๛ 𝙵é𝚕𝚒𝚡 ๛




Réveillée par les rayons du soleil qui fusent à travers les rideaux et une sensation de lourdeur sur mes draps vient me déranger dans mon sommeil. J'ouvre les yeux, presque instantanément. Ce que je découvre face à moi est sans appel : une drôle de petite tête se tient, là, me regardant de ses grands yeux marrons. Sur le coup de la surprise, je fais un bond, heurtant l'arrière de mon crâne contre le mur.

Je lâche un « aïe » de douleur.

Puis je décide de tourner les yeux vers mon nouveau compagnon de chambre. Un bébé dragon, assis sur mon lit. Bordel... Mais comment ai-je pu...?

Mais en l'observant d'un peu plus près, je me rends compte que c'est l'oeuf qui a éclot lors de la fête, après l'avoir épargné des griffes de Liam. Pour faire plus rapidement ; dévoilant une infime partie de mes pouvoirs...

Un sourire se dessine sur mon visage lumineux — et ensuite, décide de m'approcher, doucement pour ne pas l'effrayer.

— Coucou toi, commencé d'une voix douce. Comment tu es arrivé là ? (je lève les yeux vers la porte fermée) Par la porte ? Non, car si c'est par là, je me rappelle bien l'avoir fermée... La preuve.

En guise de réponse, le dragonneau émet un léger grognement.

— En tout cas, tu as bien eu de la chance d'avoir pu échapper à mes cousins en bas, ainsi que mes grands-parents. Je n'aurai voulu voir les conséquences que ça aurait encourues.

Du plat de ma main, je lui caresse la tête et la sensation des écailles rigides sous mes doigts me fait sourire.

Je rajoute, en commençant à me lever :

— Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, mais j'ai des choses à faire, mon coco.

J'enfile habits et  jette un dernier regard vers mon ami à ailes en me demandant comment je pourrai l'appeler... Félix ? Crapule ? Biscuit ? Frank ? Pour tout vous dire, je porte une préférence pour Félix. Je trouve que ça dégage un ton doux, agréable.

— Ça te plairait que je t'appelle Félix ? Lui demandé-je tandis qu'il incline de la tête, un léger sourire, faisant apparaitre ses petites canines.

J'ai eu de la chance de me réveiller avec un bébé dragon et non un T-rex, croyez-moi !

Il finit par sortir une sorte de cri de satisfaction (si on peut appeler ça comme ça). C'est alors, qu'un éternuement s'échappe de sa gueule, provoquant un jet de flammes, petites soient-elles... Il a brûlé le drap... Merde, qu'est-ce que je vais dire à ma grand-mère...

— Je pense que j'ai parlé trop vite...

En arrivant dans la cuisine, je peux voir la table vide, sans même un bol ni une tartine de confiture. Il n'y a personne visiblement. Je peux simplement ouïr le meuglement des vaches et le doux chant mélodieux des oiseaux. Je fais une grimace de déception et me prends un bol pour y mettre du lait et le boire, tranquille. Mine de rien, on néglige la solitude, mais c'est d'un reposant !

Je termine de prendre mon petit-déjeuner, puis pars en direction de la maisonnette de Norah.

Ce matin-là, le soleil n'est pas dissimulé et une chaleur me réchauffe le dos. Félix a décidé de m'accompagner, assis sur mon épaule. Si jamais, on croise quelqu'un en chemin, je pourrais toujours le cacher dans ma sacoche. Je croise Ruben sur le chemin, qui semble être très matinal.

— On va boire un chocolat chez moi, viens.

Je le suis de près.

Je pousse sur mes jambes avec le quelque peu de force qui me reste et parviens à le rattraper.

— Je voudrais bien un chocolat chaud, si ce n'est pas de refus.

Il sourit, pousse la porte de sa maison (j'avais oublié qu'il ne fermait jamais à clef...) tandis qu'il m'invite à m'asseoir à table au milieu de la pièce. Ruben revient, peu de temps après, deux tasses à la main pour enfin se choir en face de moi.

— L'hiver approche, explique-t-il, faut se réchauffer.

Je lève les yeux vers sa boisson.

— Avec du café, sérieux ? Tu sais bien que ce truc comprend de la caféine et que ça excite les hormones ?

— Qui te dit que c'est du café ?

Je marque un temps d'arrêt devant sa phrase.

— Peut-être parce que tu as utilisé la cafetière, du moins une cafetière naturelle, faite à la main.

Il continue de me regarder en silence, les mains posées sur la table, une jambes posée sur l'autre, tandis que je bois une gorgée de mon véritable chocolat, fait avec du cacao. Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes, à ne pas se parler. Étant donnée que je le connais, ça ne me gêne plus du tout.

— Ce matin, devine qui m'a réveillée ?

— Le soleil ?

— Très poétique mais non.

— Liam ?

— Non. La maison était vide lorsque je me suis levée.

— Hum... alors attends, laisse-moi réfléchir...

— Oh mais ne t'inquiète pas. J'ai tout mon temps...

—... Je sais... ! Fait-il en se redressant pour me désigner du doigt. Tu as été réveillée par le petit dragon.

J'écarquille les yeux, étonnée devant son temps de réflexion.

— Bravo... je ne pensais pas que tu allais trouver.

— C'est normal, depuis tout à l'heure, je vois une petite tête sortir de ton sac.

Je tourne le regard vers l'arrière de ma chaise. Effectivement, Félix est là, avec son sourire enjôleur et sa bouille. Je le fais monter sur la table.

— Alors, je te présente Félix !

Ruben le détaille avec beaucoup d'attention.

— Tu l'as appelé Felix ?

— Ouais. J'ai hésité avec d'autres prénoms.

Je termine ma boisson, cul sec, mets Félix dans mon sac pour repartir visiter le village. Apparement, Ruben ne m'a pas tout montré. On a encore discuté un peu sur le chemin inverse, rigolé et débattu. Si on m'aurait dit que j'allai rencontrer Ruben un soir et m'emmener dans un monde elfique, je n'y aurai pas cru une seconde. Certes, je connaissais déjà un peu les alentours, mais pas trop non plus. Surtout que le souvenir que j'en ai gardé, c'était les deux billes rouges qui lui servaient de yeux. Le taupoc... Ce souvenir me fait rire, rien que d'y penser. Je me demande bien où ils sont partis, pour ne pas être dans la maison... peut-être dans la maison de Sarah...

— Couche-toi ! Me crie tout à coup Ruben en m'aplatissant contre le sol.

Je n'ai eu le temps de réagir, une fois de plus, toujours dans l'incompréhension totale. Pourquoi me dit-il cela ? Que se passe-il ? Alors que nous sommes allongés, je peux entendre des sabots de chevaux marteler la terre. Ça dure, je dirais quelques minutes, dans un silence glacial. J'en ai la chair de poule.

— Ruben, je chuchote. Qu'est-ce qui se passe ?

Il ne me répond pas et me tire pour me lever, le regard apeuré. Je ne l'ai encore jamais vu ainsi. Je l'ai déjà vu en colère, triste, content  mais jamais apeuré. Pour qu'il se mette dans un état pareil, il faut forcément qu'il y ait une raison...

— Cours !

— Quoi ?

— Putain, je te dis de courir !!

Je ne cherche pas davantage à comprendre et prends mes jambes à mon cou pour m'enfoncer dans la forêt.

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