๛ 𝙻𝚊 𝚜𝚎𝚗𝚝𝚎𝚗𝚌𝚎 𝚎𝚜𝚝 𝚒𝚛𝚛é𝚟𝚘𝚌𝚊𝚋𝚕𝚎 ๛
Après cet événement terrifiant, nous avons fini par nous égarer pour nous rendre dans la forêt, juste à côté de chez Ruben. Il faisait encore nuit, mais il me semblait, ne serait-ce qu'un instant, voir le soleil. En pleine nuit ? La logique n'a pas sa place ici.
Assise sur une bûche, je demeurais silencieuse, Oxorion en face de moi. Tout s'est passé si vite que je n'ai eu le temps de prendre conscience de ce qu'il m'arrivait. La nuit s'était tu, laissant place au silence des ombres et lumières qui dansaient un slow. Comme deux âmes égarées, on regardait par terre.
— Qu'est-ce qui t'a pris d'aller à la Forêt Interdite ? commence Oxorion, afin de combler le vide qui y règne.
— Je ne l'ai pas fait exprès, c'est comme si mes pas me portaient. Je n'en ai pris conscience que lorsque j'ai senti l'air se refroidir et les arbres s'obscurcir.
Je relève la tête.
— Comment as-tu su que j'étais là-bas ? Comment ? Tu m'as vu ?
— Et bien, j'ai vu Eliana se diriger vers chez tes grands-parents, je l'ai suivi, furtivement. Je ne supportais plus le fait de rester dans l'ombre. Sachant que je suis ébène, j'étais camouflé. Et puis je t'ai vu... tu es descendue. On aurait dit que ce n'était pas toi. Inconsciente. Je ne le sentais pas. Surtout dans la neige, ça empirait les choses.
— Tu as bien fait, merci. D'ailleurs, j'ai une question : comment as tu fait pour survivre ?
Ses yeux ambrés brillent d'une curieuse lueur.
— Elle m'a secouru. Ruben également.
Alors comme ça, il était dans la confidence lui aussi...
— Félix aussi ?
— Aussi. Hormis toi.
— Sympa.
Il approche son museau de mon visage.
— Ne fais pas cette tête, on voulait te préserver. Surtout que cette silhouette qui te suivait, c'était étrange...
— Oui, je m'en suis rendue compte. C'est d'ailleurs à ce moment-là que j'ai décidé de la suivre.
Oxorion secoue doucement la tête, pensif.
— Ne restons pas là, veux-tu ?
Je me lève de mon rondin de bois et nous décidons de nous rendre chez Ruben. Il nous accueille avec un sourire imprimé sur le visage. Je ne peux m'empêcher de faire de même. C'est plus fort que moi.
— Roxane... c'est pas censé être Noël ? Me fait-il d'une voix hésitante.
— Si mais c'est compliqué. Tiens... regarde qui j'ai ramené avec moi...
Il ne semble pas très étonné lorsqu'il croise le regard d'Oxorion.
— T'étais au courant, alors ?
— Peut-être. Tu aurais pu au moins m'en avertir que ta très chère Eliana était dans l'affaire. Car je me suis bien faite engueulée quand je me suis approchée des enclos.
Ruben baisse la tête.
Je finis par rentrer, laissant Oxorion dehors. Il es trop large et imposant pour s'immiscer dans ce trou de souris, puis m'assieds à table. La maison est illuminée d'une dizaine de bougie qui trônent au quatre coins. Les quelques mèches de Ruben se reflètent et lui donnent un air plus mignon.
Au final, je mange chez lui. Revenir chez mes grands-parents ne servirait pas à grand chose, hormis me confronter à ma tante et Hugo. Lui, je me méfie. Il me surveille, ayant des sbires qui me collent. Pour quelle raison tente-il de découvrir mon secret ? Il ne peut pas s'occuper de son cul, plutôt ! Ça me gonfle!
— Tu penses à Robin ?
Comment sait-il que... ? Ah mais oui, c'est vrai ! Il lit dans mes pensées. Que c'est perturbant. J'aurai pu penser à d'autres choses.
Au coin de la pièce, trône un grand sapin, décoré de multiples couleurs. C'est très beau.
— Il m'a découvert en... avec Oxorion et Félix et se pose des questions.
— La prochaine fois, fais plus attention. Surtout que ces temps-ci... (il se racle la gorge) je ne te conseillerai pas de sortir.
— Pourquoi ? Que peut-il m'arriver ? Ruben, je te l'ai répété plusieurs fois, je peux me débrouiller toute seule.
Son regard s'assombrit. Merde, je l'ai agacé.
— Fais ce que je te dis. C'est tout. Si tu me désobéis, je serai contraint de t'enfermer. Ne m'oblige pas à employer la manière forte.
J'ignore bien ce qu'il veut dire par là, mais restée enfermée dans une maison, je ne peux pas. Ce n'est pas dans mes capacités.
— Je... d'accord. Et pour mes grands-parents ? Je fais quoi ?
Ruben me dévisage longtemps, d'un air sombre. À quoi il pense, ce con ? Ça me perturbe. Tout me perturbe ces temps-ci.
— Je m'en occuperai.
Long silence.
Son sourire finit par réapparaître et il redevient le Ruben mignon. Comment cela se fait-il qu'il change de comportement en un clignement de yeux. Ça aussi, il faut que je le découvre...
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