partout. C'est si drôle à voir que mon rire résonne jusqu'à lui. Sa tête se redresse et il fronce les sourcils.
— C'est pas malin ! Tu m'as fichu une de ces trouilles !
Je continue de rire tandis qu'il se pointe à ma fenêtre.
— Pourquoi ne sors-tu pas ? Il fait beau dehors, à défaut que les arbres perdent leur branche au lieu de leurs feuilles.
Il avait raison. La neige avait recouvert toute la surface de la forêt et c'était très joli. Diantre ! Je ne pouvais pas sortir !
— Justement, on en parle ! Ruben m'a déconseillé de sortir, par crainte qu'il m'arrive quelque chose. Et... je voulais que tu m'aides à me sortir de là.
De gros flocons lui tombaient sur les oreilles et sa crinière contenaient des reflets blancs. Ça lui allait bien. Il lève une oreille.
— Quelle culot, dis-donc ! rétorque-t-il en s'approchant à trot de la porte. Alors comme ça tu as fait appel à moi pour que te délivres du méchant dragon...
— Sympa pour moi, rajoute une voix, plus aiguë.
Je ne comprends pas. Je colle mon oreille au bout de bois qui retient prisonnière ma liberté.
— Félix! C'est toi ?
— J'ai fait aussi vite que j'ai pu.
Je souris.
— Faites-moi sortir ! Je n'en peux plus !
— T'as pas ta magie pour ça ?
Que je suis conne! Évidement ! À travers la porte, je sens Félix lever les yeux au ciel.
— Quelle logique !
Je fais la même chose que tout à l'heure et la fais pivoter vers l'avant. Rien. Je recommence. Mais pourquoi ça marche pas ? Je trépigne sur place.
— Ça marche pas ! je crie, en sautant sur place, énervée.
Je n'entends plus. Seulement de la neige qui s'écrase. Et puis la porte qui se fracasse en deux. Je me baisse de justesse, avant de voir apparaître le grand Frison et Félix sur sa tête.
— Rien de cassé ? On a dû passer aussi à la manière forte. On n'allait pas y coucher.
C'est ainsi que nous nous enfuyions comme des voleurs, laissant la porte à terre, brisée en deux. Quand il veut, Oxorion peut être coriace. Quand Ruben va revenir, il va être fou de rage... mais je m'en fiche. Je ne fais jamais ce qu'on me demande, donc laissez tomber. La rébellion. La désobéissance sont mes meilleurs amis, en plus d'Oxorion et Félix.
— On va où ? Je demande, après avoir marché pendant des minutes.
— À un endroit magnifique, tu verras, ça va te plaire.
Oxorion et Félix n'ont aucun mal à se déplacer dans cet espace immaculé. Il fait froid... je suis con, j'aurai pu prendre ma veste.
Mes jambes commencent déjà à me faire mal. J'ai pas l'habitude de marcher autant. Je ne reconnais pas les lieux, étant donné que la neige a tout recouvert. Je peux remarquer des traces de renards, cerfs et tout autre animal.
— Tiens, c'est pas tes empreintes, Oxo ?
Je lui montre des traces de sabots enfoncés profondément.
— Non... je suis pas passé par ici.
Un mince sourire s'aligne sur mes lèvres et mes yeux se tournent vers lui.
— Oxo... tu serai en train de me dire qu'il y aurait une autre jument dans les parages ?
Mon air malicieux le fait baisser des yeux, timidement.
— Peut-être, qu'est-ce que j'en ai à faire !
Oh le rabat-joie ! J'éclate de rire. Je ne vais pas me gêner pour trouver cette jument.
Il pivote très rapidement, comme si il avait entendu mes pensées, faisant tomber Félix dans la neige par la même occasion.
— N'y pense même pas !
— Teh! Vous n'avez pas vu que j'avais glissé!
Nous nous dévisageons en chien de faïence. Le temps semble s'être écoulé. J'aime tellement cette lueur dans ses yeux. Mais je me ravise. Ça va l'agacer. Le petit dragon, qui a bien grandi d'ailleurs, est recouvert de blanc. Puis nous continuons. Mon corps est gelé et je claque des dents.
Derrière des arbres et des fougères, un lac se profile devant nos yeux. Mais ce lac a une particularité, si on s'approche d'un peu plus près : des étoiles flottent à la surface. Je demeure muette, fascinée.
— Ce sont des étoiles...?
— Nous l'appelons « Le Lac aux Multiples Étoiles ».
Je m'assieds au bord, admirant le paysage. Des lucioles virevoltent autour des feuilles, l'eau semble si translucide que mon reflet transparaît dedans. La silhouette d'Oxo apparaît juste à côté de la mienne.
— C'est magnifique, merci.
Félix continue :
— Une légende raconte que des nymphes viendraient se laver, à minuit. Il fait toujours nuit, ici. Tu ne verras jamais le soleil. C'est curieux, mais c'est comme ça. De multiples créatures résident dans ce monde Roxane, et tu n'as même pas vu le quart. En bien comme en mal. Tu sais qu'ici, c'est confondu, comme le Yin et le Yang. Sois tu es bon sois tu es mauvais. C'est pour cela qu'il faut faire attention.
En levant la tête, je peux voir un poisson. Volant. Jaune illuminé. Mes yeux s'écarquillent. Un poisson qui vole ? Comme en Chine ? Les cultures sont mélangées ?
— Tu peux effectivement remarquer d'autres espèces appartenant à d'autres cultures résider ici. C'est calme. Il n'y aucun prédateur.
Mes yeux ne quittent pas l'animal des yeux. Il n'est pas tout seul. Plein d'autres se trouvent au-dessus de nos têtes. Dans le ciel noir. On aurait pu penser que les étoiles étaient tombées. Je profite de ce moment pour fermer les yeux et me concentrer sur mes pensées qui s'éparpillent partout dans mon esprit. Je peux voir une forme étrange ramper vers moi. Un frisson glisse à mon échine. Puis une aura plus rassurante, en forme d'animal. Je ne parviens pas vraiment à le percevoir mais je crois bien voir un loup. Noir. Qui me fixe. Qui est ce loup ? D'où vient-il ?
Je secoue la tête pour le faire partir, en vain. Il demeure immobile, comme happé par ma présence. En un claquement de doigt, il disparait sans rancune. Il laisse derrière lui une plume blanche.
J'ouvre les yeux. Personne. Où est Oxorion et Félix ? Je crie leur nom mais aucun réponse. Ma voix résonne comme un écho mais personne ne me répond. C'est étrange. Je me lève, difficilement. Il n'y a pas neige ici. Mais au loin, une licorne. Elle boit l'eau et son corps, si blanc immaculé se met à briller de mille feux. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
— Rox, ça va ?
J'ouvre les yeux subitement. Félix et Oxo sont revenus.
— Qu'est-ce qu'il m'est arrivée ?
— Tu étais en transe, on n'arrivait pas à te réveiller.
Je fronce les sourcils.
— En transe ? Pourquoi ça ?
— Parce que... tu es difficile.
Je lève les yeux vers le grand frison.
— C'est précis dis-donc !
— Qu'as-tu vu plus précisément ?
Ils ne répondent pas à ma question !
— Du noir... et un loup...
Silence.
Ils se jette un regard complice, empli de sens. Ça ne me plait pas.
— Il y a des choses qu'on ne t'a pas dit... décidément, depuis ta naissance. Ce que tu es vraiment.
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