๛𝙲'é𝚝𝚊𝚒𝚝 𝚖𝚘𝚒𝚗𝚜 𝚞𝚗𝚎 ! ๛
Le soleil perce à travers les rideaux. J'ouvre un œil. Puis le referme. Rouvre l'autre, en laissant l'autre clos. La table de la salle à manger. Je le referme. J'ouvre les deux yeux, un canapé. Ah... ce canapé. Je refais ce petit rituel jusqu'à avoir les yeux bien ouverts.
Mon œuf...
— MERDE L'OEUF ! Crié-je en me relevant rapidement.
Je regarde partout, dessus, au dessous, mais il n'est nul part. Oh non non non... pas ça. PAS le premier jour quand même ! On est un vendredi 13, c'est ça qu'on appelle la malchance ?
Je me redresse aussi rapidement, et cours jusqu'à la cuisine. Personne, super. Je suis en panique totale. Il ne faut en aucun cas qu'il n'arrive quoi que ce soit à cet œuf, je ne me le pardonnerai jamais.
Dehors, je peux entendre Nathan et Robin parler. Ils ne me l'auraient pas pris, ça ne leur viendrait pas à l'esprit.
À côté, derrière la porte, je peux entendre un brin de leur conversation :
— C'était quoi ce qu'avait Liam dans les mains ? Demande Nathan.
— Je ne sais pas, répond Robin. Mais ça avait étrangement la forme d'un œuf. Je ne sais pas où il aurait pu dénicher ce truc.
Sans perdre une minute de plus, je me précipite dehors, manquant de trébucher sur le chien au passage. Je m'arrête à la hauteur des deux garçons, essoufflée.
– Où est-ce qu'il est parti ?
Robin me dévisage, ne comprenant pas et Nathan me regarde le visage, sans vraiment d'expressions.
— Pourquoi cette question ?
Je vais commettre un meurtre, je le sens...
– Où est parti Liam ?! Je redemande, prête à exploser s'il me repose cette question.
Déjà que je suis à bout.
— Ah... il est chez lui, il me...
Je ne perds pas une minute de plus et file au grand galop chez Sarah. Je déboule chez eux, sans sonner, manquant de casser la porte. Ils sont là, assis ; Oscar, Maëlys et Liam, faisant rouler un tracteur, une remorque rouge y est attelée et MON œuf dedans.
Calme-toi, Roxane. Inspire, expire.
Tu n'as qu'à faire quelques pas pour reprendre l'oeuf. Oui... j'ai aussi deux pas à faire pour atteindre un balai et assommer ce gosse !
Je respire et me dirige calmement vers les trois, qui me regardent avec de grands yeux. Oui... je suis folle. On a tout de même le droit de ne pas prendre ses médicaments, non ?
D'un grand sourire, crispé soit-il, je m'exclame :
– Liam, cet œuf est le mien. Je vais devoir te le reprendre.
Il me répond alors, d'un regard noir :
– Non ! Cet œuf n'est pas le tien.
Apportez-moi de suite ce balai !
Je serre les dents, et prends donc l'objet, en lui rétorquant un « si » bien sympathique. Fin, je crois.
– Donne moi ça ! C'est pour les animaux !
Je me retiens d'éclater de rire.
– Au moins, on est deux à ne pas prendre nos médicaments, mon p'tit gars, lancé-je, la main sur la bouche, pour ne pas glousser.
Il me dévisage, en arquant un sourcil.
– Laisse tomber, soupiré-je, en ouvrant la porte.
Je remets mon œuf dans ma sacoche et peux enfin souffler. Ouf... une catastrophe d'évitée. Bon... à cause de lui, j'ai aussi loupé mon petit déjeuner, quand même le repas le plus important de la journée.
Lorsque je repasse devant les deux ados, ils me regardent, étrangement.
Je prends du pain, qui traîne sur la table de la cuisine, une pomme, fromage et en passant vers les vaches, du seigle, puis me dirige en direction de la forêt.
En sortant le joyau, je le fais tremper dans l'eau de source, en chantant. Si je pouvais danser...
