VIII. Diaspore

Diaspore : concentration, réflexion

La suite du trajet se passa sans le moindre accroc, ce qui est à la fois reposant et en même temps très perturbant, comparé aux évènements de la première partie du voyage. Même les brutocollinus laissèrent Lumine tranquille, marchant mollement autour de leurs campements sans lui adresser un regard derrière leurs masques perturbants.

La jeune femme blonde ne dit rien, mais elle les remercia mentalement. L'adrénaline redescendait lentement, après avoir approché d'aussi près le dragon qui terrifiait toute la région sans pouvoir rien faire d'autre que l'observer, lui et le drôle d'homme qui tentait... Qui tentait quoi, exactement ? Lumine essayait de se souvenir de ses paroles, auxquelles elle n'avait pas vraiment prêté un grand intérêt dans le feu de l'action. Stormterror avait occupé toute son attention, tant et si bien qu'elle n'était pas sûre de pouvoir décrire exactement l'homme ou même de le reconnaître si jamais elle le recroisait. Il était petit et vêtu de vert, c'était tout ce qu'elle était capable de dire avec certitude. Le reste lui semblait trop flou, l'adrénaline ayant effacé tout ce qui n'était pas important à ce moment-là.

Et il suffisait que tous les Mondstadtois souffrent de nanisme, et que la mode de cette saison à la cité du vent soit le vert...

Enfin, ce n'était pas le plus important, n'est-ce pas ? Certes, ce drôle de petit homme soulevait de nombreuses questions, mais il n'empêchait. La Voyageuse devait se concentrer en priorité sur le dragon. Qui que ce soit cette personne, il ne devait pas détourner l'attention de la jeune femme de son objectif. Il fallait, coûte que coûte, qu'elle trouve le moyen d'arrêter Stormterror au profit des Fatuis. Le reste n'était que futilité et pouvait être relégué à plus tard. Voire à jamais. Ce n'était pas comme si elle allait recroiser de sitôt, de toute façon.

Tentant tant bien que mal de se rassurer avec ses pensées, la jeune femme blonde continua sa marche avec autant de calme qu'il était possible d'en avoir. Après le départ de Stormterror, elle avait enfoncé la mystérieuse larme rouge de ce dernier dans son espace de stockage personnel, sous les conseils de Paimon qui affirmait à juste titre que la glisser dans les poches inexistantes de sa robe ne se résumerait que par la perte ou la casse de la larme cristallisée. Puis elle s'était enfuie au pas de course du Bois des Murmures. Comme prise de peur que le dragon ne revienne pour finalement la prendre entre ses dents, elle avait couru très vite pendant plusieurs minutes, même après être sortie du bois. Après quoi elle s'était arrêtée d'un coup, freinant des deux pieds dans un mouvement brusque. Elle avait pris trois inspirations par la suite, rapides et fortes, suivie d'une quatrième plus calme pour reprendre contenance. Et enfin, la jeune femme s'était redressée brusquement, trop peut-être, mais elle ne s'en était pas souciée.

Lumine avait simplement regardé la plaine qui s'étendait devant elle, les renards roux et crèmes qui s'étaient précipités dans leurs terriers à cause d'elle, les papillons et papillons cristallins s'envolant au gré du vent, paisiblement, les petits cris de brutocollinus au loin. Puis sans un mot – elle n'avait rien dit depuis qu'elle avait récupéré la larme –, elle s'était remise en marche.

Juste avant, elle jeta un dernier coup d'œil à la carte pour savoir exactement comment s'appelait l'étendue de plaines à perte de vue devant elle. L'endroit portait le joli nom de Ventlevé, et Lumine se contenta de sourire. C'était tout ce qu'elle avait besoin de savoir, car une fois sortie du Bois des Murmures, le chemin menant jusqu'à la cité de Mondstadt était des plus évidents.

La cité était construite sur une presqu'île rocheuse, rattachée aux plaines et au reste de Mondstadt par un seul et unique pont. Entièrement fortifiée, ses hauts remparts et ses tourelles de surveillance étaient faits de pierres taillées rectangulaires et grises. Une simplicité frôlant le minimalisme, en comparaison des remparts entourant la Capitale de Snezhnaya, dont les briques blanches, les hautes tours aux toits pointus turquoises et bleus, et les portes rondes semblant être entourées de ronces métalliques renforçaient la majesté de la ville. Mais la Cité de Mondstadt avait tout de même un certain charme. Tandis que Lumine s'avançait avec calme sur le pont, effrayant des pigeons au passage et s'attirant par conséquence le regard noir d'un enfant, elle parvenait à deviner les petits immeubles et les maisons, tous faits en bois et en pierre recouverte de mortier, avec leurs toits en tuiles vertes ou rouges.

