๛𝙲𝚑𝚊𝚛𝚖𝚊𝚗𝚝𝚎𝚜, 𝚕𝚎𝚞𝚛𝚜 𝚋𝚘𝚒𝚜𝚜𝚘𝚗𝚜 ! ๛
Nous avons quitté le temple, dont j'ignore ses origines. Il faudra que j'y revienne, puis nous sommes minuscules, lorsque nous sortons, face à une étendue de plaine qui s'étend très loin. Des ruines nous entourent. Dessus, des dessins celtiques y sont gravés. Je ne parviens pas les déchiffrer. En rentrant, je demanderai à Ruben de me l'apprendre. Nous continuons donc notre marche, dans ce drôle d'endroit. C'est un tout autre décor, finalement. Il n'y a pas magie, mais plutôt du médiéval. Nous avançons vite, mais prudemment. On ne connait pas, les dangers nous guettent sûrement.
— Tu es déjà venu ici ? fais-je à Oxorion.
— Il me semble que je reconnais.
La route se fait dans le silence, comme une méditation. Chacun se concentre sur le chemin, qui nous mène droit vers le remède. Je ne pensais pas que la Grotte Des Trois Licornes se trouvait si loin du village de Ruben. Je ne sais même pas combien d'heure nous marchons ici, étant donné que je n'ai plus la notion du temps. C'est une tout autre ambiance.
C'est après un long moment que de grands murs se dressent face à nous. Un château. Il ne manquait plus que ça dis-donc... J'adresse un regard rassurant à mes deux compères et nous nous approchons de la majestueuse demeure. Au loin, nous pouvons apercevoir des cavaliers qui descendent la plaine. Dans la discrétion la plus totale, nous les suivons. Si nous étions dans un film, j'imagine bien la musique qui doit s'élever, médievale et puissante.
Une fois descendue, un petit village nous fait face, érigé en pierre. Le soleil inonde les toitures et surplombe le château. La vie continue, évidement, car nous rentrons au coeur du château, comme l'autre fois.
— Surtout, on se fait tout petits, OK ? je chuchote en marchant près du cheval noir.
Félix lève les yeux au ciel.
— Et c'est toi qui dis ça...
— Oui, bon ! J'ai pas fait gaffe ! Et je vous ferai dire, mes cocos que si je n'étais pas allée aux cachots, on n'aurait jamais rencontré Oxorion.
— Tu as raison.
Les architectures s'élèvent littéralement vers le ciel. Ce doit être les tours de garde. Des chiens aboient, des bruits de carrioles, des gens parlant, riant. Personne ne s'est encore rendu compte de notre présence. Après tout, nous sommes des gens civilisés, normaux. Rien de bien particulier. Mais ce qui m'étonne bien plus, c'est le fait que les passants n'ont pas l'air choqués en apercevant Félix. Les dragons sont autorisés dans l'enceinte du château ? C'est étonnant, dis-donc. Je regarde autour de moi, fais attention au décor, à l'ambiance. Ce n'est pas tous les jours que nous voyons cela. Plus on s'enfonce, plus c'est lumineux. Des drapeaux accrochés, des plantes sur les murs. Plus vert. Des dalles en pierre par terre s'alignent le long du chemin et on finit par parvenir jusqu'à la taverne, nommée : « Sword & Shield ». Banal, j'aime bien.
En rentrant, personne ne tourne la tête vers nous, trop occupés à picoler et rire. Les tables sont foncées, en bois de chêne noir. J'ai laissé Oxorion dehors, afin qu'il n'y ait pas de problème. Je n'ai pas envie qu'on vienne me voir pour me dire que les chevaux ne sont pas autorisés dans la taverne. Une forte odeur d'alcool parvient jusqu'à mes narines et s'insinue jusque dans mes sinus. Je ne préfère rien dire et m'assieds à une table, calmement, Félix à côté.
Incrédule, je lui fais quand même comprendre les questions qui me taraudent :
— Félix, t'as pas remarqué que les gens semblaient trouver ça normal que tu sois là ?
— Oui, je m'en suis rendu compte et je pense qu'ils ont l'habitude qu'il y ait des dragons ici.
— Tu es rassuré de savoir que tu n'es pas le seul de ton espèce ?
Il baisse la tête, anxieux.
— Si, quelque peu.
Avant que je n'ai pu répondre, une femme, aux joues bouffies habillées en servante s'approche de nous.
— Vous désirez boire quelque chose ?
— Euh... oui... que proposez-vous ?
— Nous avons notre boisson du jour, le « Sugar surge » ou bien « Sake pop » « Evil Bliss », « Easy Lady », « Beautiful Gin », « Lavish Thunder »...
J'écarquille les yeux et sors une boisson au hasard. Je ne sais même pas de quoi elle me parle, mais j'imagine que ce ne doit pas être du jus d'orange.
— Je prendrais un... Lavish... thunder, s'il vous plait.
Elle note sur son carnet.
— Et votre dragon, il prendra quoi ?
Lorsqu'elle pose les yeux en disant ça, je manque de m'étouffer avec ma salive. Quoi ? Je tourne la tête vers mon compagnon, interloquée. Merde... je suis censé dire quoi, là ?
— Easy Lady lui suffira bien, merci.
Sans un mot, elle repart vers son comptoir servir les autres clients.
— Tu m'as pris quoi, au juste ?
— J'en sais rien, j'ai dit au hasard !
— Ouais, je vais finir dans le même état que toi, tu vas voir...
— Félix, mais... t'as vu ça ? Elle t'a demandé ce que tu voulais boire ! Comment cela se fait-il ?!
Le dragon blanc demeure calme et stoique.
— Je l'ignore, mais c'est bizarre.
Nos boissons arrivent trente secondes plus tard. De très grandes boissons. Si c'est de l'alcool, je vais finir dans un coma éthylique, moi. Je jette un dernier regard à la serveuse, qui semble avoir oublié ma présence.
— Les gens, déclare une voix grave, j'ai entendu dire dans le village que nous auront une fête célébrée ce soir pour le quarantième anniversaire du dragon Kurrenth, Porteur de la Mort !
À ces mots, toute la salle l'acclame en levant les verres hauts, renversant de la bière au passage. Mes yeux s'écarquillent comme deux grosses soucoupes. Un dragon capturé ici ? Instinctivement, je me tourne vers Félix, pour lui lancer un regard lourd de sens, qui me rend.
L'homme barbu continue sa déclaration, visiblement saoûle :
— Ça se déroulera ce soir, vers 22h34, devant la grande caverne « Les sanctuaires de Dragnane ».
C'est où, ça ? Au pire, on suivra la foule. Il faut veiller à ne pas se perdre. Dans l'impulsion, je bois une gorgée de ma boisson, et sur le coup, je crus que ma gorge s'enflammait. Je dus tousser deux à trois fois, puis nous filons en vitesse rejoindre Oxorion qui se trouvait devant un marchant de saké. Il grattait les pierres en dalle à l'aide de ses sabots. Quand il nous aperçut, un lueur de soulagement brilla dans ses yeux.
— C'est pas trop tôt, dis-donc... j'ai cru que j'allai y rester toute ma vie. Vous parlez de mon retard de trente cinq minutes, mais ça fait une heure et demie que vous êtes rentrés à l'intérieur !
— Désolé, Oxo, mais on a plus urgent à s'occuper : ce soir à 22h34 a lieu une sorte de cérémonie pour un grand dragon capturé. Il faut le sauver.
Silence. Il analyse ma phrase.
— Comment comptes-tu t'y prendre ?
Un mince sourire s'étire sur mes lèvres.
— Je pense avoir ma petite idée...
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