๛ 𝙻𝚊 𝚌𝚘𝚗𝚝𝚛é𝚎 𝚟𝚎𝚛𝚜 𝚕𝚎 𝚛𝚎𝚖è𝚍𝚎 ๛
On était censés retrouver Oxorion en bas de la stabulation, mais ça fait déjà bien trente minutes qu'on attend dans le froid. J'aime beaucoup ma vie, c'est le cas de le dire. Je commence sérieusement à m'impatienter. Même Félix, qui est d'une nature patiente trépigne sur place.
— Mais qu'est-ce qu'il fout ? fais-je, en croisant les bras contre ma poitrine. On va pas y passer toute notre vie !
Surtout que si Ruben nous voit dehors, on est cuits. Pourtant, on s'est cachés dans la stabulation, au risque de se faire prendre.
— Je t'avoue que c'est bien son genre d'être en retard..., lance le dragon, un soupir s'échappant de sa gueule.
Alors qu'on allait abandonner, une voix, suivie d'un bruit de sabot retentit derrière nous :
— Attendez, je suis là !
Je pivote sur moi-même, en le fusillant du regard.
— Tu as trente-cinq minutes de retard, mon coco !
Il suit des yeux le cadran de mon téléphone où est affiché seize heures trente cinq.
— Je suis désolé, il y avait des lutins devant moi qui me barraient la route.
— Mais où tu étais pour que tu te fasses barrer la route par des lutins ? reprit Félix calmement.
— Et bien, au sous bois du feuillus.
Là-bas, des lutins ne cessaient de travailler et lorsque quelqu'un passait, on lui barrait la route. J'en avais fait l'expérience un jour, et ils n'étaient guère sympathiques. J'avais vu mieux.
Après ce petit incident, nous pouvons dès à présent commencer notre route. j'ignore bien où se trouve la grotte des trois Licornes, mais cela ne me dit rien qui vaille.
— Tu as une carte, Rox ? me fait Félix.
— Et bien, oui, il y a une carte dans le livre, mais j'ignore si elle est vraie.
Il se penche vers le livre.
— Laisse-moi voir, tu veux.
De ses ailes immaculées de blanc, il tourne les pages jusqu'à ladite carte. Premièrement, elle est était grande. Deuxièmement, elle est dessiné à l'encre de chine et peinte à l'aquarelle. Je pose mon doigt sur la grotte dessinée.
— C'est là...
— J'ai vu, et je ne le sens pas du tout. Il va encore nous arriver des craques.
— Attendez, s'exclame Oxorion dans notre dos, si je vois bien, il faut passer par... le château...
On se regarde tous les trois.
Le frison secoue la tête.
— Il n'y a pas un autre endroit pour y parvenir ?
Je vérifie. Si, il y en a un.
— Euh... oui... La Forêt Interdite.
Silence. Ça s'annonce bien, dis-donc. Félix finit par intervenir.
— Vous savez quoi ? On va prendre le château, c'est bien moins risqué, même s'il faut supporter les macaques dégénérés et les soldats fous.
C'est ainsi que nous commençons à marcher, tous les trois, vers le remède. Dans la pluie qui nous brouille la vue. Je ne vois plus rien. Je suis obligée de m'agripper à la crinière d'Oxorion pour avancer.
La pluie tombent sur les feuilles des arbres, très grands arbres, comme un bruit de petits craquement. Mes pieds sont littéralement trempés, c'est génial. Je peux entendre des bruits de dizaines de créatures qui y vivent. Mais la plupart ne me rassurent guère. Des grenouilles, des criquets. Le silence n'a pas sa place visiblement.
— C'est calme, ici, malgré les bruits bizarres qui y règnent.
— Quelle remarque pertinente, Oxo, comme si on ne le savait pas !
Un bruit de tonnerre tonitruant se fait entendre à l'autre bout de la forêt.
Il ne manquait plus que ça.
— Bon, on ne va pas y passer toute la vie, Rox, monte sur Oxo et on file au galop, car là, je n'en peux plus !
— Bonne idée !
Je grimpe sur le pelage trempé du cheval noir, risquant au passage de mouiller mon Sweet, et nous partons au galop, dans la sombre ambiance de cet orage. Le bruit est sourd et l'eau gicle sur ses sabots. J'en reçois même sur le bout du nez. Nous finissons, par tous les moyens, par arriver à la grotte, afin de se protéger. Comme à son habitude, elle est sombre et nous pouvons entendre de l'eau s'égoutter et des cris de chauve-souris et pour fond des... je ne veux pas savoir ce que c'est !
Je descend avec délicatesse du dos du cheval et balaie mon regard.
— On va rester là un petit instant avant de reprendre notre route. Il pleut des cordes dehors et marcher dans ces conditions-là, n'est pas des plus agréable.
— Je confirme.
Oxorion, quant à lui, n'est pas le plus rassuré. Ses muscles se raidissent et il balaie son regard partout. Je pose ma main sur son encolure afin de le rassurer.
— Ça va aller. On va y arriver.
Chaque son que nous sortons est un écho qui rampent dans les issues de la grotte. Si il y a une créature à l'intérieur, il y a de fortes chances qu'elle nous ait entendus. Je préfère qu'on chuchote. Je m'assieds, attendant patiemment que la pluie cesse, malgré le fait que je ne l'entend plus vraiment. Seulement un ronflement sourd venant du fond de la caverne.
— Il fait froid ici, on peut pas faire un feu ?
Je me lève.
— Tu sais que t'es empli de bonnes idées Félix, c'est incroyable ! fais-je, enthousiaste.
— Ah ouais ? Et c'est qui qui va chercher du bois ?
Ah merde. Je me tends. Les deux tournent la tête vers moi.
Je lève les bras en signe de reddition, puis m'aventure à l'extérieur. L'orage ne nous a pas de nouveau quitté et gronde de plus belle, éclairant de-ci de-là le ciel zébré. Je presse le pas afin qu'on ne me voit rôder dans les parages, à la recherche de bois. Mais avec l'eau, le bois doit être bien sec...
Lâchant un soupir de frustration, je m'enfonce davantage dans le sous-bois. Mes chaussures mouillées pataugent dans les flaques d'eau. Flac. Floc ! Mes cheveux, je ne vous en parle pas, c'est un désastre les amis. Un désastre... Mon regard finit par s'attarder sur un bout de bois, mouillé, certes, mais qui fera l'affaire. L'écorce de l'arbre me glisse des doigts. Je cours presque pour échapper au froid qui me titille la peau et rejoins Oxorion et Félix, qui attendent patiemment.
Deux minutes plus tard, nous sommes assis au bord d'un feu de camp à tenter de se chauffer. Surtout moi, car Félix avec ses écailles et Oxo et son épais pelage d'hiver. J'avais oublié que je n'étais qu'un simple humaine qui pouvait mourir d'hypothermie à tout moment.
Le temps est relativement long. Je sors la carte de ma poche pour la détailler et me rends compte que la route à suivre est dans la grotte. Shit alors ! Mes deux compères demeurent très silencieux. Mais je remarque bien qu'Oxorion n'arrive pas à fermer les yeux, malgré les crépitement du feu à côté. Les ronflements ne cessent toujours pas, toujours plus forts les uns que les autres. Pourtant, nous devons nous reposer. Mon corps le sait, car je baille. Je vais tenter de fermer les yeux, blottis contre le pelage chaud du frison. C'est apaisant, mine de rien, de souffler un peu. Le souffle du vent vient bercer
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