Et bien évidemment, les moulins.

Ils étaient comme à Dornman, hauts et fiers, se dressant jusqu'au ciel en tournant leurs longs bras au rythme du vent. Ils semblaient tout dépasser, leurs ombres recouvrant les habitants de la ville dans un simulacre de protection. Pourtant, au loin, la Voyageuse parvenait à deviner des édifices plus grands encore. Comme notamment, les trois hautes tours de la Cathédrale, bien qu'elles étaient si éloignées par rapport à l'endroit où se tenait Lumine qu'elles n'étaient que trois petits points triangulaires à peine discernables en plissant les yeux.

Arrivant devant la porte principale de la ville, la jeune femme blonde observa avec une attention timide et discrète les deux chevaliers qui se tenaient de part et d'autres de l'imposant porche de pierre, lequel était surmonté par trois petites fenêtres, des meurtrières. Leurs armures, grises et or, étincelaient sous la lumière calme du soleil et Lumine se demanda s'ils allaient agir en observateurs silencieux, comme les Fatuis surveillant les portes de la capitale, à Snezhnaya, ou s'ils allaient l'interroger sur sa venue en ville. Un nœud d'appréhension se forma à cette pensée, et la jeune femme se prépara alors à ressortir le rôle de la pauvre sœur éplorée qui ne désirait qu'une chose, courir rejoindre son frère malade avant que ce dernier ne rende son dernier souffle. Après tout, elle était visiblement très convaincante dans ce rôle, même si elle maintenait que le comportement des deux navigateurs avait été plus qu'étrange.

Pourtant, alors qu'elle s'apprêta à passer la porte, s'attendant à se faire arrêter et questionner, le chevalier de droite se contenta de la saluer, poing sur le cœur, avec un franc sourire chaleureux.

Que le vent vous guide, jeune aventurière ! Bienvenue à la Cité de Mondstadt !

Oh.

Donc visiblement, il était possible d'entrer et de sortir de la Cité des Vents comme d'un moulin.

Ces gens-là avaient-il réellement des difficultés avec un dragon destructeur et faiseur de tempêtes ? De l'avis de Lumine, si une telle catastrophe s'abattait sur sa cité, elle serait tout de même un peu méfiante vis-à-vis des parfaits inconnus arrivant en ville durant la même période.

A moins que ce soit ça, le concept de liberté. Cela n'échappait pas complètement à la compréhension de Lumine, mais elle n'imaginait que la doctrine de Barbatos soit aussi poussée.

Répondant avec un temps de retard à la salutation du chevalier, la jeune femme blonde eut la surprise de constater qu'il n'était pas vexé ou étonné de sa réaction. Comme s'il avait l'habitude. Comme si elle n'était pas la première étrangère à venir à Mondsadt et a affiché une certaine surprise quant au caractère accueillant et ouvert des chevaliers. "Et probablement de tous les habitants de Mondstadt..." se fit-elle la réflexion.

Toutefois, Lumine oublia bien vite sa surprise une fois dans l'enceinte de la ville. Apercevoir de loin les bâtiments faisant la cité était une chose, les découvrir de près en était une toute autre.

Ils étaient recouverts, décorés, par du lierre et des banderoles les liant entre eux, formant un toit partiel au-dessus d'une immense rue entièrement faite d'escaliers. De petites devantures de magasins se détachaient avec charme des murs vides et simples. Les fenêtres, à petit bois, étaient toutes élégamment entourées de volets rouges ou verts, et les portes étaient parfois surmontées d'auvents en tissu rayé, aux couleurs pastels. Des jardinières remplies d'une verdure et d'une flore comme jamais Lumine n'en a vu à Snezhnaya, divisaient les rues en deux ou bordaient les bâtiments, entre les étals recouverts de fruits, de fleurs et des légumes aux odeurs et aux couleurs pétillantes. Des lampadaires surmontés de longs fanions représentant ce qui devait être le symbole de Mondstadt se dressaient fièrement, attendant sûrement la nuit pour remplir leur rôle.

