๛ 𝙴𝚝 𝚕𝚊̀, 𝚝𝚞 𝚐è𝚛𝚎𝚜 𝚎𝚗𝚌𝚘𝚛𝚎 ? ๛
— Tu t'es plutôt bien débrouillée, me fait remarquer Félix, toujours stoïque sur mon épaule droite. Elle est guérie à présent.
— Je te l'avais dit que c'était une bonne idée.
Il hoche doucement de la tête.
— Oui, mais j'ai appris chez toi qu'on peut facilement se retrouver dans de belles galères.
Je ris.
— Oui, je vois.
Après avoir ralenti la panthère à l'aide de ma magie, elle a dû se rendre à l'évidence qu'elle n'y arriverait jamais. Alors, elle a abandonné. Je lui ai souri, ça ne lui a pas plus. En revanche, la licorne, appelée Esmeralda m'a remercié de lui avoir épargné la vie. Je lui ai répondu que c'était normal. Je n'allais pas la laisser se faire croquer alors qu'elle avait encore toute la vie devant elle.
Nous continuons de marcher dans le silence, l'étrange mystère du lieu et des bruits de mes pas.
— Ça fait pas mal de temps qu'on est ici... On aurait normalement dû en sortir.
— La forêt est grande, Roxane, répond Félix posément. Nous ne savons pas où et quand elle se terminera. C'est en avançant qu'on le saura.
— Ouais, mais je commence à avoir mal aux pieds, moi.
En levant la tête, je ne parviens pas à voir le soleil. C'est à croire qu'il a disparu dans cette immensité sauvage. Crac !
Je me retourne en sursautant.
— C'était quoi ça ?
— Une branche qui casse.
Je soupire de soulagement.
— C'est à croire que tu n'es jamais allée dans la forêt.
Je pousse du chemin une grande feuille verte de la main, en me baissant.
— Si, mais pour être honnête, pas vraiment. Nous, les humains, nous ne marchons pas dans la forêt tous les jours, surtout dans celle-là, hormis pour récupérer des champignons.
En parlant de ça, un se trouve juste en face de moi. En le désignant du doigt pour le montrer à Félix, je m'accroupis, fascinée.
— Il est magnifique, lui...
Le concerné est tout simple et énorme. Ça plairait beaucoup à mes parents. Après avoir balayé du regard les alentours, j'approche ma main pour le cueillir. La voix de mon allié me ramène à la raison.
— Je ne pense pas que tu devrais le ramasser..., fait-il mal assuré.
— Oh... Félix, je t'en prie ! Ce n'est qu'un champignon. Il va rien nous arriver !
Je l'extrais de la terre, les racines accrochées. Quel spécimen !
— Tu vois. Rien ne nous aies arrivés, constaté-je en fourrant le champignon dans mon sac, m'assurant que rien ne nous ai tombé sur la tête ou qu'une horde de gorille nous poursuit.
De son côté, Félix ne semble pas très rassuré. Il ne cesse de répéter qu'on n'aurait pas dû le ramasser. Des bruits d'hiboux se font entendre au loin. Je me relève avec une aisance maladroite. un sourire aux lèvres. Nous nous remettons en route.
— Tu n'entends pas un bruit ?
Je tends l'oreille.
— Non.
— Je suis pourtant certain d'avoir entendu quelque chose...
Je tourne la tête pour voir ce qui se trouve derrière.
Bordel...
Une horde de singes nous fonce droit dessus.
Je réagis à la seconde qui suit, n'analysant pas le lien entre le champignon et la horde.
— Qu'est-ce que je disais ! me crie Félix, paniqué et mécontent.
Mes jambes me tirent littéralement, tellement la peur me noue les tripes.
— Je ne suis pas sûre que ce soit à cause du champignon, mais plutôt qu'on empiétait sur leur territoire !
Les arbres, feuilles défilent à vitesse grand V.
— Ne te retourne surtout pas !
