๛ 𝙻'𝚘𝚎𝚞𝚏 𝚘𝚛𝚙𝚑𝚎𝚕𝚒𝚗 ๛
Allongée dans les fougères, on se cache. Il ne faudrait surtout pas qu'elle nous voit. De plus, que je n'ai pas envie de mourir, moi ! C'est alors, que, j'allais lever la tête, où Ruben me la rabaisse rapidement, je vois débouler des gens, des hommes si je vois bien. Mais que font-ils ici ?
– Surtout, ne bouge pas, me fait-il d'un murmure, ce sont les Chasseurs.
Toujours tapis dans les feuillages, nous regardons la scène se présenter devant nous. Les hommes se dirigent étrangement vers la grotte. Mais que vont-ils faire à la grotte ?
– Qu'est-ce qu'ils font ici ?
– Je n'en sais rien, mais je préfère que tu ne parles pas. Le moindre bruit suspect et on serait foutus.
J'obéis et reporte mon attention sur la grotte, qui se trouve, à mon avis, loin. Trop loin pour que je ne puisse distinguer quoi que ce soit. Un nouveau cri déchire la nuit, me faisant sursauter au passage. Un instant de silence et ce que je vois me déchire le coeur...
Les chasseurs sont en train de tuer la dragonne. Un long frisson s'empare de tout mon corps. La pauvre dragonne tente tant bien que mal de se défendre, mais surtout de protéger son œuf. Des arcs dans tous les sens, des épées, du sang, et j'aperçois la pauvre bête s'écraser sur le sol après un combat acharné. Je la plains...
Putain... on ne peut partir là, c'est horrible...
Je tourne une mili-seconde vers le visage de Ruben qui se décompose devant moi. Il est impassible, froid, comme au premier jour. Les hommes fêtent leur victoire, en traînant le corps de la dragonne. J'ai une folle envie de me lever et de leur faire subir ce que cette pauvre bête a subi, mais me ravise. Ça ne sert à rien, ils sont plus nombreux et puissants que moi, au final, et Ruben ne me laisserait pas faire cela.
Je regarde une dernière fois la scène qui s'est produite à l'instant et jette un coup d'oeil à Ruben, qui se lève, sans réelles expressions sur le visage.
– On fait quoi pour l'oeuf ? Questionné-je, encore sous le choc.
Tandis qu'il avance vers la grotte, d'un pas assuré, il répond, d'une voix sans émotion.
– Cet oeuf s'est retrouvé orphelin à l'instant où le corps de cette dragonne a touché le sol. Il faut lui trouver une autre mère...
Je tente par tous les moyens de suivre sa démarche effrénée, mais, cours presque pour le rattraper.
– Et comment ? Il y a des dragons ici ?
– ... Et ce sera TOI la mère ! Finit-il par balancer du tac au tac, en continuant de marcher.
En entendant cela, je m'arrête net, immobile. Quoi ?
– Comment ça « ce sera moi la mère » ? Demandé-je, ne comprenant rien du tout.
Ne me dites pas que...
– Plus précisément, tu deviendras la mère de cet œuf tout le long de sa croissance. Il sera sous ta responsabilité. Tu devras t'en occuper 24h sur 24h, sans le quitter des yeux. Cet œuf est à toi. Lorsque que tes bras l'encercleront, il t'appartiendra. Tu seras sa mère !
Alors là, je ne savais pas que ça m'arriverait un jour, à moi.
– Mais comment ? Répété-je. Je ne me suis jamais, jusque-là, occupée d'un œuf de dragon.
– Ce sera le moment propice pour apprendre justement, fait-il en s'enfonçant plus profondément dans la grotte.
– Ruben... , grogné-je, les dents serrées.
Je le suis jusqu'à l'oeuf.
– Tiens... tu peux à présent le prendre, me propose-t-il, en désignant ce dernier, posé sur une Pierre froide comme le marbre.
