๛ 𝙶𝚒𝚏𝚒 𝚎𝚝 𝚍𝚎𝚜 𝚒𝚍𝚎𝚎𝚜 𝚍𝚎 𝚐𝚎́𝚗𝚒𝚎 ! ๛
Je regarde une dernière fois mon téléphone, 22h23. Puis jette un dernier coup d'oeil à mes acolytes avant de suivre la foule, dans le but d'en savoir plus sur ce fameux dragon. Tout est sombre, seules les lumières des feux parviennent à nous guider. Je ne suis pas rassurée du tout. Je suis stressée et ne cesse de me tourner en boucle le scénario. Que va-t-il se passer ? Les gens, à côté de moi semblent heureux, souriants. Où va-t-on ? Je l'ignore.
Nous finissons par nous arrêter devant une immense caverne lugubre. Oxorion à côté, tente de me rassurer d'un hochement de tête.
— J'espère que tu sais ce que tu fais, Roxane, me chuchote-il.
— On n'a pas le choix, de toute manière. On est obligés d'y aller, ça a l'air d'être un événement important pour eux. Tu seras prêt à voir un autre dragon, Félix ?
Je le vois ouvrir la gueule pour me répondre mais une voix grave nous fait taire. Nous nous focalisons sur la source du bruit. Je suis trop loin, je n'entends pas. Je vais tenter de me rapprocher.
Là, c'est mieux.
— Comme vous pouvez le constater, c'est un événement crucial de l'année. Nous fêtons l'anniversaire du dragon...
Rooh... j'entends plus rien !
— Vous entendez quelque chose, vous ?
Félix secoue la tête, concentré.
— Non, mais on va le savoir très rapidement.
La foule applaudit. Il se passe quoi, là en fait ? Je m'exécute. Personne ne s'est rendu compte de la présence d'Oxorion et Félix. Ils sont tous mirots ou quoi ?
— Et enfin... le moment que vous attendez tous...
L'homme, entre deux têtes devant moi, lève les mains et désigne l'entrée. À la seconde suivante, nous pouvons apercevoir une immense tête de dragon pointer puis le corps. Il tente de se débattre, mais est retenu par des géants. Je ne connais pas leur espèce. Je ne saurai le dire. Le dragon est de couleur blanc avec des yeux bleus. Il est magnifique. Sa beauté me subjugue. Ses pattes sont tenues fermement par de grosses chaines métalliques et son regard... semble perdu. Un frisson me parcourt l'échine. Mon dieu, que vont-ils lui faire ?
Des ménestrels dansent, du feu est lancé dans le ciel, tout le monde acclame et rit avec des boissons alcoolisés. Je n'aime pas cette ambiance.
Le roi ordonne à ses géants de faire avancer le dragon pour le montrer au public, mais le prisonnier n'a pas dit son dernier mot et se débat. Il hurle et secoue violemment la tête. D'autres géants accourent pour calmer la créature, qui ne souhaite que sa liberté chérie, arrachée. Il est très rapidement maitrisé. Félix ne souffle plus mot, pantois devant la scène qui se produit devant ses yeux.
Après ce petit incident, le roi semble gêné et le cache aux yeux du public. Ils ramènent le dragon à l'intérieur tandis qu'il souffle ses derniers mots :
— Nous sacrifierons ce grand dragon pour en faire une grande cérémonie et un buffet digne de ce nom !
Mon sang ne fait qu'un tour et me tourne littéralement vers mes compères pour voir si eux aussi l'ont bien entendu. À ce que je remarque, ils l'ont bien entendu.
— Il faut faire quelque chose, ils vont le sacrifier ! Je crie pour me faire entendre dans ce brouhaha horripilant.
— Oui j'ai vu, me répond Oxorion, mais comment va-t-on s'y prendre ?
Mes neurones sont lancées à mile à l'heure et j'ai mal à la tête.
— Je... je sais pas ! Faut... faut le libérer et maintenant !
Je n'attends pas leur réponse et m'enfonce dans la foule, déterminée à sauver ce magnifique dragon.
— Roxane, attends !
Ils finissent par me rattraper.
— On peut pas se jeter dans la gueule du loup sans même l'avoir confronté ! C'est trop dangereux !
— Et pourtant, c'est la seule solution...
En parcourant des yeux la foule, je me dis qu'ils sont trop pantelants pour se rendre compte de quoique ce soit. C'est le moment de foncer, sans perdre de temps.
— C'est maintenant ou jamais !
Un dernier regard vers le Roi et j'accours vers la grotte, talonnée par Oxorion et Félix. Des géants se trouvent devant l'entrée, postés comme des gardes du corps.
— Faut les distraire, qui se lance ?
Ils me jettent un regard perplexe, puis Oxorion se sent vite visé.
— Non mais vous rigolez, j'espère ? Déclare-t-il vexé, je vais pas me faire courser par des géants fous pour sauver un dragon blanc !
Mes yeux de merlan frit marchent si bien que le frison finit par céder en levant les yeux au ciel.
— Bon... d'accord ! Je me plie à votre plan débile, mais vous avez tout intérêt à vous grouiller, car un géant, ça marche vite je vous ferai dire !
— Merci Oxo, je t'aime ! Viens Félix, allons le sauver !
Tandis je me cache derrière un rocher, Félix sur mon épaule, je peux voir Oxorion s'approcher de l'un d'eux et tenter de rentrer dans la grotte afin d'attirer leur attention. Ça fonctionne, à ce que je vois, car l'un des géant tourne sa grosse tête vers ce dernier., qui le provoque et court, coursé par eux.
Nous profitons de ce temps d'inattention pour s'infiltrer dans la caverne froide. Des coups de sabots se font entendre, la terre tremble et des cailloux glissent sur nos têtes. Je suis forcée de continuer, dans la pénombre. Reniflements. Un coup d'oeil à travers mon épaule et je continue. Nous ne pouvons plus reculer. Soit maintenant, soit jamais.
Nous parvenons devant un trou immense, où des cailloux tombent dans le vide lorsque je me stoppe net.
— Ça doit être ici, je susurre. Tu as dit qu'il s'appelait comment déjà ?
Secouement de tête.
— Ce n'est pas moi, c'est l'homme au bar. Et oui... mais je ne me suis pas souvenu de son nom, moi.
Je soupire.
— Félix, tu ne m'aides pas, là !
— Bah quoi ? Je ne retiens...
Un battement d'aile attire notre attention et le dragon blanc se trouve dans notre champ de vision. Imposant. Puissant. Il s'arrête sur un rocher à quelques mètres de nous. Je déglutis. Son regard glacial prouve bien qu'il est très froid et calculateur.
— Euh... je... nous sommes venus te sortir de là.
Le dragon fronce les sourcils. Silence. Je jette un coup d'oeil à Félix afin qu'il m'aide mais il a perdu sa langue lui aussi. Super, j'suis bien tombée moi !
— Allez-vous en !
Il parle ! Dieu soit loué !
— Ils veulent te sacrifier !
— Et alors ? C'est ce qui doit arriver...
— Non, tu ne mérites pas ce funeste destin. Tu es le dernier de ta lignée, si on te perd... tu...
— Allez-vous en, je vous dis ou je vous carbonise !
Génial. Quelle jolie déclaration d'amour.
— Je suis touchée par votre humour, vraiment.
Félix, remarquant que ça va dégénérer me raisonne.
— Il a raison, allons-nous en.
— Non ! Crié-je. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour ça !
Mais nous sommes coupés par des sabots claquant le sol et la terre qui tremble. Merde ! Oxorion !
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