–BOUH ! Me fait une voix derrière moi, en posant ses mains sur mes épaules.
Je manque de lâcher la Pierre et de détaler pour rejoindre la maison mais je me contente seulement de sursauter en lâchant un hoquet de surprise. C'est déjà pas mal.
En me retournant, je remarque que c'est seulement Ruben.
À une minute de près et j'aurai pu faire mes prises de judo... que j'ai oubliées.
– Je t'ai fait peur..., me fait-il, souriant.
– Un peu, mais je t'ai entendu arriver, réponds-je, d'un ton assuré.
Pas du tout.
Je replonge la Pierre dans l'eau de source et l'essuie dans du fin tissu blanc brodé.
Je me tourne ensuite vers lui.
– Le cerf va bien ? Non, je demande, car apparemment, toi tu as l'air tout heureux.
– C'est le cas, fait-il, posant ses yeux sur moi. Oui, il va bien. Je l'ai fait boire et manger. Il vient de s'endormir.
Qu'il est mignon, seulement vêtu d'une chemise marron en cuir de bœuf, d'un pantalon noir, et ses bottes marrons, avec sa sacoche autours du cou.
– Parfait ! Reprends-je, en me levant.
Dois-je lui parler de l'incident avec Liam ? Oui... il vaudrait mieux. C'est tout de même lui qui m'a proposé de le garder.
– Ce matin, j'ai perdu l'oeuf, au réveil.
Il se tourne, rapidement, en me fixant d'un regard interloqué.
– Mais j'ai fini par le retrouver dans la remorque de mon cousin, je rajoute, les mains derrière le dos.
Il semble esquisser un sourire.
– Bref, c'est une longue histoire, terminé-je, en imitant de grands gestes, à ça de l'assommer. Mais le principal, c'est qu'on l'ait retrouvé, sans fissure.
Je lui souris, d'un air innocent.
– Oui, c'est tout ce qui compte, répète-il, d'une voix douce sans me quitter du regard.
– Bon... sinon, que veux-tu faire aujourd'hui ?
Il semble réfléchir et rétorque :
– Hum... comme tu veux. Mais j'avais en tête d'aller se promener en forêt ?
L'idée me paraît sympa, j'accepte.
Tandis qu'on marche, dans un petit pré de fleurs multicolores, mon épaule frotte contre celle de Ruben. Je vous avoue que ça me fait quelque chose... c'est sans doute pas le moment.
Le soleil brille au dessus de nos têtes et la chaleur commence à stagner. J'espère qu'il fera beau toute la journée. Ce serait dommage de devoir s'abriter pour un simple orage.
Après un long moment d'attente, Ruben prend la parole :
– Sinon... parle-moi un peu de toi... qu'est-ce qui t'amène ici ?
Je réfléchis un instant puis m'exclame :
– Effectivement. Je suis en vacances chez mes grands-parents.
Il sourit.
– Il me semblait bien.
– Et toi ? Retourné-je la question en posant à mon tour, les yeux sur lui.
Il se passe la main dans ses cheveux, en penchant légèrement la tête.
– Et bah... c'est-à-dire, qu'en effet, je vis avec mon frère. Mais on a déménagé pour cause d'incendie...
– Pour cause d'incendie ? Le coupé-je. Désolée, je t'ai coupé.
– Non ce n'est rien. C'est une longue histoire. Les voisins nous menaçaient de brûler notre maison si on ne déménageait pas, car on faisait de la magie. Enfin bref, des incultes quoi ! Rie-t-il.
Je l'écoute attentivement, les yeux baissés. Puis relève la tête, lorsqu'il reprend la parole.
– À présent, on habite dans une maison au fond dans la Forêt des Chênes.
– La Forêt des Chênes ? Il y a des chênes ici, maintenant ?
Il enlève sa main des cheveux pour la reposer sur la lanière de sa sacoche.
– Pas ici. Mais dans mon monde, oui.
Je lève un sourcil.
– Je peux te faire visiter si tu veux, ce n'est pas loin. En plus, on a fait quasiment toute la moitié du chemin. Suis-moi.
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