Sa voix aiguë me fait sursauter. Courir et sursauter, c'est pire que tout. T'as juste l'impression d'être une biche prise en flagrant délit qui court pour sauver sa peau.
— Plus vite ! Ils nous rattrapent !
— Félix, essaye d'être un peu à ma plaaaaace (J'ai évité de peu une noix sur ma tête), ton poids me ralentit !
Il panique complètement et ça se reflète sur moi. Pas un pour rattraper l'autre. Une nouvelle noix heurte mon crâne. Ma parole, ils nous lancent des noix ! Jamais je n'ai vu ça de ma vie ! Même dans les livres !
Un s'accroche à mon sac. Félix sort un jet de flamme. Le singe se brûle. Et mon épaule a failli y passer. Comment va-t-on semer des singes fous ?! Merci de m'aider surtout !
— Aiden !
Une seconde plus tard, une branche tombe sur l'un et l'assomme.
— Attention, l'arbre !
Je le contourne au dernier moment, ayant vu passer le moment fatidique où je me le prenais en pleine face. Ça aurait été du propre !
— Donne-leurs ton champignon ! me fait Félix.
Mon champignon ? Mais ça ne va pas ! Et puis quoi encore !
— Jamais ! Pourquoi pas mon sac, tant qu'on y est !
Mon caractère borné me jouera des tours !
— Donne-leurs ton champignon avant qu'ils ne décident de nous balancer des noix de coco, cette fois-ci ! Des champignons, tu en trouveras d'autres !
Un arbre de contourné, une racine d'évitée. Quelle pro !
Je commence à me fatiguer, à force. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et mon souffle se fait plus court. Je ralentis. Pas mon champignon !
Après tout, ce n'est qu'un champignon...
— On va leurs tendre un piège
— Roxane ! Sinon, c'est moi qui le fais !
Non !
— Je vais le faire ! finis-je par dire à contre coeur.
La forêt s'étend à des kilomètres encore ? J'en ai marre de courir pour échapper à ces fous, moi !
Je me cache derrière un arbre, essoufflée pour sortir le champignon qui s'illumine.
Il s'illumine en plus ! J'ai envie de pleurer ! Le regard sévère de Félix me fait changer d'avis. Je le balance et étrangement, les singes arrêtent de nous poursuivre. J'en reste étonnée. Pour un champignon ? Tout ça pour un putain de champignon ?
— C'était pas si difficile que ça, au final ?
J'acquiesce d'un signe de tête.
— Où sommes-nous, maintenant ?
— On n'est toujours pas dans la forêt interminable ?
— Non... y'a un chemin.
La forêt interminable a disparu, pour faire place à un petit chemin de terre, entouré d'arbres de taille normal et la flamme ronde qui n'est simplement que le soleil.
— Suivons-le alors.
Après avoir marchés quelques temps, après avoir ramassée une magnifique fleurs de toutes les couleurs (j'ai l'impression d'être le chaperon rouge à cueillir un bouquet pour sa grand-mère), un château au loin se dessine. Un château ? Ici ?
— Nous sommes dans un royaume...
— Oui.
Nous avançons plus près encore. Un pont, un château, des gardes, des chevaliers. J'ai l'impression d'être dans Merlin !
— Tu crois qu'on est à Camelot ? je demande, intriguée.
Il secoue la tête.
— Je ne pense pas, non. Ça ne ressemble en rien au château du roi Arthur.
La déception se lit sur mon visage.
De là, je peux entendre l'activité du château, avec les marchands, les paysans, les troubadours. Un rêve !
— Allez, viens, on y va !
Une fois de plus, Félix s'oppose à mon idée.
— C'est hors de question ! Et si on se faisait prendre ? Tu sais très bien que les étrangers sont interdits dans l'enceinte du château. N'en parlons même pas si t'es une sorcière.
Je pousse un petit grognement.
— Félix, t'es pas drôle ! Et déjà, qui t'as dit que j'en ressemblais à une ?
Mon léger sourire en coin est très mauvais signe. Signe que les ennuis commencent...
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