𐀔 𝙻𝚊 𝚕𝚒𝚌𝚘𝚛𝚗𝚎 𐀔
Au bout d'un moment, je finis par m'arrêter. Forcément, je ne sais absolument pas où je dois aller !
— Mais qu'est-ce que tu fais ? Continue !
Quoi ? Je ne suis pas folle, j'ai entendu une voix !
Je balaie rapidement les alentours du regard, pour enfin recourir.
Espérons qu'il me retrouve. Je fais comme avec Maëlys ; je traverse mer et rivière pour échapper à un danger que je ne connais pas. Dans l'élan, mes jambes se prennent dans une racine et je trébuche élégamment, avec tant de délicatesse.
C'est pas vrai !
Mon souffle est court. Je finis par trouver refuge dans un arbre, après des minutes à courir comme une dégénérée. Il en faut peu pour se retrouver dans une situation périlleuse.
Assise sur cette branche durant 30 minutes déjà, une lourde crampe va finir par s'infiltrer dans mes jambes. Je soupire, attendant le moindre danger mais la foret est plongée dans un profond silence. Le soleil est haut dans le ciel, comme tous les matins. Je m'ennuie, sur cet arbre. Je regarde vers en bas pour voir si rien ne rode. Rien. Des oiseaux, des renards, la végétation dense. Rien de spécial. Je peux descendre.
— Es-tu bien sûre de ton choix ?
Cette même voix refait surface, sifflant l'air comme un écho. Quel choix ? Mais...
— Qui est là ? De quoi parlez-vous ?
Voilà que je me mets à parler toute seule, ou plutôt à une présence qui ne se dévoile pas.
— De descendre, répète-t-elle, avec un calme olympien.
— Bah oui ! Il n'y a personne, la voie est libre.
— À ta place, je resterai à l'abri sur cet arbre.
— Qui êtes-vous pour me dicter ce que je dois faire ?
— Quelqu'un qui sait ce qu'il dit, Roxane.
— Comment savez-vous mon prénom ?
Félix apparait dans mon champ de vision pour se poser sur une branche.
— Peut-être parce que c'est moi qui te parle depuis tout à l'heure.
Il parle ! Félix parle !
Je sursaute de frayeur en me reculant vers le gros tronc du chêne pour m'y accoler, effrayée.
— Tu parles ! je m'écrie.
— Bravo ! Tu n'es pas bête. Tu sais que je parle. Mais ça m'étonne que tu ne le saches pas.
— Comment ça ?
— Avec les écureuils. Je t'ai aperçu. Tu étais sur le banc, et tu étais la seule à les entendre. Ce don est rare.
Je me redresse légèrement, intriguée.
— J'étais seule, bien évidement qu'il n'y avait que moi pour les entendre. Tu m'as suivi ?
Il s'approche de moi, les yeux brillants.
— Bien sur que je t'ai suivi ! Quelle question saugrenue !
— Mais je croyais que...
— Que je m'étais enfui loin d'ici pour retrouver d'autres dragons ? me coupe-t-il en lâchant un petit rire. Non, je te rassure ! Je me suis juste caché un moment dans la grotte, le temps que ton cousin oublie mon existence puis, je suis rentré. Après tout, je suis ton dragon. Je n'abandonne pas mon maître.
Je souris.
— Jamais je ne penserai qu'un jour j'allai rencontrer un dragon et lui parler.
— Pourtant, c'est évident. Depuis toute petite, ce don est enfoui en toi.
Je passe ma jambe, pour pouvoir descendre. Mais la vue vertigineuse me rebute.
— Tu ne trouves pas que c'est un peu haut ? me fait remarquer Félix en volant à coté.
— C'est facile de dire ça quand on est dragon qui possède des ailes.
— Utilise ta caboche. Tu es assez intelligente pour ne pas voir des éléments qui pourraient te faire descendre délicatement sans t'écraser au sol comme une crêpe ?
Je regarde partout autour de moi. Des arbres, des nuages, le soleil, des oiseaux.
— Non, je ne vois...
Une liane, accrochée attire mon attention.
— A moins que...
Je me mets debout sur la branche, sans tomber. On va essayer pour l'instant. Le regard tourné vers elle, je prends une grande inspiration, réfléchissant bien à ce que je fais avant de me lancer. Je vais sauter dans le vide, pour attraper la liane. Comme Tarzan. Puis je m'élance. Je prends appui sur l'arbre puis vole dans le vide. J'ai peur. Je n'ai encore jamais fait ça. Je vais sans doute me retrouver la tête dans sur un tronc et m'assommer. Ça ne m'étonnerait pas de moi.