En remontant la rue de marches, Lumine arriva sur une large place, dont le centre était occupé par une fontaine de laquelle l'eau n'était pas gelée par le froid. Au nord, un mur laissait entendre qu'il y avait d'autres escaliers à prendre pour accéder aux différents quartiers de la ville. D'autres étals, d'autres magasins se tenaient là, un petit restaurant aussi d'après les tables rondes en cèdre et le petit écriteau indiquant "Le Bon Chasseur" en lettres bouclés, et les marchands hélaient avec un sourire joyeux tous les passants s'approchant un peu trop de leur enseigne. Comme à Dornman, Lumine eut la surprise d'entendre quelqu'un jouer d'un instrument, de la flûte cette fois.

Il y avait tellement de vie, tellement de joie dans les sourires, tellement de rires aussi. D'une certaine manière, la Voyageuse eut l'impression d'être renvoyée au rynok, où l'ambiance était tout aussi chaleureuse, mais en même temps, ce n'était pas pareil. Le charme du rynok et des rues marchandes de Snezhnaya reposaient sur les cris et les rires des passants, les discussions enjouées avec les vendeurs, les marchandages parfois un peu houleux, et les échoppes de boissons chaudes, thé, chocolat ou vin chaud, dissimulées dans les coins des rues et des allées. Le charme du rynok reposait sur la volonté que les Shezhnayens avaient à dégager suffisamment de convivialité chaleureuse pour faire oublier le froid constant qui les entouraient. Ce n'était pas que les Snezhnayens se forçaient à être heureux, bien sûr. Mais à Mondsadt, c'était différent, Lumine pouvait le sentir. C'était différent d'une manière qu'il était dur de décrire. Les gens étaient tout aussi chaleureux et conviviaux, mais cela ne respirait pas autant la nécessité qu'à Snezhnaya. Les sourires n'étaient pas là pour faire fondre la glace. Ils étaient là, parce que c'était comme ça.

Cela fit se demandait à la Voyageuse ce qui se serait passé si elle s'était réveillée à Mondsadt.

Elle n'aurait pas failli mourir d'hypothermie, au moins c'était ça de sûr.

Mais aurait-elle été recueillie, accueillie par quelqu'un comme ce fut le cas avec les Fatuis ? Quelqu'un aurait-il essayé de lui donner un sens, une raison d'être, ou serait-elle restée une épave à la dérive, seulement maintenue à flots par les efforts de Paimon, en ne songeant qu'à la perte d'Aether ? Se serait-elle souvenue de son prénom ? Barbatos l'aurait-il pris sous son aile, lui aurait-il proposé un marché, comme l'avait fait sa paire ? Serait-elle aussi concentrée sur le dragon comme elle l'était maintenant ?

Des questions qui resteraient à jamais sans réponse. Car c'était dans le froid de la Nation Cryo qu'elle avait rouvert les yeux et Mondstadt ne représentait rien de plus qu'un objectif à atteindre.

Pour la Tsarine. Pour leur pari. Pour que la jeune femme blonde prouve sa valeur.

Elle soupira faiblement, refusant de rester plongée dans une mélasse d'hypothèses auxquelles elle n'aura jamais de réponses. Alors Lumine prit une grande inspiration, redressa la tête et cadra les épaules, pour se remettre les idées en place.

Bon ! commença-t-elle d'une voix énergique. Par où on commence, d'après toi?

Hélas, au lieu d'une petite voix criarde et familière, seul le silence lui répondit. Surprise, la Voyageuse se tourna sur la droite, puis sur la gauche, en fronçant les sourcils. Sa confusion doubla de volume quand elle se rendit compte qu'aucune petite fée volante, aucune naine blanche, était à ses côtés. Elle était toute seule au milieu de la place de la fontaine, juste entourée par les visages inconnus des Mondstadtois qui continuaient de vaquer à leurs occupations sans remarquer son trouble.

Pai... Mon ? redemanda-t-elle, cette fois hésitante tout en regardant autour d'elle une nouvelle fois, en vain.

La pixie l'avait abandonnée. Encore.

Mais pourquoi ? Lumine savait que Paimon avait peur des Fatuis, c'était un fait que la jeune femme blonde ne pouvait nier. Elle se cachait à chaque fois que Lumine quittait sa chambre à Zapolyarny, et avait fui quand la jeune femme s'était retrouvée confrontée à Arlecchino dans la taïga. Sans parler de sa peur bleue évidente de la Tsarine. Mais ici ? Il n'y avait pas de Fatui, n'est-ce pas ? Lumine avait beau regarder, elle n'en voyait nulle part, même en se tordant la nuque pour essayer d'apercevoir les gens se tenant sur la plate-forme qui dominait la place, là derrière les barrières. Alors pourquoi la petite fille mystérieuse avait fui, cette fois ? Le pire, c'est que la Voyageuse ne se souvenait même pas avoir entendu le "pop" que faisait sa compagne de voyage quand elle disparaissait dans le petit monde qui lui servait de refuge.

