Somme astrologique (1)
Il est légitime de conjecturer [NDHG : prévoir] la venue d'un événement d'après la constatation de ses causes. Le médecin, par exemple, peut prévoir la mort après l'examen d'un état pathologique symptomatique. Or les corps célestes provoquent certains phénomènes terrestres, comme Denys lui-même l'affirme au chapitre 4 de son ouvrage : «Des noms divins». Donc la divination par les astres n'est pas illicite. Notre science, en outre, tient sa source de l'expérimentation. Aristote l'explique clairement au début de sa «Métaphysique».
Or avec beaucoup d'expérience, l'homme peut maîtriser l'observation des astres et connaître d'avance certains événements futurs. Donc une telle divination n'a rien d'anormal. La divination enfin est à proscrire lorsqu'elle requiert un pacte avec des démons que l'on aurait sollicités. Or rien de tel dans l'astrologie [NDHG : il faut ici se rappeler que l'astrologie du Moyen-Âge s'apparentait à l'étude de l'impact des astres sur la Terre, comme dans la météorologie ou la médecine (les médecins de l'époque étaient persuadés que les astres influaient sur la physiologie des patients), l'auteur ne parle donc pas de l'astrologie comme on l'entend maintenant.]. Elle ne fait qu'observer l'organisation d'un aspect de la création divine. Au contraire, Saint Augustin reconnaît au chapitre IV de ses «Confessions» :
«Je consultais sans cesse ces horoscopes qu'on prétend scientifiques, car ils permettaient la divination sans avoir recours à des sacrifices ou à l'invocation d'esprits. Mais l'authentique piété chrétienne les repousse et les condamne tout autant».
Répondons que si la divination s'appuie sur des opinions fausses ou sans fondement, elle véhicule une œuvre démoniaque : l'adhésion de l'esprit humain à l'erreur et à l'inconsistant. Vouloir pronostiquer par la considération des étoiles un avenir qui n'en relève pas, porte aux opinions erronées ou frivoles. Il faut donc savoir quel futur peut se prévoir en scrutant les astres. Tout d'abord, ce qui doit nécessairement arriver est évidemment déductible de l'observation du cosmos. Ainsi de la prochaine éclipse, par exemple. Mais la prémonition d'événements historiques par l'observation des astres est très controversée.
Extrait de la SOMME THÉOLOGIQUE 2ème partie, tome 2 Question 95, article 5
Saint Thomas d'Aquin
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