— Tu peux ouvrir les yeux, c'est bon. Tu es vivante.
Je m'exécute.
— Super ! Je ne sais même pas où on est ! Dans la précipitation, je n'ai même pensé à ce que je faisais. J'ai juste couru car on me l'a ordonné...
Félix se pose sur mon épaule.
— On pourrait terminer le chemin que tu as emprunté... Il ne me semble pas dangereux.
J'hausse les épaules et avance à l'aveugle. Je suis le chemin, l'esprit ailleurs et les yeux en l'air. Les rayons du soleil illuminent tellement bien la route. Les fleurs nous entourent, des insectes voletant au-dessus de ma tête. À mesure qu'on évolue dans ce drôle d'environement, les végétaux se font plus grands, plus colorés.
— C'est moi ou les plantes se sont agrandies ?
— Non, tu n'es pas la seule. Je le vois aussi. Je ne connais pas cet endroit, c'est très beau.
À mes pieds, les fougères bougent. Je m'arrête quelques secondes mais rien. La chose est partie, sans doute effrayée, puis poursuis ma traversée.
— Sais-tu, toi, pourquoi Ruben a réagi comme ça tout à l'heure ?
— Oh... oui, malheureusement...
— C'est vrai ? Pourquoi alors ?
— Pour te protéger d'un danger qui sévit toute la population déjà. Ruben le sait autant que moi, ce monde n'est pas aussi beau qu'on ne le croit... Derrière les arbres, se cachent des créatures maléfiques et des chasseurs.
Des chasseurs ? Mais pourquoi des chasseurs séviraient une population ?
— Je peux me défendre toute seule, Félix, tu sais. Je ne suis plus une petite fille. Je sais sortir les griffes.
La forêt devient plus sombre, plus mystérieuse, comme une jungle. Des bruits se font entendre. Non pas des bruits de nuit mais plutôt de jour. Il n'est que 11h.
— Parce que ces chasseurs sont très dangereux et si par mégarde, tu croises leur route, tu n'en ressortirais jamais de cette forêt. Beaucoup de créatures magiques en font les frais, crois-moi ! Si Ruben t'a demandé de courir, c'était pour une bonne raison. Lui a l'habitude, toi non... Et ne regarde plus sur cet objet, les heures ne sont pas les mêmes que chez les humains. Elles sont plus rapides.
Je me demande bien pourquoi... Tauron m'en a parlé de ces fameux chasseurs, mais dans le bon sens aussi. Son chat a perdu une patte. Etait-ce à cause de ces monstres ou d'un accident ?
— Arrête-toi ! Me fait tout d'un coup Félix, d'une voix grave.
Je m'exécute, l'oreille attentive.
— Regarde devant toi. C'est une licorne. Une licorne solitaire.
Effectivement, devant moi broutait un magnifique cheval immaculé de blanc entre les fourrées.
— Ainsi, elle est exposée au danger...
— Elle sait se défendre, non ?
— Oui, mais pas toujours. Elle est blessée, là, regarde. Un animal faible, selon les lois de la nature ne survit pas. Les chacals, les jaguars, tous ces mammifères carnivores assoiffés n'en feront qu'une bouchée d'elle.
Malheureusement, il n'a pas tort. Mais si j'interviens, je peux peut-être la soigner.
Une ombre saute devant nos yeux, noire comme l'ombre et des yeux jaunes. La licornes, surprise, s'enfuie.
— Elle est poursuivie ! je m'écrie du doigt, la tête tournée vers mon fidèle allié. Il faut faire quelque chose ! On ne peut pas la laisser se faire manger !
Sans le laisser le temps de répondre, je m'élance dans les bois pour rattraper les deux animaux dans la course poursuite effrénée.
— Que fais-tu ? Tu ne peux pas les rattraper ! lance Félix perplexe, en haussant la voix.
— Je n'ai pas le choix. Il faut qu'on la sauve, malgré les dangers qu'on encoure. Aiden, ralentis-la panthère, s'il te plait !
Sur ces mots, je peux voir le félin galérer à rattraper l'équidé. Je suis fière de ma victoire.
— J'ai vu toutes sortes de sorts, mais celui-là m'était resté inconnu, jusque-là.
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