Quoique. Maintenant qu'elle y pensait, la jeune femme blonde se souvenait que Paimon n'était quasiment pas apparue du voyage en bateau, entre Snezhnaya et Mondstadt. Elle n'avait manifesté sa présence que lorsque son amie était dans sa cabine, seule et à l'abri des regards. Soit-disant car elle souffrait du mal de mer, ce qui avait été un argument tangible aux yeux de Lumine sur le moment. Après tout, la pixie aux cheveux blancs semblait être très fragile par instant, souffrant souvent de maux de ventre quand elle s'empiffrait, par exemple (et douce Tsarine, qu'est-ce qu'elle s'empiffrait...). Mais ici, elles n'étaient pas sur un bateau au milieu des océans, alors pourquoi...?

Se pourrait-il que Paimon voulait se cacher... De tout le monde ? Pas simplement des Fatuis, mais de chaque personne qui n'était pas Lumine ?

"Ca voudrait dire qu'elle a disparu quand on était sur le pont et que je ne m'en suis pas rendue compte depuis tout ce temps ?" s'étrangla la jeune femme. Un sentiment d'agacement et de frustration se glissa alors dans ses veines. Cela énervait Lumine que son "amie" la laissait encore se débrouiller toute seule et cela l'énervait qu'elle ne se soit pas rendue compte de sa désertion avant.

Rebroussant chemin pour quitter la civilisation, histoire de voir si c'était la véritable raison de la disparition de Paimon et avec la bonne intention de régler ses comptes, Lumine descendit quatre à quatre les marches de la grande rue. Elle n'eut toutefois pas le temps de descendre la dernière volée de marches, puisqu'une étrange dame l'apostropha :

Ad Astra Abbyssosque, Voyageuse ! Bienvenue à la guilde des aventuriers !

L'interpellée prit le temps de la réflexion avant de se tourner vers la jeune femme qui attendait toujours sa réponse avec un sourire serein et figé. Elle se tenait derrière un comptoir, les mains bien rangées contre son corset noir superposé à une chemise blanche et verte découvrant ses épaules. En fait, remarqua Lumine en la détaillant un peu plus, l'entièreté de sa tenue était blanche et verte, de sa large jupe à ses petites mitaines en passant par sa petite coiffe habillant ses cheveux courts noirs, coiffés en carré bouffant.

La Voyageuse s'approcha alors de deux pas de sa nouvelle interlocutrice, restant tout de même à une distance respectueuse du bois du comptoir.

Bonjour... commença-t-elle prudemment, essayant de paraître polie. Excusez-moi, vous êtes ?

Oh, mille excuses, que je suis impolie ! se reprit l'étrange femme. Je m'appelle Katheryne ! Je suis la réceptionniste de la guilde des aventuriers. Et ici, tu te trouves au comptoir de la branche mondstadtoise de la guilde.

Oh. C'était vrai que Lumine avait un peu l'air d'une aventurière, avec ses protège-poignets et les détails de métal de ses bottes. Après tout, ce chevalier à l'entrée de Mondstadt lui avait bien souhaité la bienvenue en l'appelant "aventurière". Et Lumine avait déjà remarqué certains de ces hommes et femmes vêtus d'autant de vert que les Fatui portait du noir, du rouge ou du violet. Peut-être que cette femme, Katheryne, la considérait comme une aspirante aventurière ? Si tel était le cas, elle devait se dépêcher de dissiper le malentendu.

Je suis désolée, mais je ne suis pas intéressée par la guilde des aventuriers, je... Ne cherche pas à en faire partie...

– Oh, mais je sais, Voyageuse.

Lumine tilta. Le ton de Katheryne était calme, doux, presque plat, mais elle l'avait appelé deux fois "Voyageuse". Pas aventurière, comme le chevalier de tantôt, mais bien par ce petit nom par lequel elle se surnommait et par lequel elle était appelée au palais d'Hiver. Arlecchino l'avait même affublée du sobriquet "Voyageuse d'un autre monde". Même la Tsarine l'avait appelée ainsi, entre deux "chère enfant", "douce enfant" et un "pauvre enfant".