Délicatement, je me baisse et le soulève. La texture me fait frissonner. Il est rugueux, encore un peu chaud. Je souris. On reste là, encore un petit instant, puis repartons. Je pose l'oeuf au fond de ma sacoche. Je me demande bien comment je vais pouvoir le protéger. C'est sans doute là, qu'Aiden rentre en scène.
En sortant de la grotte, un vent surgit pour venir directement s'abattre sur mon visage. J'ai l'impression de me sentir plus légère, plus vivante. Maintenant... ah merde le cerf. J'allais l'oublier le pauvre.
– Ruben, as-tu des choses à faire ?
Je lui pose tout de même la question au cas-où.
Il me regarde, étrange.
– Non, pas vraiment.
– Car je dois aller soigner un cerf. Tu veux venir ?
Il accepte gentiment. Ce qui est bien avec ce garçon, c'est qu'il est ouvert. Il faudrait que j'en apprenne plus sur lui.
On prend alors le chemin inverse, pour en suivre un autre. Cela fait quasiment une heure et demie que je suis partie de la maison.
À cette heure- ci, ils doivent tous dormir à poings fermés. Le ciel est étoilé et le chemin semble éclairé par la lune.
Ruben, à côté, demeure silencieux tout le temps du trajet.
Lorsqu'on arrive, l'animal blessé y est toujours, couché sur le côté. Ruben grimace en voyant ça.
– Tu comptes faire quoi pour le soigner ? Demande-t-il, en faisant le tour.
Je m'approche prudemment du cervidé, sans lui faire peur. Je ne voudrais pas l'effrayer, il a assez eu de frayeur comme ça.
– Je vais procéder à un rituel de guérison, rétorqué-je. C'est pour cela que je cherchais une Pierre hier.
– Je vois...
Je ne sais pas pourquoi quand il pose ses yeux sur moi, ça me déstabilise. Je n'ai pas envie de faire une gaffe.
– Donc, premièrement, il faut délimiter un périmètre de protection tout autour du cerf. Recommandé-je, en posant mes doigts sur le pelage du blessé.
Ruben se lève, sort sa baguette, en s'exclamant :
–Je m'en occupe !
Il se positionne derrière l'animal, en partant du nord, et forme un cercle en terminant par le sud. Il revient auprès de moi.
– Si j'ai bien compris, la Pierre servirait à aspirer les énergies négatives....
Je sors alors cette dernière, qui brille de mille feux.
– C'est une grenat. À ce que j'ai compris, elle régulerait les mouvements tissulaires. Il faut la placer sur la blessure de l'animal, et se concentrer. Aiden fera le reste.
Il sourit tout en m'écoutant attentivement.
– Essayons alors, fait-il d'une voix douce, ses yeux plongés dans les miens.
Je prends alors la Pierre, et la place à quelques mili-mètres de la blessure.
– Ils y sont allés un peu fort, remarque Ruben, d'une grimace.
Puis je ferme les yeux, en me concentrant. Lorsque ça marchera, l'animal devrait meugler. Ce qu'il fit à l'instant d'après. J'attends un petit instant avant d'enlever la Pierre, puis me lève délicatement.
– Le rituel est terminé. Il faudra le faire tous les soirs pendant une semaine.
L'animal sera donc guéri dimanche soir, si tout se déroule comme prévu.
Ruben se lève à son tour.
– J'irai le passer sous de l'eau, pour le purifier.
– Et moi, je resterai auprès de l'animal pour qu'il s'endorme paisiblement et qu'il ne lui arrive rien.
– Bon je dois y aller Ruben. Je reviendrai demain matin, pour m'assurer que tu es toujours vivant, et l'animal aussi, dis-je en rigolant.
– Bonne nuit, Roxane, répond-t-il en souriant, d'une voix la plus craquante.
Je lui rends son sourire et repars en direction de la maison.
À nous deux petit dragon !
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