La jeune femme blonde regarda un peu plus attentivement son interlocutrice, qui attendait calmement sans se formaliser un seul instant de son silence persistant. Pourtant, elle avait beau la détailler sous toutes les coutures, elle ne voyait absolument aucun élément ni quoique ce soit qui rendrait évident le fait que la réceptionniste était affiliée aux Fatuis. Elle ressemblait à n'importe quelle réceptionniste, pour le peu que Lumine s'en souvenait, ou à la rigueur à une petite maid. Elle eut presque l'envie de lui demander de se tourner, mais se dit finalement que c'était inutile. Si c'était le hasard ou si Katheryne avait effectivement un lien avec l'organisation militaire de la Tsarine, Lumine décida que c'était sans importance.

La réceptionniste semblait l'avoir compris, puisqu'elle se contenta de demander, toujours avec un calme et une sérénité assez curieuse.

As-tu besoin de renseignements sur la jolie Cité des Vents, Voyageuse ? Je peux répondre à toutes tes questions.

Cette dernière prit le temps de la réflexion. Elle avait sûrement un million de questions à poser, à commencer par des renseignements sur la cité, un endroit où elle pourrait loger... Un endroit où elle pourrait travailler contre un peu d'argent, puisqu'elle n'avait pas un sou en poche. Et puis, peut-être pour finir, comment arrêter un dragon destructeur. Mais ça, Lumine doutait que Katheryne ait la réponse.

La réceptionniste reprit la parole, cette fois en refaisant ce sourire étrange, aussi serein que plat et particulier.

Même si tu ne fais pas partie de la guilde, tu peux venir ici chaque jour, je te trouverai des quêtes ou commissions simples à faire. Tu auras toujours des moras et d'autres récompenses à la clef... Mais sinon, tu peux toujours monter un peu plus haut en ville, au Grand Hôtel Goth. Il y a des gens qui te seront sûrement plus familiers que moi, si tu préfères.

Le double sens de ses mots fut si simple à lire que Lumine en sourit presque. Elle remercia son interlocutrice, promettant de revenir si des quêtes l'intéressaient ou si elle avait besoin d'autres informations. La réceptionniste de la guilde accepta son départ avec un sourire et un dernier "ad astra abyssosque" comme salutation. La jeune femme blonde trouvait la formule tout à fait charmante. Elle se demanda ce qu'elle était censée vouloir dire.

Revenant presque en courant sur la place de la fontaine – tant pis pour Paimon, elle n'avait qu'à pas se cacher –, la Voyageuse se précipita sur la gauche, où une nouvelle volée d'escaliers permettaient de monter aux quartiers supérieurs de la ville. Elle s'arrêta un bref instant, observant autour d'elle mais tous les bâtiments qu'elle voyait ressemblaient davantage à des immeubles ou de petites boutiques qu'à des hôtels. Alors elle accéléra, reprenant des escaliers qui montaient plus haut encore, tout en restant attentive, à la recherche du moindre détail lui indiquant qu'elle se tenait devant l'hôtel. Enfin, elle déboucha sur une nouvelle place avec une fontaine, plus sobre que la première. Outre deux bancs, deux trois espaces de verdure et des jardinières, il s'y tenait surtout un immense bâtiment, comme un manoir en pierre grise, aux toits verts et avec un porche finement taillé comme décoration à l'entrée.

Et surtout, un Fatui fièrement posté devant la double porte en chêne.

Un soupir de soulagement passa la barrière des lèvres roses de Lumine, mais presque aussitôt, une douloureuse piqûre de doute se glissa le long de sa colonne vertébrale. Comment allait-elle pouvoir discuter avec le Fatui sans que ce soit trop suspect ?

Le doute et l'hésitation lui serrèrent lentement les entrailles, tandis qu'elle continuait de regarder l'entrée de l'hôtel et l'homme la gardant sans parvenir à se décider. Devait-elle prendre des risques ? Expliquer la situation, et possiblement ne pas être crue ? Ou rester en repli, faire sans de précieuses informations, mais tout réussir par elle-même ? Elle ne parvenait pas à déterminer quelle option était la plus mauvaise, la plus risquée, celle qui amènerait le plus de manœuvres délicates. Chacune avait son lot d'inconvénients et ne sachant vraiment pas laquelle choisir, Lumine décida de se tourner vers une troisième possibilité : remettre à plus tard ce choix.

Alors tout doucement, elle redescendit d'un étage, atteignant le bas des escaliers qu'elle venait tout juste de grimper, le cœur lourd et l'estomac toujours noué au point où c'en était douloureux.

Toi, tu es un courant d'air venu du froid.

Lumine fronça les sourcils, surprise de cette voix venant de derrière elle. D'un mouvement rapide, elle se retourna, oubliant bien vite les sentiments lui broyant le ventre jusqu'alors. La jeune fille blonde découvrit alors un petit homme vêtu d'un chapeau vert, de vêtements verts et blancs ainsi que d'une petite touche de bleu et d'un corset marron. Il avait attaché ses cheveux noirs et bleus en petites tresses, de chaque côté de son visage, comme Barbatos... Probablement un admirateur du dieu. Un admirateur que Lumine classa directement dans la catégorie des gens "énervants" au vu du petit sourire farceur qui étirait les lèvres du garçon.

Je vous demande pardon ?

Oh, je veux dire par là que tu n'es pas encore complètement sortie de ton blizzard, bien sûr ! Tu y virevoltes encore, en cercle et à répétition, de manière folle, si vite que ma lyre ne parviendrait sûrement pas à jouer l'air du vent... Je n'ai pas raison ?

Il était définitivement énervant.

Je ne comprends rien à ce que vous voulez dire, grogna la jeune femme blonde en croisant les bras sur sa poitrine.

Oh, milles excuses, ce sont juste les fantaisies d'un barde un peu délirant... Quoique ! Vous devriez me voir à la taverne du Cadeau de l'Ange, avec un délicieux verre de Dent-de-Lion dans la gorge, je peux être encore plus fantasque et étrange !

Je crois que je n'ai pas envie de voir ça, répliqua froidement son interlocutrice.

Cela fit rire l'étrange homme, le "barde" comme il l'avait affirmé. Lumine ne s'en souciait pas beaucoup, il était juste énormément agaçant. Qu'il s'en aille !

Effectivement, maintenant que j'y pense, vous ne pourriez pas voir ça ! Ce vent brûlant qu'est le responsable de la taverne n'apprécie pas les vents froids comme toi... Ca le refroidit et déjà qu'il n'est pas aussi convivial que sa chaleur le laisse sous-entendre...

Vous avez affirmé ne pas être ivre ? Permettez-moi d'en douter. Et de vous suggérez d'aller décuver dans le lac !

Coupant court à une conversation agaçante et exaspérante qui n'avait aucun sens, Lumine tourna les talons et s'enfuit aussi rapidement que cet étrange et horripilant petit homme était venu l'importuner. Ce dernier crut bon d'ajouter :

Comme tu voudras ! Puisses-tu profiter de notre charmante ville malgré cette période trouble.

Et cela pouvait tout aussi bien être l'imagination de la Voyageuse, mais elle jura l'entendre murmurer ces derniers mots :

En espérant que le blizzard dans lequel tu te réfugies n'annonce pas une nouvelle tempête...

~3939 mots~ 

... Bon, ok, j'ai deux jours de retards-

Appelons ça une mauvaise gestion de mon temps ! Et promis, Samedi ou Dimanche prochain SANS FAUTE, le chapitre 9 arrivera !

Promis-

Je vous entends tous hurler au scandale parce que Lumine est subitement victime de cécité MAIS : la conversation avec Venti a une importance pour la suite, et sans elle, le chapitre était bien vide. D'autant plus que j'arrivais pas à la caler dans un autre chapitre. Donc on va faire tous comme si Lumine avait vu Childe torse nu dans son feed Twitter (ah no, pardon, dans son feed X ) et que ça l'a momentanément aveuglée.
Ah oui, et je sais pas d'où me vient ce Venti qui compare tout le monde a des vents et qui passe du tutoiement au vouvoiement sans transition, mais il me fait marrer-

Et concernant Katheryne (vous remarquerez que je boude son nom français et son "Par les étoiles et au delà" qu'on a dans la version française), il existe une théorie disant qu'elle est utilisée par Sandrone, la septième Exécutrice, en raison de leur forte ressemblance physique. C'est plus ou moins confirmé dans la quête d'archon de Sumeru, où Nahida appelle Katheryne "cette marionnette shezhnayenne", sachant que Sandrone a pour nom de code la "Marionnettiste". Et vu que Lulu a besoin d'un petit coup de pouce, je me suis dis "let's go, utilisons cette théorie pour la fic, ça va être sympa !"

Bon courage à tous ceux qui comptent pull sur Neuvillette et Wriotheley, je vous envoie toute ma luck ! 
Pour ma part, je les skip tous les deux, priorité à Furina-

Sur ce, à Samedi ou Dimanche prochain ! 
(promis, promis, promis, promis)

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